Le Ministère Clémenceau
27 pages
Français

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Le Ministère Clémenceau , livre ebook

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Description

Le 7 août 1888, comme les Chambres avaient voté le budget de 1886 sans une seule augumentation d’impôt, un décret du Président de la Républiqeu prononça la clôlure de la session. La période électorale commença aussitôt.Les chefs de l’intransigeance et de la réaction avaient-ils tenu des conciliabules secrets ? Cette question n’est pas encore élucidée. Toujours est-il que la droite et l’extrême gauche adoptèrent d’emblée un même mot d’ordre : « L’opportunisme, c’est la guerre !Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346095223
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Joseph Reinach
Le Ministère Clémenceau
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HÉSIODE.
Tò πιθαvò ίσχὺv τῆζ ἒχει Ἐvίoτε µείσω
MÉNANDRE.
I
LES ÉLECTIONS DU 4 OCTOBRE
Le 7 août 1888, comme les Chambres avaient voté le budget de 1886 sans une seule augumentation d’impôt, un décret du Président de la Républiqeu prononça la clôlure de la session. La période électorale commença aussitôt.
Les chefs de l’intransigeance et de la réaction avaient-ils tenu des conciliabules secrets ? Cette question n’est pas encore élucidée. Toujours est-il que la droite et l’extrême gauche adoptèrent d’emblée un même mot d’ordre : « L’opportunisme, c’est la guerre ! L’opportunisme, c’est l’ennemi ! » Et ce mot d’ordre, ce Montjoie-Saint-Denis d’un nouveau genre, était tout leur programme. Les monarchistes, ayant enfoncé leurs drapeaux dans leur poche, se gardèrent bien de parler dans leurs professions de foi ni du roi ni de l’empereur : ces sujets leur paraissaient scabreux. Il était beaucoup plus simple, au lieu de s’expliquer sur les principes, de se déchaîner sans relâche contre les hommes. Ils n’y manquèrent pas. Les républicains qui avaient dirigé depuis quatre années les affaires du pays, les anciens 363 qui avaient triomphé du 16 mai, les amis de Gambetta qui avaient été ses collaborateurs dans la Défense nationale et dans l’œuvre de la fondation et de l’organisation de la République, M. Jules Ferry qui avait donné à son pays, en quatre années, deux colonies et l’enseignement primaire obligatoire, gratuit et laïque, furent accablés de calomnies et d’outrages. Le cléricalisme vaincu, tel était le grand crime de M. Ferry, aux yeux des candidats réactionnaires qui combattaient sous le masque et s’intitulaient avec une modestie hypocrite conservateurs, libéraux et agricoles. Mais ils se gardèrent bien de récriminer à ce sujet ; à peine, de temps à autre, quelques paroles attendries sur le malheur des consciences opprimées, sur la persécution religieuse. Très habilement, ils concentrèrent leurs efforts contre la politique extérieure de la République. Parce que M. Jules Ferry avait tenu haut et ferme le drapeau de la France et qu’en le défendant il avait trouvé moyen d’accroître en Afrique et en Asie le patrimoine de son pays, cet homme d’Etat fut accusé de toutes les vilenies et de tous les crimes imaginables. Les moindres actes de sa politique furent expliqués par des motifs bas et honteux. Les bonapartistes criaient : Au Mexique ! et les fondateurs de l’Union générale dénonçaient des tripotages. La manœuvre avait réussi contre Gambetta qu’on avait également accusé de desseins belliqueux et de spéculations douteuses. Pourquoi ne réussirait-elle pas contre M. Ferry ? Pour qu’il fût lavé de toutes les calomnies, il avait fallu que Gambetta mourût. Eh bien ! M. Ferry n’avait qu’à mourir !
Ainsi déblatéraient dans leurs discours et leurs journaux les partis monarchiques ; les intransigeants tenaient le même langage. Les articles de M. Henry Maret auraient pu paraître dans le Pays, ceux de M. Paul de Cassagnac dans le Radical ; personne ne se fut douté qu’il y avait eu transposition. Si les réactionnaires exploitèrent de préférence la crise agricole qui sévissait sur toute l’Europe, les intransigeants jouèrent plus volontiers de la crise-industrielle. Ce fut la seule différence bien sensible entre les. programmes des deux partis. Sur tout le reste, l’accord sembla parfait, les réactionnaires ne se souciant pas, comme de juste, de défendre. l’institution d’un Sénat républicain. Ainsi une seule et même plate-forme : la guerre, la Tunisie et le Tonkin, l’Annam et Madagascar ; mêmes procédés de polémique, même système de dénigrement et d’incriminations perfides. Comme naguère à la Chambre, ils se succédaient sur les mêmes tréteaux, y jouaient le même air et se félicitaient réciproquement avec effusion. Les intransigeants firent à la réaction la galanterie de célébrer l’amiral Courbet beaucoup plus pour ses lettres que pour ses victoires de Son-Tay et de Fou-Tchéou. La réaction répondit en couvrant M. Clémenceau de fleurs, et le Figaro lui criait chaque matin « Tu es l’homme d’Etat providentiel de la République, tu seras président du conseil !

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