La France et l Empereur
36 pages
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La France et l'Empereur , livre ebook

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Description

La France depuis le premier Capétien n’a jamais cesse de tendre à l’unité. Par les conquêtes, par les mariages des rois, par les traités, par les lois, par les réformes administratives, ce but a été poursuivi sans relâche, et la révolution elle-même a couronné l’édifice par la suppression des provinces, l’uniformité de législation, des poids et mesures, et tant d’autres dispositions centralisatrices.Chaque peuple a son génie propre, cela n’est pas douteux.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346088799
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Ferdinand-Vincent Laury
La France et l'Empereur
CHAPITRE I er
HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE
La France depuis le premier Capétien 1 n’a jamais cesse de tendre à l’unité. Par les conquêtes, par les mariages des rois, par les traités, par les lois, par les réformes administratives, ce but a été poursuivi sans relâche, et la révolution elle-même a couronné l’édifice par la suppression des provinces, l’uniformité de législation, des poids et mesures, et tant d’autres dispositions centralisatrices.
Chaque peuple a son génie propre, cela n’est pas douteux. Il s’agit pour celui qui gouverne de le bien connaître et d’agir en conséquence ; il n’a pas à épiloguer sur les prétendus démérites qui s’y rencontrent : autant vaudrait pour le capitaine d’un navire essayer de remonter la chûte d’une cataracte. Que l’Anglo-Saxon soit fédéraliste par nature, amoureux du self-gouvernement ; que ses qualités s’épanouissent dans l’isolement et l’individualisme ; que la Suisse s’accomode de confédération et de souverainetés locales ; que dans l’antiquité tout dépendît d’une cité-reine formant à elle seule tout l’État et ayant autour d’elle et au loin des alliés, des sujets, des tributaires ; que les grandes monarchies asiatiques fussent l’inverse de tout cela ; qu’en conclure, sinon qu’il existe plusieurs groupes de peuples obéissant à des principes divers ou contraires dans leur façon de se gouverner et de s’administrer et marqués dans l’histoire d’empreintes parfaitement dissemblables.
Notez bien que nous n’avons songé en traçant les lignes précédentes qu’à des civilisations vigoureuses et pour lors florissantes et non point à des nationalités en décadence ou usées, ayant fait leur temps. De celles-ci tenons compte dans la présente étude.
Mais l’on nous concédera bien que si l’Angleterre, les Etats-Unis, la Suisse sont de nos jours à l’état de civilisation ascendante et en pleine vigueur, la France de son côté n’arien à craindre du parallèle et que sa civilisation est aussi vivace et aussi robuste que pas une autre.
La royauté française, il faut le reconnaître, fut au surplus pendant sept ou huit cents ans, soit jusqu’aux mauvaises années de Louis XIV, l’instrument infatigable de l’unité nationale ; cela seul la rendait populaire au premier chef, car elle accomplissait une œuvre de rédemption et de délivrance. Croit-on que le peuple des villes ou des campagnes ne visait pas comme elle et d’instinct, à débarasser le territoire des trois ou quatre mille tyrans féodeaux qui, enfermés dans leurs donjons, faisaient peser sur leurs sujets un joug d’autant plus lourd qu’il était plus prochain et plus direct ? La royauté est venne à bout de cette tâche, et certes un régime républicain n’y aurait pas abouti, il aurait évidemment tourné à l’oligarchie et aurait maintenu, soutenu, favorisé le morcellement au lieu de le combattre.
Aussi cette royauté, malgré de grandes fautes, resta populaire pendant bien des siècles. Il y avait des fautes, cela est vrai, mais qui n’effaçaient point, n’altéraient même pas sensiblement, la mission inhérente à l’institution.
Le roi était la clef de voûte de l’édifice social. Tout progrès, toute amélioration émanaient de lui. Il était la source ou l’appui de tous les affranchissements et l’État s’incarnait volontiers dans sa personne. Par lui la patrie devenait peu à peu plus étendue et plus forte, grâce aux héritages territoriaux et aux réversibilités ; par lui se rendait la meilleure justice, sous les lois de laquelle les peuples aspiraient à se ranger ; avec son aide s’affranchissaient les communes ; pour lui l’étranger était toujours l’étranger et souvent l’ennemi, tandis que ce même étranger, ce même ennemi était souvent l’allié et l’ami des barons qui le prenaient pour auxiliaire ou devenaient les siens. Et dès-lors la cause du roi s’identifiait avec celle de la patrie, de telle sorte que combattre le roi ou conspirer contre lui, c’était combattre bu conspirer contre la France.
Cette popularité, cette identification de la France avec la personnalité royale avaient poussé de si profondes racines qu’elles se traduisaient en adages considérés par tout le monde comme de vrais axiomes.
Ainsi la royauté ne peut périr ; le corps social ne peut se passer un seul instant de ce grand ressort, à tel point que la mort elle-même ne saurait en interrompre le mouvement. « Le roi est mort vive le roi. »
Le roi ne peut ni faire le mal ni le supporter. Aussi dès qu’un abus se produit, dès qu’une injustice se commet : « Ah ! si le roi le Savait ! »
Et ce mot de Louis XIV : « L’Etat c’est moi. » Ce mot qui nous paraît si exorbitant ne semblait point tel à ses contemporains et ne les étonnait guère.
Il est bon de remarquer au surplus que cet état de choses, la France ne l’avait pas choisi elle-même, il n’y eut pas un seul instant la placé ou la possibilité d’un contrat social. Tout dériva inévitablement de deux faits immenses et primordiaux, la décadence romaine et l’invasion germanique.
En résumé, c’est la royauté qui en France a favorisé l’affranchissement populaire, l’avènement des noms nobles, roturiers ou serfs. Dans d’autres pays, en Angleterre, par exemple, le contraire est arrivé, l’aristocratie à aidé le peuple contre la couronne. Et qu’en est-il résulté ? c’est que l’une et l’autre, royauté française et noblesse anglaise, recueillirent les fruits de leur politique. L’aristocratie française a péri, tandis que l’institution monarchique est aujourd’hui plus vivace que jamais.
Deux remarques sont encore nécessaires. A mesure qu’un roi de France ajoutait aux pays de sa domination une province de plus, il fallait la souder au reste de la monarchie, soit par des pactes réguliers, soit par diverses mesures d’assimilation ou de fusion. Tous ces actes ne pouvaient émaner que du roi et avaient pour effet naturel non-seulement de l’investir d’un grand prestige, mais encore de le faire considérer comme le véritable fabricateur de la grandeur nationale.
Enfin, il faut considérer que, si en Angleterre, pour suivre le même exemple, nombre de fondations et d’œuvres nationales doivent leur origine soit à l’aristotie soit à l’initiative d’associations privées, il n’en a pas été de même en France. A cet égard, la royauté a tout créé. Hospices civils et militaires, établissements scientifiques, académies, encouragements aux beaux arts, pensions aux poëtes et gens de lettres, palais et édifices publics, voirie, ponts et aqueducs, théâtres et jeux publics, création des grandes manufacturés et d l’industrie nationale, c’est à elle que tout remonte, c’est d’elle que tout émane, c’est elle qui a tout fait.
Et maintenant, étonnez-vous qu’un peuple qui a vu ces choses-là et en a vécu pendant mille ans, ait ses idées, ses instincts, ses habitudes, ses préférences, toutes les forces en un mot de son tempérament politique tournées vers la centralisation et la monarchie.
Mais ce n’est tout. La France n’est pas comme l’Angleterre isolée du reste du monde et protégée par l’Océan ; elle n’est pas comme les États-Unis d’Amérique séparée des autres peuples et surtout des grandes nations militaires, par l’éloignement et le vaste espace des flots ; elle n’est pas comme la Suisse une contrée aussi intéressante que dénuée, en un sens, d’importance politique.

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