L Europe et l Égypte
101 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'Europe et l'Égypte , livre ebook

101 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Les souverains nationaux d’Égypte avaient abandonné, au profit des Grecs et des autres étrangers trafiquant dans leur empire, la plus belle des prérogatives des rois : celle de rendre eux-mêmes la justice à quiconque respire sur les terres soumises à leur domination. En créant ainsi, en faveur du commerce, le principe d’extraterritorialité, si communément appliqué de nos jours, les antiques despotes égyptiens obéissaient évidemment à la force des choses ; ils montraient, en même temps, que la souveraineté absolue n’a jamais été et ne peut jamais être qu’un accident en Egypte, que le distributeur de tous les biens a destiné cette contrée à être le pays neutre par excellence, la place publique où l’humanité tout entière a droit de se donner rendez-vous et de circuler librement.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346111619
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Nikolaj Aleksandrovic Notovic
L'Europe et l'Égypte
CHAPITRE I er
Les Capitulations
Les souverains nationaux d’Égypte avaient abandonné, au profit des Grecs et des autres étrangers trafiquant dans leur empire, la plus belle des prérogatives des rois : celle de rendre eux-mêmes la justice à quiconque respire sur les terres soumises à leur domination.
En créant ainsi, en faveur du commerce, le principe d’extraterritorialité, si communément appliqué de nos jours, les antiques despotes égyptiens obéissaient évidemment à la force des choses ; ils montraient, en même temps, que la souveraineté absolue n’a jamais été et ne peut jamais être qu’un accident en Egypte, que le distributeur de tous les biens a destiné cette contrée à être le pays neutre par excellence, la place publique où l’humanité tout entière a droit de se donner rendez-vous et de circuler librement.
Qui ne voit d’ailleurs, que la possession par un seul maître, repoussant tout contrôle, de l’étroit défilé où se croisent presque toutes les marchandises du monde. deviendrait pour presque tous les peuples la plus onéreuse et la plus insupportable des sujétions ?
Le condominium universel est donc le véritable droit public en Égypte. Les usages n’ont fait que le consacrer depuis qu’il a été fondé par Amasis, 560 ans avant J.-C. ; et de jour en jour, jusqu’à l’époque actuelle, le temps lui a imposé sa formule, de plus en plus précise.
Sous les Ptolémées, le prœtor peregrinus exerçait seul, à Alexandrie, la juridiction sur les sujets de la république romaine, à l’exclusion des juges indigènes. Si les Sarrasins, après la fureur de la conquête et aux premiers siècles de ferveur de l’Islam, essayèrent tout d’abord de repousser les peuples chrétiens du grand marché des trois mondes, ils ne tardèrent pas à se soumettre, eux aussi, à la nécessité, plus impérieuse que le fanatisme. Dès le haut moyen âge, les navires des républiques italiennes abordaient sans encombre aux bouches du Nil. Les Croisades, en dépit de leur appareil belliqueux, ne firent que hâter un rapprochement voulu par la nature. En 1251, saint Louis, roi de France, quoique vaincu à la Mansoure, passait avec le sultan d’Égypte le premier des traités connus sous le nom de Capitulations, parce qu’ils sont divisés en chapitres, capitula.
En vertu de ce traité de 1251, la France entretenait à Alexandrie un consul permanent. Les villes méditerranéennes, vassales de la couronne, mais à demi-indépendantes du pouvoir royal, Marseille, Narbonne, Montpellier, imitaient bientôt le roi, fondaient des comptoirs sur tout le littoral égyptien et syrien, et la sécurité de ces comptoirs était garantie par la présence d’un consul local. Les contestations, s’élevant entre étrangers et marins appartenant à un même pays, y étaient réglées par un magistrat spécial, tantôt nommé par le pouvoir central et tantôt électif. Dix Marseillais réunis en pays étranger pouvaient y élire leur consul. La législation que ces magistrats appliquaient étaient la législation française, modifiée d’après les usages et les besoins des pays levantins.
Les successeurs de saint Louis, Philippe le Hardi, Louis XI, Louis XII, eurent soin de maintenir avec les sultans d’Égypte les rapports diplomatiques inaugurés par le glorieux vaincu de la Mansoure. Ils obtinrent, pour les négociants du Languedoc et de la Provence, la confirmation de la protection accordée au trafic français dans les Échelles. Les relations commerciales de la France avec l’Égypte n’ont jamais été interrompues depuis le XIII e siècle.
Les consuls, appelés primitivement bailes ou vicomtes, tous Français, englobaient sous leur efficace patronage, toutes les colonies chrétiennes établies dans les rayons de leur résidence. Aux yeux des musulmans, ils devinrent les représentants attitrés de tous les sectateurs du Christ, et ceux-ci ne furent longtemps désignés dans ces pays barbares que sous le nom de Francs. C’était assez pour leur assurer le respect.
La situation privilégiée de la France grandit encore, : au commencement du XVI e siècle, en 1507, quand les marchands marseillais eurent obtenu du sultan d’Egypte, Khamson-Ghavri, des hatti-chériff garantissant l’extraterritorialité à leurs ressortissants. Ces traités, renouvelés et confirmés par Sélim, en 1517, et par Soliman en 1528, ont servi de base aux conventions passées en 1535, entre le Grand-Seigneur et François I er , et qui sont le prototype de toutes les Capitulations.
De restreints à quelques centres de commerce qu’ils étaient auparavant, les privilèges devinrent dès lors généraux et s’appliquèrent indistinctement à tous les protégés du roi très chrétien ; autant dire à la chrétienté tout entière.
Les Capitulations de 1535 ont été, d’emblée, un chef-d’œuvre, en ce sens que les clauses qui y sont contenues ont prévu tous les cas pouvant intéresser le commerce international, en même temps qu’elles ont réglé pacifiquement les rapports politiques et religieux entre deux races d’hommes qui, durant huit cents ans, ne s’étaient abordées que le sabre à la main.
Par un sentiment de générosité bien conforme aux traditions de sa dynastie, François I er avait, en effet, stipulé au profit de toute la chrétienté, sans distinction de nationalité, les avantages consentis en sa faveur par l’amitié du Commandeur des Croyants. La France demeura ainsi l’unique anneau de conjonction entre l’Europe et l’empire Ottoman et la seule sauvegarde des Populations catholiques et de la civilisation. Spectacle admirable et bien digne d’attirer la reconnaissance de l’histoire ! dit à ce sujet un orateur italien, M. Mancini. Les Capitulations couvraient réellement de leurs garanties, non seulement les Français, mais encore les Européens trafiquant, voyageant ou résidant en territoire Musulman. En retour de tant de bienfaits gratuitement partagés avec tous ses coreligionnaires, le roi de France s’était réservé seulement le droit de préséance pour ses ambassadeurs et ses consuls dans les Échelles du Levant ; en outre, ses sujets immédiats jouissaient de certaines exonérations d’impôts et de légères réductions dans les droits de douanes.
Que faisait alors l’arrogante Angleterre ? Son attitude était plutôt piteuse. Elle acceptait, sans scrupules, le protectorat du roi de France, et Henri VIII se faisait désigner nommément, avec le roi d’Écosse et le pape, parmi les Puissances qui pourraient se prévaloir des avantages accordés à François I er par Soliman.
Quand l’Angleterre se sentit assez forte pour imposer sa volonté, ou mieux quand la Turquie fut devenue assez faible pour subir ses exigences, le gouvernement de Londres, voulut, il est vrai, s’affranchir de la tutelle française. Élisabeth réclama, en 1579, des traités particuliers qui lui furent concédés ; mais ces traités son rédigés d’après le texte des Capitulations de 1535, qui ont ainsi servi de modèle à toutes les conventions du même genre.
Remaniés et complétés en 1581, 1597, 1604 et 1740, les traités franco-ottomans ont tous consacré les deux principes des Capitulations de 1535 qui sont : l’extraterritorialité des négociants et voyageurs européens en terre musulmane et le droit de protection des représentants du roi de France étendu sur tous les chrétiens indistinctement.
 
La Capitulation de 1581 s’exprime ainsi :

Que, les Vénitiens en hors, les Génois, Anglais, Portugais, Espagnols, Catalans, Siciliens, Anconitains, Ragusois, et entièrement tous ceux qui ont cheminez soubs le nom et la bannière de France, d’ancienneté jusqu’à ce jourd’huy, et en la conditio

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents