Glanes et regains récoltés dans les archives de la maison Du Prat
103 pages
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Glanes et regains récoltés dans les archives de la maison Du Prat , livre ebook

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Description

Lorsqu’en l’année 1535, un 9 juillet, mourut au château de Nantouillet, âgé de 72 ans, le cardinal Antoine du Prat, chancelier de France, de Bretagne, du duché de Milan et de l’ordre du Roi, légat à latere, archevêque de Sens, évêque de Meaux et d’Alby, comte souverain de la Valteline, baron de Thiers, etc., le Roi son maître fit apposer, par le ministère du président Poyet, les scellés sur ses trésors et sur ses portefeuilles. Il vouloit que les immenses richesses qu’il avoit justement amassées à tous ces titres éminents, et que les nombreux secrets d’Etat qu’il possédoit par des droits légitimes, fissent retour à sa cassette et à ses archives : les papiers par une coutume de sage restitution ; l’or, l’argent et les choses précieuses, à titre d’emprunt et comme secours pendant dix ans pour ses finances épuisées.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346092208
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Antoine-Théodore Du Prat
Glanes et regains récoltés dans les archives de la maison Du Prat
PRÉFACE
Les pièces qui forment ce volume, distantes entre elles par les dates, diverses par le style, opposées souvent par les sujets, n’ont d’autre lien qui les unisse que le nom de du Prat. Il se présente en chacune comme destination, signature, rencontre, motif ou hasard. Malgré la curiosité, soit historique, soit littéraire qu’elles éveillent, je n’ai point trouvé que le nœud qui les assemble et qui fait un tout de ces richesses éparses, fût une cause suffisante pour les offrir au public. La nature souvent intime et le sens toujours personnel des lettres et fragments qui le composent, m’ont détourné de cette entreprise que peut-être on eût taxée de témérité. Je soumets ce recueil à la famille, qui trouvera quelque intérêt direct dans ses pages, et je l’offre à l’amitié, qui voudra bien lui réserver quelque indulgence.
Porter au delà ses prétentions, eût été une hardiesse que le sujet ne permet pas. Pour solliciter d’autres suffrages, il eût fallu plus d’abnégation des souvenirs propres, et plus d’étude peut-être que mes loisirs ne m’ont permis d’en consacrer au travail en question.
L’écriture et la parole adressées au dehors doivent avoir quelques apprêts jusque dans leur simplicité, et conserver les traits du détachement jusque dans les satisfactions intimes et dans les retours inévitables sur soi-même. J’ai craint qu’un nom répété tant de fois par l’effet des circonstances qui le ramènent ne fût comme une importunité pour le lecteur, et j’ai exclu, par un égard respectueux et discret, ce volume du domaine public. Si les chances de son hommage et la fortune de ses rares destinations lui obtiennent quelque sympathie et lui donnent quelque utilité historique, j’aurai reçu plus de récompense que n’en mérite le modeste essai de réunion et d’annotation auquel je me suis livré.
Dans la double catégorie de la famille et de l’amitié à laquelle s’adresse ce travail, il est dans mon dessein de l’offrir à tous les âges : à celui qui veut la clarté, aussi bien qu’à celui auquel plaît l’étude et sourit la science. Pour qu’il fût plus agréablement lu et plus aisément compris par tous, je n’ai point reproduit l’orthographe des pièces originales qui sont entre mes mains. La fidélité des expressions est la seule à laquelle je me suis scrupuleusement attaché. Quant à celle de l’orthographe, elle ne m’a semblé ni un signe, ni une règle du temps, mais le simple goût et le choix personnel de l’écrivain : choix et goût souvent variables et méconnaissables sous la même plume, d’une date à l’autre. Pour ne citer qu’un exemple du peu de soin qu’en prenoient les plus doctes d’autrefois. « L’accentuation et la ponctuation, dit Monsieur le baron Feuillet de Conches, étoient des détails dont Montaigne n’avoit généralement nul souci, non plus que de l’orthographe 1 . » Montaigne l’explique lui-même et l’excuse en disant : « J’écris mes lettres toujours en poste et précipiteusement ; » et ailleurs : « Je ne me mêle ni d’orthographe, ni de ponctuation ; je suis peu expert en l’une et l’autre. »
Cette inégalité étoit du reste l’usage autrefois accepté : Henri IV, en fait de style et d’orthographe, écrivoit au hasard de la plume, et ce n’est point aux règles qu’il observoit plus qu’au goût qui le dirigeoit, que ses lettres sont reconnoissables. Monsieur Poirson, dans la savante histoire qu’il nous a donnée de ce grand Prince, écrit de lui : « C’est un homme d’action, n’ayant jamais astreint sa pensée à aucune marche régulière : exprimant l’impression du moment avec le premier mot qui lui, vient, sans se soucier de l’ordre dans lequel se rangent ses idées, de la forme qu’elles revêtent. Aux diverses époques de sa vie et à des périodes séparées par un intervalle de.17. ans, il rend ses idées de la façon la plus différente et la moins disciplinée. Son style est tantôt bref, rapide, clair, tantôt embarrassé et retardé par une multitude d’incises, tantôt coupé et tantôt périodique, sans qu’il y ait aucune raison de cette variété et de cette opposition 2 . » L’insouciance des mots entraînoit celle des lettres, l’abandon du style amenoit l’irrégularité de l’orthographe.
Ces considérations et ces textes m’ont autorisé et presque invité à ne point faire de l’orthographe personnelle des personnages auxquels j’emprunte les pièces qui suivront, un trait de leur préférence, une loi de leur goût, mais un effet de leur promptitude. Par ces motifs je me suis attaché en ce point, moins à celui qui écrit qu’à ceux qui doivent lire. Voilà pourquoi, sauf les erreurs typographiques que je corrige mal, imitant en ce point l’indolence de Montaigne et prenant acte du sans-souci d’Henri IV, j’ai ramené l’orthographe de chacun à une uniformité et à des habitudes voisines de nos jours.
Mon projet, en mettant la famille dans la confidence de ces correspondances de tout temps, de toute plume et de toute main, est de rendre à la maison du Prat, à ses parents et à ses alliés un service purement généalogique. Dans des publications antérieures, j’ai établi par les titres et par les faits la filiation et la biographie de ses membres, soit illustres, soit éminents, soit distingués, soit même tout bonnement bizarres, originaux ou criminels. Mais l’homme, la famille et leur situation ne sont point uniquement en eux-mêmes et en leurs actes ; ils se complètent par l’honnêteté privée et par la hauteur comme par la célébrité de leurs relations. Il me semble que leurs liaisons, leurs correspondances, et la protection souveraine que surent obtenir les personnages dont j’ai parlé, achèvent de les peindre et de les grandir. Ces lettres diverses relèvent autant tels et tels de mes ancêtres que les brevets, les diplômes et les charges qu’ils purent réunir. De royales bienveillances et d’illustres amitiés sont plus pour celui qu’elles touchent et qui les conquiert que ne le sont des preuves de cour, des preuves chapitrales, et autres distinctions, que je suis toutefois loin de dédaigner, les ayant consignées et énumérées lorsqu’il s’agissoit d’en rassembler les souvenirs et d’en recueillir la certitude. Enfin, si de ce sujet tout profane et fort étranger aux questions d’un ordre supérieur, il étoit permis de s’élever aux vérités mystérieuses pour donner aux choses d’ici-bas plus d’autorité par une comparaison avec celles de là-haut, il est sûr que si les ministres de Dieu ne sont pas en même temps ses amis, ceux qui sont ses amis sans être ses ministres recueillent de ce titre plus d’honneur et de profit que ceux qui sont ses ministres sans être ses amis.
Les événements et les siècles qui se sont succédés, ont vu Messieurs du Prat adversaires ou serviteurs des Rois leurs maîtres ; plus souvent attachés cependant qu’opposés à leur cause. En tout cas, ils furent sous chaque règne, ceux des Valois et ceux des Bourbons, soit honorés de leur faveur, soit honorés de leur disgrâce. Je tiens à ce mot et je le confirme. Tout ce qui tombe du trôné sur un sujet, sourires ou menaces, foudres ou fleurs, étant une illustration qui le sépare de la foule, et qui lui reconnoit ou qui lui confère un mérite singulier. Un homme atteint et frappé par le pouvoir (je ne parle point ici de la justice et de ses arrêts), est un homme qu’il distingue, qu’il consacre, qu’il sort du commun, et qu’il sauve de l’oubli. Que la main souve

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