Les cavaliers siciliens
279 pages
Français

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Les cavaliers siciliens , livre ebook

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Description

Le prince Uberto Cavalcanti arrive au château familial pour assister aux obsèques de son grand-oncle, Giovanni, dont il est l’héritier. Par les confidences des domestiques, il découvre la personnalité délétère de son grand-oncle, un homme orgueilleux et brutal, haï de tous ; il apprend également la disparition trente ans plus tôt, de deux cousines, dont sa famille a recueilli l’héritage. Il doit tenir compte aussi de la présence au château d'une jeune femme, Lorena Bellini, héritière de certains biens du défunt mais dont les origines apparaissent bien mystérieuses, et qui semble détenir la réponse à certaines questions que pose cet héritage qui se révèle sulfureux.


L’amour se présente également à lui, de façon imprévue.
Confronté à l'Histoire de sa famille, pleine de mystères et de ressentiments dont il doit affronter les conséquences, Uberto découvre une effrayante réalité concernant ces deux vieilles parentes ; afin d’éviter un scandale public et d’éviter toute dénonciation, il se voit contraint à une extrémité radicale ...


Ce roman transporte le lecteur dans la saga d’une des familles de l’aristocratie sicilienne qui se mêle à l’histoire de l’ancien royaume des Deux-Siciles, auquel l’auteur voue un attachement particulier en raison de ses origines familiales calabraises. Certains évènements qui participent à la trame de cette histoire sont autant de faits historiques méconnus mais réels ...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juin 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383515746
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Exergue
« Nous étions les lions et les guépards, ceux qui nous succéderont seront les hyènes et les chacals, mais tous autant que nous sommes, nous continuerons toujours à nous considérer comme le sel de la terre . »

G. Lampedusa, Le Guépard .
PREMIÈRE PARTIE LE MYSTÈRE DES ORIGINES
I
Cela faisait dix-huit ans, depuis l’enterrement de mon grand-père, que je n’avais pas franchi l’entrée de Montevecchio mais l’âme de ce château, demeure séculaire de notre famille, était tellement gravée en moi qu’il me semblait ne jamais l’avoir quitté, comme s’il était une part de moi-même.
Mon père et mon grand-père étaient morts prématurément, me laissant seul titulaire de notre palais familial de Palerme, entre les murs duquel ma grand-mère et ma mère abritaient aujourd’hui leurs veuvages silencieux. C’est à Palerme que je suis né, que j’ai grandi et que j’ai fait mes études, que je suis devenu un homme et que j’ai commencé ma vie d’homme mais c’est à Montevecchio, au milieu des montagnes qui dominent la capitale sicilienne, entre ces murs battus par les vents, terrassés par le soleil et témoins muets des siècles écoulés, que se trouve l’âme de notre famille ; c’est là qu’enfant, j’ai passé mes vacances, sous ces frondaisons pleines du souvenir fané d’un temps révolu, hanté par les mânes omniprésents d’ancêtres et de parents que je n’ai pas connus et dont j’ai trop peu entendu parler. Il fallait que mon grand-oncle, le prince Giovanni Cavalcanti, prince de Villafrati et de Mazzarella, duc d’Alebre, de Ribera et de Nicosia, comte de Valledolmo, baron d’Altofonte, de Fontanamurata, de Regalminusa et de San Giuseppe, décédât pour que je revienne dans cette demeure et que j’inscrive mes pas dans ceux de longues générations d’aïeux enterrés.
La mort de mon grand-oncle venait de faire de moi, à l’âge de trente et un ans, le chef d’une des plus anciennes familles de Sicile, témoin des errements de l’histoire de l’île, des Vêpres siciliennes à l’expédition des Mille, serviteur des Anjou, des Aragon et des Bourbons, avant de jeter dehors les Savoie, compromis avec l’enfer des Chemises noires dans lequel ils avaient laissé plonger l’Italie. Mais ces titres accolés à notre nom ne servaient plus aujourd’hui qu’à rappeler l’ancienneté de notre famille et les traditions endormies d’un pays ayant toujours préféré la douce somnolence de l’esclavage à la prise en main de son destin : Alebre n’était qu’un village de quelques milliers d’âmes, perdu non loin du lac de Piana degli Albanesi ; Nicosia, fleuron de nos anciennes seigneuries, se présentait à ce siècle finissant comme une opulente bourgade riche de son passé et plantée à l’est de la Sicile ; Valledolmo, avec ses rues à angle droit coupées au cordeau, dormait au fond de sa vallée, encerclé par les collines et veillé par ses deux églises ; Villafrati, Mazzarella et San Giuseppe n’étaient plus que des bourgades disséminées au centre et au sud-ouest de la Sicile, et où seules quelques tours en ruine rappelaient aux temps présents la grandeur des années passées et perpétuaient le souvenir de l’ancienne puissance seigneuriale de notre famille ; Regalminusa et Fontanamurata, enfin, étaient depuis longtemps réduites à de misérables hameaux égarés dans les champs d’oliviers. Quelques hectares de terres, ingénieusement sauvés par mon arrière-grand-père du dépeçage organisé par les gouvernements d’après-guerre, nous permettaient encore de tenir, dans ces différents lieux, le rang de propriétaires et de maintenir notre présence au milieu de ces familles dans l’âme perdue desquelles mes ancêtres avaient gravé leur nom. Ayant reçu le duché d’Alebre quelques décennies avant de faire l’acquisition des principautés de Villafrati et de Mazzarella, mes ancêtres y avaient établi leur demeure principale et le titre de duc d’Alebre avait souvent pris la préséance sur les titulatures princières ; si, aux yeux de la noblesse duosicilienne et italienne, nous étions les princes Cavalcanti de Villafrati et de Mazzarella, dont les membres de la branche aînée, hommes et femmes, portaient le nom de « princes Cavalcanti de Villafrati », pour les habitants des quelques bourgades disséminées autour du lac de Piana, nous étions seulement les ducs d’Alebre.
Repaire d’un vieux grand-oncle, peuplé des fantômes muets d’ancêtres assoupis dans leurs épais cadres de bois dorés et patinés de la poussière des temps anciens, Montevecchio représentait pour moi le théâtre de vacances silencieuses, de réunions de famille congelées dans la pompe de fastes que je croyais à jamais révolus et relégués aux souvenirs mélancoliques que peuplaient les belles histoires de l’aristocratie d’autrefois. Les fêtes de famille, anniversaires et communions se déroulaient au palais Cavalcanti, à Palerme, et nous ne gagnions les grandeurs disparues d’Alebre que pour les fêtes religieuses, jusqu’au jour où les démons qui harcelaient nos réunions de famille nous en barrèrent définitivement la route. Réceptacle de siècles de gloire et de domination de notre famille, étendard toujours flottant, droit et altier, dernier Walhalla des anciens dieux d’une vieille race ayant refusé de s’éteindre doucement et épargnée par la chute brutale d’anciens mondes qui s’étaient succédé, Montevecchio m’avait toujours fasciné. Cette antique forteresse normande, transformée par les siècles et le goût des hommes en une vaste résidence aux confortables allures de palais, se dressait en bordure d’une immense plaine encerclée de hautes collines aux pentes abruptes, dominant fièrement les champs et les lacs qui paressaient à son pied, tel un titan endormi sous les tentures de la Belle au bois dormant. Le château avait perdu son enceinte, ses mâchicoulis, ses tours et sa barbacane, antiques fortifications rasées sous les pioches d’ancêtres débonnaires ; il offrait aujourd’hui l’aspect d’un palais miniature, composé de deux ailes perpendiculaires l’une à l’autre qui ne conservaient de leurs splendeurs féodales qu’une tour ronde dressée à l’extrémité de l’une d’elles, une épaisse tour carrée plantée à l’angle des deux ailes et changée en pavillon, ainsi que l’antique donjon seigneurial, planté à l’extrémité de l’autre aile mais dont les élégantes fenêtres trilobées perçaient des murs épais qui ne transpiraient plus la lugubre plainte des forteresses du malheur. Au centre de ces deux ailes s’étendait une vaste cour intérieure dallée, dominant la campagne par une terrasse plantée de rosiers et bordée d’une élégante balustrade de pierre couleur de sable ; au pied de la terrasse, mon grand-oncle avait fait aménager une piscine, dans l’espoir secret d’attirer l’enfant que j’étais et de me conduire plus souvent entre ces murs au milieu desquels il avait trop longtemps médité seul dans la solitude glacée de ces lieux qui ne laissaient entrer ni la chaleur étouffante des chauds étés de Sicile, ni la douce chaleur des cœurs humains. Le château avait la chaleur et l’élégance de ma grand-tante et de mon arrière-grand-mère, toutes deux mortes alors que je n’étais encore qu’un enfant, mais dont le regard avait illuminé longtemps ces hauts murs de pierre ; il avait aussi la gravité de mon grand-oncle Giovanni Cavalcanti, que je n’avais plus revu depuis des années mais qui m’avait toujours impressionné, tant son autoritarisme et son caractère revêche dissimulaient les quelques qualités dont Dieu avait chichement daigné le doter.
Pour parvenir au château, il fallait, depuis la route qui menait de Palerme à Alebre, franchir une large grille finement ciselée, encadrée de titans et ouvragée de tritons suspendus en l’air comme autant de cerbères de métal montant la garde de leurs gueules d’airain, puis emprunter une interminable allée de cyprès, cathédrale de verdure à ciel ouvert qui montait majestueusement, en pente douce, avant de venir mourir au pied de la façade. Un long corps de bâtiment en pierres, dont les fenêtres ogivales révélaient leur origine hybride d’architectures gothique et baroque, barrait l’extrémité de l’allée ; si le rez-de-chaussée et le premier étage présentaient ce curieux assortiment, le second étage, abaissé, présentait une discrète unité baroque et cette aile révélait tout entière la transformation de la forteresse en palais, opérée au XVII e siècle par mon ancêtre Alessandro Cavalcanti. La porte d’entrée de ce bâtiment principal était encadrée de deux hercules soutenant, à l’étage, une loggia qui ouvrait sur la longue galerie des portraits ; cette porte, l’imposant vestibule sur lequel elle ouvrait, les appartements de réception qu’il desservait et l’immense galerie de l’étage étendaient maintenant la magnificence de leurs stucs dorés, de leurs colonnes de marbre et de leurs rampes ajourées sur l’emplacement d’une partie des anciens logis seigneuriaux. Montevecchio n’était plus une forteresse remplie des cris des chevaliers et des rires des ménestrels ivres d’hydromel, chantant les couplets d’antiques romances aux refrains mièvres des amours de jadis et des épopées imaginaires de campagnes irréelles ; il était aujourd’hui un palais de campagne où, à l’heure du cognac et du marsala, on marchait sur les tapis persans sans être troublé par le va-et-vient feutré des majordomes en livrée et des servantes en tablier blanc qui se tenaient, silencieux et invisibles, entre les fauteuils galbés, les commodes marquetées et les consoles aux bronzes dorés.
La mort avait fauché mon grand-oncle deux jours plus tôt, mettant fin à une vie sans lustre ni saveur que nous avions fuie plusieurs ann

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