Les Prêtres romains et le Premier Empire
123 pages
Français

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Les Prêtres romains et le Premier Empire , livre ebook

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Description

Un des épisodes les plus tristes et en même temps les plus curieux de la lutte entre le premier Empire et le Saint-Siège est assurément la persécution que subit le clergé romain, fidèle au souverain Pontife, et coupable, aux yeux de Napoléon Ier, d’avoir refusé de se faire le complice de ses fantaisies de despote.M. Taine a fort justement remarqué que l’Etat qui envahit tout et veut tout concentrer, après avoir mis la main sur les institutions humaines, l’étend peu à peu sur les sociétés formées par les âmes, et en particulier sur l’Eglise, et par conséquent sur le clergé qui la dirige et la gouverne.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346124619
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Giuseppe Grabinski
Les Prêtres romains et le Premier Empire
LES PRÊTRES ROMAINS
ET LE PREMIER EMPIRE
Un des épisodes les plus tristes et en même temps les plus curieux de la lutte entre le premier Empire et le Saint-Siège est assurément la persécution que subit le clergé romain, fidèle au souverain Pontife, et coupable, aux yeux de Napoléon I er , d’avoir refusé de se faire le complice de ses fantaisies de despote.
M. Taine a fort justement remarqué que l’Etat qui envahit tout et veut tout concentrer, après avoir mis la main sur les institutions humaines, l’étend peu à peu sur les sociétés formées par les âmes, et en particulier sur l’Eglise, et par conséquent sur le clergé qui la dirige et la gouverne. M. Taine ajoute que Napoléon I er comprenait fort bien cela, et il compare les innombrables moyens mis en œuvre par l’Empereur, pour asservir la hiérarchie ecclésiastique, à l’apparat de forces réunies par lui pour la campagne de Russie, prouvant qu’il ne négligea rien pour atteindre son but 1 .
L’occupation de Rome, la tentative de transformer le Pape en chapelain impérial et en instrument du bon plaisir du maître de l’Europe faisaient partie au premier chef du programme de Napoléon. Ne pouvant vaincre la noble résistance du Vicaire de Jésus-Christ, le tyran n’hésita pas à faire escalader le palais du Quirinal, à en arracher le vénérable Pontife et à le jeter en prison loin de la Ville éternelle.
Ce forfait une fois consommé, Napoléon voulut avant tout isoler le Pape et gouverner l’Eglise sans lui. Il prétendait réduire, à son gré, les évêchés des départements du Tibre et du Trasimène (anciens Etats de l’Eglise), en changer les circonscriptions et imposer aux prêtres un serment de fidélité que Pie VII leur avait interdit de prêter. De là des difficultés sans fin, où allèrent se perdre misérablement les ressources infinies du génie de Napoléon I er , et des persécutions cruelles qui honorèrent à tout jamais le clergé romain et couvrirent de honte celui qui les ordonnait avec une froideur calculée et systématique.
Les historiens du premier Empire ont parlé au long de cet épisode de la lutte entre Napoléon I er et la Papauté. M. d’Haussonville lui a consacré une partie du troisième volume de son magistral ouvrage sur l’ Eglise romaine et le premier Empire 2  ; mais il est loin d’être complet, parce que la politique ombrageuse de Napoléon III lui avait interdit l’entrée des archives impériales et qu’il ne soupçonnait pas que l’on pût trouver ailleurs qu’en France des documents capables de nous éclairer sur la conduite de Napoléon I er vis-à-vis du clergé romain. Il est inutile de dire que si M. d’Haussonville n’est pas complet dans son récit, les apologistes de l’Empereur, M. Thiers en tête, le sont bien moins encore et se plaisent souvent à altérer cette vérité historique dont M. d’Haussonville avait le plus grand souci.
Un savant prêtre de Plaisance, Mgr Grégoire Tononi, chanoine et archiprêtre-coadjuteur de la basilique de Saint-Antonin, a eu la rare fortune de mettre la main, aux archives d’Etat à Parme et dans plusieurs archives de Plaisance 3 , sur les documents qui complètent à merveille les renseignements de M. d’Haussonville et jettent une vive lumière sur les conditions faites par Napoléon I er aux prêtres romains fidèles à leurs devoirs envers le Pape et l’Eglise.
Il m’a semblé que le public français serait bien aise de connaître les résultats des recherches de l’éminent érudit italien qui, même après tant de publications sur le premier Empire, nous font voir sous un jour à bien des égards nouveau la politique de Napoléon I er vis-à-vis du Saint-Siège. En prenant pour base de cette étude les travaux de Mgr Tononi, que je viens de signaler, je me servirai aussi d’autres ouvrages de ce savant-auteur, et en particulier de son article sur le passage de Pie VI à Parme et à Plaisance (I er -18 avril 1799) 4 et de son étude sur les conditions de l’Eglise dans le duché de Parme pendant la domination française ( 1802-1814 ) 5 .
I
Pour bien comprendre l’histoire ou plutôt la triste odyssée des prêtres romains exilés à Parme et à Plaisance par Napoléon I er , il faut d’abord jeter un coup d’œil sur les conditions politiques et religieuses du pays où ils furent relégués, afin de bien placer les nobles victimes de la tyrannie impériale dans le milieu où elles passèrent les douloureuses années de la persécution.
Avant la Révolution française, le duché de Parme était parfaitement tranquille et le peuple y était heureux, quoiqu’il fût bien plus pauvre qu’aujourd’hui. Mais à cette époque les prédicateurs de la liquidation sociale n’avaient pas encore paru, et l’harmonie régnait entre les différentes classes, soutenue par la charité des nobles et du clergé comme par les mœurs patriarcales qui rendaient fréquents et faciles les rapports entre les classes dirigeantes, les paysans et les ouvriers. Depuis longtemps l’Italie jouissait des bienfaits de la paix et s’était habituée à vivre en dehors des grands courants de la politique européenne. Certes, ces conditions d’existence n’avaient pas été favorables à la grandeur du pays ; plus d’un Etat, au contraire, Venise surtout, tombait de plus en plus dans une décadence qui présageait un triste avenir. Mais, pour le moment, personne ne songeait aux conséquences de cette décadence et on ne se doutait même pas que la vie tranquille qu’on menait, au nord comme au sud de la péninsule, serait bientôt troublée par l’invasion étrangère.
La philosophie du XVIII e siècle avait envahi la péninsule. Les classes instruites en étaient imbues et les gouvernements n’en appliquaient que trop les principes dans les rapports entre l’Etat et l’Eglise. C’était le temps où Tanucci à Naples, et Léopold I er en Toscane, imitaient Joseph II, entrant résolument dans les sacristies avec la prétention ouverte de régenter le Pape et les évêques même dans les matières purement spirituelles. Les idées des encyclopédistes avaient aussi provoqué chez les ministres de presque tous les Etats de l’Italie un désir profond de réformes dans le sens qu’on appellerait aujourd’hui libéral, et on peut bien dire que, sans la Révolution française qui poussa les princes et leurs ministres dans une voie tout opposée, la législation se serait partout modifiée par le jeu normal d’une évolution pacifique qui eût épargné bien des secousses et des révolutions à l’Italie.
Le duché de Parme suivait l’exemple du royaume de Naples et de la Toscane. Gouverné, depuis 1765, par Ferdinand I er , de la branche des Bourbons d’Espagne, il n’avait pas à se plaindre de son souverain, prince débonnaire et soucieux du bien-être de ses sujets. A Parme aussi les idées nouvelles avaient des adeptes chaleureux, mais la réaction qui suivit les premiers excès de la Révolution française y fut moins violente qu’à Naples. Grâce à une politique peu fière, mais que sa faiblesse justifiait, Ferdinand échappa à la spoliation que subirent d’autres princes italiens. Il ne put cependant conserver sa couronne qu’au prix des plus dures humiliations. Les armées du Directoire envahirent ses Etats et ne ménagèrent pas ses sujets. Il fut réduit à régner nominalement dans un pays où les généraux français dictaient la loi à ses ministres, obligeant le duc à tout sanctionner, sous peine d’être immédiatement détrôné.
Tandis que Ferdinand se soumettait à ces humiliations et se voyait réduit à assister, sans pouvoir s’y opposer, aux actes violents et aux vols que le Directoire, ses agents et ses généraux commettaient impunément

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