Etty Hillesum, Charlotte Salomon, Hélène Berr, La vie qui est en elles
102 pages
Français

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Etty Hillesum, Charlotte Salomon, Hélène Berr, La vie qui est en elles , livre ebook

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Description

Depuis Amsterdam, Berlin et Paris, Etty Hillesum, Charlotte Salomon et Hélène Berr rêvaient de se réaliser en tant que femmes à travers l'amour, et en tant qu'artistes à travers l'écriture, la peinture et la musique. De ces promesses de vie et de créativités qui leur ont été confisquées à l'âge de tous les possibles, trois oeuvres magnifiques ont néanmoins émergé de leur nuit. Elles nous parlent de dépassement de soi par l'art, par la foi, par l'engagement, mais elles portent aussi la parole mémorielle de tous les autres partis sans laisser de trace. La vie qui était en elles triomphe ainsi du silence et de l'oubli et sillonne désormais le monde par-delà les langues, les religions et les âges grâce à l'implication sans réserve d'hommes et de femmes s'exprimant dans ce volume. Leurs interventions contribueront donc à offrir en partage, notamment à la jeune génération, l'héritage humain et artistique de ces trois jeunes femmes aux destins bouleversés par l'Histoire. Cette rencontre éphémère à travers leur oeuvre le temps d'un colloque, nous permet enfin de rester fidèles à la promesse faite et d'espérer l'inscrire dans une parcelle d'éternité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 juin 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9782304048414
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Karine Baranès-Bénichou
Etty Hillesum, Charlotte Salomon, Hélène Berr
La vie qui est en elles
La survivance par l’art pendant la Shoah
Actes du colloque initié et organisé par l’Association Femmes artistes et mémoire juive tenu le 28 avril 2019 à l’Université de Tel-Aviv en partenariat avec le Programme de culture française de l’Université de Tel Aviv

é ditions Le Manuscrit Paris


Crédits photos :
Etty Hillesum : Centre de recherches Etty Hillesum, EHOC et Musée d’Histoire juive d’Amsterdam
Charlotte Salomon : Musée d’Histoire juive d’Amsterdam et Musée d’art de Yad Vashem
Hélène Berr : Mémorial de la Shoah/Coll. Mariette Job
Ce colloque a été réalisé grâce au généreux concours de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de l’Ambassade des Pays-Bas en Israël, de l’Ambassade de la République fédérale d’Allemagne en Israël, de l’Institut Français d’Israël (avec le soutien de la Fondation Jacqueline de Romilly, sous égide de la Fondation de France), de l’Institut Euro-Méditerranéen, de la Banque Discount et de donateurs privés.

Le présent ouvrage a été publié grâce au généreux concours de l’Ambassade des Pays-Bas en Israël et de l’Ambassade de la République fédérale d’Allemagne en Israël.
Pour plus d’informations :
Visitez la page Facebook de Femmes artistes et mémoire juive
Visitez le site : https://www.memory.org.il/
ISBN 9782304048414
© juin 2020


À mon oncle, Émile Yosef Baranès (Kairouan 1913 - Auschwitz 1943) et à tous ceux qui habitent notre mémoire meurtrie.


Préface
Nadine Kuperty-Tsur , Directrice du Programme de culture française, Université de Tel-Aviv
1 er septembre 2019
Il y a quatre-vingts ans, jour pour jour, éclatait la seconde guerre mondiale avec l’attaque de la Pologne par l’Allemagne, sinistre prélude de ce qui allait faire basculer l’Europe et conduire à des millions de victimes, dont six millions de Juifs. Les commémorations se succèdent chaque année dans de nombreux pays en évoquant l’horreur de cette période sans pouvoir, comme l’ont montré les récents évènements, nous prémunir contre le retour de la haine, du racisme et de l’antisémitisme. C’est donc dans un double souci de mémoire et d’actualité que s’est tenu à l’Université de Tel-Aviv sous l’égide de l’Association Femmes artistes et mémoire juive et du programme de culture française, un colloque intitulé « La Vie qui est en elles » porté par Karine Baranès-Bénichou. Lorsque j’ai eu connaissance du projet, il m’a immédiatement séduite parce qu’il répondait à notre devoir de mémoire comme à nos inquiétudes présentes et proposait aussi un angle d’attaque propre à la scène universitaire en interrogeant le rapport entre l’art, le témoignage et la mémoire. C’est donc avec plaisir que je réponds à la sollicitation de Karine Baranès-Bénichou en préfaçant ce volume issu du colloque dont la haute tenue et la qualité m’ont impressionnée, et dont, en connaissance de cause, je voudrais souligner l’intérêt.
Consacré à la mémoire et à l’œuvre de trois femmes vivant en Europe pendant la Shoah, la Française Hélène Berr, la Hollandaise Etty Hillesum et l’Allemande Charlotte Salomon, ce projet m’a séduite, parce qu’il parlait de femmes et qu’en effet, la guerre n’est pas l’apanage des hommes loin de là et il est indispensable de le rappeler. La part des femmes en temps de guerre est trop souvent passée sous silence alors qu’elle n’est certes pas moins héroïque que celle des hommes, elle est différente et le fait de ne pas combattre armes à la main sur un champ de bataille ne veut pas dire, a fortiori pendant la Seconde Guerre mondiale où la population civile a subi bombardements, perquisitions, arrestations, internements, tortures et déportations, que subir la guerre était plus facile à l’arrière que sur le front.
Dans le tremblement de terre que les guerres suscitent, les femmes même si elles ne sont pas combattantes au front, sont mobilisées et peut-être davantage que les hommes au sens où elles ont souvent charge d’âmes. Elles doivent faire face et, sans entraînement particulier, assumer une vie déréglée par l’incertitude et la pénurie. Elles restent seules à la tête d’une famille dont elles doivent assurer la protection et la subsistance, préserver un semblant de normalité dans la tourmente alors qu’elles se retrouvent, parfois du jour au lendemain, complètement démunies. Passons des femmes en général en temps de guerre à nos trois héroïnes, celles que Karine Baranès-Bénichou a rassemblées ici pour, à partir de leur destin singulier, réfléchir sur leur condition de femmes et en particulier sur celle de femmes artistes pendant la guerre. Car ces femmes ne se sont pas contentées de survivre dans des conditions qui se faisaient de plus en plus terribles mais elles ont pris la peine de consigner, qui par écrit, qui par le dessin, le témoignage de ce qu’elles vivaient en temps réel. Conscientes de l’immensité de la catastrophe – et ce type de conscience illustre bien la sensibilité artistique – elles ont aussi voulu dans leur art, par leur écriture en laisser une trace, en donner un témoignage. L’idée qui se dégage des différentes contributions rassemblées dans ce volume est que leur art représente le symbole de leur résistance et de leur résilience. L’art, certes, possède des vertus thérapeutiques : la musique, l’écriture et la peinture ont permis à Hélène Berr, à Etty Hillesum et à Charlotte Salomon de transcender leur expérience et de la codifier pour la transmettre. Il s’agissait, en créant, de lutter contre le chaos de la barbarie qu’elles rencontraient au quotidien autour d’elles les menaçant au plus profond de leur existence. Cependant, la poursuite de leur activité artistique dans des conditions qui la rendaient à peine possible, fonctionne précisément comme preuve de leur résilience, de leur capacité à rebondir et à reprendre le contrôle d’une existence sans cesse menacée dans sa dimension physique et spirituelle. C’est bien cette dimension que les contributions réunies ici se proposent d’explorer.
Est-il vrai que lorsque les canons tonnent les muses se taisent ? On est en droit d’en douter à en juger par la qualité de l’écriture d’Hélène Berr qui, jeune doctorante à Paris, tient au jour le jour une chronique de l’occupation allemande en France. Elle décrit l’application des mesures anti-juives dont la sévérité augmente au fil des jours, rendant la vie toujours plus difficile : interdiction de fréquenter les magasins, interdiction d’entrée dans les jardins publics, interdiction de faire ses courses aux heures d’ouverture des magasins d’alimentation, etc. L’obligation du port de l’étoile et les sentiments qu’elle suscite chez Hélène font l’objet d’analyses précieuses car il s’agit de son ressenti en temps réel, dans le dernier wagon du métro, face à ceux qui la regardent fixement, face à d’autres qui, gênés, détournent leur regard, mais il y aussi ceux, plus courageux, qui ôtent leur chapeau, en signe de respect et de solidarité humaine qui vaut ici comme rébellion contre l’antisémitisme. Hélène éprouve tour à tour un courage fier qui la fait se redresser face à l’hostilité mais aussi s’insurger contre l’absurdité et l’injustice de la situation. Son écriture donne corps à son indignation, dénonçant les valeurs et l’humanité bafouées. Le contraste est d’autant plus frappant entre son ancienne vie et celle qui lui est imposée par les lois anti-juives, qu’elle est issue de la bourgeoisie aisée, parisienne et ashkénaze, dont elle décrit les mœurs heureuses : poste important du père, études supérieures pour les enfants, convivialité et échanges lors de thés musicaux, philanthropie et aides aux démunis. Hélène est étudiante en fin de maîtrise et réfléchit déjà à un doctorat en études anglicistes, s’interrogeant sur les sujets de sa recherche universitaire. Elle décrit ses relations à l’Université, son travail à la bibliothèque de la Sorbonne qui lui est un havre de paix au sein de la tempête. Elle y fait ses

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