Le Cri des peuples - Adressé au Roi, aux ministres, aux maréchaux, aux pairs, aux députés, aux magistrats, à tous les Français
55 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Le Cri des peuples - Adressé au Roi, aux ministres, aux maréchaux, aux pairs, aux députés, aux magistrats, à tous les Français , livre ebook

-

55 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Droits et devoirs de l’écrivain politique. UN système représentatif mal conçu, mal compris, présente sans cesse des obstacles à l’établissement d’un gouvernement constitutionnel et à la réalisation du vœu des citoyens, de ce vœu formé dans leur cœur par le bon sens et la raison.Combien d’erreurs, de sophismes, ne voit-on pas exprimer dans les écrits, les tribunes et les tribunaux, sur l’étendue des libertés des peuples, les devoirs et les droits des gouvernans, sur les droits et les devoirs des gouvernés !Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782346127955
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Alexandre Crevel
Le Cri des peuples
Adressé au Roi, aux ministres, aux maréchaux, aux pairs, aux députés, aux magistrats, à tous les Français
LIBERTÉ DE LA PRESSE
Droits et devoirs de l’écrivain politique.
 
 
U N système représentatif mal conçu, mal compris, présente sans cesse des obstacles à l’établissement d’un gouvernement constitutionnel et à la réalisation du vœu des citoyens, de ce vœu formé dans leur cœur par le bon sens et la raison.
Combien d’erreurs, de sophismes, ne voit-on pas exprimer dans les écrits, les tribunes et les tribunaux, sur l’étendue des libertés des peuples, les devoirs et les droits des gouvernans, sur les droits et les devoirs des gouvernés !
Le juste équilibre est le point le plus important à saisir, car la monarchie et la démocratie augmentent leurs forces à mesure que les souverains ou les peuples perdent de leurs droits.
Les préjugés politiques sont des plantes parasites qui s’emparent des sucs nourriciers, sans lesquels l’arbre de la liberté ne peut élever sa tige majestueuse.
Le droit de publier la pensée est une des principales bases du système représentatif. L’étendue et la restriction de cette liberté, de ce droit, sont devenues des objets de discussion. On voit les écrivains figurer dans le vaste arène ouvert par les préjugés, enfans de la passion et de l’aveuglement ; mais l’étude approfondie de la science politique offre à l’observateur la facilité de suivre un guide certain.
Toute liberté est susceptible d’être limitée ; en recevant une trop grande extension, elle dégénère en abus, en licence. La licence est l’ennemie de l’ordre social ; le réveil des passions trouble la sécurité publique. La sécurité publique étant la sauve-garde d’une société policée, la liberté est donc limitée.
La liberté finit où commence la licence. Comment établir cette transition, cette ligne de démarcation sur des faits immatériels qui n’offrent aucun frein aux écarts d’une imagination plus ou moins exaltée, selon l’impression qu’elle reçoit de la réflexion, des préjugés et de l’erreur ? Voilà le nœud gordien : en le coupant, on renoncerait à la recherche de sa composition ; tâcher de le dénouer est plus conforme à l’analyse. La voie de l’analyse conduit à la synthèse : eu connaissant les parties organiques d’un tout, la réunion de ces parties devient plus facile.
Le droit de publier sa pensée est une propriété inaliénable des citoyens quand la nation a secoué le joug de la monarchie absolue ; mais la monarchie, en perdant le pouvoir illégitime, trouve les limites de sa puissance légitime dans le cercle tracé par les constitutions de l’État, et dans la représentation nationale.
Sous l’empire de la justice, sous l’égide d’une sage liberté, tout citoyen jouit de ses droits, pourvu qu’il ne s’en serve pas comme d’armes dangereuses contre la sécurité publique et l’intérêt général de la société. Lorsque la liberté porte atteinte à l’a sécurité, à l’intérêt de tous, elle dépasse ses limites, elle dégénère en licence. Toute liberté devenue licencieuse, en s’écartant de l’objet des institutions politiques, est répréhensible. La répression enlève à la licence son excès de liberté.
Tout écrit, par conséquent, qui n’est point attentatoire à la sécurité publique, à l’intérêt de tous, n’est soumis à aucune répression.
Ce principe posé, quels moyens emploiera-t-on pour arrêter les écarts de l’imagination, et détruire les funestes effets qui pourraient résulter de l’application des fausses interprétations, lorsque l’ignorance tire des conséquences insidieuses des principes erronnés qu’elle invoque ?
Il est indispensable, pour obvier à ces graves inconvéniens, de s’identifier avec la nature et l’esprit du véritable système représentatif ; autrement on marchera sans boussole, dans un vaste désert où l’œil ne peut s’arrêter sur aucun point fixe.
Fomenter le feu de la rebellion, exciter les divisions, prêcher l’insubordination et la désobéissance envers le Gouvernement, c’est agir contre le maintien de la tranquillité, contre l’intérêt de tous. L’écrivain qui se propose d’atteindre ce but est coupable.
Est-il permis de critiquer les actes du Gouvernement, la conduite politique du monarque, des ministres, des administrateurs ? Distinguera-t-on les actes du souverain des actes de son gouvernement ? Comment arriver à la solution de ces questions importantes et délicates ?
Ne nous écartons pas de ce principe fondamental : Les Gouvernemens sont institués dans l’intérêt des peuples et non pas dans l’intérêt des souverains. Toute institution a un objet. L’objet de l’institution d’un Gouvernement est le bien de tous, l’intérêt de tous, la prospérité nationale.
Lorsqu’un Gouvernement remplit l’objet de son institution, les gouvernés ont le droit de publier leurs opinions sur les moyens capables de contribuer à la félicité commune.
Dans le cas contraire, le Gouvernement n’atteignant pas le but desiré, les citoyens jouissent encore de leurs droits, et font leur devoir, en indiquant à ce même Gouvernement la route qu’il doit suivre pour y arriver.
Un écrivain, pour raisonner conséquemment et donner des preuves de la pureté de ses intentions, se dispensera-t-il de motiver ses opinions ? Non, mais pour motiver ses opinions en indiquant la voie qui lui paraît la plus naturelle, la plus directe, il est indispensable qu’il établisse un point de comparaison, Il parcourra le chemin suivi jusqu’alors, afin d’indiquer à chaque pas les dangers dont il est hérissé. Comment les indiquer sans examiner, discuter, blâmer, critiquer les actes du Gouvernement qui font naître ces dangers ? Il agira donc raisonnablement en commençant par découvrir le mal pour placer ensuite le remède près du mal.
Quand un peuple entier est malheureux, chaque citoyen reçoit les contre-coups du malheur commun. Reconnaître pour principe que blâmer les actes du Gouvernement et ceux du monarque, c’est atténuer le respect dû au chef de l’État, ce serait vouloir renverser l’édifice des libertés des peuples. Ce principe deviendrait un principe de droit, s’il était prouvé que les monarques naissent êtres supérieurs, qu’ils sont infaillibles, qu’ils gouvernent eux-mêmes, qu’ils peuvent tout voir, tout entendre et tout savoir. Les annales des peuples, les fastes de l’histoire, nous apprennent qu’il exista, et nous démontrent qu’il existera toujours des monarques impérites et peu instruits, susceptibles d’être égarés par des penchans vicieux, de perfides conseils, et par l’impulsion des passions.
Lorsqu’une nation est régie par un monarque éclairé et vertueux, les écrits politiques sont encore nécessaires. Le souverain, relégué dans ses palais, loin de ses sujets, ne sait pas toujours ce que l’homme obscur, confondu dans la foule, connaît par les points de contact qui le lient à toutes les classes de la société ; la vérité n’arrive près du trône qu’après avoir long-temps souffert sous les coups que lui portent les intérêts privés et les passions. Ses traits sont souvent tellement altérés qu’il est difficile de la reconnaître.
Un empereur chinois réprimanda un jour l’historien de l’Empire, et lui fit dès menaces : Quoi ! dit-il, vous avez l’audace d’écrire et de noter mes fautes jour par jour ? Je fais mon devoir, répondit le lettré, et je remplir

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents