Grenade
92 pages
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Grenade , livre ebook

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Description

Visiter, étudier pour la première fois un pays très curieux, c’est fort bien ! y retourner, plusieurs fois même, s’il est possible, c’est encore mieux ; car à l’intérêt du nouveau voyage se joignent les souvenirs des visites précédentes ; — on a, d’abord, fait connaissance avec des sites, des êtres intéressants, et savouré l’attrait de la nouveauté ; puis on retrouve des amis ; et si on ne doit plus les revoir... puisque, comme on l’a dit :Il est un âge dans la vie Où tout voyage doit fiuir.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346104611
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Alphonse Dousseau
Grenade
PREMIÈRE PARTIE
A TRAVERS LE PAYS
Visiter, étudier pour la première fois un pays très curieux, c’est fort bien ! y retourner, plusieurs fois même, s’il est possible, c’est encore mieux ; car à l’intérêt du nouveau voyage se joignent les souvenirs des visites précédentes ; — on a, d’abord, fait connaissance avec des sites, des êtres intéressants, et savouré l’attrait de la nouveauté ; puis on retrouve des amis ; et si on ne doit plus les revoir... puisque, comme on l’a dit :

Il est un âge dans la vie Où tout voyage doit fiuir.....
Alors au plaisir de la contemplation, à celui de la souvenance, se joint la mélancolique émotion des derniers adieux, et c’est un charme de plus... et c’était bien un voyage d’adieux que faisait le vieux touriste lorsqu’en 1866 il reparcourait l’Espagne.
 
Temps et touriste voyagent de compagnie ; mais tandis que l’un, s’il a le feu sacré, la rage de voir et de savoir, fait de nombreux zigzags et de fréquentes stations, va par monts et par vaux, examinant, furetant partout, tant pour le plaisir présent qu’en vue d’un avenir dont il ne jouira peut-être pas, — l’autre va droit son chemin, et il emporte avec lui la jeunesse aventureuse, la vigueur du corps, l’ardeur de l’âme du pauvre touriste qui, d’infatigable qu’il était, devient lent, lourd, souffreteux, grincheux, et incapable de voyager désormais ailleurs que dans ses souvenirs ! en attendant une si déplorable décadence, revisitons l’Espagne.
 
L’ESPAGNE ! Que de poésie dans ce seul mot ! — Dans cette Europe encore fortement teintée d’Afrique, que de beautés, de singularités naturelles et que le temps respecte, et combien d’autres curiosités insignes, œuvres de l’art humain, et que le temps outrage ! Combien de reliques de siècles écoulés et de civilisations éteintes, de monuments abattus, de débris épars ! Tristes témoignages du choc des nationalités et des religions diverses, des efforts de l’ambition et des fureurs de la guerre ! Dans cet étrange pays, le touriste rentre la tête pleine d’histoires et de légendes entre lesquelles l’entente cordiale ne règne guère ! C’est une confusion de casques, turbans, lances et cimeterres, preux chevaliers et brigands endiablés, femmes adorables, tendres caresses et grands coups de poignard, castagnettes, guitares et sérénades ; trabucos, navajas et autres bijoux ; et la croix et le croissant, les arrièros et les toréadors, les cathédrales et les alcazars — La cervelle du touriste, qui déjà connait bien le pays, est comme un bazar rempli des objets les plus bizarres et les plus disparates.
 
Avec tout ce bagage, le 1 er mai 1866 le touriste traverse la Bidassoa à son embouchure, rentre en Espagne au point où il en était sorti dans un voyage précédent et quitte le chemin de fer à la station d’Irun ; c’est que la route de la côte est une promenade très pittoresque, bien qu’assez rude ; donc sac au dos, et vive la liberté de l’allure !... San Sebastiano, avec son roc qui en fait un petit Gibraltar, Bilbao, port de rivière, et ses collines ; Santander avec sa petite baie, sont trois havres intéressants, qui, à eux trois, sont loin d’égaler le havre normand ! entre eux, côtes hautes et rocheuses, falaises, vallons et ravins. — De Santander, vue de l’énorme groupe des monts asturiens, toujours plus ou moins neiges ; c’est là que le vaillant Pélage nous y reviendrons.
 
GRENADE est notre objectif ; il nous faut donc traverser l’Espagne du nord au sud, et de part en part ; et comme nous voulons dire un mot des principales localités sur la route, allons vite et soyons bref. — Repris le ferro-carril (chemin de fer), traversé la chaîne des Pyrénées au col de Reynosa, entré dans le bassin du Douro ; plateaux sablonneux, pierreux ; — longé Palencia, —  Valladolid, la nouvelle capitale de la vieille Castille, — ici mourut Christophe Colomb, et ici recommencent nos recherches pour la biographie du grand navigateur, que notre Société a publiée en 1869-70. — Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon conctractèrent ici cette union qui causa la ruine des Maures de l’Espagne ; à Médina del Campo, où mourut Isabelle, le plateau qui nous porte, déjà très élevé, se soulève davantage pour former la vaste et très rocheuse chaîne de la Gradarrama ; à Avila la pente devient très raide et nous franchissons, à la Cañada, le col qui a 1360 mètres d’élévation ; c’est en Europe, le plus élevé des cols franchis à la vapeur ; au revers voici l’Escurial (el Escorial) à 910 mètres d’élévation, vaste masse mi-palais mi-couvent, sombre et sévère d’aspect comme le terrible Philippe II, qui la fit construire en souvenir de la bataille de St-Quentin, où nous fûmes battus le 10 Août 1557 ; puis nous descendons rapidement jusqu’au Manzanarès, la plus commode des rivières pour la parcourir à pied et à cheval, comme on dit, et de la station nous montons à Madrid.
 
MADRID et TOLÈDE, la nouvelle capitale et l’ancienne, l’une se déployant horizontalement sur son plateau sablonneux à 697 mètres au-lessus de la mer, l’autre parsemant de ses débris un âpre rocher à demi entouré par le Tage ; à Tolède 18,000 habitants et jadis 200,000 ; une magnifique cathédrale, les ruines d’un alcazar sur lesquelles Charles-Quint a fait construire un palais, en ruines comme son prédécesseur,  — bien d’autres débris encore, mais si délabrés ! l’antique pont d’Alcantara ; la très curieuse église de St-Jean-des-Rois, etc., rien de tel à Madrid, mais 300,000 habitants, un splendide musée, et un palais royal très bien situé, et qui serait superbe s’il était terminé. — Remarquons que Tolède est au centre même de la péninsule ; Madrid est à 20 lieues au nord-est.
 
Trois lignes ferrées aboutissent à Madrid ; nous reprenons celle du sud, car il serait trop ennuyeux de parcourir à pied les tristes plaines de la nouvelle Castille, où nous entrons en traversant la chaîne monotone des monts de Tolède ; une autre chaîne se dresse devant nous, plus haute, plus accidentée, c’est la Sierra Morena, la brune, naguère encore, comme de temps immémorial, la belle patrie d’une horde de gitanos et autres chenapans romantiques, mais très malsains ; — cette aimable population a perdu de sa spécialité, et c’est heureux pour nous ; car grâce à une circonstance imprévue, c’est à pied que nous parcourerons ces défilés dangereux, des pluies diluviennes ayant renversé les viaducs et bouleversé le chemin de fer depuis Venta de Cardenas, au pied de la Morena, jusqu’à Andujar, au bord du Guadalquivir. — Il y avait bien la diligence, mais point de place, ce dont se consola facilement le touriste, léger de bagage et marcheur jeune et gaillard depuis très longtemps !
 
Nous voilà sans encombre dans l’Andalousie ; mais quelle belle occasion perdre ! — n’avoir pas rencontré un seul pauvre petit brigand ! rien que quelques carabiniers prosaïques. — D’Andujar, le chemin de fer nous mène à Cordoue, la Corduba antique, la Cordova espagnole, prise par les Goths en 572, par les maures en 711, et de 756 à 1031 capitale du califat d’occident, puis d’un royaume particulier ; enfin reprise en 1236 par Ferdinand III et presque détruite alors. Cordoue, longtemps riche, puissante, fastueuse, n’a plus que 42,000 habitants au lieu des 300,000 qu’elle comptait ; son spacieux et somptueu

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