Enquête sur la condition du fellah égyptien - Au triple point de vue de la vie agricole, de l éducation, de l hygiène et de l assistance publique
111 pages
Français

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Enquête sur la condition du fellah égyptien - Au triple point de vue de la vie agricole, de l'éducation, de l'hygiène et de l'assistance publique , livre ebook

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Description

Ce n’est pas sans raison qu’on trouvera ici côte-à-côte ces deux définitions, en style lapidaire, du vieux pays des Pharaons. L’Egypte est le pays du paradoxe parce qu’elle est toute entière un don du Nil, et qu’elle constitue, à proprement parler, un anachronisme géographique, dont les conséquences se répercutent dans les domaines économique, politique et social.Le voyageur qui débarque à Alexandrie cherche vainement autour de lui l’aspect des campagnes avec lesquelles il s’était familiarisé au long des rives de la Méditerranée.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346101634
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.

Raoul de Chamberet
Enquête sur la condition du fellah égyptien
Au triple point de vue de la vie agricole, de l'éducation, de l'hygiène et de l'assistance publique
La révolte d’Arabi-Pacha et sa répression par les troupes anglaises sont de quelques mois postérieures au traité du Bardo. Plus d’un quart de siècle s’est écoulé depuis lors, au cours duquel la France et la Grande-Bretagne ont mené ici et là, sous le couvert de formules politiques différentes, et par conséquent avec des fortunes diverses, deux œuvres que l’on est aisément tenté de comparer. L’Egypte et la Tunisie sont l’une et l’autre pays musulmans, et de caractère essentiellement agricole. La pensée les associe donc naturellement, et les met même étroitement en rapport à considérer que si l’Egypte, route des Indes, fut toujours, aux yeux des hommes d’Etat britanniques, comme la clef de voûte de l’Empire, c’est à la Tunisie, pierre angulaire d’un édifice moins puissant mais plus homogène, que la France dut de pouvoir étayer solidement à l’Est le patient effort de sa politique musulmane dans l’Afrique méditerranéenne.
Aussi pouvait-il sembler intéressant d’étudier, du point de vue tunisien, ce qu’étaient devenues, après vingt-cinq ans d’occupation anglaise, les conditions d’existence des populations rurales de l’Egypte, et dans quel sens se manifeste leur évolution. Nul n’ignore de quels principes s’est, en Egypte comme ailleurs, inspirée la politique anglaise dans ses rapports avec les « Natives ». Ces principes, qui ne sont pas des axiomes, ne peuvent être jugés que d’après leurs résultats, et de ces résultats l’observateur voisin peut toujours et suivant les cas, avoir à tirer comme conclusion honneur — ou profit.
Ajoutons toutefois — ce qu’il convient de ne jamais oublier quand on écrit sur l’Egypte — que sa rénovation ne date pas d’hier, c’est-à-dire des « événements » de 1882, mais que sans rappeler les tumultueuses réformes de ce barbare de génie » que fut Mehemet-Ali, le passage de Bonaparte et du corps de savants qui l’accompagna au pied des Pyramides, a laissé sur le sable de l’histoire des traces que le temps n’a point encore effacées 1 .
1 « Les résultats scientifiques de l’expédition d’Egypte, stérile équipée si on l’envisage au point de vue politique, furent, chacun le sait, importants et durables. Son influence sur l’état social de l’Egypte fut également très grande et très persistante. Le contact des soldats, des administrateurs et des savants français, l’exemple de leurs mœurs, les idées nouvelles, les sciences perfectionnées, l’organisation régulière et efficace qu’ils introduisirent dans le pays, tout cela modifia profondément l’esprit public ».
(P. Arminjon. L’enseignement, la doctrine et la vie dans les Universités musulmanes d’Egypte).
CHAPITRE I
LA VIE AGRICOLE
L’Egypte est un don du Nil.
(HÉRODOTE).
L’Égypte est le pays des paradoxes.
(LORD HILKER).
§ I er
Ce n’est pas sans raison qu’on trouvera ici côte-à-côte ces deux définitions, en style lapidaire, du vieux pays des Pharaons. L’Egypte est le pays du paradoxe parce qu’elle est toute entière un don du Nil, et qu’elle constitue, à proprement parler, un anachronisme géographique, dont les conséquences se répercutent dans les domaines économique, politique et social.
Le voyageur qui débarque à Alexandrie cherche vainement autour de lui l’aspect des campagnes avec lesquelles il s’était familiarisé au long des rives de la Méditerranée. Une côte basse et plate l’accueille : Où sont les horizons montagneux du Maghreb, de Sicile, et de Grèce ? Il foule bientôt du pied un limon noir et fertile, mais dépourvu d’herbe, de prairies naturelles, et de fleurs, d’une tonalité morte et monotone. Avançant dans l’intérieur du Delta, il s’étonne aux campagnes morcelées et peuplées comme nos plus riches coins de France ou de Belgique. Est-ce donc la même mer qui baigne ces rivages, et ceux de Tunisie, d’Algérie, et de Syrie, aux grands espaces solitaires, aux collines multicolores au printemps ? Mais la surprise s’accentue au passage du Delta dans la vallée du Nil proprement dite. A quelques centaines de mètres de la voie ferrée, parfois quelques milliers tout au plus, la terre noire cesse brusquement pour faire place, sans transition, au désert jaune et stérile. Juxtaposé à la richesse visible, l’absolu néant. il n’est certainement pas au monde, dans cet ordre d’idées, de constraste plus étrange. Alors apparaît clairement ce fait que l’Egypte est un caprice du hasard. Sa position géographique, son climat sans pluie 1 la vouaient à la stérilité totale, ou, pour mieux dire, elle n’aurait même jamais existé, si les pentes directrices du massif d’Abyssinie, éloigné de plus de cinq mille kilomètres, n’avaient périodiquement jeté dans la direction de ses sables altérés le trop plein de leurs pluies tropicales. L’Egypte n’est donc pas un pays méditerranéen. Elle n’en a aucun des caractères. C’est une immense oasis 2 accidentelle au milieu d’espaces desséchés ; uniforme, surpeuplée comme toutes les oasis ; œuvre de l’art plus que de la nature, en raison de son assujettissement étroit à la réglementation d’une irrigation minutieuse et vitale ; divisée à l’infini comme un gigantesque potager où s’épuiserait l’innombrable effort d’une population aux routines millénaires, précieuse à prendre et facile à garder, mais qui, demain, serait tout simplement rayée de la carte du monde cultivable et civilisé pour peu qu’il plût à ses maîtres de couper la route du Nord au « Père des Eaux » et de l’envoyer se perdre dans la mer Rouge ou dans les sables du désert Lybique... 3 .
Ces considérations géographiques n’étaient point inutiles ici. Elles ont leur valeur pour l’étude de n’importe quel côté de la vie égyptienne, car, encore une fois, elles ont leur répercussion sur la physionomie morale, si l’on peut dire, du pays tout entier. Elles ont en outre, au point de vue qui nous occupe, une signification particulière en signalant tout de suite le danger qu’il y aurait, dans un pays de structure si originale, à raisonner trop volontiers par analogie.
De l’oasis égyptienne, dont la géographie rationnelle moderne fait donc un monde à part, chacun connaît la forme ; c’est celle d’un entonnoir évasé, que prolongerait un long tuyau, au goulot duquel serait le Caire, sur le tracé d’une ligne idéale marquant la séparation entre la haute et la basse Egypte. Les Arabes l’ont comparée plus poétiquement à un éventail épanoui dont El Kahira (la victorieuse) était le bouton de corail. Quoi qu’il en soit, la superficie de l’ensemble des territoires soumis nominalement au Khédive est d’environ 1.000.000 de kilomètres carrés, mais elle se réduit à 30.000 (dont 17.000 pour le seul Delta) si l’on ne considère — et nous venons de voir que ceux-là seuls sont à considérer — que les territoires fertilisés par le Nil. Encore faudrait-il ici établir une distinction entre les territoires cultivables et les territoires réellement cultivés, et retrancher de ce fait en chiffres ronds 10.000 k. q. Sur ce médiocre espace de 30.000 k. q. (le 25 e de la France) vit, ou plutôt grouille une population de près de 12 millions d’habitants, soit près de 400 habitants au k. q., densité supérieure à celle de la Belgique, dont la densité est déjà exceptionnelle. C’est le fellah ( 4 ).
Non que tout Egypti

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