Histoire de la guerre entre la France et la Prusse
69 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Histoire de la guerre entre la France et la Prusse , livre ebook

-

69 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Le maréchal Prim avait offert la couronne d’Espagne à un prince de la famille Hohenzollern ; le prince l’avait acceptée.Cette nouvelle émut très vivement l’opinion publique en France. Notre ministre des affaires étrangères, M. de Gramont, eut à ce sujet une entrevue avec les ambassadeurs de Prusse et d’Espagne ; et, le 6 juillet, il fit au Corps législatif une déclaration de laquelle il résultait que, quelles que fussent ses sympathies pour l’Espagne, la France ne laisserait jamais une puissance étrangère essayer de relever le trône de Charles-Quint, détruire à son détriment l’équilibre européen, et mettre en péril ses intérêts et son honneur.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346123377
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
L. Le Saint
Histoire de la guerre entre la France et la Prusse
INTRODUCTION

*
* *
Il y a quelques années à peine, la Prusse était encore ce que le congrès de Vienne l’avait faite en 1815. Reléguée par Napoléon derrière l’Elbe, elle était revenue sur la Moselle et la Meuse. Mais, ainsi que l’observe M. Victor Duruy, elle restait en Etat mal fait, sans marine, car l’Angleterre l’avait tenue soigneusement écartée de la mer du Nord, en faisant revivre l’indépendance de Hambourg et de Brème ; ayant pour elle sans doute son rôle glorieux dans la guerre de la délivrance du sol germanique, ses universités, les sympathies de l’Allemagne protestante, mais ayant aussi contre elle, ce qui est toujours un danger, la géographie. Les traités de 1815, en lui donnant le grand-duché de Posen, la Poméranie suédoise, la “Westphalie et la Prusse rhénane, où elle n’avait, en 1789, que des domaines épars, n’avaient pas corrigé le vice de cette conformation singulière, qui mettait trois cents lieues de distance entre sa frontière de l’est du côté de la Russie et sa frontière de l’ouest du côté de la France, qui, de plus, la coupait en deux par l’interposition du Hanovre, du Brunswick et de la Hesse entre ses provinces de Prusse rhénane et de Westphalie d’une part, et de l’autre, le groupe principal de ses domaines, lequel se décomposait encore en quatre provinces allemandes : Saxe, Brandebourg, Silésie, Poméranie, et deux provinces étrangères à la Confédération : le Posen et la Prusse. Enfin, ses frontières, si distantes dans un sens, si rapprochées de l’autre, n’étaient couvertes par aucun obstacle naturel, et elle avait toujours à craindre qu’un coup terrible, tel que celui qu’elle reçut à Iéna, ne vint rompre la chaîne qui liait ses possessions.
Tout cela, en 1870, était bien changé. A la suite de la bataille de Sadowa, gagnée sur l’Autriche en 1866, la Prusse était parvenue à s’annexer le royaume de Hanovre, l’électorat de Hesse, le duché de Nassau et la ville de Francfort. Et ce n’était pas assez pour elle d’avoir réduit les princes de la Confédération du nord de l’Allemagne au rôle de préfets couronnés, et détruit précédemment l’équilibre scandinave par la conquête du Schleswig et du Holstein ; elle voulut encore placer un prince prussien à Madrid, et alors même que le bon sens public protestait en Europe contre une si étrange prétention, le roi Guillaume déclarait que si la candidature Hohenzollern venait à se reproduire, il ne consulterait que les circonstances. L’agrandissement disproportionné d’une maison royale, qui tendait à dominer directement ou indirectement de la Baltique au détroit de Gibraltar, et du Rhin aux bouches du Danube, était un sujet d’inquiétudes pour la plupart des puissances de l’Europe : la France particulièrement avait le droit de s’en préoccuper. Le gouvernement impérial, malgré ses sympathies pour l’Espagne, ne pouvait laisser une puissance étrangère essayer de relever le trône de Charles-Quint, et mettre en péril les intérêts et l’honneur de la France. La guerre était donc au fond des choses depuis 1866, et l’orage éclata à propos de l’affaire Hohenzollern.
A ces réflexions tirées de l’ouvrage où M.L. Le Saint retrace les événements de la guerre entre la France et la Prusse, nous en joindrons quelques autres, empruntées à une excellente brochure qu’un écrivain de talent, M.F.L..., a récemment publiée.
Lorsque, à travers les intrigues de la diplomatie, dit M.L..., on suit le cabinet de Berlin depuis le traité de Villafranca jusqu’à la présentation du prince de Hohenzollern au trône d’Espagne ; quand on réfléchit aux aventures qui ont précédé l’invasion du Schleswig-Holstein, aux raisons qui ont causé la guerre de 1866 entre la Prusse et l’Autriche, aux conséquences que M. de Bismark a su tirer de la victoire de Sadowa, on voit s’accuser nettement la volonté de reconstituer, au profit de la Prusse, l’unité de l’Allemagne et même l’empire germanique, et l’on arrive à cette conclusion que la guerre entre la Prusse et l’Allemagne était inévitable, à moins que la France ne consentit à décheoir de sa grandeur.
Une nation peut décheoir sans avoir été vaincue, sans même qu’il y ait eu une guerre : il suffit pour cela qu’une nation voisine s’agrandisse démesurément. Dès-lors l’équilibre est changé, et la prépondérance passe de l’une à l’autre. La disproportion des forces amenée par cet agrandissement place la première nation, qui jusque-là avait été la plus puissante, dans une sorte de dépendance morale de la seconde. La guerre, cet ultima ratio des peuples, apparaît menaçante chaque fois qu’une difficulté s’élève entre elle et sa redoutable voisine ; sa politique devient plus timide et son influence sur les affaires générales du monde s’affaiblit insensiblement.
Il était impossible que la France, dont la prépondérance en Europe remonte au cardinal de Richelieu et s’est affirmée par des guerres gigantesques, oubliât à ce point ses traditions politiques et militaires, et acceptât cette déchéance, sans tenter dans une lutte suprême la fortune des armes.
Cet inévitable résultat de l’unité italienne et de l’unité germanique fut prévu par M. Thiers.
Le 3 mai 1866, quelques jours avant que la guerre éclatât en Allemagne, après avoir, au Corps législatif, exposé la politique du cabinet de Berlin, montré son ambition croissante, et signalé le danger qu’entraînerait peur nous la réalisation de ses espérances, il s’écriait : « Non, cette politique ne peut être accueillie par la France, et dût-elle être payée par un accroissement de territoire, elle n’en serait que plus honteuse, et nul ne verrait avec plaisir cette extension de frontière qui serait le prix de la grandeur de la France. »
M. Thiers ne déduisait pas toutes les conséquences de son raisonnement.
Il est évident, en effet, que si l’acceptation de la politique prussienne était honteuse pour la France, même avec un accroissement de territoire, la France devait se trouver fatalement placée entre la guerre et la honte, si le cabinet de Berlin atteignait le but qu’il se proposait, et cela sans avoir obtenu la compensation que l’adresse de M. de Bismark faisait entrevoir à l’empereur Napoléon.
Si donc la guerre était encore douteuse quand M. Thiers prononça son discours, elle ne pouvait plus l’être après la foudroyante campagne d’Allemagne et l’énorme agrandissement de la Prusse. Un homme l’avait, depuis longtemps, jugée inévitable, et, dès le lendemain de Sadowa, il ne cessait d’accumuler les moyens d’action et de préparer l’opinion publique, en Allemagne, à ce redoutable choc : c’était M. de Bismark. Intelligent et actif, rompu aux intrigues diplomatiques, couvrant du nom de nécessité politique les actes les plus arbitraires, il voulait la grandeur de la Prusse, et ne négligeait rien de ce qui pouvait lui assurer le succès dans une lutte acharnée. C’était un de ces hommes dont l’ambition égale l’audace, et qui exécutent avec fermeté autant qu’ils se décident avec promptitude.
Les événements ont montré quelle connaissance avaient nos ennemis de nos forces et de nos ressources de toute nature, quelle étude approfondie ils avaient faite de nos places de guerre, de nos voies de communication, de nos lignes télégraphiques, et du territoire sur lequel ils se proposaient d’opérer. Il a été prouvé jusqu’à l’évidence que M. de Bismark avait fait un art de l’espionnage : depuis plusieurs années, peut-être même avant Sadowa, il avait couvert la France de ses émissaires ; partout, dans nos ministères, dans nos arsenaux, dans nos états-majors, dans nos salons, et jusque dans l’entourage de l’Empereur, il entretenait des intelligences.
Là ne se bornèrent pas les précautions et les préparatifs du cabinet prussien. Il militarisa et remplit de haine contre la France les Etats de l’Allemagne que la victoire avait enchaînés à sa politique, il établit et assura se

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents