La Vie du sultan Rabah - Les Français au Tchad
129 pages
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La Vie du sultan Rabah - Les Français au Tchad , livre ebook

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Description

Les débuts de Zobéir et l’exploitation du Soudan égyptien par le gouvernement et par les traitants. — Le commerce et la traite au Soudan. — La vie dans les zeribas. — Conquête du Darfour par Zobéir. — Le futur Khalife Abdullahi et le futur Sultan Rabah. — Démêlés de Zobéir avec le gouvernement. — Révolte de Soliman-Bey, fils de Zobéir. — Choses Djaliin et Danagla. — Défaite et mort de Soliman.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346104314
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Gaston Dujarric
La Vie du sultan Rabah
Les Français au Tchad
PREMIÈRE PARTIE
LE TRAITANT ZOBÉIR & LES DÉBUTS DE RABAH

Les débuts de Zobéir et l’exploitation du Soudan égyptien par le gouvernement et par les traitants.  —  Le commerce et la traite au Soudan.  —  La vie dans les zeribas.  —  Conquête du Darfour par Zobéir.  —  Le futur Khalife Abdullahi et le futur Sultan Rabah.  —  Démêlés de Zobéir avec le gouvernement.  —  Révolte de Soliman-Bey, fils de Zobéir.  —  Choses Djaliin et Danagla.  —  Défaite et mort de Soliman.  —  L’histoire racontée par Zobéir.
Zobéir 1 est de Dongola. Il appartient à cette race d’hommes robustes et aventureux, de laquelle est sorti le Mahdi Mohammed-Ahmed et qui, de tout temps, a fourni les voyageurs les plus audacieux, les chasseurs d’esclaves les plus hardis du Soudan.
Venu de bonne heure à Khartoum et entré d’abord comme scribe au service de négociants de cette ville, Zobéir fut bientôt enrôlé parmi les hotariah (soldats, mercenaires, irréguliers) que des syndicats de trafiquants envoyaient au loin, dans le Sud, à la chasse de l’ivoire et des esclaves.
Il était ambitieux, énergique et intelligent ; il ne tarda pas à prendre de l’ascendant sur ses compagnons, à gagner la confiance de ses maîtres, à devenir chef de bande.
Il résolut alors de s’affranchir de ses commettants, de faire pour son propre compte le trafic et la traite qu’il avait faits jusque-là pour les autres.
« Avec le temps, dit en parlant de lui R. Slatin-Pacha 2 , il arriva à se rendre indépendant et fonda une zeriba pour son compte. Aidé d’indigènes bien armés, il s’appropria quelques terres, amena de grandes quantités d’ivoire et réunit un grand nombre d’esclaves qu’il échangeait à des marchands du Nil contre des armes et des munitions. Je ne crois pas que Zobéir-Pacha fut meilleur ou pire que la plupart des autres trafiquants de cette espèce ; le commerce auquel il s’était adonné lui paraissait parfaitement licite. Ce dont on ne peut douter, c’est que c’était un homme d’une volonté de fer et d’une intelligence remarquable. En cela, il dépassait de beaucoup les autres marchands d’ivoire et d’esclaves : ce fut, du moins je le crois, la raison principale de son immense succès. »
C’était le temps où florissait le commerce des esclaves. L’Egypte n’avait pas encore achevé de soumettre le Soudan, où ses possessions effectives se bornaient à la Nubie et au Khordofan, mais la conquète de cette dernière province avait ouvert aux trafiquants et aux négriers les portes du Bahr-el-Ghazal et du Darfour, pays indépendants, peuplés et riches, où allaient désormais, pendant bien des années, s’approvisionner d’ivoire et de nègres, non seulement les chefs indigènes des provinces conquises qui étaient forcés de payer au gouvernement égyptien un tribut « en nature », mais encore des entrepreneurs trafiquants de Khartoum, parmi lesquels figurèrent des indigènes, des levantins et jusqu’à des européens.
D’abord ce fut le gouvernement lui-même qui exploita ces régions du Soudan. Les plus hauts fonctionnaires, et même les gouverneurs généraux ne dédaignaient pas de prendre part à de vastes razzias, qui étaient effectuées parfois avec un grand déploiement de forces. Une expédition, qui partit en 1838 d’El-Obéïd comprenait 4,850 hommes, fantassins et cavaliers, avec 3 pièces de canon. Une autre, en 1844-45 était forte de 6,000 hommes ; elle n’accomplit pas moins de dix-sept étapes et poussa jusqu’au delà du Sobat.
« Parfois, les nègres attaqués n’opposaient aucune résistance : le chef du village s’entendait avec le commandant égyptien et lui livrait un certain nombre de captifs ; quelquefois ils s’enfuyaient devant les Égyptiens : le plus souvent au contraire, ils se défendaient avec la plus extrême énergie : les Égyptiens alors donnaient l’assaut au village, ou bien en faisaient le siège, attendant le moment où l’absence de vivres et d’eau obligerait les habitants à se rendre 3 . »
D’ailleurs les divisions entre tribus, qui permettaient de les armer les unes contre les autres, favorisaient encore les entreprises des Égyptiens.
Les Égyptiens rapportaient de ces expéditions des bœufs, des moutons, des chameaux et des esclaves. Ces razzias étaient principalement organisées sur les populations qui vivaient hors des limites de la domination égyptienne, que par conséquent elles ne reconnaissaient point. Dans les territoires effectivement soumis, les populations étaient assujetties à l’impôt, qui se payait soit en or, soit en bestiaux ou en produits agricoles, et dont les versements étaient rigoureusement exigés. Quant aux esclaves razziés au loin, ils étaient conduits d’étape en étape. Le gouvernement ne les nourrissait point. Les villages situés sur les routes suivies par les convois devaient leur fournir des vivres. Comme beaucoup mouraient en route, de privations et de misère, les conducteurs des convois rapportaient leurs oreilles, enfilées en chapelets, afin que le compte de paires d’oreilles justifiàt le déficit en êtres humains. A l’arrivée des convois dans les centres de commerce, un certain nombre d’esclaves étaient vendus par l’administration aux ghellabas qui en trafiquaient entr’eux et dans le pays. D’autres étaient incorporés dans les troupes, ou donnés aux soldats, aux officiers, aux fonctionnaires, en paiement d’honoraires ou de solde toujours arriérés. Ceux-ci revendaient souvent à vil prix une partie de leur lot aux marchands.
Le gouvernement escomptait les produits de ces expéditions, non comme une ressource aléatoire, mais comme recettes normales 4 .
Les soldats et les officiers mettaient à la capture des noirs un acharnement d’autant plus grand qu’ils étaient payés partiellement, comme on l’a dit, en monnaie humaine ; « en poursuivant les nègres, ils couraient après leur argent. »
Chaque expédition ramenait un grand nombre d’esclaves : souvent plus de 1,000 ; parfois 2,000, et même 3,000.
Sur les marchés de Khartoum, alors (en 1837), le prix d’un esclave variait suivant l’âge, le sexe, la provenance, les aptitudes, de 100 à 375 francs (400 à 1,500 piastres.
Les razzias ne cessèrent point, par suite des entraves qui furent apportées ultérieurement à la traite, mais elles perdirent de leur importance.
D’ailleurs les trafiquants dont on parle plus haut, s’étant établis en force dans les payslimitrophes des provinces conquises, avaient fini par y substituer leur action à celle des agents du gouvernement, qui fermaient les yeux sur leurs opérations, pourvu qu’ils payassent régulièrement de fortes patentes. De même que le commerce, la chasse aux nègres passa entre leurs mains ; à leur laisser cette besogne, l’administration ne perdait pas tout bénéfice et dégageait sa responsabilité.
Cependant, le gouvernement faisait encore de temps à autre battre ces pays indépendants par des expéditions spécialement organisées, afin de se procurer des esclaves quand la nécessité de trouver des ressources supplémentaires lui faisait oublier que l’abolition de cet odieux trafic lui avait été imposée par les puissances européennes. « Sur le grand chemin du Nil, dit Schweinfurth 5 , chemin découvert d’où l’on ne peut rien détourner, la suppression de la traite de l’homme était hautement annoncée et mise en scène par le gouvernement général de Khartoum, avec force proclamations pompeuses. Mais ici, dans l’intérieur, toutes les portes étaient ouvertes au commerce si éloquemment prohibé. Nulle part au monde il n’existe de traitants d’esclaves plus avides que les chefs de ces petits corps de troupes égyptiennes (régulières.) On les voit aller de zeriba en zeriba, suivis d’une longue queue de noire marchandise, qui s’augmente à chaque station. »
Les marchands de Khartoum les plus entreprenants entretinrent longtemps dans les régions soumises de véritables armées qui, étant sans cesse en mouvement, se m

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