La Question coloniale - Aux habitants de l île Bourbon
95 pages
Français

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La Question coloniale - Aux habitants de l'île Bourbon , livre ebook

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Description

La nouvelle des évènements du mois septembre nous causa un vif chagrin. Nous blâmions en lui-même l’accueil fait aux préfets apostoliques, et nous sentions d’ailleurs que cet acte allait de nouveau compromettre la cause coloniale. On se rappelle les débats brûlants de la dernière session ; les ennemis des colons attendent toute occasion ou tout prétexte pour recommencer leurs menaçantes attaques. Bourbon allait donc leur prêter des armes : on oublierait aisément les indignes procédés de l’autorité militaire, pour ne songer qu’à la faute des colons.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346115556
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Gabriel-Désiré Laverdant
La Question coloniale
Aux habitants de l'île Bourbon
M. Dejean de la Bâtie, délégué de l’île Bourbon, dans une de ses lettres à la Démocratie pacifique, se plaint de ne pouvoir combattre à armes égales un adversaire anonyme.
Je m’empresse de livrer ici mon nom à ses représailles.
Avant d’expédier cette brochure à l’île Bourbon, je prends soin d’en faire passer un exemplaire à l’honorable délégué, afin que la réplique puisse suivre immédiatement l’attaque. Il ne serait ni loyal ni juste de refuser, par surprise, à un champion blessé le droit de riposte.
 
D. LAVERDANT,             
Créole de l’île de France.           
Créoles de Bourbon,
 
 
Nous venons devant vous vider un débat où se trouvent intéressés au plus haut point l’avenir de votre pays et la gloire de votre nom.
M. Dejean de la Bâtie, cherchant par un suprême effort à sauver son système usé et à relever son autorité ruinée, s’attaque directement à nous. Il vient de publier que notre politique est anti-coloniale, radicale, démagogique, utopique ; il ne craint pas de mettre en doute notre sincérité, et d’insinuer qu’infidèles à nos devoirs d’impartialité et de justice, nous sacrifions, depuis quelque temps, la cause des colonies au profit d’ambitions personnelles.
Nous allons mettre en présence la politique de l’École sociétaire et la politique de M. Dejean. Nous montrerons la première droite, loyale, constante, et la seconde, changeante et tortueuse ; la première, libérale, sage et organisatrice, et la seconde illibérale, insensée et périlleuse.
En combattant aujourd’hui M. Dejean de la Bâtie, nous obéissons à la loi du devoir : nous voulons sauver des frères qu’une malheureuse influence peut égarer, et nous poursuivons le triomphe de la vérité sur l’erreur.
Aucun sentiment d’hostilité personnelle ne nous excite contre l’honorable délégué de l’île Bourbon. Depuis cinq années, tout en gardant une réserve commandée par la disparate des doctrines, nous n’avons trouvé en lui que bons procédés et bienveillance courtoise.
Aucun sentiment d’ambition étroite et jalouse ne peut nous inspirer. Nous ne faisons point concurrence à M. Dejean de la Bâtie. Selon nous, la délégation est un instrument impuissant, et le salaire que perçoivent les délégués accroît encore cette impuissance. Nous ne saurions ambitionner un poste où le représentant d’une population brillante est subordonné à un commis des bureaux ministériels ; nous ne saurions désirer un salaire qui ferait notre position fausse et diminuerait notre caractère.
Nous n’apportons donc en ce débat que notre sympathie naturelle pour les créoles, et que la juste ambition de concourir au progrès des idées saines et des doctrines fécondes. Nous ne demandons et nous n’attendons de vous, nos frères des colonies, que votre estime et votre confiance.
Voici nos titres publics à cette estime et à cette confiance.
L’École Sociétaire, depuis 1832, dans ses divers organes, la Réforme industrielle, la Phalange et la Démocratie Pacifique, n’a pas cessé de défendre la cause coloniale. Ce rôle de défenseurs impartiaux et bienveillants, nous l’avons pris et nous l’avons soutenu dans la plénitude de notre indépendance. Jamais aucune rémunération, sous une forme quelconque, directe ou indirecte, n’est venue intéresser et aiguillonner notre zèle. Or, il n’est pas un seul journal français qui ne se soit fait payer ses services. Habitants des colonies, vos délégués et vos conseillers peuvent vous donner le tarif de tous les dévouements des métropolitains : plume et parole, tout a été gagé. Seuls entre tous, nous vous avons été dévoués dans la sincérité de la foi et dans la pureté de la conscience. Ainsi, un fait de désintéressement et d’indépendance, si simple en lui-même, devient pour nous comme un titre de gloire, en ces temps malheureux où toutes les plumes sont vénales, où l’esprit d’ignorance et d’injustice n’a pas laissé aux colons, en Europe, un seul défenseur libre et spontané.
Nous ne prétendons pas, assurément, nous faire une louange d’un strict devoir ; nous constatons seulement que ce devoir, nous avons été seuls à le remplir.
Notre système de défense de la cause coloniale, inspiré par des idées supérieures de justice, a-t-il été le plus sage et le plus efficace ? L’avenir en décidera, et c’est un peu la question que nous portons aujourd’hui devant votre tribunal. Il nous suffit, pour le moment, de rappeler que, si notre alliance indépendante a paru quelquefois gêner les partisans de la résistance et les amis de l’ancien régime, nous avons été successivement en butte aux attaques injustes du Journal des Débats, du National, de la Réforme et du Courrier Français, qui nous accusaient de vouloir perpétuer l’esclavage, parce que, jour à jour, nous convainquions les abolitionistes de fanatisme, d’erreur et d’iniquité.
Enfin, la bienveillance, équitable que les colons ont trouvée chez nous n’a pas une source purement individuelle ; elle n’est pas due exclusivement au concours actif que plusieurs créoles n’ont cessé de prendre à nos travaux. Les influences personnelles peuvent disparaître, et, avec elles, une politique qui ne reposerait pas sur la doctrine même à laquelle notre vie est dévouée. Or, le fondateur de l’École Sociétaire, tout-à-fait étranger de sa personne aux colonies, a constamment, dans ses divers écrits, signalé le vice des plans d’émancipation de l’Angleterre, et indiqué des solutions plus larges, où se trouveraient à la fois ménagés et satisfaits les intérêts du travailleur et du maître, du noir esclave et du colon blanc. Nous pouvons même ajouter que Fourier n’a pas cessé de qualifier le sucre de betterave de faux sucre ; et nul ne sait encore si ce trait d’ humour ne cache pas la révélation d’une vérité. Il est des secrets de la nature qui échappent à la chimie vulgaire.
Ainsi donc, habitants des colonies, soit par nos sympathies naturelles, soit par l’indépendance loyale de notre concours, soit par l’impartialité de notre point de vue, soit par le principe de nos doctrines et par nos traditions scientifiques, nous croyons mériter de vous estime et confiance.
Maintenant, nous vous prions de donner un moment d’attention à la polémique qui va suivre, et de méditer sur les questions graves et délicates qu’elle soulève ; nous vous prions d’écouter des conseils que dicte le seul amour du bien public, et qu’aucun préjugé extrême ne saurait égarer.
I
POUR EN FINIR AVEC M. DEJEAN DE LA BATIE
La nouvelle des évènements du mois septembre nous causa un vif chagrin. Nous blâmions en lui-même l’accueil fait aux préfets apostoliques, et nous sentions d’ailleurs que cet acte allait de nouveau compromettre la cause coloniale. On se rappelle les débats brûlants de la dernière session ; les ennemis des colons attendent toute occasion ou tout prétexte pour recommencer leurs menaçantes attaques. Bourbon allait donc leur prêter des armes : on oublierait aisément les indignes procédés de l’autorité militaire, pour ne songer qu’à la faute des colons. On ne manquerait pas d’accuser les mauvaises dispositions des habitants, manifestées et par le renvoi de M. l’abbé Monnet et par l’échec de M. Sully-Brunet, qui représente en France l’esprit de conciliation et de progrès ; on ne se ferait pas faute, en ou

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