Le Partage de l Afrique
45 pages
Français

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Le Partage de l'Afrique , livre ebook

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Description

Je voudrais démontrer l’intérêt de la France à marcher du nord vers l’intérieur de l’Afrique, à aller s’asseoir sur le lac Tchad en partant d’Alger.....J’ai déjà, depuis dix ans, livré bien des escarmouches pour cet objectif..... Je n’ai pas eu, au moins en apparence, un grand succès..... Depuis Flatters, dont la catastrophe a épouvanté le monde, on n’a fait que quelques efforts, quelques essais de traversée du Sahara..... et encore pourrait-on, sans trop altérer la vérité, dire que ceux qui les ont tentés n’avaient pas une volonté bien arrêtée et bien ferme d’arriver au but et peut-être n’avaient-ils que le désir, très méritoire encore, mais plus modeste, de préparer, de reprendre des relations avec les Touaregs pour ouvrir la voie à leurs successeurs.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 17
EAN13 9782346112210
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Charles Philebert
Le Partage de l'Afrique

CHAPITRE I er
Je voudrais démontrer l’intérêt de la France à marcher du nord vers l’intérieur de l’Afrique, à aller s’asseoir sur le lac Tchad en partant d’Alger.....
J’ai déjà, depuis dix ans, livré bien des escarmouches pour cet objectif..... Je n’ai pas eu, au moins en apparence, un grand succès..... Depuis Flatters, dont la catastrophe a épouvanté le monde, on n’a fait que quelques efforts, quelques essais de traversée du Sahara..... et encore pourrait-on, sans trop altérer la vérité, dire que ceux qui les ont tentés n’avaient pas une volonté bien arrêtée et bien ferme d’arriver au but et peut-être n’avaient-ils que le désir, très méritoire encore, mais plus modeste, de préparer, de reprendre des relations avec les Touaregs pour ouvrir la voie à leurs successeurs.
Les efforts se sont portés ailleurs et c’est de l’ouest et du sud que sont partis les explorateurs, qui ont voulu atteindre le Tchad. L’un d’eux a réussi, les autres ont échoué, et l’un d’eux même a payé de sa vie sa généreuse ardeur..... Le gouvernement lui-même, entraîné par cette pensée, que la pénétration par le sud ou l’ouest est plus facile et plus réalisable, a poussé des troupes fort en avant et leurs énergiques campagnes nous ont conduits à Tombouctou où nous sommes installés. Cela n’a pas été acquis sans des sacrifices. Le contact avec les Touaregs a amené quelques accidents et en amènera encore, mais dans l’ensemble, peu à peu, grâce à l’énergie des chefs, à leur esprit d’initiative, grâce au dévouement, à la discipline et à l’endurance des soldats, la zone pacifiée va s’agrandissant autour de Tombouctou et le Touareg batailleur, après quelques leçons, finira par renoncer à la lutte. Sans doute ce n’est pas fini et il y aura encore des surprises et des escarmouches, mais on peut déjà reconnaître vrai, ce que nous avons dit bien souvent : que ces pillards sauvages, mal armés, mal outillés, sans discipline, n’étaient pas pour nos soldats une grosse affaire et que facilement ceux-ci en viendront à bout dès qu’ils auront pris le contact.
En fait, le danger n’est pas dans les populations mais dans le désert lui-même.
Ces pays lointains et inabordables semblent, au fur et à mesure qu’on les parcourt, qu’on les reconnaît, moins difficiles et moins inhospitaliers...
Voilà que la garnison de Tombouctou, dans des expéditions récentes, provoquées par les pillages de bandes de Touaregs, a, comme Livingstone dans l’est, été saisie d’admiration et d’étonnement en se trouvant tout à coup en face de lacs immenses comparables au Tanganyika, au lac Victoria, etc., lacs jusqu’alors inconnus et dont personne n’avait soupçonné l’existence. La légende des sables du désert, du fameux Tanesrouft, des dunes d’Iguidi reçoit là une atteinte grave, qui provoquera de nouvelles explorations, car enfin les lacs que nos officiers ont découverts, qu’ils ont mesurés et dont quelques-uns ont des dimensions de 110 kilomètres, il faut bien qu’ils soient alimentés par des cours d’eau et des cours d’eau importants !
D’où viennent-ils ? D’où sortent-ils ?
Il n’y a guère que deux hypothèses : ou ils sortent de ces plateaux du centre, habités par les Hoggars et alors il y a une route jalonnée d’eau et les difficultés sont bien moindres qu’on ne le prétendait, et le voyage de la tribu des Berabich dont nous parlions dans notre livre La Conquête pacifique de l’intérieur africain s’explique, ou bien les dunes d’Iguidi rendent au sud les eaux qu’elles reçoivent du nord, et notre hypothèse de l’oued Messaoura continuant son cours et devenant affluent du Niger se réalise.
Quelle que soit celle de ces suppositions à laquelle on se rallie, il est certain que ces lacs existent, qu’ils sont alimentés par des courants d’eau à ciel ouvert ou souterrains, qu’il y a un immense intérêt, à tous les points de vue, matériel et scientifique, à hâter la reconnaissance de ces cours d’eau ; qu’il est urgent d’organiser une expédition qui en établisse les conditions d’existence et arrive à savoir leur étendue, leur origine et leur régime.
Car ces cours d’eau, s’ils existent tels que nous les supposons, sont le moyen de parcourir le Sahara, d’y établir des postes, d’y grouper des populations. Ce sont des moyens de conquête et aussi des moyens de civilisation et de prospérité.
Le docteur Lentz qui est passé de Tendouf à Araouan n’a trouvé sur le parcours que des sables arides et des dunes gigantesques, et cependant il a côtoyé ces lacs pendant une grande partie de son voyage.
Au fur et à mesure qu’on les parcourt, ces pays inconnus changent d’aspect, de forme, de valeur et toujours chaque nouveau mouvement en avant nous fait découvrir des populations, des ressources nouvelles.
Ainsi donc notre première affirmation : les Touaregs ne sont redoutables que de loin, de près ce n’est rien, est démontrée par les petits combats qui ont eu lieu aux abords de la capitale du Niger — et l’autre affirmation que l’on s’est exagéré les difficultés de la traversée du désert, sa sécheresse, se vérifie aussi puisque ces difficultés diminuent au fur et à mesure que l’on connaît mieux ce désert dont il y a si peu de temps encore on avait si grand’peur.
Prenons donc bravement une fois pour toutes notre parti, décidons-nous à reconnaître complètement ce domaine qui est nôtre et explorons-le dans tous les sens. Du reste, la force des choses nous y conduira seule, malgré toutes nos défaillances et nos craintes. Il n’est pas douteux que ces officiers qui occupent Tombouctou ne manqueront pas de marcher en avant et compléteront leurs découvertes.
Que la France ou la Chambre, qui devrait marcher à sa tête, le veuille ou non, bientôt Tombouctou et Ouargla, par la force des choses, se donneront la main, soit du côté des Taïtoq, soit du côté des Azdgers. Mais quelqu’importance que ces découvertes aient pour notre établissement sénégalais et pour le développement de la puissance française dans le Sahara, ce ne sera là qu’une affaire intérieure, ce n’est pas la solution de la question. Cette solution est au lac Tchad.
D’où vient alors que nous hésitons à marcher en avant, à prendre le contact en partant du nord. Est-ce que les Touaregs du nord paraissent plus nombreux, plus dangereux que ceux du sud. Mais c’est certainement le contraire. Les tribus les plus nombreuses, les plus guerrières, sont celles qui avoisinent les bords du Niger ; ce sont celles qui font depuis longtemps subir leurs volontés à tout le bord nord du Soudan, qui faisaient la loi à Tombouctou même Celles du nord, telles que les Oraghen, chefs de la confédération des Azdgers, sont originaires des tribus sud et nous savons même qu’à la mort du vieux Ikhenouken, son neveu Kelli qui fut nommé à sa place et qui mourut des suites d’une blessure reçue à l’attaque de Rhat, était, au moment de la mort de son oncle, chez ses parents des Aouelimidden. C’est donc dans le sud qu’est le centre de la puissance des Touaregs et c’est logique, puisqu’ils vivent, en grande partie, de la traite et que c’est au Soudan qu’ils se procurent les nègres, base de leur commerce.
Le désert, c’est-à-dire la partie sans habitants, n’existe qu’entre le sud de nos possessions algériennes et la partie montagneuse connue sous le nom de Tassili et de Ahaggar. Une fois que l’on a atteint ces montagnes et qu’on les dépasse pour descendre les versants qui vont au Soudan, on retrouve des populations, même des populations fixes.
Barth nous l’avait dit, et, d’après ses r

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