Le Livre d or de la patrie
197 pages
Français

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Le Livre d'or de la patrie , livre ebook

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Description

MONTONS sur un des points élevés des Vosges, ou, si vous voulez, au Jura. Tournons le dos aux Alpes. Nous distinguerons (pourvu que notre regard puisse percer un horizon de trois cents lieues) une ligne onduleuse, qui s’étend des collines boisées du Luxembourg et des Ardennes aux ballons des Vosges ; de là, par les coteaux vineux de la Bourgogne, aux déchirements volcaniques des Cévennes, et jusqu’au mur prodigieux des Pyrénées. Cette ligne est la séparation des eaux ; du côté occidental, la Seine, la Loire et la Garonne descendent à l’Océan ; derrière s’écoulent la Meuse au nord, la Saône et le Rhône au midi.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782346099351
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Louis Mainard
Le Livre d'or de la patrie

PRÉFACE
Le Livre d’Or de la Patrie ! Quel admirable titre ! Il permet de rappeler le souvenir de tous ceux qui ont servi la France. Morts illustres, vivants glorieux, héros anonymes trouveront place dans ces pages. C’est l’honneur de notre grand et cher pays d’avoir produit en abondance et dans tous les siècles, des hommes dignes de travailler et de souffrir pour lui. Quelle traînée lumineuse de gloire que celle qui va de Vercingétorix à Victor Hugo !
Un détail a frappé tous les historiens qui se sont occupés de notre Patrie : ils ont remarqué que nul pays au monde n’avait produit autant que le nôtre d’illustrations souriantes et jeunes. Jeanne d’Arc avait vingt ans quand elle mourut, Marceau en avait vingt-six. La jeunesse vaillante, c’est le Printemps éternel de la France.
Le Livre d’Or racontera à ses lecteurs les exploits épiques de Roland à Roncevaux et le dévouement des volontaires de la Révolution. Roland, c’est le héros du passé chevaleresque ; les volontaires de la Révolution, c’est la chevalerie du monde moderne. Il n’y a au milieu de nous, quand il s’agit de la nation, ni roturiers ni nobles. S’il est permis d’être fier de descendre des preux du moyen âge, il l’est également de pouvoir redire qu’on est l’héritier des soldats en sabots des bataillons de la Moselle. Dans la fumée des futurs combats, si des images apparaissent aux imaginations ardentes, ces images seront à la fois celles de Jeanne d’Arc, de Du Guesclin, de Bayard, de Kléber et de Hoche. Ce que nous disons ici, les grands historiens, Michelet, Henri Martin, l’ont déjà éloquemment raconté. Après eux, des écrivains de toutes les opinions (car le patriotisme n’est pas le monopole d’un seul parti) ont rendu hommage à nos illustrations. Il est juste de rappeler à ce propos en quelle haute estime mon vénéré maître Henri Martin tenait l’histoire de France de Duruy. Combien il avait raison ! Il est impossible d’écrire nos annales sans devenir un patriote. Michelet est mort de la douleur que lui inspiraient nos désastres. J’ai vu Henri Martin pleurer sur nos malheurs, et je me souviens qu’à la première nouvelle de nos défaites, l’ancien Ministre de l’Instruction publique Duruy s’enrôla comme volontaire.
Pendant que le patriotisme de nos historiens s’affirmait ainsi, nos philosophes, nos poètes et nos orateurs consacraient le meilleur de leur intelligence au relèvement de la patrie.
Victor Hugo délaissait sa couronne de poète pour le képi du garde national ; le brave Lorrain Mézières, avec la triple autorité du savoir, de l’éloquence et du patriotisme, exhortait les Parisiens à la résistance ; il leur racontait, avec une émotion dont les lecteurs du Livre d’Or retrouveront la trace, les malheurs et les grandeurs de son pays. François Coppée, Sully Prud’homme, de Banville, Leconté de Lisle et Paul Deroulède, l’héroïque sonneur dé clairon, essayaient de donner à la Nation un peu de leur flamme et de leurs espérances.
Là-bas, en province, dans le jardin de la Préfecture de Tours, j’ai entendu les sanglots de Gambetta à la nouvelle de la Capitulation de Bazaine. Le grand tribun n’y pouvait croire. Avec l’armée de Bazaine, Paris aurait été délivré. Mais si immense que fût cette calamité, elle n’abattit point le courage de l’orateur qui s’était donné pour mission de résister à outrance. A son tour, le doux philosophe Edgar Quinet associa les élans de son espérance aux ardeurs du tribun national. Devant le péril, ces grands hommes avaient une même fierté d’âme.
Ah ! puisse ce Livre d’Or de la Patrie, en faisant connaître leurs paroles et leurs exemples, leur susciter des imitateurs ! Puissent les masses profondes se souvenir des glorieux faits du passé ! Alors, quand viendra l’heure du péril, d’une extrémité du pays à l’autre, retentiront ces paroles vraiment nationales :

Allons, enfants de la Patrie, Le jour de gloire est arrivé
 
ANATOLE DE LA FORGE Député de Paris Président de la Ligue des Patriotes.
I
LA FRANCE
M ONTONS sur un des points élevés des Vosges, ou, si vous voulez, au Jura. Tournons le dos aux Alpes. Nous distinguerons (pourvu que notre regard puisse percer un horizon de trois cents lieues) une ligne onduleuse, qui s’étend des collines boisées du Luxembourg et des Ardennes aux ballons des Vosges ; de là, par les coteaux vineux de la Bourgogne, aux déchirements volcaniques des Cévennes, et jusqu’au mur prodigieux des Pyrénées. Cette ligne est la séparation des eaux ; du côté occidental, la Seine, la Loire et la Garonne descendent à l’Océan ; derrière s’écoulent la Meuse au nord, la Saône et le Rhône au midi. Au loin, deux espèces d’îles continentales : la Bretagne, âpre et basse, toute de quartz et de granit, grand écueil placé au coin de la France pour porter le coup des courants de la Manche ; d’autre part, la verte et rude Auvergne, vaste incendie éteint, avec ses quarante volcans.
 (MICHELET.)

*
* *
D EUX belles mers baignent ses côtes, la Méditerranée et l’Océan.
Le plus grand charme de la Méditerranée, c’est que chaque fois qu’on la voit on la trouve différente de la veille et que, plus on la voit, moins on la connaît. Elle a des changements déterminés par le souffle du vent et par les variations du ciel, et puis elle en a qui lui sont propres et qu’on peut bien appeler ses caprices. Elle est insaisissable dans ses aspects sans nombre, dans les rapides successions des teintes que prennent ses flots mobiles ; elle nous attire et nous fuit comme ces yeux de femme tour à tour languissants ou vifs, tristes ou rieurs, éblouissants ou voilés, dont les regards sont si rapides, que vous ne pouvez ni les rencontrer, ni vous en détacher. D’où lui vient donc cette mobilité ? Tandis que le ciel au-dessus d’elle est pur et sans nuages, d’où vient ce souffle qui chasse devant lui ces petits flots et les mène mourir sur le sable du rivage, souffle égal et doux comme la respiration d’un enfant qui dort ? Est-ce qu’elle est avertie de tout ce qui se passe sur tous ses rivages, et en éprouve le contre-coup lointain, comme notre âme celui de toutes nos sensations ?
La première fois que je vis la Méditerranée, je fus médiocrement frappé. C’était un lac délicieux, mais c’était un lac ; je ne retrouvais pas là le grand être au milieu duquel les plus vastes continents sont des îles, et dont la respiration et l’aspiration durent douze heures. Point de flux et de reflux, point de mer. A quelques pas du rivage, mes impressions avaient déjà changé. Je plongeais mes mains dans cette eau d’un bleu vert qui ne peut se peindre et où l’on voudrait se jeter. L’ombre du bateau, qui présentait son flanc au soleil, formait comme une grande barque d’émeraude. J’étais inondé de toutes les couleurs du prisme : j’avais en face le soleil qui me jetait aux yeux des milliers de paillettes d’or ; devant nous, une magnifique nappe d’eau azurée, d’une couleur uniforme, paraissait déjà s’ébranler pour faire place au bateau. Derrière nous, l’eau déplacée formait comme une petite vallée peu profonde, qui se remplissait à un bout en même temps qu’elle se creusait à l’autre, et dont les deux côtés, frappés, l’un directement, l’autre par réflexion, par les rayons du soleil, ressemblaient à deux glaces opposées, dont l’une reflète la lumière affaiblie qu’elle a reçue de l’autre. Je n’avais pas assez de mes yeux pour tout cela.
Le lendemain, même calme dans l’air, même pureté dans le ciel, même souffle doux et insensible qui soulevait à peine les cheveux gris de mon vieux

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