Expéditions portugaises aux Indes orientales
72 pages
Français

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Expéditions portugaises aux Indes orientales , livre ebook

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Description

Départ de Mendez Pinto pour les Indes. — Son arrivée à Diu.C’était en 1537, au mois de mars, que je partis du Portugal avec une flotte de cinq navires, chacun avec son capitaine, mais sans général en chef. Dans le vaisseau nommé la Reine commandait don Pedro de Sylva, dit le Coq, fils du contre-amiral don Vasco de Gama, qui venait de rapporter dans la mère patrie les ossements de son père, récemment décédé aux Indes. Le roi don Juan, qui se trouvait alors à Lisbonne, avait fait recevoir ces restes précieux avec un tel appareil, qu’il égala cette pompe funèbre à celle d’un grand monarque.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346111640
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.

Louis Candau
Expéditions portugaises aux Indes orientales
INTRODUCTION

*
* *
Les voyages aux Indes du Portugais Mendez Pinto jouissent depuis trois siècles d’une grande et juste réputation, autant pour le plaisir qu’on prend à les lire que pour l’instruction qu’on en retire. Jamais homme n’a passé par des événements plus variés, plus intéressants, pour en perpétuer le souvenir avec plus d’exactitude, plus d’esprit et de sentiment. Lancé sur le théâtre de la gloire de ses compatriotes, il a été le peintre naïf et fidèle d’une brillante époque dans l’histoire moderne, mêlant à ses tableaux les épisodes orageux de la vie et le riche coloris des mœurs orientales. Aussi ne s’étonne-t-on pas de voir les plus grands princes de l’Asie et de l’Europe lui donner souvent audience pour entendre ses relations et se délasser ainsi des soucis du trône. Philippe II d’Espagne, monarque si puissant et qui portait si bien le fardeau de ses vastes États, prenait un plaisir extrême aux récits de Mendez Pinto, qu’il gardait souvent auprès de lui. De pareils entretiens n’auraient pas eu tant d’attraits pour un si grand roi, s’il n’y eût trouvé en même temps un aliment à sa curiosité comme à son instruction.
Beaucoup de personnes ont souvent contesté qu’il fût possible à un homme non-seulement d’avoir essuyé tant d’adversités, mais encore d’en retenir toutes les particularités avec autant de mémoire et de précision. Elles ne considèrent pas qu’en fait d’épreuves on trouve souvent dans la vie la plus paisible, la plus ignorée, de quoi remplir de grandes pages des jeux de la fortune. Que sera-t-il donc d’un voyageur sensible, intelligent, sillonnant sur de frêles nacelles les mers les plus orageuses du globe, parsemées de peuples ou barbares ou ennemis ? C’est encore bien mal juger des facultés morales que de penser que l’homme froissé ou malheureux puisse perdre le souvenir des circonstances qui ont traversé cruellement sa vie, non plus même que celles qui ont flatté sa vanité. Ce serait s’oublier soi-même, et cela ne se voit guère.
Mais au milieu de tant de récits intéressants qui constituent l’ouvrage très-étendu de Mendez Pinto, dont il n’existe qu’une vieille et mauvaise traduction française, dédiée au cardinal de Richelieu, il m’a fallu me limiter et choisir, afin de ne pas dépasser le cadre étroit de ce volume, et aussi pour me mettre à la portée des jeunes gens. L’imagination vive, impatiente de cet âge, aurait-elle pu s’accommoder de détails politiques sans attrait ou de réflexions languissantes ? J’ai donc beaucoup abrégé et singulièrement modifié la narration ainsi que la description ; souvent même je n’ai pas craint de marcher librement, tout en conservant l’exactitude fondamentale de ces relations aventureuses, dans l’intérêt même du héros comme dans celui de la jeunesse, à laquelle j’aime à dédier mon travail : trop heureux si je lui offre ainsi de quoi lui plaire et l’instruire quelques instants.
CHAPITRE I

Départ de Mendez Pinto pour les Indes. — Son arrivée à Diu.
C’était en 1537, au mois de mars, que je partis du Portugal avec une flotte de cinq navires, chacun avec son capitaine, mais sans général en chef. Dans le vaisseau nommé la Reine commandait don Pedro de Sylva, dit le Coq, fils du contre-amiral don Vasco de Gama, qui venait de rapporter dans la mère patrie les ossements de son père, récemment décédé aux Indes. Le roi don Juan, qui se trouvait alors à Lisbonne, avait fait recevoir ces restes précieux avec un tel appareil, qu’il égala cette pompe funèbre à celle d’un grand monarque. Albuquerque avait fait d’assez grandes choses pour sa patrie, et on l’avait payé avec assez d’ingratitude de son vivant, pour qu’à sa mort on sût au moins honorer sa mémoire.
Notre petite flotte fut dispersée pendant quelques jours par une tempête ; mais bientôt nous nous trouvâmes réunis au port de Mozambique, après un voyage que nous ne dûmes estimer ni trop long ni trop pénible par des mers aussi lointaines, aussi orageuses et semées de tant d’écueils. Le commandant de la forteresse de cette ville nous montra un ordre du gouverneur des Indes, Nunho de Cunha, qui enjoignait à tous les vaisseaux portugais qui aborderaient ce port cette année de s’en aller à Diu avec tout leur équipage, parce qu’on s’attendait chaque jour à voir arriver l’armée turque aux Indes pour venger la fin du soudan de Cambaye, qui avait été mis à mort l’été précédent par le gouverneur portugais. Il s’éleva alors un grand débat, parce que des cinq navires qui venaient de mouiller, trois seulement étaient de la marine royale et deux appartenaient à des commerçants. Or, ceux-ci protestaient contre cette mesure arbitraire qui leur causait de grands et injustes dommages. On eut égard à leurs réclamations ; on les laissa poursuivre leur route vers Goa, but de leur voyage. Les trois autres se dirigèrent vers Diu. Le commandant de cette place, Antonio de Sylvera, ressentit une telle joie de leur arrivée, qu’il leur fit toutes sortes de présents et leur donna de grandes fêtes. Telles étaient déjà les fortunes que certains particuliers avaient amassées dans les Indes, que lui, simple capitaine, outre les largesses et les dons de tout genre qu’il distribua généreusement à tous, il traita plusieurs jours, à ses propres frais, plus de sept cents hommes, dont se composait l’équipage récemment débarqué. Ce renfort imprévu ranimait son courage et lui assurait, pour ainsi dire, la victoire, si précieuse alors pour la conservation des Indes. Diu était comme le boulevard de la guerre et la clef de ce riche et vaste empire. Il mit donc tous ses efforts à retenir de bonne volonté plus que de force ces fraîches recrues, en multipliant sans cesse et ses soins et ses largesses. Il payait d’avance les soldats, leur distribuant lui-même leur solde et leurs munitions. Il se préparait ainsi autour de lui comme autant de héros qui allaient bientôt s’immortaliser par un des plus beaux faits d’armes de ce siècle chevaleresque.
CHAPITRE II

Voyage au détroit de la Mecque. — Excursion en Éthiopie.
Peu de temps après notre arrivée à Diu, ou équipa deux flûtes, dans le dessein de les envoyer au détroit de la Mecque, sous le prétexte de commerce, afin de sonder habilement les projets et la marche de l’armée turque, dont on appréhendait fort l’approche aux Indes. L’un des capitaines me fit de si belles promesses, me peignit de si riches couleurs cette expédition, me remplit de telles espérances de fortune, que, n’ayant rien que ma vie et le désir d’acquérir, j’écoutai et fus bientôt à son bord. Les aventures avaient pour moi un attrait irrésistible ; j’étais sans expérience, j’ignorais combien sont amères et peu certaines les promesses des hommes, combien il y avait peu de chances, pour un jeune homme pauvre, sans titre, sans protecteur, de retirer quelque fruit d’un pareil voyage, et combien surtout il était dangereux de naviguer dans ces parages à cette époque de l’année. La jeunesse ne voit que des fantômes merveilleux et méprise la réalité ; ennemie de la réflexion et des conseils, elle s’élance en aveugle vers des chimères ; avec trop d’imagination et peu de savoir, à quelles rudes épreuves n’est-elle pas réservée !
Partis de Piu, nous naviguâmes par un temps plein de brouillards ; nous étions à la fin d’un hiver qui semblait vouloir recommencer, tant les vents étaient impétueux et les pluies abondantes. Malgré l’obscurité qui nous enveloppait, nous ne laissâmes pas de découvrir les îles de Curia-Muria et Awdalcuria, à la vue desquelles nous nous jugeâmes tout à fait perdus. C’est pourquoi, pour éviter le danger, nous tournâmes la proue de notre vaisseau par le vent sud-est, ne sachant point alors d’autres moyens pour éviter le naufrage. Par une protection toute divine nous donnâmes fond à la pointe de l’île de Socotora. Là, nous ancrâmes incontinent, une lieue plus bas que l’endroit où don Francisco d’Almeyda fit bâtir une forteresse en 1507, lorsqu’i

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