Les La Boderie - Étude sur une famille normande
86 pages
Français

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Les La Boderie - Étude sur une famille normande , livre ebook

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Description

Le manoir de la Boderie se cache au fond d’une étroite vallée. Il doit son illustration à la famille qui en prit le nom. — Ses anciennes avenues. — État d’abandon où il est laissé. — On ne sait rien de Jacques de La Boderie, le père des trois illustres frères de La Boderie. — Ce qu’en dit un de ses fils. — Anne de La Boderie, sa fille, se fait religieuse. — Vers que lui adresse son frère Guy. — Jehan de La Boderie meurt à 25 ans. — Vers inspirés à Guy de La Boderie par la mort prématurée de son frère Hyppocras.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346087204
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Hector de La Ferrière
Les La Boderie
Étude sur une famille normande
CHAPITRE I er

Le manoir de la Boderie se cache au fond d’une étroite vallée. Il doit son illustration à la famille qui en prit le nom. — Ses anciennes avenues. — État d’abandon où il est laissé. — On ne sait rien de Jacques de La Boderie, le père des trois illustres frères de La Boderie. — Ce qu’en dit un de ses fils. — Anne de La Boderie, sa fille, se fait religieuse. — Vers que lui adresse son frère Guy. — Jehan de La Boderie meurt à 25 ans. — Vers inspirés à Guy de La Boderie par la mort prématurée de son frère Hyppocras. — Pierre de La Boderie tué sur la brèche de St.-Lo. — Philippe tué au siége de Pont-Audemer. — Portrait de Guy, l’aîné de tous. — Il sacrifie sa première affection. — Visite une partie de la France. — Travaille sous Guillaume Postel. — Appelé par Philippe II, pour travailler à la Bible polyglotte d’Anvers. — Charles IX ne le laisse partir qu’avec peine. — Il emmène avec lui son frère Nicolas. — Divers travaux de La Boderie, à Anvers et à Louvain. — Part qu’il prend à l’édition de la Bible polyglotte. — Retrouve un manuscrit de Sévère, patriarche d’Alexandrie. — En donne une version en hébreu et en latin. — Les deux frères n’eurent à se louer ni de Philippe, ni des Espagnols. — Vers énergiques, à ce sujet, de Guy de La Boderie. — Tombe malade à Louvain. — Il compose son épitaphe. — Fait publier à Anvers son premier poème en vers, l’ Encyclie de l’éternité.  — Idée qui a inspiré ce livre. — Nommé secrétaire du duc d’Alençon. — Vit à Paris chez un riche bourgeois nommé Desprez. — Ses liaisons littéraires. — Son affection pour Vauquelin de La Fresnaye. — Il lui reprochait ses tendances trop mondaines. — Traduit en français les hymnes ecclésiastiques du bréviaire romain. — Nicolas de Mauroy l’avait tenté avant lui. — Chacune de ces hymnes dédiée à un personnage du temps. — Par là, on connaît son intimité. — Il publie, en 1578, son poëme de la Galliade. — Il en donne une nouvelle édition par l’ordre de Henri III, en 1582. — Avait composé d’autres ouvrages. — Duplessis Mornay les aurait brûlés lorsqu’il gaccagea Falaise. — Refuse le cardinalat. — Ne veut quitter sa douce retraite de la Boderie. — Sa mort. — Adieux que lui adresse Vauquelin, de La Fresnaye. — Conclusion littéraire sur Guy de La Boderie. — Son point de ressemblance avec du Bartas. — Côté spiritualiste de sa poésie. — Vers que lui adresse Antoine de La Boderie, son frère. — N’est point à sa place légitime comme orientaliste. — Cela tient aux temps orageux ou il a vécu. — Il est dans le camp de la défense. — Les réputations toutes faites aimées de la foule. — Nicolas de La Boderie. — Il ne saurait être séparé de Guy. — Marié par Catherine de Médicis. — Employé en Italie sous le maréchal de Bellegarde. — Ouvrages qu’il a composés. — Éloge qu’en fait Arias Montanus. — A laissé quelques poésies. — A continué la maison de La Boderie.


1
Au fond d’une de ces ombreuses et étroites vallées du bocage normand, qu’un triple rideau de haies plantées de grands arbres protège contre les vents d’hiver et les rayons du soleil de juillet et d’août, se cache le manoir de la Boderie 2 . Comme importance féodale il comptait à peine ; mais la famille qui en prit le nom et le porta si dignement, à la fin du XVI e siècle, lui a donné une sorte d’illustration. On y accédait, et on y accède encore, par deux larges avenues venant à droite et à gauche aboutir à l’entrée principale ; toutes deux étaient plantées de vieux hêtres que les anciens du pays se rappellent encore avoir vus dans leur jeunesse. Ces beaux arbres ont été remplacés dans une partie par des pommiers ; dans l’autre, par de jeunes plants de hêtres qui végètent péniblement et ne s’élèveront jamais.
Rien n’annonce plus tristement que la vie s’est retirée de certaines habitations, rien ne trahit l’abandon où restent les vieux manoirs comme ces maigres et chétives avenues longeant d’anciens murs de parc, çà et là écroulés ; il en est ainsi à la Boderie : plus rien qui rappelle ces soins de tous les jours, cette vigilance active du maître qui aime à parer les lieux où il a encadré sa vie ; ce ne sont que pans de murs gisants à terre, et recouverts par le lierre et les orties. La porte d’entrée, haute et frère, qui s’ouvrait sur la cour seigneuriale, se tient encore debout ; mais les gonds de fer en sont rouillés et jamais peut-être les battants de chêne n’y seront replacés ; En face de l’entrée, le vieux logis avec sa porte ogivale, ses fenêtres à croisillons de pierre ; à droite et à gauche, les anciennes dépendances rebâties au XVII e siècle, témoins de la grande existence des La Boderie ; au milieu de la vaste cour, un bassin resté à sec et qu’alimentait autrefois une source détournée de très-loin. Derrière le logis une pièce d’eau seule a été conservée, elle sert à l’irrigation des prairies de la vallée ; mais l’excédant de l’eau ne se jette plus dans les fossés qui autrefois baignaient les murs d’un vaste jardin étagé en terrasse.

Pénétrons dans le vieux logis du XVI e siècle : trois pièces composent tout le rez-de-chaussée ; celle de gauche était la grande salle, la salle d’honneur. Une large cheminée de granit s’élève jusqu’aux solives du plafond, le manteau en est d’un seul bloc ; les ornements, taillés dans une pierre ingrate, accusent une certaine recherche et une grande habileté de main ; à droite de l’entrée une autre pièce d’égale grandeur dont la cheminée rappelle celle de la première pièce avec une ornementation plus simple ; à côté de cette seconde pièce un cabinet de travail avec une cheminée et une boiserie de chêne, de la même époque évidemment que le vieux logis, et pour tout meuble, un immense bahut de chêne. Nous n’avons pu résister au désir de posséder ce dernier témoin, ce contemporain de tant de générations dont nous essayons de ressaisir la trace ; il portait encore la serrure du temps, à la fine ciselure, aux capricieux festons ; la fantaisie de l’artiste avait sculpté sur l’un des panneaux quelques personnages à barbe pointue, se terminant en chimères fantasques ; sur les autres panneaux, étaient reproduits les mêmes ornements que sur les parois des cheminées : ce fut là sans doute le coffre de mariage de l’une des châtelaines de la Boderie.

Dans ce pélerinage d’antiquaire, nous avons eu pour cicérone le dernier serviteur des derniers La Boderie, un vieillard de 95 ans, l’un de ces types que Walter-Scott a immortalisés dans Caleb. Sa mémoire n’avait rien oublié de ce qui tenait à ses anciens maîtres, et chaque fois qu’il lui-arrivait de prononcer un de leurs noms, il portait involontairement la ma

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