Mossen Jacinto Verdaguer - Sa vie, ses œuvres, sa mort
39 pages
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Mossen Jacinto Verdaguer - Sa vie, ses œuvres, sa mort , livre ebook

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Description

Une des plus belles et des plus originales figures de notre époque est, sans contredit, celle du plus grand poète de l’Espagne, Mossen Jacinto Verdaguer.« Les critiques les plus éminents d’Europe ont parlé des œuvres du poète et le nom de Verdaguer a déjà pris sa place au temple de la gloire, buriné d’une manière ineffaçable par la main de la Renommée ; mais de sa vie, on en sait peu de chose au dehors, et, même dans la Catalogne, il ne s’en raconte que des épisodes auxquels on donne déjà une certaine façon de légende.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346114511
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Augustin Vassal
Mossen Jacinto Verdaguer
Sa vie, ses œuvres, sa mort
AD MEMORIAM PRÆCLARISSIMI POETÆ JACINTO VERDAGUER

Sicut Aquila in altissimis evolavit Sicut Columba canticis inenarrabilibus ingemuit.
Mossen Jacinto Verdaguer
SA VIE - SES ŒUVRES - SA MORT
SA VIE
Une des plus belles et des plus originales figures de notre époque est, sans contredit, celle du plus grand poète de l’Espagne, Mossen Jacinto Verdaguer.
« Les critiques les plus éminents d’Europe ont parlé des œuvres du poète et le nom de Verdaguer a déjà pris sa place au temple de la gloire, buriné d’une manière ineffaçable par la main de la Renommée ; mais de sa vie, on en sait peu de chose au dehors, et, même dans la Catalogne, il ne s’en raconte que des épisodes auxquels on donne déjà une certaine façon de légende. Nous essaierons donc d’esquisser au moins la silhouette de cette figure si sympathique, qui a, suivant d’où on la considère, la suavité de contours d’une mystique création de l’Ecole d’Ombrie, et qui, d’un autre point, nous présente les lignes saillantes et capricieuses d’une eau-forte de Rembrandt 1 . »
Où trouver dans l’histoire des grands hommes un autre type comme Verdaguer, en qui l’homme et le poète, le prêtre et l’artiste se trouvent fondus et identifiés si complètement ; de telle sorte que la vie de l’homme, soit qu’elle glisse paisiblement en des jours heureux, soit quelle coure péniblement en des moments de tribulation et d’épreuve, est toujours la vie laborieuse et féconde du poète, embellie plus tard et illuminée par toute la majesté et par toutes les splendeurs du sacerdoce.
Verdaguer naquit, le 17 mai 1845, au petit village de Folgueroles, dans le diocèse de Vich qui se glorifie d’avoir donné le jour à Balmès, dont la tombe prématurément ouverte se heurtait presque au berceau de l’enfant qui devait, un jour, comme lui, honorer la tribu sacerdotale. Comme le grand penseur le futur poète trouvera dans la majesté de la nature, même de la nature sauvage, plus d’inspirations que n’en peuvent donner les grandes villes. Il vint au monde au milieu des fleurs du printemps, salué par les chants du rossignol, celui qui devait si bien chanter et faire épanouir les plus belles fleurs de la poésie catalane.
Le nouveau baptisé reçut pour protecteurs les saints Hyacinthe, Sigismond et Raimond. Un nom de prêtre et des noms de roi étaient bien choisis pour celui qui devait être un mystique et le Roi de la poésie.
Son père était un honnête et vaillant tailleur de pierres qui savait quitter le ciseau et le marteau pour prendre la pioche et la charrue. Sa mère, Joséphine Santalô, active et silencieuse, partageait les heures de sa vie entre l’église et le foyer domestique. Elle fut son premier maître en poésie. Le fils sera digne d’une telle mère.
Ma mère bien-aimée se plaisait beaucoup à la lecture du Dévot Pèlerin, du P. Castillo. Lui en ayant entendu lire des passages, alors que je jouais encore sur ses genoux, je sentis naître dans mon cœur le désir — n’était-ce pas plutôt un rêve — de visiter la Terre Sainte. »
Aux mois d’avril et mai 1886, le grand poète réalisait ce rêve d’enfant dont il nous a laissé le touchant récit dans le Journal d’un Pèlerin en Terre Sainte, où il était allé « se retremper dans les flots de ce divin soleil qui ne se couche plus désormais, de ce soleil qui vivifie les intelligences et les cœurs, et qui est le véritable centre de la vie universelle. »
Cette mère admirable, il la pleurera dans une de ses plus émouvantes poésies : A la mort de ma Mère.
« Dans la maison tout pleure jusqu’aux saints (dans leurs cadres) qui furent ses amis..... »
Ils ne devaient pas jouir longtemps de leur Jacinto. Dieu les rappela à Lui au commencement de sa glorieuse carrière.
Guidé chrétiennement, le jeune Verdaguer grandissait dans cette fortifiante solitude. Intelligent et pieux, il se sentit appelé de bonne heure à la vocation ecclésiastique.
Les portes du Séminaire de Vich s’ouvrirent devant lui, et, comme plusieurs de ses camarades, il dut gagner sa vie en se plaçant en qualité d’instituteur dans une métairie distante d’une petite heure, où il travaillait les jours de vacance, à la culture de la terre, comme un pauvre journalier. Peine du corps et travail de l’esprit, c’était plus dur que la vie des autres. Il trouve encore le temps d’être poète, et l’Echo de la Montagne, journal de Vich, publie (en 1866) à son insu et à son grand regret, un petit poème religieux.
Nous le laissons parler lui-même :
« Ce chant, dont les modestes prétentions se bornaient à être lu dans un cercle de condisciples, est l’œuvre d’un jeune poète qui est né et s’est formé, comme la rose de berger, dans un coin de montagne, sans jardinier ni tuteur, et dans les moments perdus ou dérobés au sommeil d’un été, durant lequel il était attaché à la culture de la terre ; car tels furent jusqu’alors et je ne m’en plains pas du tout, mes journées de vacances.
Ah ! je m’en souviens bien encore ! A l’heure de la méridienne, tandis que les autres serviteurs, étendus de tout leur long à l’ombre rafraîchissante d’un chêne chargé d’ans (cela vaut bien le recubans sub tegmine fagi de Virgile) s’abandonnaient aux rêves fortunés de la jeunesse, je m’efforçais, moi, accoudé à quelque distance sous un autre ombrage, de déployer les ailes de l’esprit et de m’élever à un monde d’illusions et de vie que j’entrevoyais là-haut, loin, loin, par une fente, entre de petits nuages dorés, tout en luttant avec mes paupières, qui, lourdes comme le plomb, tombaient abattues sous le poids de la matinée et de la fatigue. Lorsque, sur le soir, les outils au cou, nous nous en retournions pas à pas à la ferme, en fredonnant des chansons du vieux temps, qui sont le lait dont je me nourris, je m’en privais et restais en arrière, soit pour songer tout à mon aise, soit pour faire entrer dans une stance une pensée qui m’éblouissait, ou plier à mon gré une consonnance qui résonnait très agréablement à mes oreilles. Quand, ensuite, toute la maison prenait le frais, sur le seuil de la grande porte ou sur les bords des champs voisins ; que les jeunes valets espiègles cherchaient des vers luisants qui, les sots, éclairaient eux-mêmes ceux qui voulaient les emprisonner dans leurs profondes barretines 2 , et que les vieux racontaient des histoires et des choses d’autrefois, on m’aurait trouvé, moi, dans la solitude de ma chambre, ruminant, ou bien vidant sur le papier ce qui s’était dessiné ce jour-là dans mon imagination ; et l’ Angelus tintait, et le coq chantait et rechantait encore, et les poules, languissant la clarté du jour et se retournant de ci de là sur le perchoir, caquetaient, que j’étais encore à jeun de fermer les paupières pour le premier somme. Que de fois les douze coups de minuit, bourdonnés par l’horloge de mon village, me surprenaient la plume aux doigts, le front dans la main gauche, et l’étoile de l’aube me revoyait bientôt accoudé sur la table ! Que de fois, entendant à la descente vers les champs, traîner la charrue pesante, je devais laisser pour la veillée suivante une pensée belle, séduisante, si vous y tenez, et remettre la plume à l’encrier, pour empoigner le manche du hoyau ou le bâton du fouet grondeur. »
Puis, s’excusant humblement des défauts de son premier essai épique, qui était un tour de force pour un jeune homme n’ayant pas vingt ans accomplis, et offrant ce fruit précoce à la patrie ausétane, il disait, en terminant, à ses amis :
« Je ne puis vous en donner d’autre pour à présent, tant ont été clairsemées les fleurs que j’ai trouvées dans mes vingt années de voyage sur la terre, et si nombreuses les épines que j’ai dû fouler pour les avoir. Et si j’ai trouvé si peu de fleurs, au printemps de ma vie, que sera-ce lorsque le glacial décembre changera en neige mes cheveux blonds ? Mais, du moins, encore que Dieu ne m’ait pas donné une intelligence, comme il m’a donné un cœur, qu’il ne m’ait pas do

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