Les Chroniqueurs français du Moyen-Âge - Villehardouin, Joinville, Froissart, Commynes
124 pages
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Les Chroniqueurs français du Moyen-Âge - Villehardouin, Joinville, Froissart, Commynes , livre ebook

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Description

Geoffroi de Villehardouin occupe dans notre histoire littéraire une place à part, parce qu’il est le premier chroniqueur qui nous ait laissé un ouvrage rédigé en prose française.Sans doute beaucoup d’écrivains s’étaient essayés avant lui dans le genre historique, et plus d’un l’avait abordé avec succès. Mais presque tous s’étaient servis de la langue latine. Et ils l’avaient fait, non pas seulement au temps où cette langue était exclusivement parlée dans notre pays, ou bien à l’époque où elle accomplissait l’évolution qui devait en faire la langue française, mais même au moment où notre idiome national était suffisamment formé pour exprimer la pensée avec toutes ses nuances.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346128143
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Albert Lepitre, Philippe de Commynes, Jean Froissart, Jean de Joinville, Geoffroy de Villehardouin
Les Chroniqueurs français du Moyen-Âge
Villehardouin, Joinville, Froissart, Commynes
PRÉFACE
Depuis longtemps déjà de vaillants écrivains luttent pour faire admettre dans l’enseignement secondaire classique nos vieux auteurs du moyen âge. Si ces auteurs n’ont pas la perfection de la forme et la maturité de la pensée que nous admirons à bon droit chez les grands classiques de l’antiquité, ils ont le mérite de nous rappeler quels étaient les sentiments et les préoccupations de nos pères, et de nous montrer la littérature française dans la spontanéité de ses premiers développements. Ils ont obtenu à la fin droit de cité, et le programme de 1890 a fait une nouvelle concession aux médiévistes en prescrivant l’étude de nos principaux chroniqueurs.
Nous avons accueilli avec bonheur cette mesure, et nous sommes heureux d’offrir à la jeunesse de nos petits séminaires et de nos collèges catholiques un modeste manuel qui lui permettra d’étudier ces pères de l’histoire de France.
Les chroniqueurs désignés par le programme sont Villehardouin, Joinville, Froissart et Commynes. Nous les avons étudiés comme il convient, en donnant pour chacun d’eux une notice et des extraits, sans parler des notes multiples qui en sont le complément naturel et nécessaire. En outre, nous avons donné un aperçu des œuvres historiques qui ont précédé celles que nous avons étudiées spécialement ; de cette manière, les élèves pourront acquérir une connaissance succincte de la littérature historique au moyen âge.
Nous avons suivi, pour les extraits de Villehardouin et de Joinville, les éditions données par M. Natalis de Wailly. Cependant, suivant ici un illustre exemple, — celui du maître incontesté de la philologie romane, — nous avons cru devoir remanier ce texte toutes les fois qu’il était nécessaire, afin que toutes les formes fussent bien celles du dialecte de l’Ile-de-France au commencement du XIII e et du XIV e siècle. Quant aux fragments de Froissart, nous les avons empruntés à l’édition préparée par M. Siméon Luce pour la Société de l’Histoire de France. Ceux de Commynes sont reproduits d’après l’édition publiée par M lle Dupont (1840-47) sous les auspices de la même Société, parce que cette édition n’a pas encore été surpassée, ni même, croyons-nous, égalée. Ces fragments de Froissart et de Commynes ont été copiés mot pour mot, sans autres modifications que quelques changements d’accents. Nous n’avons pas osé tenter des changements de formes, qui auraient soulevé des problèmes trop ardus pour être résolus aujourd’hui.
La lecture des chroniqueurs n’a pas seulement un intérêt philologique ou littéraire : elle éclaire et facilite l’étude de l’histoire de France. Pour que notre édition puisse répondre à ce but, nous l’avons enrioochie de notes historiques et géographiques, assez nombreuses et assez précises pour guider les élèves et les fixer dans leurs hésitations.
Nous n’osons nous flatter d’avoir réussi dans la mesure de nos désirs. Mais nous comptons sur nos amis et sur tous ceux de l’enseignement chrétien, pour nous aider à compléter et à parfaire ce travail. Nous accueillerons avec une vive reconnaissance les observations qu’ils voudront bien nous adresser. Et maintenant nous livrons ce petit livre à la publicité, désirant qu’il serve à glorifier Dieu, à faire connaître la France des vieux temps, et à nous attacher d’une manière de plus en plus étroite à notre chère patrie !

La Louvesc, en la fête de saint François Régis, 16 juin 1893.
VILLEHARDOUIN
Geoffroi de Villehardouin occupe dans notre histoire littéraire une place à part, parce qu’il est le premier chroniqueur qui nous ait laissé un ouvrage rédigé en prose française.
Sans doute beaucoup d’écrivains s’étaient essayés avant lui dans le genre historique, et plus d’un l’avait abordé avec succès. Mais presque tous s’étaient servis de la langue latine. Et ils l’avaient fait, non pas seulement au temps où cette langue était exclusivement parlée dans notre pays, ou bien à l’époque où elle accomplissait l’évolution qui devait en faire la langue française, mais même au moment où notre idiome national était suffisamment formé pour exprimer la pensée avec toutes ses nuances. Après l’ Histoire des Francs, de saint Grégoire de Tours, et la compilation dite de Frédégaire, qui remontent à l’époque mérovingienne, nous pouvons citer les œuvres d’Eginhard, du Moine de Saint-Gall, de Nithard et de l’Astronome limousin, qui appartiennent à l’époque carolingienne. Puis, à partir du XI e siècle, nous rencontrons les Histoires de Richer, la Chronique de Raoul Glaber, la Vie de Louis le Gros, par Suger, et les ouvrages importants de Guillaume de Jumièges et d’Orderic Vital sur l’histoire des Normands. Ces livres, composés dans la solitude des cloîtres, rédigés dans une langue que le peuple n’entendait plus, n’étaient lus que par une élite d’érudits ou de lettrés. Pour apprendre l’histoire, les foules devaient se contenter d’écouter les chansons de geste, où la vérité était dénaturée par des fables de toutes sortes.
Des poètes tentèrent de composer des œuvres purement historiques, en essayant de traduire en vers français les chroniques latines qu’ils avaient sous les yeux, ou les récits qu’ils avaient recueillis de quelque témoin oculaire. Ainsi, sous le règne de Henri II, un auteur anonyme raconta, dans un poème de trois mille quatre cent soixante vers octosyllabiques, la conquête de l’Irlande faite par les armes de ce prince. La Vie de saint Thomas de Cantorbéry fut rédigée en vers alexandrins par Garnier de Pont-Sainte-Maxence à peu près vers le même moment. Robert Wace venait de raconter l’histoire des rois anglo-saxons dans le Roman de Brut, et celle des ducs de Normandie dans le Roman de Rou, et Benoît de Sainte-More reprenait ce dernier sujet pour le développer dans un poème de quarante-deux mille trois cent dix vers. Mais ces ouvrages, s’ils étaient plus véridiques que les chansons de geste, n’avaient pas un mérite littéraire suffisant pour plaire aux foules. On se fatiguait à écouter ces poèmes interminables, où l’assonance finissait par devenir monotone, et où les détails n’étaient pas assez frappants pour retenir longtemps l’intérêt.
Ce genre d’histoires versifiées commence à être délaissé au XIII e siècle, où apparaissent les premières chroniques en prose. Entre les années 1200 et 1210, Nicolas de Senlis racontait en dialecte poitevin l’histoire des rois mérovingiens, et l’un de ses contemporains traduisait dans le même dialecte la chronique du pseudo-Turpin. Baudouin IX, comte de Flandre, avant de partir pour la croisade, faisait rédiger aussi en français, in gallico idiomate, une sorte d’histoire universelle qui s’étendait depuis la création du monde jusqu’à son temps, et qui portait le nom d’Ystoires Baudouin. Mais cet ouvrage ne nous est pas parvenu, et rien ne nous fait pressentir qu’il ait eu un vrai mérite littéraire. Sans nous arrêter plus longtemps à ces essais perdus aujourd’hui, nous allons étudier Geoffroi de Villehardouin, qui est considéré par le public comme le premier en date et l’un des plus éminents de nos chroniqueurs.
I. — SA BIOGRAPHIE
Villehardouin ne nous est guère connu que par ce qu’il nous a dit de lui-même. Or, s’il a pris soin de nous raconter les incidents de sa vie pendant l’espace de huit ans, c’est-à-dire depuis, l’époque où

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