La Crise algérienne et la démocratie
53 pages
Français

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La Crise algérienne et la démocratie , livre ebook

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Description

La conquête de l’Algérie fut inspirée par le même fanatisme clérical qui poussa la Restauration à intervenir en Espagne et qui lui dicta les fameuses ordonnances. Cet acte de foi, commis avec préméditation, a réussi à se déguiser sous forme de protestation du droit des gens, grâce à la brutalité naïve de ce dey Hussein, dont le célèbre coup d’éventail facilita si singulièrement la tâche de diplomates, impatients de lancer à la croisade les néopaladins.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 2
EAN13 9782346123216
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Léon Hugonnet
La Crise algérienne et la démocratie
A M. Emile de Girardin
 
 
 
ILLUSTRE ET VÉNÉRÉ MAITRE,
 
 
 
Vous êtes le plus courageux des logiciens et vous n’hésitez jamais en face des conséquences d’une idée ; vous possédez une sûreté et une rapidité de coup d’œil surprenantes ; votre plume est incisive comme un glaive, suivant l’expression du héros algérien, le grand Emir Hadj Abd-el-Kader ; par votre immense talent, vous avez conquis la plus grande puissance que jamais écrivain ait atteinte ; malgré cela, je demeure confondu de la prodigieuse facilité avec laquelle vous avez résolu le problème algérien.
 
Il est vraiment inouï que vous seul ayez vu clair dans cette ténébreuse affaire dont le général Daumas a dit que personne en France ne connaissait le premier mot.
 
En effet, nous tous, qui placés dans le camp des vainqueurs, sommes plus ou moins juges et parties, notre incompétence est évidente, car jamais n’a retenti dans le débat la protestation du vaincu que l’on a tant calomnié et dont la muette résignation est proverbiale.
 
A la vérité, il s’est bien rencontré quelques hommes de cœur envers lesquels on a cru se montrer aussi méchant que possible en les traitant d’Arabophiles, ce qui n’a rien de bien déshonorant. Mais c’étaient généralement des observateurs consciencieux que révoltaient les triomphes de l’iniquité ; leur position officielle ne leur laissant qu’une indépendance incomplète, ils étaient d’ailleurs empêchés de conclure avec la netteté qui vous caractérise. En outre, ils étaient peu familiarisés avec les généralités dans lesquelles se noyent au contraire les théoriciens nébuleux qui discutent dans le vide, et ne lisant qu’au fond de leur âme, honnête du reste, sans soupçonner l’usage que, dans la pratique, on fait de leurs arguments.
 
Vous seul, illustre maître, vous avez vu vrai, vous avez touché juste.
 
Il vous a suffi d’accorder à l’Algérie un instant d’attention pour élucider la question mieux que personne depuis trente ans ; j’ajouterai même que l’on n’ira jamais au-delà, car le problème n’admet pas deux solutions.
 
Néanmoins, j’ai pensé qu’il restait encore quelque chose à dire,
 
Tout d’abord, j’éprouve le besoin dé déclarer que mes observations personnelles vérifient les conclusions auxquelles votre grand esprit a pu atteindre, d’un seul jet, par le raisonnement. Cependant, la douloureuse actualité de la crise que vient de traverser l’Algérie, ne démontrant que trop surabondamment la justesse de vos prévisions, je n’aurais pas pris la plume, n’était la conviction que les pages suivantes ont leur raison d’être et présentent des aperçus nouveaux.
 
Les destinées humaines gravitent entre ces deux pôles : liberté et solidarité, la résultante de ces deux attractions produit le mouvement.
 
De l’Orient sémitique est parti un souffle puissant qui pousse à l’unité, de même que les races indo-européennes sont travaillées d’un impérieux besoin d’individualisme.
 
Mais l’unité n’exclut pas la variété, au contraire ; comme la lumière blanche est la synthèse des sept couleurs du spectre, la liberté équilibrée, c’est l’ordre consenti, c’est l’harmonie.
 
Or, cherchant la lumière, j’ai tourné mes regards vers l’Orient, aussi ai-je plutôt recueilli l’enseignement de la solidarité que celui de la liberté. Et cependant nous devions nous rencontrer, ce qui eût été impossible en suivant des voies parallèles.
 
Au surplus, si je n’avais fait que me traîner servilement à votre suite, je ne me permettrais pas de vous faire hommage de ce travail qui serait peu digne de votre glorieuse personnalité, car je ne serais qu’un pâle reflet de votre rayonnement.
 
C’est parce que je suis arrivé au même but en exploitant des sentiers nouveaux que je viens, en toute confiance, affirmer la SOLIDARITÉ sur le seuil du grand apôtre de la LIBERTÉ.
 
 
LEON HUGONNET.

Paris, 25 octobre 1868.
INTRODUCTION
Pèrissent les colonies plutôt qu’un principe ! s’écriaient noblement nos pères à cette époque glorieuse que Michelet appelle la réaction de la justice contre la grâce. Heureusement que bien des années se sont écoulées depuis le jour où a retenti cette grande parole, car il y aurait quelque témérité à la lancer aujourd’hui que nous avons désappris la langue des hommes libres.
 
On semble oublier que le rôle de persécuteur est plus terrible encore que celui de persécuté ; aussi croyons-nous de toute nécessité d’évoquer le souvenir lumineux de nos héroïques devanciers, avant d’essayer de nous élever, à notre tour, jusqu’à la source de la vérité et du droit. Mais si nous nous tournons vers les collines du passé, c’est pour voir « blanchir à leurs cimes les lueurs de l’avenir. »
 
Un fourreau, disait Mohammed, ne peut contenir deux lames. C’est pourquoi la rougeur nous monte au front, quand nous voyons des publicistes, qui se flattent de posséder la tradition révolutionnaire et servent, avec un zèle égal, la cause des nationalités et la colonisation qui repose sur la conquête.
 
Or, la conquête n’est pas seulement un crime, mais, ce qui parait plus grave aux yeux des politiques, elle est une faute.
 
Pour les peuples l’expiation de la gloire militaire consiste dans la perte des libertés intérieures ; pour les gouvernements, c’est la coalition qui vient justifier le mot de l’Ecriture : Celui qui se sert de l’épée périra par l’épée. — Mais il est une conséquence plus effrayante encore. Le plus cruel châtiment du coupable, c’est la grande difficulté de son retour au bien ; de même que le menteur a de la peine à être cru, le despotisme ne peut guère rentrer dans la légalité et dans les principes une fois qu’il en est sorti. On peut assimiler le droit commun à l’honneur qui est comme une île escarpée et sans bords.
 
De quel droit, en effet, pourrions-nous protéger les chrétiens d’Orient quand nous asservissons les musulmans d’Algérie ? A quel titre voulons-nous délivrer l’Italie, la Pologne et autres nations plus ou moins opprimées, quand nous maintenons sous un joug bien autrement meurtrier, tout un peuple que nous prétendions civiliser et qui agonise à cette heure, enlevé par une famine sans exemple dans l’histoire ? Jusqu’à quand des hommes qui cependant ont été bercés avec les paraboles de l’Evangile, regarderont-ils la paille dans l’œil du voisin et cesseront-ils de voir le boulet qu’ils traînent, suivant l’énergique expression de M. de Girardin ?
 
Les lignes qui vont suivre étant une protestation contre la conduite constante de la France en Algérie depuis trente-huit ans, nous ne craignons pas qu’on nous accuse de manquer de patriotisme, car, pour nous, la vraie grandeur de notre pays consiste dans ses idées émancipatrices, dans sa philosophie sociale et non ailleurs. Toutefois, on se méprendrait sur le sens de ces récriminations, si on n’y voyait qu’un acte de stérile négation. Car nous avons foi dans les destinées d’un pays que nous affectionnons, et nous regardons comme un devoir de réparer tout le mal commis à son égard ; pour cela, nous voulons lui donner la liberté et l’autonomie. Il faut regretter amèrement les discussions oiseu

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