Journal 20 décembre 1940-24 septembre 1944. Une époque terrible et terriblement intéressante
219 pages
Français

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Journal 20 décembre 1940-24 septembre 1944. Une époque terrible et terriblement intéressante , livre ebook

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Description

Professeur de lycée strasbourgeois, réfugié à Nice en 1940, Lucien Dreyfus tient un journal. Il raconte le milieu des réfugiés alsaciens, juifs ou non, une expulsion de l'Education Nationale, la création d'une école ORT (Organisation - Reconstruction - Travail), les difficutés de la vie quotidienne et du ravitaillement, ainsi que ses très nombreuses lectures. Sous la plume de cet homme déjà âgé - il a 59 ans en 1940 - c'est une chronique intime et politique de la France occupée et de la persécution en Zone Sud qui est déroulée. Lucien Dreyfus pointe la petitesse de ses contemporains mais développe aussi une réflexion profonde sur les malheurs du temps. Ainsi voit-il dans l'abandon de la foi religieuse l'origine de la catastrophe européenne. Cynique, tragique, mais aussi souvent drôle, Lucien Dreyfus est un moraliste à la vaste culture, à la fois allemande et française. Il est déporté à Ausschwitz le 20 novembre 1943 (convoi n° 62), où il est assassiné.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304047332
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lucien Dreyfus
Journal
20 décembre 1940-24 septembre 1943
Une époque terrible et terriblement intéressante
Présenté et annoté par Jean-Marc Dreyfus et Alexandra Garbarini
Collection
T É moignages de la Shoah

Éditions Le Manuscrit Paris


ISBN: 9782304047332
© 2019 Le Manuscrit
Lucien Dreyfus




Présentation de la collection « Témoignages de la Shoah » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
En lançant sa collection « Témoignages de la Shoah » avec les éditions Le Manuscrit, et grâce aux nouvelles technologies de communication, la Fondation souhaite conserver et trans mettre vers un large public la mémoire des victimes et des témoins des années noires des persécutions antisémites, de 1933 à 1945.
Aux nombreux ouvrages déjà parus la Fondation espère ainsi ajouter les récits de celles et ceux dont les voix sont res tées jusqu’ici sans écho : souvenirs souvent enfouis au plus profond des mémoires individuelles ou familiales, récits par fois écrits mais jamais diffusés, témoignages publiés au sortir de l’enfer des camps, mais disparus depuis trop longtemps des rayons des bibliothèques.
Si quelqu’un seul ne peut décrire l’indicible, la multiplicité des récits peut s’en approcher.
En tout cas, c’est l’objectif que s’assigne cette collection à laquelle la Fondation, grâce à son Comité de lecture com posé d’historiens et de témoins, apporte sa caution morale et histo rique.
Face à une actualité où l’instrumentalisation des conflits di vers tend à obscurcir, confondre et banaliser ce que fut la Shoah, cette collection permettra aux lecteurs, chercheurs et étudiants de mesurer la spécificité d’une persécution extrême dont les uns furent acteurs, les autres complices, et face à la quelle certains restèrent indifférents et les autres héroïques.
Puissent ces ouvrages inspirer à leurs lecteurs l’esprit de fraternité, le rejet de l’antisémitisme et de toute autre forme d’exclusion.
Consultez le site Internet de la FMS : www.fondationshoah.org


Comité de lecture de la collection
Serge Klarsfeld, président
Henri Borlant, survivant de la déportation
Isabelle Choko, survivante de la déportation
Katy Hazan (OSE), historienne
Michel Laffitte, historien
Dominique Missika, historienne
Denis Peschanski, historien
Paul Schaffer, survivant de la déportation
Annette Zaidman, enfant cachée
Philippe Weyl, responsable de la collection
Correction : Laurence Beilvert.
Voir les autres titres de la collection en fin de volume.
Pour plus d’informations, consulter le catalogue de la collection sur Internet :
http://www.fondationshoah.org/memoire/collection/titres-parus


Introduction
par Jean-Marc Dreyfus et Alexandra Garbarini
En mars 1994, le Musée du mémorial de l’Holocauste à Was hington reçut une série d’envois anonymes postés du Texas. Sans bordereau d’accompagnement, chacun d’eux contenait un cahier d’écolier rempli d’une écriture soignée et lisible : un journal de guerre en français. La plupart de ces cahiers da taient des années 1940. Il s’agissait du journal intime de Lu cien Drey fus, professeur de lycée déjà âgé, Strasbourgeois évacué à Nice. Le Journal s’interrompt brutalement à la date du 24 septembre 1943 : réfugié dans un petit village d’altitude au-dessus de Nice, à Clans, Lucien Dreyfus est arrêté avec sa femme, Marthe , dans une rafle allemande. Tous deux sont déportés sans retour vers Auschwitz.
Ce manuscrit, qui nous est cependant arrivé incomplet, nous a semblé à bien des égards digne d’une publication et tout d’abord parce qu’il est ample par les sujets qu’il recouvre : à côté d’une description minutieuse de la vie quotidienne d’une petite communauté de réfugiés alsaciens, juifs et non juifs, sur la Côte d’Azur, Lucien Dreyfus déploie une réflexion originale sur la situation des Juifs de France sous Vichy. Il s’interroge sur les détours de l’histoire qui ont mené à la catastrophe qu’il vit dans sa quotidienneté. Il décrit aussi sa vie intérieure, ses centres d’intérêt nombreux, son retour vers une spiritualité juive. Ce Journal est aussi curieusement singulier dans la masse des journaux intimes rédigés par des Juifs en France pendant la Shoah : on ne dispose pas d’un texte aussi complet rédigé par un Alsacien juif, fermement ancré dans sa région natale, mais véritablement porteur d’une double culture, la française et l’alle mande, puisque Lucien Dreyfus, né en 1882, a été socialisé dans l’Alsace allemande et a même fait ses études à Berlin.
Il revint à Alexandra Garbarini d’avoir vu l’importance de ce Journal . Après deux premières publications étudiant certains aspects du manuscrit de Lucien Dreyfus 1 , Alexandra Garbari-ni a reçu un courrier, toujours posté du Texas, qui ne contenait qu’une seule photographie. La photo est celle d’une peinture ou d’un dessin au pastel, le portrait d’un homme d’âge mûr ayant l’apparence d’un érudit. Au dos de la photo, l’expéditeur toujours anonyme avait collé une étiquette sur laquelle le nom « Lucien Dreyfus » et ses dates de naissance et de décès avaient été imprimés. Ce jeu de piste se révélait fort intrigant. L’étude des enveloppes ne révéla rien. Quelques années plus tard, une troisième démarche pour résoudre le mystère du don de ce journal intime rencontra enfin le succès. La ténacité et le savoir des archivistes du Musée du mémorial de l’Holocauste de Was hington – et particulièrement de Ronald Coleman (il nous faut le remercier ici vivement) – et, il faut le dire aussi, la mise à disposition relativement récente sur Internet de gigantesques bases de données ont permis de retrouver Monique , la petite-fille de Lucien et Marthe Dreyfus, celle dont le départ aux États-Unis au printemps 1942 avec ses parents est décrit en détail dans le Journal . Monique avait 6 ans lorsqu’elle quitta la France avec un convoi de 54 enfants organisé par les quakers américains, accompagnée par ses parents, Mariette (née Drey-fus), l’enfant unique de Lucien et Marthe Dreyfus, et son père, Jacques Schumacher . La base de données généalogique améri caine « Ancestry.com » publie la liste des passagers qui ont ef fectué la traversée de l’Atlantique avec les Schumacher. La dé couverte du livre d’un historien sur un centre quaker du Mid west ayant accueilli des réfugiés européens et les ayant aidés à subsister et à s’intégrer a ensuite permis de reconstituer les pre miers mois des Schumacher aux États-Unis – ce livre contient de larges extraits d’un article que Mariette a écrit pour le bulletin de l’organisation 2 . Mais, surtout, l’information la plus impor tante a été la mention du nom marital de Monique dans l’an nonce de ses fiançailles avec Jon Allen , parue dans un petit jour nal de Bennington, dans le Vermont, en 1961 3 . Enfin, un re gistre de la Sécurité sociale américaine a fourni la date du décès de Mariette Schumacher et l’adresse de son dernier domicile au Texas, information essentielle car elle nous a permis d’entrer en relation avec la petite-fille de Lucien Dreyfus et par conséquent de percer le mystère des envois anonymes de documents et de photos. Monique Allen, qui a aimablement accepté un entretien par téléphone, nous a éclairés sur l’histoire de ce Journal et nous a donné l’autorisation de le publier.

Portrait peint de Lucien Dreyfus, années 1930. Photo USHMM.
Monique l’ignorait, mais ces journaux intimes de Lucien faisaient partie des rares témoignages sur la vie de ses grands-parents que sa mère avait réussi à sauvegarder. Ce fut son mari qui découvrit ces cahiers dans les affaires de sa belle-mère , lorsque, dans les dernières années de sa vie, celle-ci souffrait de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé. Conscient de leur importance, il les envoya aux archives du Musée du mémorial de l’Holocauste de Washington, sans en parler à sa femme, de

Mariette , la fille de Marthe et Lucien Dreyfus, avec sa nurse, Strasbourg, 1914. Photo USHMM.

Lucien et Marthe Dreyfus avec leur fille, Mariette , vers 1916. Photo USHMM.
crainte que cette découverte ne lui soit un fardeau. Ne lisant pas le français, il en ignorait le contenu. Moins d’un an après l’ouverture

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