La France impériale et l Angleterre
51 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La France impériale et l'Angleterre , livre ebook

-

51 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Janvier 1852.J’arrive de Londres.J’arrive le cœur rempli d’indignation, la main pleine de vérités ; j’en aurais long à dire si j’entreprenais de publier aujourd’hui les notes précieuses que j’ai recueillies, et les résultats de mes études sur les hommes et les choses de l’Angleterre ; mon premier acte sera de dénoncer à mes concitoyens tout ce qu’il y a de haine contre nous au-delà de la Manche, tous les outrages dont on accable là-bas la France, son chef et son armée.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782346098132
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Amédée Sellier
La France impériale et l'Angleterre
Ce livre a été écrit sous l’influence d’un patriotique courroux, et nous en tracions les premières pages sur le paquebot qui nous ramenait en France après la clôture de notre mission.
Mais une fois de retour à Paris, nous eûmes des scrupules sur l’opportunité et la convenance de sa publication ; nous craignions que notre voix, toute faible qu’elle est, ne réveillât dans le pays les profondes et légitimes défiances que l’Angleterre y a semées depuis un demi-siècle.
 
A quoi bon, disions-nous, raviver des antipathies, attiser des haines, galvaniser des événemens morts et qui ne vivent plus que dans l’histoire ? La France, affranchie par la courageuse initiative de son chef des étreintes de la démagogie, peut désormais être assez puissante et assez heureuse pour mépriser, pour oublier même les basses invectives de la presse anglaise.
 
Mais nous avons frémi de colère en lisant récemment dans ces mêmes journaux anglais, qui s’étaient faits naguère les échos impurs des plus niaises et des plus atroces accusations contre notre pays, que la Grande-Bretagne tolérerait un empereur à vie, mais qu’elle n’accepterait jamais un empereur héréditaire.
 
En d’autres termes, l’Anglais veut bien nous accorder les bénéfices de sa magnanime alliance, pourvu toutefois que notre crédule et généreux pays lui laisse la faculté de créer des révolutions décennales et des conspirations permanentes : c’est trève, une sécurité viagère que la Grande - Bretagne daigne nous octroyer.
 
Ainsi, l’Angleterre passe avec armes et bagages, nous nous trompons, avec son or, ses protocoles et ses projets de conciliation, du côté de nos ennemis, si la France refait un trône et un empereur pour ressaisir tout à la fois sa prospérité, sa grandeur et sa gloire, pour consolider les institutions fécondes sur lesquelles reposent aujourd’hui ses destinées.
 
Cette insolente menace, colportée parla presse anglaise sur tous les points du globe, cette immense et stupide fanfaronnade qui semble nous assimiler aux Grecs du Bas-Empire et aux ilotes de Lacédémone, a fait évanouir tous nos scrupules et tous nos projets de modération : nous lançons notre livre.
 
Et nous venons dire aujourd’hui à nos concitoyens :
 
L’étranger nous provoque ; il nous défend d’être les maîtres chez nous ; il nous refuse le droit de choisir tel gouvernement qui nous conviendra ; il nous défie : ramassons le gant qu’on nous jette ; rappelons à l’Anglais que l’épée de la France a frappé, victorieuse, dans toutes les capitales de l’Europe ; que pendant quinze ans les coalitions se sont brisées sur nos colonnes de granit de Marengo et d’Austerlitz ; que la France entière se lève enfin comme un seul homme pour défier à son tour l’étranger, et répondre à ses menaces par un cri de patriotisme et d’indépendance nationale, par ce cri de notre Duguesclin à la bataille d’Auray :
 
sus AUX ANGLAIS ! ! !
LE 2 DÉCEMBRE A LONDRES

Janvier 1852.
J’arrive de Londres.
 
J’arrive le cœur rempli d’indignation, la main pleine de vérités ; j’en aurais long à dire si j’entreprenais de publier aujourd’hui les notes précieuses que j’ai recueillies, et les résultats de mes études sur les hommes et les choses de l’Angleterre ; mon premier acte sera de dénoncer à mes concitoyens tout ce qu’il y a de haine contre nous au-delà de la Manche, tous les outrages dont on accable là-bas la France, son chef et son armée.
 
Sur la foi des oracles de la presse française, je croyais, en partant pour l’Angleterre, trouver une nation grande, forte, noble, digne à tous égards d’être pour nous un modèle ; je croyais voir un peuple entièrement dégagé des anciens préjugés, libre de rancunes nationales, et marchant, exempt de rivalité et d’envie, à la conquête des améliorations sociales et du progrès industriel ; je croyais enfin — d’après les assertions de nos écrivains cosmopolites qui traitent le patriotisme de chimère et. de niaiserie léguées par les vieux âges — que le mot de Louis XIV, il n’y a plus de Pyrénées, était applicable à notre alliance avec la Grande-Bretagne, et que le Pas-de Calais n’existait plus ;
 
Un séjour de dix mois à Londres m’a complétement et radicalement désabusé.
 
L’Anglais est encore pour là France ce qu’il était au 14 e siècle. Si, il y a quelques mois, les hautes classes, les classes privilégiées cachaient encore sous des dehors polis le vieux levain de l’antipathie nationale, le peuple, le vrai peuple dé Londres, de Birmingham, de Manchester et de Liverpool ne dissimulait pas son inimitié contre la France ; il nous saluait dans les rues de l’épithète grossière de French dogs, et dans ses tavernes, sur les ignobles tréteaux devant lesquels il allait cuver la pesante ivresse de l’ ale, du porter ét du gin, c’est encore le Français qui défrayait sa stupide gaîté et les discours des aboyeurs de meetings.
 
Mais les événemens du 2 décembre 1851 viennent merveilleusement de mettre au jour ce fonds inépuisable de fourberie, d’envie et de haine.
 
Les mesures vigoureuses de Louis-Napoléon Bonaparte, qui ont sauvé non-seulement la France, mais encore l’Europe tout entière des étreintes sanglantes de la démagogie, ces mesures salvatrices ont fait rugir le peuple anglais et les organes officiels et quotidiens de sa politique. En arrachant la France aux terribles et menaçantes éventualités de 1852, il semblait que le président de la République arrachait à l’Angleterre la proie qu’elle convoitait depuis si longtemps. L’année 1852 était pour l’Anglais insatiable le retour de Crécy, d’Azincourt et de Waterloo ; que dis-je ! Ce chiffre néfaste lui devenait plus profitable encore, car sans exposer, comme au 14 e siècle et en 1815, une seule de ses armées, elle abandonnait sûrement à la France le soin de préparer des sépultures parricides aux cadavres de ses propres enfans. Oui, l’Anglais ne serait intervenu que par son or dans nos massacres et dans nos batailles civiles, et comme à Quiberon, il serait resté spectateur, du haut de ses vaisseaux, de notre agonie, de notre deuil et de notre asservissement.
 
Je ne déshonorerai pas ma plume à esquisser même les scandaleuses manifestations dont l’acte énergique du 2 décembre a été le prétexte ; il est des scènes qu’on ne peut se rappeler et qu’on ne saurait reproduire sans rougir ; qu’il me suffise de dire que l’animosité britannique contre la France a pris dans ces derniers jours les proportions d’une rage frénétique. Ainsi, la populace de Londres se pressait dans les tavernes, transformées en clubs, où des écriteaux 1 la conviaient à venir discuter — en s’enivrant, bien entendu — sur les affaires de la France, entonnait à qui mieux mieux l’hymne grotesque des imprécations, des injures, des menaces des provocations, à l’usage des poltrons, et couvrait de honteux opprobres notre pays, notre armée et l’élu de sept millions et demi de suffrages. En même temps, les organes avoués du ministère, de l’aristocratie, du haut commerce, de la finance, de la haute industrie, des journaux tels que le Times, le Morning Chronicle , le Morning Advertiser, l’ Illustrated London News, et tant d’autres, mêlaient leurs fausses appréciations, leurs grossières invectives, leurs récits mensongers, leurs fureurs à froid, au concert abject des politiques de la rue ; ils allai

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents