La Colonisation française aux Nouvelles-Hébrides
119 pages
Français

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La Colonisation française aux Nouvelles-Hébrides , livre ebook

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Description

Avant d’entrer dans les détails de la colonisation européenne aux Nouvelles-Hébrides, — colonisation dont les débuts remontent à une époque déjà éloignée, — il est bon, je crois, d’étudier de suite la valeur que peut avoir l’archipel hébridais en tant que possession française probable, dans un avenir vraisemblablement assez rapproché. Or, si l’industrie des coprahmakers est assez florissante, peu coûteuse pour le moment comme frais généraux, si, en un mot, elle nourrit bien son homme, il ne faut pas perdre de vue que les colons qui font du coprah, le font, pour la plupart, encore actuellement, avec les noix de cocos que leur vendent les indigènes, ou bien avec celles qu’ils prennent eux-mêmes sur les cocotiers déjà tout poussés des terrains achetés aux Canaques, — qu’ils n’ont par suite qu’une récolte à ramasser, sans avoir eu le tracas de la semaille.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 4
EAN13 9782346079759
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Ernest Davillé
La Colonisation française aux Nouvelles-Hébrides
PORT VILA ET LES ENVIRONS
AVANT-PROPOS
On est tellement habitué à vivre en France avec cette idée singulière que les Français sont des colonisateurs d’occasion, sans méthode régulière de travail, sans plan fixe, sans idées arrêtées d’avance, que je considère comme un devoir de signaler les résultats obtenus par nos compatriotes des Nouvelles-Hébrides, grâce à leurs patients efforts, à leur travail acharné, secondés dans leur œuvre par un sentiment d’ardent patriotisme.
De nombreux Français vivent dans cet archipel lointain, encore peu connu, et cependant très intéressant en ce que son avenir est intimement lié à celui de nos possessions océaniennes. Ces colons se sont établis depuis de longues années convaincus qu’ils s’installaient sur une terre destinée à devenir sous peu possession française.
Abandonnés à leurs seules ressources, ils ont peu à peu transformé ce pays, ils sont arrivés à conquérir une certaine aisance. Par leurs efforts continus ils ont pu se créer des relations commerciales suivies avec l’Australie et la Nouvelle-Calédonie. Mais s’ils ont fait de ce groupe d’îles une terre vraiment française, à laquelle tous ont voué un grand attachement, ce n’est pas sans une cruelle anxiété qu’ils regardent vers la mère-patrie, appelant de tous leurs vœux la prise de possession définitive qui leur rendra chez eux, aux Hébrides, leurs droits de citoyens français et mettra fin à la situation étrange dans laquelle ils se trouvent depuis si longtemps déjà. Ils ont colonisé d’abord et c’est un pays riche par ses ressources naturelles et par les industries créées qu’ils offrent à la France.
J’ai visité pour la première fois les Nouvelles-Hébrides en 1886 ; les plantations françaises se trouvaient encore dans la situation de tous les terrains aux débuts d’une colonisation. Mais dès cette époque l’importance réelle de l’archipel, par sa valeur propre et par sa position géographique entre la Nouvelle-Calédonie, l’île des Pins, les Loyalty et les îles de la Société, était évidente.
A mon retour dans le groupe, en mars 1392, la visite détaillée des îles a été pour moi une révélation. Les colons étaient beaucoup plus nombreux, des débroussés considérables se voyaient de tous côtés, sur le rivage autrefois désert s’échelonnaient des magasins, des maisons, des stores. Les résulats acquis sont merveilleux.
Les propriétés anglaises sont ce qu’elles étaient en 1886 : à peu près nulles.
Jusqu’à mon départ en décembre 1893, c’est-à-dire pendant près de deux ans, j’ai suivi jour par jour les travaux des colons, le développement des plantations, l’extension du commerce avec les pays voisins. Il est difficile de se faire une idée de l’énergie et de la ténacité dans l’effort des colons néo-hébridais ; cette volonté soutenue, jamais démentie, ce moral excellent résistant au climat, aux déboires tant des intempéries atmosphériques que des contre-temps commerciaux, méritent vraiment d’être signalés.
Mais les résultats obtenus ne l’ont pas été sans peine. Les déceptions de tous genres n’ont pas été ménagées aux colons, et c’est peut-être ce qu’il y a de plus remarquable à citer chez eux que ce désir manifesté par tous de voir épargner aux futurs colons qui pourraient venir se joindre à leur groupe toutes les difficultés que les premiers arrivés ont eu à vaincre.
La bonne volonté, l’énergie, bien que nécessaires, ne sont pas suffisantes en matière de colonisation. Puisque les premiers colons ont eu à souffrir des mauvais résultais des tentatives de début, puisque certaines cultures supposées tout d’abord rémunératrices n’ont donné que des mécomptes, puisqu’en un mot il y a eu des « écoles » faites, qu’au moins l’expérience si durement acquise profite aux nouveaux venus et leur soit utile au commencement de cette existence toute nouvelle. J’ai vécu de la vie intime des colons ; j’ai été, comme médecin et comme ami, le confident de beaucoup d’espérances et de bien des désillusions. Mais j’ai toujours vu subsister ce sentiment, très généreux et très français : « Que nos premiers échecs soient un enseignement pour ceux qui viendront ».
J’ai le ferme espoir que, la lumière étant faite et la vérité dite scrupuleusement, l’émigration européenne aura tout intérêt à se diriger sur les Nouvelles-Hébrides. Je crois bien faire en condensant dans quelques pages tout ce qu’un colon partant de France a intérêt à connaître pour ne pas être déçu dès son arrivée dans sa nouvelle patrie. J’ai pris de tous côtés les renseignements les plus précis ; j’ai constaté par moi-même les résultats acquis par ceux des derniers arrivés qui avaient suivi les conseils donnés. Ce sont ces conseils que je vais reproduire ici ; si cette sorte de guide pratique du coloi1 rend service à quelques-uns de mes compatriotes désireux d’aller tenter la fortune au loin, et contribue par suite au développement de l’archipel des Nouvelles- Hébrides et des colonies françaises, il ne sera pas inutile.

Paris, 1 er juin 1894.
D r E.D.
CAFÉRIE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE, PORT SANDWICH (MALLICOLO)
(D’après une photographie du D r .JOLLET)
CHAPITRE I
LES TERRAINS
Avant d’entrer dans les détails de la colonisation européenne aux Nouvelles-Hébrides, — colonisation dont les débuts remontent à une époque déjà éloignée, — il est bon, je crois, d’étudier de suite la valeur que peut avoir l’archipel hébridais en tant que possession française probable, dans un avenir vraisemblablement assez rapproché. Or, si l’industrie des coprahmakers est assez florissante 1 , peu coûteuse pour le moment comme frais généraux, si, en un mot, elle nourrit bien son homme, il ne faut pas perdre de vue que les colons qui font du coprah, le font, pour la plupart, encore actuellement, avec les noix de cocos que leur vendent les indigènes, ou bien avec celles qu’ils prennent eux-mêmes sur les cocotiers déjà tout poussés des terrains achetés aux Canaques, — qu’ils n’ont par suite qu’une récolte à ramasser, sans avoir eu le tracas de la semaille.
Mais les coprahmakers ne sont presque tous que des colons de passage, venus pour gagner le plus d’argent dans le moins de temps possible, faire en quelques années un semblant de fortune, afin de pouvoir retourner vite en Australie d’où ils sont originaires pour la plupart ; je me place surtout au point de vue des colons installés définitivement dans leur nouveau pays et qui par suite ont tout intérêt à connaître la valeur réelle des terrains dans lesquels ils placeront les germes de leur bien-être futur.
Je sais que l’on a parlé pour les Nouvelles-Hébrides d’argent à gagner au moyen de l’élevage. Je ne crois pas que pour le moment cette question soit à point ; non que l’élevage ne puisse ici donner de bons résultats, mais parce que les débouchés manquent et manqueront longtemps encore. En admettant que tous les colons donnent à leurs engagés canaques la quantité de bœuf salé qu’ils leur doivent comme ration, les éleveurs hébridais pourraient-ils fournir cette denrée à meilleur prix qu’on ne l’obtient aujourd’hui des Australiens ? Certes non. On se procure de très bon bœuf salé à 40 et même 35 francs le baril de 50 kil. ; et je doute fort qu’un éleveur des Nouvelles Hé

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