Histoires de l Espagne arabe - Megnoun - La Péri - Natayda
93 pages
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Histoires de l'Espagne arabe - Megnoun - La Péri - Natayda , livre ebook

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Description

Quelque temps après la prise de Léon par les Maures, la petite tribu des Alabez, composée de cent cinquante tentes environ, avait établi son camp sur les bords fertiles de l’Elza, sur le plateau d’une vaste plaine, à l’abri d’un verdoyant horizon de collines. Le terrain de cet asile, abondamment couvert de hautes herbes, était orné çà et là de gracieux massifs de chênes-verts, de pommiers et de châtaigniers. Un ruisseau, vif et limpide, plus précieux que l’or pour l’émigré du désert, semblait, en se repliant mille fois sur son cours, abandonner nonchalamment cette douce retraite, et mêler à regret son onde claire aux flots profonds du Duèro.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346098309
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Adelphe Nouville
Histoires de l'Espagne arabe
Megnoun - La Péri - Natayda
INTRODUCTION
W. Hayley, auteur d’un Essai on épie poetry, trouve deux événements historiques, de ceux qu’on peut appeler modernes, dignes d’être chantés par les émules d’Homère ; ces deux événements sont : la Conquête de l’Espagne par les Maures, et la Prise de Grenade par les Castillans. Hayley, selon nous, a raison. Oppositions de caractères, diversité de religions, contrastes de coutumes, en un mot, tout ce qui constitue le pittoresque et le mouvement épique, apparaît dans les relations pacifiques ou guerrières qu’eurent entre eux le peuple maure, traditionnellement original, et le peuple goth, poétique au moins par les mystères de son origine.
Si cette antithèse historique, constante et vive, doit suffire à colorer toute une épopée, à plus forte raison fournira-t-elle assez de reflets brillants pour animer deux ou trois esquisses, deux ou trois nouvelles, deux ou trois contes.
On a beaucoup usé, on a même abusé de l’Espagne. Dans les nombreux tableaux qu’on en a faits, on remarque souvent plus d’éclat que de vérité : craignait-on, en cherchant l’une, de ternir l’autre ?
Si quelque influence étrangère a distingué le peuple espagnol des autres peuples originairement ses frères, cette influence doit être uniquement attribuée à l’introduction des populations africaines. Donc, c’est au sein des Africains, au sein des Arabes, au sein des Maures, qu’il faut chercher et contempler les Espagnols.
C’est là ce que nous allons essayer de faire. — 
Nous n’écrirons pas une histoire. Dans la peinture des hommes, de leurs pensées et de leurs actions, comme dans celle des choses, de leurs accidents et de leurs couleurs, il est deux classes d’ artistes  : les uns géomètres ou arpenteurs, tracent exactement, mais sèchement, toutes les dimensions d’une plaine, toutes les lignes d’un édifice, tout le mobilier d’un salon ; les autres, moins exacts, mais plus fidèles, choisissent un point fixe et s’y placent, regardent en avant et ne détournent point les yeux, préférant aux objets mêmes, leur animation, leur lumière.
C’est parmi ces derniers que nous avons l’audace de vouloir nous ranger. Nous sommes forcé d’avouer tout d’abord qu’il est aussi difficile d’observer et de rendre la perspective de l’histoire que celle de la nature. D’ailleurs, en prenant pour vaste toile la terre d’Espagne, de la merveilleuse Espagne, sur laquelle plane à jamais un. gros nuage de mystérieux souvenirs, n’est-ce pas se créer une difficulté de plus ?

Quid dignum memorare tuis, Hispania, terris Vox humana valet ? — 
L’histoire des Arabes en Espagne se divise d’elle-même en trois périodes principales : les gouverneurs, les kalifes, les rois. Chacune de ces périodes nous a fourni la substance d’une nouvelle : Megnoun, la Péri, Nàtayda, Chacune de ces nouvelles se passe à une époque remarquable, et renferme la description d’un lieu renommé.
Dans la première, nous avons rapidement esquissé-les mœurs homériques des Arabes du Désert. Dans la deuxième, nous avons tenté de donner quelque idée des coutumes, des arts, des sciences, du gouververnement, et de la splendeur des Maures au temps de leur plus grande prospérité. Dans la dernière, nous avons décrit, — un peu tard sans doute, — l’un des monuments les plus célèbres de l’univers, le poétique Alhambra, ruine déjà pulvérisée et bientôt évanouie, — et nous avons développé une légende dont on se souvient encore à Grenade.
Quant à l’orthographe de certains noms, de certains mots, tout en voulant nous rapprocher de la prononciation arabe, nous avons dû quelquefois respecter l’absurdité de l’usage, afin de rester intelligible, autant pour l’homme du monde que pour le savant. Nous pensons que nos lectrices, surtout, nous sauront gré de notre réserve à cet égard.
MEGNOUN
Flüchte du, im reinen Osten, Patriarchenluft zu Kosten. — 
GOETHE.
 
 
Quelque temps après la prise de Léon par les Maures, la petite tribu des Alabez, composée de cent cinquante tentes environ, avait établi son camp sur les bords fertiles de l’Elza, sur le plateau d’une vaste plaine, à l’abri d’un verdoyant horizon de collines. Le terrain de cet asile, abondamment couvert de hautes herbes, était orné çà et là de gracieux massifs de chênes-verts, de pommiers et de châtaigniers. Un ruisseau, vif et limpide, plus précieux que l’or pour l’émigré du désert, semblait, en se repliant mille fois sur son cours, abandonner nonchalamment cette douce retraite, et mêler à regret son onde claire aux flots profonds du Duèro.
Les Alabez, en plaçant leurs tentes, avaient sans doute prévu que, sur une terre nouvellement conquise, ils seraient exposés à des attaques soudaines, à des tentatives de vengeance de la part des vaincus : surmontant l’insoucieuse sécurité de leur caractère, et s’essayant à un art nouveau, ils imitèrent, dans leur petit camp, la tactique et la vigilance militaires. Ils choisirent le bras de la rivière où les eaux leur parurent le plus profondes et le plus rapides : sur l’une des rives, ils plantèrent leurs tentes en demi-cercle ; un fossé, large de la hauteur d’un homme, ouvert à l’onde par ses deux extrémités, baignait le pied de ces tentes, et faisait ressembler le camp tout entier à une petite île ; enfin, un pont formé de quelques troncs d’arbres, et facilement destructible, communiquait avec la plaine.
Les tentes se composaient d’une toile grossière jetée avec négligence sur quelques piliers de bois : entre elles se trouvait l’espace nécessaire pour qu’un cavalier pût s’y placer et y défendre, avec ses flèches meurtrières et sa lance de treize pieds de long, la fragile habitation de sa femme et de ses enfants. La tente du scheik, située au milieu du camp, ressemblait à toutes les autres tentes de la tribu : à l’entour s’ébattaient, sur l’herbe froissée, une multitude de petits animaux domestiques tels que des poules, des moutons et des chevreaux. Le grand troupeau, consistant en une centaine de bœufs, était parqué en dehors des retranchements : quelques chiens noirs couraient dans la plaine, flairant le vent, les bêtes féroces et l’ennemi.
Un soir d’été, de grands feux, mêlant leur éclat à celui du soleil couchant, répandaient dans tout le camp des Alabez. une vive lumière. La plupart des familles de la tribu, lasses du repos de la journée, étaient assises autour de ces feux, et cherchaient à se préserver de l’air âcre et salin qui souffle sur les côtes septentrionales de l’Espagne, et qui faisait frissonner les enfants basanés de l’ardente Afrique. Le scheik Hassan-le-Juste semblait partager la mollesse de sa peuplade ; à la lueur de son foyer, on apercevait sa barbe blanche, son cou large et ridé, sa figure imposante et digne. Immobile, enveloppé dans son burnous, il trônait, les jambes croisées, avec une solennelle majesté.
A ses côtés, presque sur son épaule, reposait, à demi couchée, une jeune et mélancolique africaine : tout en elle trahissait un pénible abattement, et son sourire, — lorsque par moments, à la voix de ses compagnes, elle essayait de sourire, — son sourire était douloureux.
Ses vêtements ressemblaient à ceux des femmes du désert qui passèrent sous le ciel changeant des provinces espagnoles : de larges caleçons blancs flottaient autour de ses jambes ; son dolman à manches étroites, entr’ouvert sur la poitrine, laissait apercevoir une fine tunique de lin serrée à la taille par une ceinture en fil d’or ; ses mains et ses pieds nus étaient chargés d’anneaux d’argent et de quelques verroteries. Mais sans doute que la tristesse qui se peignait sur les traits de cette jeune étrangère, l’avait rendue oublieuse de la plus grande parure en usage parmi son peuple, car, ni ses paupières n’étaient noircies de kôhl, ni ses ongles rougis de henné.
Le groupe silencieux au sein duquel se trouvaient le scheik et cette jeune femme, était composé de

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