L Espagne, Charles V et l alliance anglaise - Lettres historiques
26 pages
Français

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L'Espagne, Charles V et l'alliance anglaise - Lettres historiques , livre ebook

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Description

Tout ce qui se passe actuellement en Espagne est de la plus haute importance pour nous. Avec ou sans leur coopération, les ministres de la révolution de juillet ont tour à tour laissé détruire l’édifice que Louis XIV avait élevé pour protéger la France contre la rivalité de l’Angleterre ; et tout en admirant, jusqu’à un certain point, le courage de Marie-Christine, qui voudrait donner un trône à sa fille, nous ne pouvons pas, nous ne devons pas abandonner l’intérêt de notre patrie et les droits incontestables de Charles V, qui se montre en ce moment l’exemple des rois en revendiquant une couronne qui lui est refusée par des sujets rebelles et violateurs de la constitution de leur pays.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346117390
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Frédéric Dollé
L'Espagne, Charles V et l'alliance anglaise
Lettres historiques
L’ESPAGNE, CHARLES V, ET L’ALLIANCE ANGLAISE
Ce n’est pas tout de se déclarer monarque héréditaire ; ce qui constitue tel, ce n’est pas le trône qu’on veut transmettre, mais le trône dont on a hérité.... L’hérédité s’introduit dans les siècles de simplicité ou de conquête ; mais on ne l’institue pas au milieu de la civilisation ; elle peut bien alors se conserver, mais non s’établir.
BENJAMIN CONSTANT.
 
Toute usurpation a un cruel retour, et celui qui usurpe devrait y songer, du moins pour ses enfants, qui presque toujours portent sa peine.
THIERS.
 
 
Tout ce qui se passe actuellement en Espagne est de la plus haute importance pour nous. Avec ou sans leur coopération , les ministres de la révolution de juillet ont tour à tour laissé détruire l’édifice que Louis XIV avait élevé pour protéger la France contre la rivalité de l’Angleterre ; et tout en admirant, jusqu’à un certain point, le courage de Marie-Christine, qui voudrait donner un trône à sa fille, nous ne pouvons pas, nous ne devons pas abandonner l’intérêt de notre patrie et les droits incontestables de Charles V, qui se montre en ce moment l’exemple des rois en revendiquant une couronne qui lui est refusée par des sujets rebelles et violateurs de la constitution de leur pays. La destruction de la loi salique en Espagne serait la destruction de toute alliance entre ce pays et la France : car, qui empêchera Isabelle d’épouser un archiduc d’Autriche ou un prince anglais, et de relever ainsi l’empire de Charles-Quint, ou d’agrandir encore la puissance maritime de l’Angleterre, déjà si considérable ?...
Pour avoir une idée exacte de la position actuelle de l’Espagne, il n’est peut-être pas inutile de remonter à la source des droits de la maison de Bourbon sur cette monarchie, et d’apprécier les immenses avantages que doit procurer à la France une alliance que l’Angleterre, de son côté, a tant de motifs pour anéantir, ou tout au moins pour paralyser. On remarquera sans peine l’esprit vraiment national qui a toujours animé les princes de la branche aînée de Bourbon, et l’intérêt particulier de succession éventuelle qui, depuis les stipulations du traité d’Utrecht, et surtout depuis les stipulations de La Haye, n’a cessé de dominer la branche d’Orléans, bien souvent, il faut le dire, au préjudice de la France.
Louis XIV, venant après des troubles qui avaient failli détruire la monarchie et entouré de jeunes hommes déjà illustres, sentit qu’il devait tout d’abord mériter l’admiration de ses peuples, et que, pour fermer l’abyme révolutionnaire, il fallait qu’il devînt le plus grand homme de son royaume. C’est alors qu’il s’occupa de la position géographique de la France : d’un coup d’œil il vit près de l’envelopper les énormes ailes de l’aigle impérial, et la Hollande menacer nos possessions limitrophes sous le spécieux prétexte d’obtenir une barrière ; il vit l’Angleterre regarder avec convoitise la Guyenne, la Bretagne et la Normandie, qu’elle avait possédées autrefois ; et, n’apercevant pas la possibilité de renouveler la glorieuse expédition de Guillaume le Conquérant, il sentit qu’en s’alliant à l’Espagne, la France ne pourrait plus désormais redouter ni l’empire de Charles-Quint, ni la puissance maritime de l’Angleterre ; alors il ne s’occupa plus que des moyens d’arriver à cette alliance qui devait assurer le repos de la patrie, et toute sa politique ultérieure fut dirigée dans ce but vraiment national.
Ainsi, en 1656, Louis XIV envoie Lionne à Madrid pour demander en mariage l’infante Marie-Thérèse ; en 1659 il conclut le traité des Pyrénées, dans lequel se trouve accepté son mariage avec l’infante, à laquelle on donne une dot de 500 mille écus ; en 1683, le duc d’Anjou naquit, et en 1700, le 2 octobre, Charles II fit son testament en faveur de ce jeune prince. L’Espagne envoya un ambassadeur à Louis XIV pour lui annoncer cet événement, qu’il espérait, qu’il méditait depuis cinquante ans. Cet ambassadeur, le marquis Castel Dorios, eut, le 16 novembre 1700, une audience particulière du roi, qui ne lui répondit que ces mots : « Monsieur l’ambassadeur, je verrai.  » Je n’aurais jamais cru, dit ce ministre en sortant de chez le Roi, qu’en offrant vingt-deux royaumes, je pusse avoir pour toute réponse : Je verrai.
La cour attendait avec impatience le dénoûment de cette grande affaire. Louis XIV, étant revenu de Fontainebleau, choisit, pour annoncer sa résolution, le jour où les ambassadeurs se rendaient à Versailles. A neuf heures et demie du matin, il fit entrer celui d’Espagne dans son cabinet et lui dit : « L’heure est venue de faire un roi. » Ensuite il appela le duc d’Anjou, qui était dans l’arrière-cabinet avec les princes ses frères. « Mon fils, lui dit-il, c’est Dieu qui vous a fait roi : songez à le faire régner dans les lieux où vous allez commander. Et vous, monsieur l’ambassadeur, saluez votre roi. »
A dix heures, les portes du cabinet s’ouvrirent, et tous les regards se portèrent sur Louis XIV, qui, prenant par la main le duc d’Anjou, dit, avec la majesté du maître de l’univers : « Messieurs, voilà le roi d’Espagne ; la nature l’a fait roi, le feu roi le nomme, les peuples le demandent, et j’y consens. Et vous, monseigneur, ajouta-t-il, soyez bon Espagnol, c’est à présent votre premier devoir ; mais n’oubliez pas que vous êtes né Français ; souvenez-vous en pour entretenir l’union entre les deux couronnes ; que l’Espagne et la France,

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