Mémoires
51 pages
Français

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Mémoires , livre ebook

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Description

DE JEAN-JOSEPH TRAIZETCuré d’Ormois et de Gondreville, diocèse de Soissons, précédemment chanoine de Notre-Dame des-Vignes de la même ville, pendant les troubles arrivés à la suite de la convocation des États généraux par le roi Louis XVI. (1789 à 1802.)En conséquence des lettres de convocation des trois Etats, du 25 janvier 1789, je me suis rendu à l’Assemblée baillagère de Crépy-en-Valois, dont la première séance a été le 14 mars suivant.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 2
EAN13 9782346082483
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
( Tiré à 100 exemplaires.)

Jean-Joseph Traizet
Mémoires
NOTICE SUR L’ABBÉ TRAIZET
Le clergé français, décimé par la Révolution, jeté en exil, expirant sur les pontons ou dans les déserts brûlants de la Guyane, exerçant secrètement au milieu des plus grands périls et dans de nouvelles catacombes les fonctions du ministère sacré, sera l’éternel honneur de l’Eglise catholique.
Si l’on détourne les yeux des défaillances du présent pour contempler les grandeurs d’un passé déjà loin de nous, on se plait à voir ces jeunes prêtres persécutés. ces vétérans du sanctuaire, quitter, pour obéir à la voix de l’orthodoxie, leur famille, leur patrie, leur église, leur presbytère, leurs ouailles chéries au milieu desquelles ils devaient vivre et mourir. On aime à les contempler dans ces courses apostoliques, dans ces pérégrinations de l’exil, dans ces diverses étapes qu’il fallait faire pour arriver à l’échafaud, supportant avec une douce résignation, souvent même avec bonheur, les plus dures privations, accueillis au foyer de l’étranger et trouvant dans la charité chrétienne cette union internationale, cette confraternité des peuples, inutilement rêvées par les utopistes de notre temps.
L’intérêt redouble lorsque dans sa jeunesse, on a connu quelques-unes de ces nobles victimes de la conscience catholique, quelques-uns de ces obscurs héros de la foi et du devoir ; lorsque l’on a conversé avec eux qui avaient vécu dans un autre siècle, vu tout un autre monde et avaient ensuite traversé, pour passer dans le nôtre, des bouleversements inouis, et si surtout ils ont laissé après eux le récit simple, naïf et spontané de leurs jours de douleur.
Ce sont ces sentiments qui ont porté la Société historique, archéologique et scientifique de Soissons à consacrer un souvenir à l’un de ces prêtres vénérables, l’abbé Traizet, que plusieurs de ses membres ont vu dans son extrême vieillesse, et même à publier la narration circonstanciée des tribulations qui ont précédé et accompagné son émigration sur la terre étrangère 1 .
Jean-Joseph Traizet naquit à Soissons le 27 octobre 1738, d’une honnête famille de marchands qui, depuis deux cents ans, marquait dans la bourgeoisie de la ville et comptait parmi ses membres plusieurs dignitaires ecclésiastiques. Nous nous contenterons de signaler ici Martin Traizet, chanoine de Soissons et protonotaire du siége apostolique, décédé le 26 octobre 1672, dont on peut voir l’effigie sur une superbe dalle funéraire que possède le musée de la ville et dont la physionomie paraît se rapprocher, par un certain air de famille, du portrait de Jean-Joseph, qui se voit dans le même établissement.
Quoi qu’il en soit, le jeune Traizet se sentit de bonne heure une vocation fortement accentuée pour l’état clérical. On le fit étudier dans ce but, et il fut pourvu, dès sa troisième, d’un canonicat de Notre-Dame-des-Vignes de Soissons 2 . C’était alors l’usage de conférer aux jeunes clercs ayant reçu la tonsure, de petits bénéfices pour les aider à faire leurs études, surtout dans l’Université et dans les colléges et séminaires de Paris 3 . Muni des revenus de son canonicat, Traizet alla continuer ses humanités dans cette ville et entra au Séminaire des Trente-Trois ou de la Sainte-Famille sur la montagne Ste-Geneviève, où il connut l’abbé Gros, curé de St-Nicolas-du-Chardonnet et Jean René Asseline, évêque de Boulogne, si célèbre par sa résistance au schisme constitutionnel. Il suivit à la Sorbonne le cours d’Hébreu de l’abbé Ladvocat, dont le successeur dans cette chaire, fondée par le duc d’Orléans, fut ce même Asseline.
D’un caractère franc, ouvert et même jovial, l’abbé Traizet se distingua dans cette maison par sa régularité, son application au travail, la pureté de ses mœurs et son attachement inviolable aux saines doctrines de l’orthodoxie. La pénétration de son esprit, et, selon sa conviction, une protection spéciale de la Vierge Marie, le préservèrent des atteintes séduisantes du Jansénisme, fort en honneur aux Trente-Trois et dans presque toute l’Université de Paris.
De retour à Soissons pour y faire son grand séminaire, l’abbé Traizet y rencontra les mêmes opinions et les mêmes dangers. Cet établissement était alors en effet sous la direction des Oratoriens, qui professaient aussi les doctrines jansénistes. Après l’avoir quitté sous l’épiscopat de M. Langnet de Gergy, ils y étaient revenus sous celui de M. de Fitz-James, dont les sentiments étaient en rapport avec les leurs. Déjà très au courant de ces matières, l’abbé Traizet ne tarda pas à s’apercevoir de l’esprit faux de ses supérieurs et par conséquent à entrer en défiance contre leur enseignement. Il se lia même d’amitié et d’opinions avec plusieurs de ses condisciples dont l’un, nommé Flamant, devint curé de Clamecy, et cela dans le but avoué de ne pas laisser entamer sa foi par le Jansénisme.
Le supérieur ne cessait de déclamer, à la manière des partisans de cette erreur, sur les sujets si fort agités alors. « A quoi, répétait-il par exemple, à quoi songe le Pape de vouloir canoniser M. Vincent, tandis qu’il repousse et persécute Saint-Cyran ? » Il paraît du leste que ces bons pères se montraient plus sévères en réalité envers les autres qu’envers eux-mêmes. Un jour l’abbé Traizet, par un de ces traits d’espièglerie, dont il était coutumier, entr’ouvrit la porte du réfectoire et montra à ses amis qu’il y avait sur leur table du poisson à l’huile pour la collation, ce qui est défendu par la loi du jeûne.
En somme, ce contact avec des directeurs jansénistes eut pour effet d’affermir sa foi, qui devint si vive et si sensible, que souvent il ne pouvait s’empêcher de verser des larmes en lisant l’Ecriture Sainte ou quelque livre de piété. Un jour le supérieur cite dans une conférence un prétendu passage de saint Augustin favorisant son enseignement hétérodoxe « Mon père, s’écria l’abbé Traizet, je ne crois pas que saint Augustin ait dit cela » — « Venez dans ma chambre, lui répondit, sans hésiter, le supérieur, et je vous le montrerai » — « Oui, répliqua-t-il, mais à une condition c’est que j’y porterai mon Saint-Augustin. » Le défi accepté, il se trouva que dans le Saint-Augustin du supérieur il y avait un carton où ce passage était un texte falsifié.
Les conséquences de cet attachement déclaré à la doctrine de l’Eglise ne laissèrent pas que d’être fâcheuses pour le jeune lévite. Il porta ombrage aux directeurs qui reculèrent de deux ou trois ans son admission aux ordres sacrés. Il en conçut un dépit très naturel et très justifié. mais il ne perdit ni sa fermeté d’âme, ni même sa jovialité. A cette interrogation qu’on lui fit une fois : « Qu’est-ce qu’un legs pieux ? » il répondit en montrant du doigt son condisciple Flamant qui était à la fois fort laid et fort pieux.
Un changement de régime amena aussi un changement dans la position de l’abbé Traizet L’évoque janséniste, de Fitz James, étant mort le 19 juillet 1761, et Henri de Bourdeilles, son successeur, ayant pris possession du siége de Soissons, le 17 février 1765, les Oratoriens quittèrent le séminaire pour faire place aux Lazaristes et l’abbé fut promu à la prêtrise le 1 er juin de la même année par le nouveau prélat, lequel avait des sentiments opposés à ceux de son prédécesseur au point de vue doctrinal.
 
L’abbé Traizet, qui avait alors vingt-sept ans environ, c’est-à-dire deux ans de plus que l’âge requis pour la prêtrise, resta chanoine de N.-D.-des-Vignes, et fut nommé, au commencement de 1774, curé d’Ormois-le-Davien et de Gondreville, paroisses du doyenné de Collioles, situées sur les confins des diocèses de Soissons, de Meaux et de Senlis

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