La Martinique - Études sur certaines questions coloniales
70 pages
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La Martinique - Études sur certaines questions coloniales , livre ebook

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Description

La Martinique, à raison de sa médiocre étendue, ne peut évidemment aspirer à constituer un jour un état indépendant et autonome ; sa destinée sociale et politique est donc rattachée d’une manière étroite aux destinées de la mère-patrie, et la question est de savoir comment il convient de régler les rapports de toute nature qui doivent exister entr’elle et la métropole.Le déplorable système qui, sous le nom de pacte colonial, a prévalu pendant si longtemps, a été successivement condamné par toutes les puissances de l’Europe.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346101566
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Théophile Huc
La Martinique
Études sur certaines questions coloniales
PRÉFACE
M. Charles Reybaud, auteur d’un remarquable ouvrage sur LE BRÉSIL ET SON AVENIR, ayant à rendre compte d’un écrit de M. de Lacerda-Warneck, intitulé : Ideas sobre colonisaçaos... imprimé à Rio de Janeiro, s’exprimait de la manière suivante :
« J’ai traité dans un livre dont il a été parlé avec une extrême bienveillance, la plupart des questions dont M. de Lacerda-Warneck s’occupe avec plus d’autorité que moi. Je ne connaissais pas alors son travail, et ce n’a pas été pour moi une satisfaction médiocre de m’apercevoir, en le lisant, que mon étude, faite à distance et sur documents, ne s’éloignait pas trop, quant au fond des idées et quant à l’appréciation de la situation actuelle, de l’étude faite sur place par un écrivain aussi compétent. J’ai retrouvé, en effet, dans le volume venu de Rio, à l’époque où je publiais, ici, mon BRÉSIL, toutes les opinions que j’avais exprimées sur les mesures à prendre pour donner à la colonisation de ce vaste empire, les développements qu’elle comporte 1 . »
J’ai de mon côté, étudié aussi, depuis longtemps, à distance et sur documents, la situation actuelle des Antilles Françaises, et particulièrement de la Martinique, ma patrie d’origine. Il m’a semblé que j’entrevoyais aussi les mesures qu’il serait convenable d’adopter pour assurer d’une manière efficace l’avenir économique et moral de la Martinique. J’avoue que le témoignage qu’a pu se rendre légitimement à lui-même M. Ch. Reybaud m’encourage à publier le résultat de mes réflexions, et sans avoir la prétention de posséder une égale sûreté de coup-d’œil, je puis du moins m’autoriser de son exemple, et chercher à prouver, en réponse à certaines insinuations, que je ne suis pas aussi étranger qu’on a bien voulu le dire, aux justes préoccupations de la race créole.
Je prie d’ailleurs mes lecteurs de la Martinique, à qui j’adresse spécialement cet opuscule, d’y voir surtout une preuve de ma sympathie profonde et de mon dévouement pour les intérêts de la colonie ; ils voudront certainement accueillir avec bienveillance cet hommage lointain d’un compatriote et d’un ami.
1 Journal des Économistes, année 1856 (2 e série, t. II, p. 139.)
CHAPITRE PREMIER
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
SOMMAIRE : I. ASSIMILATION PROGRESSIVE DES COLONIES A LA MÉTROPOLE. II. DE LA CRÉATION D’UN MINISTÈRE SPÉCIAL DES COLONIES ET D’UN CORPS SPÉCIAL D’ADMINISTRATION. — DE L’ESPRIT DE COTERIE EN MATIÈRE D’ADMINISTRATION COLONIALE. III. DES COMMISSIONS CONSTITUÉES A LA MARTINIQUE ET A LA GUADELOUPE POUR PRÉPARER LA RÉFORME COLONIALE. — COMMENT DOIVENT PROCÉDER LES COMMISSIONS.
I
La Martinique, à raison de sa médiocre étendue, ne peut évidemment aspirer à constituer un jour un état indépendant et autonome ; sa destinée sociale et politique est donc rattachée d’une manière étroite aux destinées de la mère-patrie, et la question est de savoir comment il convient de régler les rapports de toute nature qui doivent exister entr’elle et la métropole.
Le déplorable système qui, sous le nom de pacte colonial, a prévalu pendant si longtemps, a été successivement condamné par toutes les puissances de l’Europe. C’est la chose la plus abominable qu’on ait jamais vue ; c’était l’exploitation réglementée des colonies par la métropole, et de la métropole par quelques colonies 1 .
Ce régime a été officiellement aboli en 1861 ; il a néanmoins laissé encore des tracés fâcheuses qui doivent disparaître, et surtout il n’a pas été remplacé par un régime nettement défini, et qui suffise pour rompre d’une manière définitive avec les vieux abus, les vieux préjugés d’autrefois.
Il aurait fallu en effet entreprendre résolument, et toujours développer l’œuvre de l’assimilation progressive des colonies avec la France. — Cela était facile pour les Antilles et particulièrement pour la Martinique.
Les obligations de la métropole envers une colonie ne sont pas, on le comprend, limitées par le chiffre des avantages matériels que, la colonie peut procurer à la métropole, car les services divers qu’une colonie peut rendre à la France, par exemple, ne sont pas de nature à pouvoir toujours être exprimés par un chiffre. C’est par les colonies, en effet, que la France fait rayonner au loin son influence civilisatrice, c’est par les colonies que la patrie commune développe sa marine marchande et militaire ; enfin, en temps de guerre, les colonies peuvent fournir au besoin des points stratégiques importants et un abri pour les navires de la mère-patrie.
En récompense de ces services, la métropole doit aux colonies, quand leur constitution est devenue assez forte, le bienfait de l’ assimilation.
L’assimilation consiste en ce que la métropole doit accorder aux habitants des colonies les mêmes droits et avantages qu’à ses propres habitants, et les soumettre aux mômes devoirs, autant que l’éloignement et les différences de climat peuvent le permettre.
Remarquons d’ailleurs que l’éloignement et la différence de climat ne peuvent jamais être un obstacle absolu à l’assimilation progressive d’une colonie. Il est même arrivé que certains états ont quelquefois jugé convenable d’aller encore plus loin qu’une assimilation complète.  — Ainsi les Açores n’ont pas été seulement assimilées aux provinces continentales du Portugal, elles ont été annexées, c’est-à-dire qu’elles sont considérées comme une sorte de prolongement du territoire de la mère-patrie, et sont en conséquence comprises dans l’organisation administrative du Portugal.
Du reste, aujourd’hui, la question de l’ assimilation des colonies ne se discute plus ; les publicistes et les économistes sont tous d’accord sur ce point ; et il y a déjà longtemps que les gouvernements eux-mêmes ont officiellement proclamé que tel devait être désormais le but de leurs efforts.
C’est ainsi que dans l’exposé des motifs du Sénatus-Consulte de 1854, on peut lire cette significative déclaration :
« L’assimilation progressive des colonies à la mère-patrie est dans la nature des choses, dans le vœu légitime des populations, et peut-être aussi dans le devoir du gouvernement métropolitain.  »
Oui, l’assimilation progressive est dans le devoir du gouvernement métropolitain, elle constitue une dette qui n’a pas encore été payée, et les populations d’outremer sont fondées à réclamer comme un droit l’exécution des promesses faites depuis longtemps.
II
Nous avons dit que l’assimilation consistait en ce que les colonies devaient autant que possible être traitées comme la métropole et obtenir les mêmes avantages ; nous nous proposons de faire l’application de ces idées à la Martinique, en ce qui concerne les divers services publics.
Mais nous devons d’abord insister sur une observation d’une portée générale, s’appliquant à toutes les colonies françaises, et dont il serait impossible de méconnaître la gravité.
Les affaires coloniales au lieu d’être confiées à un ministère spécial, rentrent dans les attributions du ministère de la marine, où elles ressortissent à une direction spéciale. — Pour quelle raison les colonies se trouvent-elles ainsi placées sous la direction du ministre de la marine, plutôt que de tout autre ministre ? — Il e

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