Mémoire d encre et de cendres
195 pages
Français

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Mémoire d'encre et de cendres , livre ebook

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Description

Anne deviendra l’instrument involontaire d’une gigantesque conjuration destinée à créer le miracle johannique.


Elle devra convaincre le Dauphin Charles du bien-fondé de l’intervention d’une pucelle de Lorraine, au risque de sa vie et de celle de son nouvel amour.


L’auteure dénoue pour nous le mécanisme politique qui nous fit croire abusivement à l’intervention divine, à travers Jehanne la Pucelle.



Deuxième tome de cette grande saga historique en plein Moyen-Âge, entre XIVe et XVe siècles, de la Touraine aux terres de Bourgogne, commencée avec Mémoire froissée, et qui conte le Moyen-Âge de l'intérieur, au quotidien, avec les désirs, les frustrations, les émotions, les ambitions et les échecs d'une femme, à la charnière du Moyen-Âge et de la Renaissance.


La saga se poursuit avec le tome 3, Mémoire d'exil.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 octobre 2015
Nombre de lectures 9
EAN13 9782374532783
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mémoire d'encre et de cendres
Tome 2
Christine Machureau
Les Éditions du 38
Personnages principaux
Anne Rameau, épouse Chauverson : C’est l’héroïne. Majeure et orpheline à quinze ans, elle va bâtir sa vie en fonction du destin de sa mère, herboriste et guérisseuse. C’est une jeune fille courageuse, habitée par la passion du savoir, de tous les savoirs. Bourgueil en Touraine, qui l’a vue naître, sera bientôt trop étroit pour elle… L’occasion va se présenter sous la forme d’un mystérieux livre, abandonné par un vieux juif érudit, médecin, venu d’Espagne. En femme forte et obstinée, elle part sur les routes dans ce XVe siècle ravagé par la Guerre de Cent Ans. Elle veut savoir ce que ce Livre contient, en faire traduire le contenu, l’étudier. Cette soif de connaissances est ce qui anime sa vie et le Livre va bouleverser le cours de son existence. Elle, qui se consacre à la santé des plus démunis va devoir affronter quelques personnages hauts en couleur et en pouvoir. Nicolas Flamel, Charles VII, la Duchesse de Bourgogne et d’autres encore. Elle en donnera un récit qui bouscule notre vision scolaire d’une Histoire bâclée.

Guillaume de Champlitte : C’est le séducteur. Par dérision, par déception… Il a traîné ses bottes bien loin de la France. Devenu chirurgien par tradition familiale, il exerce à Sens. Porteur d’un grand nom quelque peu terni, rien ne le projette dans l’avenir lorsque l’Amour (avec un grand A) donnera un sens à sa vie. Personnage surprenant, peu sympathique au départ, il se bonifie avec le temps, jusqu’à devenir attachant, loyal, courageux. Il participera à la première dissection du corps humain, autorisée par le Roi. Il nous fera partager l’intimité de Charles VI le Fol dans ses pires moments.

Louis Mauduis : C’est le domestique, celui qu’on voudrait tous avoir… Fidèle jusqu’au sacrifice, un peu roublard, opportuniste, totalement dévoué à sa maîtresse, Anne Rameau. Inculte, mais intelligent, il va patiemment tisser une toile qui fera de lui « l’indispensable Louis ». Il est devenu l’Intendant, puis l’homme de confiance… jusqu’à la mort. Il dévoile pour nous le paysage comico-utilitaire des dépendances des grandes maisons bourgeoises. Louis court… Louis sert… Louis veille…

Marcelline Gournai, épouse Champlitte : C’est l’ado rebelle, la résistante . Elle prend tous les risques pour choisir sa vie. Elle échappe à tout ! Au couvent, au mariage de convenance, à la révolte Cabochienne, à l’occupation anglaise. Elle ira jusqu’aux pieds d’Isabeau de Bavière pour faire approuver ses choix. Puis, le temps venu, elle tiendra sa maisonnée d’une main ferme. Anne Rameau, dont la sensibilité est tout autre, a tout de suite été séduite par cette jeune fille au déterminisme sans faille. Leur amitié perdurera leur vie durant.

Rémy Chauverson : De la difficulté d’être le fils unique de deux savants… Rivaliser est stérile, imiter reste frustrant. Une seule voie possible : la différenciation. Pour Rémy, l’architecture est une évidence. Là, cet enfant doué donnera sa pleine mesure. Il apprendra à ses dépens que les « Grands » ont des bassesses. Il tranchera dans le vif son lien le plus cher, à Bruges, qu’il a contribué à embellir.

Willemine von Hennenberg : Secrétaire de la puissante Duchesse Marguerite de Bourgogne, elle en est aussi la demi-sœur. C’est une femme de pure essence germanique. Une force à la fois morale et physique soutient une passion sans borne. Bonne vivante, elle a une haute conscience du pouvoir. Ce pouvoir, elle le fera sien à un moment donné avec un talent manipulateur. Ses habitudes, ses travers en font un personnage haut en couleur, qui ne passera pas inaperçu. Elle manie sa vie comme une lourde épée, à deux mains et à double tranchant.

Gaétan de Tayac : Adoubé chevalier par Charles VI lui-même, rescapé de la déculottée d’Azincourt, c’est le fils cadet d’une grande famille d’Aquitaine des bords de la Dordogne. N’héritant de rien, car cadet, il prit le métier des armes à bras-le-corps. Son âge, certain, ne l’empêche pas de vouer au fils la fidélité jurée au père. C’est un partisan absolu de Charles VII et de Yolande d’Aragon. D’une austérité toute militaire, aussi raide de caractère que sa jambe droite blessée à Azincourt, son charme subtil le couronne d’une aura médiévale et pure. Il est le lien, le pivot des rencontres importantes à la cour de Chinon.

Marguerite de Bavière, Duchesse de Bourgogne : Elle est une des filles du Duc de Bavière. Toutes ses sœurs ont épousé des rois. Elle deviendra duchesse par son mariage avec Jean sans Peur, Duc de Bourgogne. Jean sans Peur rêvera toute sa vie de reconstituer « La grande Lotharingie ». C’est une des clés pour comprendre ce qui a uni ce couple mirifique. L’ambition était un ciment plus sûr, plus solide que l’amour. Pendant que Jean courait les routes pour faire ou défaire les alliances, Marguerite, telle l’araignée au centre de sa toile, à Dijon, gouvernait. C’est une administratrice hors pair. On dirait de nos jours : une femme de tête dont l’intelligence était au-dessus de la moyenne. Sans être reine, elle règne et rêve aussi de la grande Lotharingie, vaste territoire unissant la mer du Nord à la Méditerranée. À la mort de son époux, son fils, Philippe le bon, seul héritier, lui laisse l’administration de la Bourgogne, reconnaissant là son savoir, sa pratique, son sens politique. Elle est à l’origine de la Conjuration johannique.

Nous rédigeons une note toute particulière sur un personnage qui n’occupe que quelques pages, au début de ce fulgurant récit, mais sans qui rien ne serait arrivé… Il s’agit de :

Abraham ben Simon : Abraham, bien sûr, c’est le Juif Errant. Il apparaît là, à un moment charnière, comme la clé du Destin. Le Doigt de Dieu en quelque sorte. Fuyant l’Espagne, il traverse la France malgré tous les dangers, pour transmettre, croit-il, un mystérieux Livre à une nouvelle communauté juive à Amsterdam. Anne va reconnaître un Mage… Elle recueillera cet ouvrage et sa vie basculera, et pas seulement la sienne. Ce Messager continuera son mystérieux chemin, pas différent des chemins des Messagers de Dieu, le chemin des nuages.
« Il faut que je lui dise, que je lui parle du Moyen-Âge, de cet anachronisme si humain… de quelque chose de gigantesque que je viens d’entrevoir à l’instant même, en une fulgurante intuition, et qui contient peut-être l’explication de notre destin, de notre présence ici aujourd’hui. » (Primo Levi. Se questo è un uomo. 1947)
I.
1424

Sommes-nous en guerre ? Où ne le sommes-nous pas ?
Une atmosphère de conflit fluctue autour de nous. Nous vivons dans une illusion de paix ou une alternative de guerre. Les Tricastins en cette année 1424 savent qu’ils sont anglais, mais, l’Anglais lui, ne sait plus qui il est ! De régence en régence, nous flottons sur la vague incertaine de pouvoirs illusoires.
Charles, notre Dauphin, à la mort de son père Charles VI le Fol, se fait appeler Charles VII. L’Anglais, lui, le nomme « le petit Roy de Bourges », ville où il s’est réfugié, sans argent, sans troupe et peu d’amis. La serre de l’aigle Lancastre se crispe sur plus de la moitié du Royaume et vaille que vaille, nous vivons.

Depuis deux ans, je maintiens du mieux que je peux la fortune de mon fils Rémy qui suit ses rêves de bâtisseur. Après beaucoup d’incertitudes, le bourgeois tricastin a vite compris le parti qu’il pouvait tirer de l’occupation anglaise et, petit à petit, le franc parisis s’est remis à circuler. Avec l’accord tacite des négociants, Maître Hennequin, Prévost, se fait de plus en plus seconder par son fils Estienne et le Conseil de la Ville se réunit toujours sous son égide malgré son âge avancé. À grands coups de muids de vin de Champagne, Georges Flemming approuve encore les décisions des notables. Disons qu’un équilibre… viticole nous laisse une large marge de liberté et peu à peu le courant des affaires reprend et s’amplifie. Le Duc de Bourgogne Philippe n’est pas moins dépensier que son père Jean et s’il soigne ses artisans, il n’a pas oublié les habitudes champenoises de son défunt père.
Il est le seul à vouloir encore guerroyer pour de bon et chercher noise au parti armagnac pourtant décapité et plus encore au Dauphin Charles qu’il rend responsable de la mort de son père Jean sans Peur, sur le pont de Montereau.
À cheval sur les trois gouvernances qui tiennent le Royaume, nous tirons les marrons du feu du mieux que nous pouvons. Seuls, pour l’instant, les aléas d’une campagne insécure causent des soucis de ravitaillement. Après deux hivers de famine, il fallut bien nous résoudre à fournir des gardes dans les environs de la ville afin que les maraîchers puissent cultiver la terre.

C’est dans cette atmosphère mitigée que je m’affaire jusqu’à l’épuisement pour oublier ma solitude. La librairie est subtilement achalandée grâce au Lorrain qui fut le second de Michel. Les terres rendent peu, mais pas plus mal que celles qui nous voisinent, sous la tenure de Guillaume de Champlitte, maître de la Commanderie de Payns. Médecin personnel de feu le Roi Charles VI, il loge avec sa famille dans un immeuble m’appartenant.

Après l’Angélus, nous mettons les volets sur le devant de l’échoppe et je reprends pied dans une réalité qui me désole. Rémy a quitté Troyes moins d’un an après la mort de son père et seul le travail me tire d’une torpeur qui recouvre ma vie d’un linceul.
Je conçois tout d’un coup l’injustice de cette sensation quand ma maisonnée fait tout pour me rendre le sourire. Je ne suis pas totalement esseulée, car ma domesticité dévouée vieillit doucement avec moi. Louis, mon fidèle Louis, rencontré sur la route qui me menait à Troyes, il y a vingt ans, n’a cessé d’être à mon service depuis ce jour. Notre très vieille Bertille, cuisinière de Michel depuis des lustres, surveille de très près les pots et les chaudrons, et dirige encore tout ce qui concerne le ravitaillement. Malgré le désir que j’en ai, je ne peux guère soulager ses jambes qui la portent à peine

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