Luttes et Combats sur la frontière de Chine - Cercle de Moncay, 1893-1894-1895
76 pages
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Luttes et Combats sur la frontière de Chine - Cercle de Moncay, 1893-1894-1895 , livre ebook

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Description

La ligne de démarcation des possessions annamites et chinoises fut fixée par la convention de Pékin du 26 juin 1887.Aux termes de cette convention la rivière de Pak-Lam, puis son affluent le Kalong-Ho formaient la ligne frontière.Le cap Pak-Lung, morceau de côte annamite enclavé dans le territoire chinois, était cédé à la Chine.La région est essentiellement montagneuse. Son ossature est constituée par une multitude de massifs soudés entre eux, sans ordre, sans série.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346126026
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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J. Sénèque
Luttes et Combats sur la frontière de Chine
Cercle de Moncay, 1893-1894-1895
INTRODUCTION
Alors que les faits les plus insignifiants sont chaque jour enregistrés par la presse, que la plupart des journaux citent les noms, glorifient les actes et consacrent le souvenir des plus nobles serviteurs du pays comme des plus humbles victimes du devoir, les services rendus à la France par nos soldats pacifiant nos possessions d’outre-mer, leurs fatigues, leurs souffrances, leurs hauts faits sont passés sous silence, lorsqu’ils ne sont pas dénaturés, et si l’on ne fait à nos officiers un reproche des pertes parfois subies, si on ne les accuse de provoquer la guerre par intérêt ou par ambition.
Au Tonkin, et pendant quinze ans, chaque jour apporta sa page au Livre d’Or de notre armée coloniale. C’était une action d’éclat affirmant une fois de plus la valeur française, une mort héroïque, le sacrifice d’une existence à l’honneur du Drapeau.
Sans doute, se battre est le métier du soldat ; se faire tuer, son plus beau sort ; encore pourrait-on reconnaître l’abnégation, rendre hommage à la grandeur dont il donne si souvent des preuves.
Mais, ainsi que l’a justement remarqué le commandant Famin 1 , « la mauvaise fée de la politique s’est penchée sur le Tonkin, dès son berceau, et ne l’a guère quitté depuis ».
Les exigences de cette mauvaise fée expliquent — si elles ne les excusent — bien des choses.
On sait combien violentes furent les polémiques soulevées par la conquête du Tonkin. Il fallait enlever à l’opposition que cette conquête rencontrait sa principale objection, savoir les sacrifices en hommes et en argent qu’elle coûtait à la mère patrie.
Aussi, dès 1885, on déclara le pays pacifié, le moment venu de recueillir le fruit de la campagne, de mettre en valeur les richesses que le pays offrait.
Pour mettre les faits d’accord avec ces déclarations, le régime civil fut substitué au régime militaire et le silence se fit dans la Métropole sur les combats soutenus par nos soldats.
Les divulguer eût été avouer l’état de trouble où se trouvait encore le pays et, par suite, confesser que l’action militaire devait y être prépondérante.
Le contraire eut lieu.
La prétendue pacification du pays entraînait l’amoindrissement du rôle dé l’armée, partant la réduction de l’effectif du corps d’occupation.
Dans ces conditions, on rendrait impossible l’occupation de la zone montagneuse qui s’étend du Delta tonkinois à la frontière de Chine, zone qui représente à elle seule les quatre cinquièmes de la superficie totale du pays.
En ces régions accidentées s’étaient etablis les débris de l’armée régulière chinoise, épaves de cette soldatesque disloquée, qui, la paix signée, avaient préféré s’établir en deçà de la frontière, puisqu’on ne les contraignait point à la repasser.
On crut les obliger à la retraite en occupant leurs derrières, sur la ligne frontière Moncay, Cao-Bang, Lao-Kay ; mais cette barrière improvisée était trop faible pour leur donner de l’inquiétude, et ils se maintinrent dans ce pays difficile dont ils devinrent les maîtres incontestés. Une vaste entreprise commerciale s’organisa entre eux et leurs congénères de Chine, d’une part, les écumeurs du Delta, de l’autre.
Ces derniers, presque exclusivement annamites, rançonnaient les villages du Delta, pillaient les récalcitrants, puis échangeaient le produit de leurs rapines (femmes, enfants, bestiaux) contre de l’opium, des armes et des munitions, dont les pirates de la région montagneuse étaient pourvus par les soins de leurs commanditaires chinois.
Les échanges terminés, les Annamites écoulaient l’opium dans le Delta, et les Chinois repassaient la frontière, afin d’aller vendre leur butin sur les marchés avoisinants.
Loin de diminuer, la piraterie augmentait, chaque année, dans d’inquiétantes proportions. Les bandes insurrectionnelles qui s’étaient refusées à reconnaître notre domination étaient depuis longtemps réduites, que la piraterie ne faisait que s’accroître.
Ces hordes, grossies de tous les déclassés de la frontière chinoise, prisonniers évadés, réguliers déserteurs, malfaiteurs en quête de coups productifs, s’enhardirent de ce qu’on les laissât dans une plus complète impunité.
Nos convois signalés furent pillés ; des escortes, des détachements trop faibles furent surpris en des embuscades, luttes inégales et meurtrières où nos soldats tombaient traîtreusement assassinés, sinon sans gloire, au moins sans profit.
Ces pertes, que parfois leur gravité ne permettait pas de taire, avaient en France un douloureux retentissement. Loin d’en rejeter la faute sur la politique suivie et de la modifier, une campagne d’imputations perfides contre l’armée commença. Si nos soldats tombaient encore çà et là sous les coups des pirates, la faute en était à nos officiers, qui faisaient naître les occasions de combattre au lieu de les prévenir, afin de satisfaire leur humeur belliqueuse et de réaliser « les projets d’avancement rapide, les espérances de croix et de galons qui hantent leurs cerveaux ».

Tirailleur chinois.
Et, dans une circulaire restée fameuse, il fut interdit aux postes de sortir de leurs enceintes, sous quelque prétexte que ce fût, sans une autorisation préalable.
Ce fut l’âge d’or pour les pirates. En présence de notre inertie, les bandes, libres de circuler et d’agir, osèrent piller les villages jusqu’en vue des postes. N’avaient-elles pas tout le temps de faire leur coup et de disparaître avant que l’autorisation de poursuivre arrivât ?
En revanche, si l’on s’affranchit du concours de l’armée, on augmenta les effectifs de la milice, qui, de force de police mise en chaque province à la disposition des résidents civils, devint une rivale de l’armée régulière. On sourit encore, au Tonkin, au souvenir de cette expédition de la Cac-Bâ où un résident supérieur jouait le rôle de commandant en chef, la douane celui de l’artillerie et la milice celui de l’infanterie !
Puis, afin de n’être pas obligé de combattre les pirates, on s’entendit avec eux.
Moyennant une indemnité mensuelle et des avantages variant selon l’importance du chef, celui-ci s’engageait à rester tranquille. On décora ces arrangements du nom de « soumissions ». La plus célèbre fut celle du chef chinois Luong-Tam-Ky.
Aux termes de la convention triennale qui fut signée en août 1890, on lui accordait une mensualité de 3.500 piastres (environ 12.000 francs) et l’immunité d’impôts dans toute l’étendue du vaste territoire dont l’administration et la garde lui étaient confiées. Il devait assurer cette garde avec 500 hommes. Défense était faite de pénétrer sur son territoire. Il arriva ce qui était à prévoir : il empocha et ne tint pas ses obligations.
C’était aussi — chose plus grave — la reconnaissance officielle d’une usurpation de territoire.
Les résultats d’une telle politique ne se firent pas attendre et voici le tableau de la situation, en 1891, six années après l’établissement du régime civil :
« A la faveur du trouble moral et matériel qui règne dans toute la population annamite du Tonkin, les malfaiteurs se livrent en tous les points du pays au vol à main armée ; mélangés aux patriotes rebelles, ils sèment partout le désordre, l’incendie et le massacre. On se bat jusqu’aux environs d’Hanoï. Il est peu de soirées, à la fin de 1890, qui ne soient éclairées par les incendies des villages autour des principales villes.
 » Dans toute la partie montagneuse du Tonkin, les pirates chinois sont les maîtres absolus du pays. Les rares habitants de ces régions leur paient régulièrement tribut ; nos troupes sont pour ainsi dire cernées par eux dans tous les postes ; elles ne peuvent ni les empêcher de circuler entre le Tonkin et la Chine, ni protéger le Delta contre leurs déprédatio

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