Les Femmes de France pendant la guerre et les deux sièges de Paris
249 pages
Français

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Les Femmes de France pendant la guerre et les deux sièges de Paris , livre ebook

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Description

L’ouvrière pendant le siége n’est plus la Lisette gaie autant que laborieuse, roucoulant comme un pinson dans le bois de Vincennes, ou bondissant comme un petit cabri à travers les vignes imaginaires d’Argenteuil.L’ouvrière pendant le siége, ce n’est plus cette Mimi Pinson dont le bonnet avait des fantaisies de touriste anglais ou de clown américain, et qui escaladait, plus vite que son bonnet, la butte du Moulin.Plus sage au fond que réservée dans la forme, l’ouvrière parisienne, avec ses indépendances de coiffure, ressemble assez bien à ces cuisiniers habiles qui, pour retourner une omelette, la lancent par la cheminée et la rattrapent dans la poêle à cinquante pas de la maison.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346095353
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Henry de Trailles
Les Femmes de France pendant la guerre et les deux sièges de Paris
LES FEMMES DE FRANCE
Les femmes furent, à toutes les époques de notre histoire, les bons génies de la France, en même temps que sa gloire.
Aussi, nulle autre part qu’en France les romans de chevalerie qui rehaussaient le culte de la femme n’eurent-ils plus d’éclat et ne trouvèrent-ils de plus illustres chanteurs que dans notre beau pays, où l’amour est une vertu et où l’élégance n’est pas un vice.
Si les préoccupations de la vie moderne ne nous laissent plus le temps de composer des ballades en l’honneur des dames châtelaines, les tristesses de l’heure présente nous permettent de recueillir les chants d’une légende de la charité, où toutes les classes de la société défileront avec leurs qualités particulières et leur type distinct.
Si la révolution a aboli les distinctions sociales, c’était pour laisser à l’initiative privée le droit au dévouement et à l’héroïsme, qui semblaient n’être le privilége que d’une caste.
Aujourd’hui, dans tous les rangs de la société il y a rivalité de courage, d’émulation, de charité.
Après nos désastres, la vie se manifeste de nouveau par la pratique des plus mâles vertus, et ce sont les femmes qui en donnent l’exemple.
Notre régénération actuelle ne peut venir que de leur initiative.
Elles ont été trop rudement frappées dans leur position, leur fortune et leurs affections, pour exposer leurs fils à subir une seconde épreuve de nos châtiments.
Aussi, avant que la jeune génération n’ait pu voir nos ruines et en suivre l’enchaînement philosophique, voyez comme les femmes se mettent à l’œuvre de réparation ! de rédemption, si vous aimez mieux.
Il faut panser les plaies de la patrie, il faut restaurer le vieil édifice écroulé en partie par nos fautes et sur nos têtes, il faut préparer la route aux hommes qui viendront après nous.
La France qu’on croyait morte se relève.
Nouveau Lazarre, elle sort du tombeau, conduite par la main de la femme, qui ayant participé à son ensevelissement et reconnaissant l’erreur, rachète par le travail et la charité, des fautes qu’elle a déjà effacées par tant de souffrances.
A côté des larmes qui effacent, il y a les œuvres qui réparent, et, si nous avons besoin d’oublier, il nous faut aussi grandement reconstruire.
Les femmes ont pris l’initiative du mouvement ; marcher avec des entraves aux pieds n’est pas commode ; elles briseront les entraves avec des ciseaux d’or, des pointes de diamant, puisque les outils d’acier ne nous ont pas réussi. Jeux sinistres !
Elles se dépouillent de leurs bijoux : des veuves ne songent plus à se parer.
Elles donneront l’argent destiné aux plaisirs, on ne danse pas dans la maison d’un moribond.
Elles tendront la main, en disant : Pour le rachat de la France, s’il vous plaît !
Et quand leurs fils auront grandi, elles pourront relever la tête avec orgueil, car elles auront devant elles des hommes et des vengeurs.
Et, si jamais un enfant ingrat les outrage, elles auront le droit de lui répondre, comme l’orateur romain à ses accusateurs : A tel jour, à telle heure, j’ai sauvé la patrie !
Si elle n’est tout à fait accomplie, l’œuvre de rédemption est du moins bien avancée.
Au cri de douleur poussé par les dames d’Alsace, les femmes de France ont répondu par un chant d’espoir.
Autrefois, quand du Guesclin fut fait prisonnier par les Anglais, les châtelaines bretonnes s’entendirent pour payer la rançon du noble chevalier.
Il ne fut castel ou manoir où l’on ne filât quelques heures dans la nuit pour racheter le brave soldat.
S’inspirant de ce souvenir, un homme aussi éminent par l’esprit que distingué par le cœur, M. Paul Dalloz, ouvrit dans les colonnes du Moniteur universel une souscription pour le rachat de la France.
Et voici quelques lignes émues du vrai patriote, qui feront mieux connaître le généreux citoyen que tous les portraits que nous essayerions d’en tracer.
« Avec l’offrande de tous, l’Église a bâti, au moyen âge, ces cathédrales qui font encore l’admiration et l’étonnement des siècles nouveaux. Le patriotisme, qui est aussi une religion, saura élever un monument durable de sa foi et de son zèle. Ce monument sera la pierre on l’on écrira :
La France a été délivrée de l’étranger, par le concours de trente millions de Françaises et Français, de femmes et d’enfants, de vieillards et d’hommes faits qui, chaque jour, ont donné à la patrie, pour la racheter de l’étranger, l’épargne de leur labeur ou le superflu de leur bien-être. »
A cet appel si pressant et si éloquent, ce fut par toute la France une clameur d’enthousiasme.
Il semblait que la pierre philosophale était trouvée et que le nœud gordien de la situation allait être tranché par un nouvel Alexandre.
Pour aider le promoteur de cette œuvre patriotique, que de mains mignonnes se tendirent vers lui, toutes chargées de bijoux et de bracelets ! que de larmes se changèrent en perles ! que de sourires s’escomptèrent en pièces d’or !
A leur voix les coffres-forts s’entr’ouvrirent comme par enchantement : c’était la voix de la patrie malheureuse allant mendier chez ses enfants l’obole de la délivrance.
Comment résister à une si belle cause présentée par tant de jolies répondantes ?
Dans la bourse des quêteuses, les petites pièces d’argent faisaient drelin ! drelin ! drelin ! avec tant d’esprit et de si joyeux frétillements, que l’on traduisait les mots par : Donnez ! donnez ! donnez !  — Dans quelle langue ? demandais-je à une quêteuse.  — Dans celle des anges, monsieur ! répondit-elle.  — Et combien la traduction ?  — Ce que vous inspirera votre cœur !  — Mais non ce que vaut votre esprit, dis-je en lui remettant un billet de la banque de France
Comprenez-vous, maintenant, en contemplant cet unanime cortége de femmes de toute classe qui se pressent à la porte du Panthéon que nous voulons élever en leur honneur, quel a été notre embarras ?
Il nous a fallu choisir des types et condenser dans un moule unique et sous une forme presque algébrique à force de concision, les qualités de plusieurs milliers d’individus.
Nous avons abrégé autant que possible les nomenclatures, pour éviter l’ennui et les répétitions : mais combien y aura-t-il encore de vertus à peindre, de dévouements à enregistrer en dehors de ceux que nous avons voulu photographier dans cette légende de la charité !
Ainsi, de l’OUVRIÈRE, si malheureuse et pourtant si résignée ;
De la SŒUR DE CHARITÉ, qui fait de l’abnégation d’elle-même un charme, et du martyre une joie ;
De l’ACTRICE, qui transporte dans la vie réelle les nobles dévouements de la fiction ;
De la BOURGEOISE, toujours également prête à la tristesse et aux plaisirs, également forte devant l’infortune et réservée dans le bonheur ;
De l’ALSACIENNE, ce type entre les types de l’amour de la patrie poussé jusqu’à la plus sublime folie ;
De la CANTINIÈRE, cette religieuse du régiment ;
De la GRANDE DAME, qui, frappée par la guerre dans ses affections de famille, par la révolution dans sa foi et son bien-être, préfère l’honneur du pays à la vie des siens ;
De l’AMBULANCIÈRE, cette vestale des hôpitaux ;
De la JEUNE FILLE, cette fleur éclose en serre chaude et qui brave la neige et le froid, pour nourrir sa famille ;
De la PROVINCIALE, que le moindre bruit dérange et que le canon ne peut faire trembler ;
De la PAYSANNE, affolée devant les réquisitions, intrépide devant les balles ennemies ;
De l’ÉPOUSE, tour à tour tremblante et sublime d’amour ;
De la MÈRE, brisée par les larmes et héroïque par le cœur ;
De l’ÉTRANGÈRE enfin, qui quête pour la France, parce qu’elle la sait malheureuse et que le malheur de la France est celui d

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