Les Français en Floride
68 pages
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Les Français en Floride , livre ebook

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Description

Vers l’an 1523, François Ier, voulant exciter l’émulation de ses sujets pour la navigation et le commerce, comme il avait déjà fait avec tant de succès pour les sciences et les beaux arts, donna ordre à Jean Vérazani, qui était à son service, d’aller reconnaître les nouvelles terres situées au nord ouest de l’Europe, dont on commençait à parler beaucoup en France. Il est à remarquer ici qu’il est bien glorieux à l’Italie, que les trois puissances, qui partagent aujourd’hui presque toute l’Amérique, doivent leurs premières découvertes à des Italiens ; les Castillans à un Génois, les Anglais à des Vénitiens, et les Français à un.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782346121083
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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F. de Fontfreyde
Les Français en Floride
I
VÉRAZANI
Vers l’an 1523, François I er , voulant exciter l’émulation de ses sujets pour la navigation et le commerce, comme il avait déjà fait avec tant de succès pour les sciences et les beaux arts, donna ordre à Jean Vérazani, qui était à son service, d’aller reconnaître les nouvelles terres situées au nord ouest de l’Europe, dont on commençait à parler beaucoup en France. Il est à remarquer ici qu’il est bien glorieux à l’Italie, que les trois puissances, qui partagent aujourd’hui presque toute l’Amérique, doivent leurs premières découvertes à des Italiens ; les Castillans à un Génois, les Anglais à des Vénitiens, et les Français à un. Florentin. Je joindrais à ces hommes illustres un autre Florentin, qui a rendu de grands services aux Castillans et aux Portugais dans le Nouveau-Monde, s’il devait à son mérite, et non à une supercherie indigne d’un honnête homme, la gloire qu’il a eue, de donner son nom à la plus grande des quatre partie du monde connu.
Vérazani fut donc envoyé en 1523, avec quatre vaisseaux, pour découvrir l’Amérique-Septentrionale ; mais nos historiens n’ont point parlé de cette première expédition, et on l’ignorerait encore aujourd’hui, si nous n’avions pas une lettre de Vérazani même, que Ramusio nous a conservée dans son grand recueil. Elle est adressée à François I er , et datée de Dieppe, du 8 juillet de l’année 1524. L’auteur y suppose que Sa Majesté était déjà instruite du succès et des particularités de son voyage ; de sorte qu’il se contente de dire qu’il était parti de Dieppe avec quatre vaisseaux, qu’il avait heureusement ramenés dans ce port. Il en sortit au mois de janvier 1524, avec deux bâtiments, la Dauphine et la Normande, pour aller en course contre les Espagnols.
Vers la fin de la même année, ou au commencement de la suivante, il arma de nouveau la Dauphine, sur laquelle il embarqua cinquante hommes, avec des provisions pour huit mois, et se rendit d’abord à l’île de Madère. Il en partit le 47 janvier 1525, avec un petit vent d’est, qui dura jusqu’au 20 février, et lui fit faire, à ce qu’il dit, cinq cents lieues au couchant. Une tempête violente le mit ensuite à deux doigts du naufrage ; mais le calme étant revenu, il continua sa route sans aucun accident, et se trouva vis-à-vis d’une terre basse. Il s’en approcha, mais ayant reconnu qu’elle était fort peuplée, il n’osa y débarquer avec si peu de monde. Il tourna au sud, et fit cinquante lieues, sans apercevoir aucun havre où il pût mettre son navire en sûreté, ce qui l’obligea de rebrousser chemin. Il ne fut pas plus heureux du côté du nord, de sorte qu’il fut contraint de mouiller au large, et d’envoyer sa chaloupe pour examiner la côte de plus près.
A l’arrivée de cette chaloupe, le rivage se trouva bordé de Sauvages, en qui l’on voyait tout à la fois des effets de la surprise, de l’admiration, de la joie et de la crainte ; mais il n’est pas aisé de juger sur la lettre que Vérazani écrivit au roi de France au retour de son voyage, par quelle hauteur il découvrit d’abord la terre, ni précisément jusqu’où il s’éleva au nord. Il nous apprend seulement que de l’endroit où il aperçut la terre pour la première fois, il la rangea à vue pendant cinquante lieues, allant toujours au midi, ce qu’il n’aurait pu faire, vu le gisement de la côte, si ce premier atterrage avait été plus au nord que les trente-trois degrés. Il dit même, en termes formels, qu’après avoir navigué quelques temps, il se trouva par les trente-quatre degrés. De là, ajouta-t-il, la côte tourne à l’orient ; quoiqu’il en soit, ayant repris sa route au nord, et n’apercevant point de port, parce qu’apparemment il n’approchait point assez de terre, pour distinguer les embouchures des rivières, le besoin où il était de faire de l’eau l’obligea d’armer sa chaloupe, pour en chercher ; mais les vagues se trouvèrent si grosses, que la chaloupe ne put jamais aborder.
Cependant les Sauvages invitaient par toutes sortes de démonstrations les Français à s’approcher ; et un jeune matelot, qui savait fort bien nager, se hasarda enfin à se jeter à l’eau, après s’être chargé de quelques présents pour ces barbares. Il n’était plus qu’à une portée de mousquet de terre, et il n’avait plus de l’eau que jusqu’à la ceinture, lorsque la peur le prit ; il jeta aux Sauvages tout ce qu’il avait, et se remit à la nage, pour regagner sa chaloupe. Mais dans ce moment une vague, qui venait du large, le jeta sur la côte avec tant de furie, qu’il resta étendu sur le rivage sans connaissance. Vérazani dit qu’ayant perdu terre, et les forces lui manquant, il courait risque de se noyer, lorsque des Sauvages coururent à son secours, et le portèrent à terre.
Il paraît qu’il fut quelque temps entre leurs bras sans s’en apercevoir. Lorsqu’il eut repris ses sens, il fut saisi de frayeur, et se mit à crier de toute sa force. Les Sauvages, pour le rassurer ; crièrent encore plus fort, ce qui produisit un effet tout contraire à celui qu’ils prétendaient. Ils le firent enfin asseoir au pied d’une colline, et lui tournèrent le visage vers le soleil ; puis ayant allumé un grand feu auprès de lui, ils le dépouillèrent tout nu. Il ne douta plus alors qu’ils n’eussent dessein de le brûler, et il s’imagina qu’ils allaient le sacrifier au soleil. On eut la même pensée dans le navire, d’où l’on voyait tout ce manége, mais où l’on ne pouvait que plaindre son sort.
Il commença néanmoins à mieux espérer, quand il vit que l’on faisait sécher ses hardes, et qu’on ne l’approchait lui-même du feu qu’autant qu’il était nécessaire pour l’échauffer. Il tremblait à la vérité de tout son corps, mais c’était assurément plus de peur que de froid. Les Sauvages, de leur côté, lui faisaient des caresses, qui ne le rassuraient qu’à demi, et ne se lassaient point d’admirer la blancheur de sa peau ; sa barbe, les étonnait encore davantage.. A la fin ils lui rendirent ses habits, lui donnèrent à manger ; et comme il marquait une grande impatience d’aller rejoindre ses compagnons, ils le conduisirent jusqu’au bord de la mer, le tinrent quelque temps embrassé, témoignant par-là, d’une manière qui n’avait rien d’équivoque, le regret qu’ils avaient de le quitter. Ils s’éloignèrent ensuite un peu pour le laisser en liberté ; et quand ils le virent à la nage, ils montèrent sur une éminence, d’où ils ne cessèrent point de le regarder qu’il ne fût rentré dans le navire.
Le reste du détail de ce voyage n’a rien de fort intéressant, et n’est pas même trop intelligible. Nous connaissons beaucoup mieux les pays que Vérazani parcourut qu’il ne les connaissait lui-même lorsqu’il rendit compte au roi son maître de cette seconde expédition, et les endroits où il débarqua ne portent plus aujourd’hui les noms qu’il leur avait donnés. Il finit le mémoire qu’il présenta à François I er , en disant qu’il s’était avancé jusque fort près d’une île que les Bretons avaient découverte, et qui est située par les cinquante degrés du pôle. S’il ne s’est point trompé, il est hors de doute que l’île dont il parle est celle de Terre-Neuve, où les Bretons faisaient la pêche depuis long-temps.
Peu de temps après son arrivée en France, il fit un nouvel armement, à dessein d’établir une colonie dans l’Amérique. Tout ce qu’on sait de cette entreprise, c’est que s’étant embarqué, il n’a point paru depuis, et qu’on n’a jamais bien su ce qu’il était devenu : car je ne trouve aucun fondement à ce que quelques-uns ont publié, qu’ayant pied à terre dans un endroit où il voulait bâtir un fort, les sauvages se jetèrent sur lui, le massacrèrent avec tous ses gens, et le mangèrent. Ce qu’il y a de plus certain, c’est que le malheureux fort de Vérazani fut cause que, pendant plusieurs années, ni le roi ni la nation ne songèrent plus à l’Amérique.
JACQUES CARTIER
Dix ans après, Philippe Chabot, amiral de France, engagea le roi à reprendre le dessein d’établir un

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