Le Canon russe et le Spectre rouge
24 pages
Français

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Le Canon russe et le Spectre rouge , livre ebook

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Description

Ce canon russe qu’appelle M. Romieu, je le suppose venu.A la lueur des villes en feu, je contemple les campagnes ravagées, et d’un bout de la France à l’autre je marche dans le sillon creusé par les boulets. Les hameaux sont déserts, les cités abandonnées, et ce qu’il reste d’habitants se montre à travers les arbres des forêts. La force a bien passé par là, non pas la force qui organise, — cette force-là c’est la vie, — mais la force qui détruit, c’est-à-dire la mort.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346094028
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Stephen Dacier
Le Canon russe et le Spectre rouge
A M. ROMIEU.
 
 
 
 
 
Je ne suis pas capable, Monsieur, de décider si vous avez écrit un bon livre ; mais je sens que vous avez fait une méchante action.
Vous avez eu peur, et vous l’avez dit si haut, que vous avez effrayé les autres. Vous pouviez être une sentinelle vigilante, jetant son cri de guerre comme un défi aux ennemis, comme un signal aux amis. Au lieu de cela, vous venez vous placer à la queue des bataillons de l’ordre, et là, à l’abri, derrière une forêt de baïonnettes, vous faites entendre : Sauve qui peut !
Pour bien savoir la conduite à tenir, il faut se placer résolument en face de son adversaire ; marcher à lui le bras fort pour avoir l’œil sûr, et l’aborder avec la ferme intention de lutter. Si vous aviez fait ainsi, vous eussiez vu évanouir le spectre qui vous épouvante comme les ombres qui se dissipent au jour, et si le cœur vous eût manqué pour le combattre, il n’y aurait eu qu’à souffler contre : cela eût suffi.
Oui, certainement la France est malade. Il y a confusion dans les esprits, aberration dans les idées, atonie dans les cœurs ; mais est-ce bien la force qui peut guérir cette maladie funeste ? Est-ce force qui rétablira l’union, qui rectifiera, les idées, qui ranimera les courages ? La France est malade, et vous voulez lui faire l’opération du trépan pour la sauver. Soit, opérez. Mais pourquoi demander à cet effet la lance d’un pandour pu la baïonnette d’un sergent ? C’est un médecin qu’il faut. Votre homme ne serait qu’un bourreau ; et c’est un guérisseur que je réclame.
Vous invoquez la force ; mais la force au profit de quel but ? Où est la pensée qui animera vos canons, où est le général qui conduira votre armée ? Et cette force, où la dirigez-vous, à quel port nous mène-t-elle ?
Vous avez fait votre livre un soir de digestion laborieuse. Si vous en eussiez corrigé les épreuves à jeun, il n’eût pas paru ; car à chaque page on sent le frisson de la peur en même temps que le délire de la fièvre. Aujourd’hui cependant, pour parler en homme d’état, il faut être décidé à agir en soldat. Vous avez voulu être le Tyrtée des Grecs modernes, et vous ayez oublié que Tyrtée chantait la lyre d’une main et l’épée de l’autre.
Vous n’êtes d’aucun parti, dites-vous. Tant pis pour vous, Monsieur, et tant mieux pour le parti que vous serviriez de la sorte ; car semés par la peur, les fruits que vous préparez ne peuvent être recueillis que par la honte.
Au nom de la religion méconnue, de la société menacée et de la France avilie, vous avez appelé la force, dût-elle accourir des steppes de la Russie. A mon tour, je viens vous répondre par le refus d’un Français, le blâme d’un homme et la protestation d’un chrétien !
Ce qui va suivre n’est pas un travail de l’esprit ; c’est un élan du cœur.
I
Ce canon russe qu’appelle M. Romieu, je le suppose venu.
A la lueur des villes en feu, je contemple les campagnes ravagées, et d’un bout de la France à l’autre je marche dans le sillon creusé par les boulets. Les hameaux sont déserts, les cités abandonnées, et ce qu’il reste d’habitants se montre à travers les arbres des forêts.

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