Les Quartiers pauvres de Paris - Études municipales
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Les Quartiers pauvres de Paris - Études municipales , livre ebook

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Description

Dans la 1re livraison du XIe volume de nos Publications Administratives, nous nous sommes élevé contre le mode d’éparpillement suivi dans l’exécution du plan de Paris, en démontrant qu’il eût été plus rationnel et plus équitable surtout de classer les voies projetées suivant leur degré d’utilité déterminant seule l’ordre de leur exécution.Nous avons ajouté que le système des Compagnies, excellent en principe, avait été faussé dans son application, parce que la concurrence, qui est la meilleure sauvegarde des intérêts de la Ville, avait toujours été mise à l’écart ou laissée dans l’ombre.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Publié par
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EAN13 9782346120727
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Louis Lazare
Les Quartiers pauvres de Paris
Études municipales
I
Dans la 1 re livraison du XI e volume de nos Publications Administratives, nous nous sommes élevé contre le mode d’éparpillement suivi dans l’exécution du plan de Paris, en démontrant qu’il eût été plus rationnel et plus équitable surtout de classer les voies projetées suivant leur degré d’utilité déterminant seule l’ordre de leur exécution.
Nous avons ajouté que le système des Compagnies, excellent en principe, avait été faussé dans son application, parce que la concurrence, qui est la meilleure sauvegarde des intérêts de la Ville, avait toujours été mise à l’écart ou laissée dans l’ombre.
Terminant cette partie de nos études, nous avons demandé pourquoi l’Administration Municipale, en possession de terrains considérables, les avait successivement vendus sans recourir aux moyens ordinaires et toujours infaillibles de la publicité par annonces et par affiches, publicité qui eût profité singulièrement aux finances de la Ville en multipliant le nombre des acheteurs.
Les discussions qui ne manqueront pas d’avoir lieu prochainement, projetteront, nous en sommes certain, une lumière encore plus vive sur ce mode d’exécution du plan de Paris, en imprimant aux vérités que nous avons signalées une empreinte plus profonde et plus durable.
Mais dès à présent, il importe d’aborder résolûment une question des plus intéressantes et qui deviendra le complément de nos études concernant le plan d’ensemble de Paris.
Il s’agit de dresser un bilan, c’est-à-dire de faire connaître, dans la distribution des grands travaux, quelle a été la part des quartiers riches et ce qu’on a fait pour les quartiers pauvres.
Notre intervention ne se bornera pas à ce qu’on appelle la voie publique. Nous discuterons également les questions concernant les Marchés, la Distribution des Eaux, l’Éclairage, le Pavage, les moyens de locomotion, enfin tous les services administratifs qui intéressent nos classes laborieuses que les innombrables démolitions dans le centre de Paris ont refoulées aux extrémités de la ville, principalement sur les collines dominant la Capitale.
Mais pour apprécier sagement les actes de l’administration actuelle, il est utile de rattacher le présent au passé et d’en faire deux anneaux d’une même chaîne.
Cette utilité s’explique :
Aucun principe n’est suivi, aucune idée ne se traduit de nos jours, soit en finances municipales, soit en approvisionnement de Paris, ou bien en grands travaux publics, que ce principe ou cette idée souvent appliquée par nos anciens Échevins n’ait produit des conséquences heureuses ou défavorables.
A défaut de ces enseignements qui constituent l’expérience et la valeur administrative d’un magistrat ou d’un écrivain, on administre au jour le jour, au hasard, on écrit sans conviction et sans fournir de preuves.
L’exécution du plan d’ensemble a nécessairement produit le déplacement de la population de Paris ; il est donc du plus grand intérêt de rappeler ses migrations aux différents âges de cette ville.
Cette introduction, essentiellement historique, sera pour nos lecteurs la meilleure initiation aux actes de nos administrateurs actuels, en opposition flagrante et dangereuse avec nos anciens Échevins.
On va voir, par rapport à l’autorité souveraine, ce que nos vieux Édiles voulaient faire de Paris, ce qu’il est devenu, et ce qu’il menace d’être un jour. — Suivons d’abord la population riche dans ses migrations successives.
II
« Il ne faut pas, disaient nos anciens Échevins, que dans Paris les gros soient d’un costé et les menus de l’autre ; dans l’intérêt du Roy nostre cher Syre et de nostre bonne ville, il les vaut mieux mellangez.  »
Ces paroles, transformées en maximes administratives, ont été religieusement traduites pendant plusieurs siècles.
Sans doute ces maximes n’étaient pas absolues dans leur application. Les grandes existences allaient et vont toujours où le caprice et la fantaisie les conduisent, le commercent où son intérêt l’appelle, l’ouvrier où sa pauvreté l’entraîne. Mais ce fut toujours, autant que cela était possible, la fusion des différentes classes de la population parisienne que poursuivit la Prévôté des marchands. Cela est si vrai, que nous rencontrerons dans le cours de ce travail, aux différentes époques de l’histoire de Paris, des habitations princières dans les quartiers pauvres comme dans les quartiers riches.
On sait que l’île de la Cité fut longtemps tout Paris. Saint Louis y possédait encore son habitation royale, qui devint plus tard le palais de Justice. Louis IX se trouvait donc au milieu, en plein cœur de population laborieuse et pauvre.
En effet, bien avant ce règne glorieux à tant de titres, la population trop à l’étroit dans la Cité étouffait, et le vase trop plein débordait.
Le commerce et l’industrie, auxquels il faut de vastes espaces, traversaient le grant Pont et prenaient possession, sur la rive droite, d’un emplacement sur lequel se sont formés successivement les quartiers de la Grève, des Arcis et du Marché Saint-Jean.
En dépit de ce déplacement de la population commerçante, saint Louis et toute sa cour demeurent dans la Cité au milieu du flot populaire.
Lorsque Louis IX veut respirer à l’aise sans cesser d’être Roi, où va-t-il ?
Au château de Vincennes, qui se dresse à l’est de Paris. Est-ce pour s’enfermer entre de sombres murailles ?
« Maintes fois, dit Joinville, ai vu que le bon saint, après qu’il avoit ouï messe en été, il se alloit esbattre au bois de Vincennes et seoit au pied d’un chêne, et nous faisoit asseoit out emprez de luy, et tous ceux qui avoient affaire à luy venoient à luy parler, sans que aucun huissier ni autre leur donnast empeschement. »
Sous Charles V, le palais du souverain, l’hôtel royal de Saint-Paul se dresse sur le quai des Célestins, et pendant la saison d’été le Roi se rend à son séjour de beauté sur les bords de la Marne, à Saint-Maur-les-Fossés.
Sous le règne de Louis XII, c’est le quartier Saint-Antoine qui est le préféré de la noblesse et de la fortune ; Louis XII habite le palais des Tournelles, dont la place Royale occupe une partie des terrains.
Les rôles de taxes sous Charles V et Louis XII nous démontrent que les habitations princières se trouvaient dans le voisinage des rues habitées par des commerçants, des ouvriers et des artisans.
Ainsi, la rue de la Mortellerie, qui tirait son nom des maçons et morteliers qui l’habitaient, prenait naissance à côté de l’hôtel Saint-Paul, comme le palais des Tournelles se trouvait à proximité de la rue Saint-Antoine, la grande voie commerçante de Paris sous le règne de Louis XII.
 
« Lorsque je sors de mon palais, disait le père du peuple, j’ayme à me trouver au milieu de mes enfants, dont les povres sont les ainez et les préférez. »
« Aussi, lorsque les clocheteurs des trépassés allèrent par les hosteux, dans la nuit du 1 er janvier 1505, sonnant et criant : le bon roy Loys, le père du peuple, est . mort ! ce fut une désolation dans Paris, telle qu’on n’en avoit jamais vu au trépassement d’aucun roy. »
 
François I er reconstruit le Louvre, et les premières familles de France se pressent autour de l’habitation royale. Alors s’opère le déplacement de la population riche qui, de l’est de Paris, se porte à. l’autre extrémité.
Sous Louis XIII, cette expansion de la fortune se manifeste plus expressive encore. Richelieu, dont l’hôtel touche à la limite de la. ville, se sent à l’étroit dans cette demeure d’un simple gentilhomme. Le ministre, dont la puissance est souveraine, détruit le rempart qui faisait partie de l’enceinte de Paris, sous Charles VI, se construit une nouvelle habitation qui cette fois s’appelle : palais Cardinal.
L’impulsion est donnée, dans l’espace d’un quart de siècle les buttes des Moulins et Saint-Roch se couvrent d’habitations.
Sous Louis XIV, le mouvement se continue toujours et quand

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