Le Duc de Rohan et la chute du parti protestant en France
95 pages
Français

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Le Duc de Rohan et la chute du parti protestant en France , livre ebook

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Description

A la nouvelle de la mort subite d’Henri IV, les amis du grand roi prévirent avec inquiétude que le gouvernement qui lui succédait, loin de poursuivre l’accomplissement de ses vastes projets, se jetterait dans les bras de la réaction catholique. Leurs craintes, en effet, ne tardèrent pas à se réaliser. Par inclination naturelle aussi bien que par sympathie héréditaire, la régente, Marie de Médicis, se rallia au parti ultramontain. Elle y trouva des partisans d’autant plus dévoués que les théories démocratiques qui régnèrent au sein de l’Église catholique pendant les luttes religieuses du XVIe siècle avaient fait place dès lors à des tendances purement royalistes.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346071517
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Magnus Gottfrid Schybergson
Le Duc de Rohan et la chute du parti protestant en France
AVANT-PROPOS
Le mémoire que nous publions se rattache de très près à l’ouvrage important de M. Anquez intitulé un Nouveau chapitre de l’histoire politique des réformés de France, de 1621 à 1626 1 . Séduit par les points de vue nouveaux que ce livre nous ouvrait, nous avons voulu profiter d’un voyage d’études que nous faisions, en 1876 et 1877, aux frais de l’université d’Helsingfors, pour reprendre les investigations sur ce sujet au point où les avait laissées M. Anquez et nous appliquer à la recherche des causes de la désorganisation et de la chute du parti réformé en France. C’est le résultat de ces recherches faites sur les lieux, à Paris, dans le midi de la France et à Londres, que nous exposons ici.
Les documents qui nous permettent de reconstituer l’histoire des huguenots de l’avènement de Louis XIII à la paix d’Alais (1610 à 1629) témoignent d’une scission toujours plus profonde qui s’est faite à cette époque dans le parti réformé. La majorité des protestants était encore animée de l’esprit démocratique et républicain qui caractérisait l’Église calviniste. Enflammés par le souvenir des luttes héroïques de leurs pères et profondément attachés aux libertés que ceux-ci avaient payées de leur sang, ils étaient prêts à tout sacrifier pour défendre contre les empiétements du pouvoir royal les garanties du libre exercice de leur religion. Cependant, peu à peu, des opinions tout opposées se font jour parmi eux, et l’on voit bientôt maint huguenot proclamer la doctrine du respect absolu de la royauté comme supérieur à tous les intérêts et à tous les droits.
Ainsi se forment au sein du protestantisme deux partis hostiles dont l’animosité va croissant et qui s’accusent l’un l’autre de trahison. Des scènes de désordre et de violence se produisent presque tous les jours, et c’est avec raison qu’un auteur du temps compare les divisions et les haines intestines de la communauté réformée à la confusion qui régnait parmi les Juifs dans les temps qui précédèrent la destruction de Jérusalem 2 .
Il est intéressant d’observer la conduite différente que tinrent les diverses classes de la société protestante pendant la lutte des partis. La noblesse, attachée au trône par la faveur et l’ambition, montrait des tendances décidément monarchiques. Il en était de même de la haute bourgeoisie, qui voyait dans l’affermissement du pouvoir royal la garantie de la tranquillité publique et des intérêts matériels. Les petits bourgeois, au contraire, et les artisans se rattachèrent au parti de la résistance, lequel acquit sous la direction de Rohan, homme dont l’énergie et les talents n’ont pas été appréciés à leur juste valeur, une force et une homogénéité remarquables.
Les mêmes divisions régnaient parmi les pasteurs, qui exerçaient une si grande influence par la considération attachée à leurs fonctions. Les uns, convaincus que le devoir d’un chrétien était d’éviter l’effusion du sang, exhortaient leurs auditeurs à la patience et à la résignation, et prêtaient ainsi au parti royaliste un puissant appui moral. D’autres, au contraire, animés d’une pieuse ardeur, prenaient rang dans le parti populaire et n’hésitaient pas à prêcher ouvertement la révolte contre les oppresseurs de la foi.
Le but de nos recherches était surtout de déterminer la position que les partis occupaient vis-à-vis l’un de l’autre, ainsi que les mobiles qui faisaient agir les personnages principaux de l’un et de l’autre camp. Nous avons eu le bonheur de trouver une grande quantité de lettres et d’actes propres à éclairer ces questions. Parmi les collections que nous avons été à même de consulter, citons en premier lieu la Correspondance d’Auguste Galland, conservée à la Bibliothèque nationale (vol. 15827, 15828, 20341, 20964, 20965). Galland possédait en même temps la confiance du gouvernement et l’estime de ses coreligionnaires ; il était ainsi en rapports constants avec un grand nombre de personnages influents, et les lettres qu’il leur écrivait ou qu’il en recevait abondent en précieux renseignements. Les Mémoires de Bouffard de Madiane sont plus instructifs encore. Celui-ci exerça une haute influence à Castres, d’abord comme ami de Rohan, puis comme son plus mortel ennemi ; ses mémoires, écrits d’un style animé et pittoresque, sont d’autant plus intéressants qu’il y donne sans feinte et sans détours son opinion sur les événements dont il a été témoin et sur les personnes avec lesquelles il a été en relations. Le titre complet de ces mémoires est : Mémoires particuliers et véritables sur la conduite du feu duc de Rohan pour se maintenir par la fraction de l’estat contre ses ennemis, depuis la mort de Henri le grand jusques à son départ pour Venise, l’an 1629. — M. Charles Pradel, à Toulouse, a bien voulu nous communiquer des copies de ces mémoires. Une source enfin de la plus grande importance est la Correspondance de Danchies et Dagret (Bibl. nat., vol. 18972), qui jette un jour singulier sur les intrigues secrètes par lesquelles Richelieu réussit, après la prise de la Rochelle, à semer le trouble et l’inquiétude parmi les huguenots du Languedoc.
Les documents qui nous font connaître les dispositions et les idées régnantes dans le parti populaire sont en moins grand nombre. La pensée des adhérents de ce parti ne se reportait, sans doute, qu’avec un chagrin amer sur la lutte malheureuse qu’ils avaient soutenue ; il n’est pas étonnant qu’ils n’aient trouvé aucun plaisir à communiquer en détail à la postérité les alternatives de crainte et d’espoir par où ils avaient passé. Les renseignements les plus importants que nous ayons à ce sujet nous viennent des rapports des ambassadeurs et des agents anglais, rapports conservés au Public Record Office. Ces agents étaient en relations constantes avec les chefs de parti ; les comptes rendus qu’ils adressent à leur gouvernement contiennent souvent des renseignements qu’on ne trouve pas ailleurs, et constituent avec les Mémoires du duc de Rohan, ses lettres et ordonnances, publiées et inédites, des matériaux sinon complets, du moins fort précieux pour l’étude des tendances et des aspirations du parti de la résistance.
Au nombre des documents dont nous avons tiré parti pour notre travail figurent encore de nombreux actes publics, contenant les décisions des assemblées communales et politiques des villes protestantes et conservés soit à la Bibliothèque nationale, soit dans les bibliothèques et les archives de la Rochelle, de Montauban et de Nîmes. Le plus important recueil de ces actes a pour titre Extraits faits à Castres des affaires politiques de ceux de la religion prétendue réfermée depuis le 8 juillet 1620 jusques en 1630, par Auguste Galland (Bibliothèque nat., vol. 23491). Cette collection complète les mémoires de Madiane par des données exactes sur les événements accomplis à Castres, ville qui fut, comme on sait, un des principaux théâtres de la lutte des partis.
Nous voudrions encore, en terminant, exprimer notre vive gratitude pour le bienveillant accueil que nous avons partout rencontré pendant notre séjour en France. L’obligeant empressement avec lequel tous ceux à qui nous nous sommes adressé ont répondu à nos demandes de conseils ou de renseignements demeure pour nous un cher souvenir. Nous avons en particulier les plus grandes obligations à M. Léonce Anquez, dont les avis éclairés et les précieux encouragements ont beaucoup facilité notre travail, et à M. Charles Pradel, qui a bien voulu mettre à notre disposition sa riche collection de manuscrits.
 
M.G. SCHYBERGSON.

Helsin

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