Observations et pièces relatives à la convention d El-Arisch
53 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Observations et pièces relatives à la convention d'El-Arisch , livre ebook

53 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

LA mauvaise foi et la perfidie, quels que puissent être leur succès, échappent rarement à le réprobation publique ; mais comme le malheur de s’être trompé à son préjudice est en même tems un objet de censure et un sujet de honte, et comme les revers éclatans sont singuliérement propres à exciter et à fixer l’attention générale, on peut être assuré que quand les hommes sont appelés à juger des actions que la morale a proscrites et que la fortune a punies, ou des entreprises qui portent dans leurs motifs et dans leurs résultats le double caractère de la mal-adresse et de la déloyauté, rien ne peut soustraire leurs auteurs à l’opprobre qu’ils ont mérité.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346114658
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Alexandre-Maurice Blanc de La Nautte
Observations et pièces relatives à la convention d'El-Arisch
OBSERVATIONS ET PIÈCES RELATIVES A LA CONVENTION D’EL-ARISCH
LA mauvaise foi et la perfidie, quels que puissent être leur succès, échappent rarement à le réprobation publique ; mais comme le malheur de s’être trompé à son préjudice est en même tems un objet de censure et un sujet de honte, et comme les revers éclatans sont singuliérement propres à exciter et à fixer l’attention générale, on peut être assuré que quand les hommes sont appelés à juger des actions que la morale a proscrites et que la fortune a punies, ou des entreprises qui portent dans leurs motifs et dans leurs résultats le double caractère de la mal-adresse et de la déloyauté, rien ne peut soustraire leurs auteurs à l’opprobre qu’ils ont mérité.
Le gouvernement anglais a violé la convention d’El-Arisch. Les suites de cet événement ont fourni à l’aimée d’Egypte l’occasion de se montrer supérieure à elle-même et ont affermi dans les mains des Français la possession d’un pays qui est devenu pour eux le prix de deux honorables conquêtes. Les Anglais voulaient porter un coup mortel au commerce extérieur de la France, et ils n’ont fait qu’intéresser de plus en plus la France à la conservation d’une contrée. qui peur compenser pour elle la perte ou la décadence de ses autres colonies. Ils voulaient humilier une des plus braves armées de l’Univers, et ils l’ont mise à portée de se couvrir de gloire. Ils voulaient se soustraite à l’obligation d’entretenir dans les, mers du Levant des croisières dispendieuses, et le Levant est devenu, plus que jamais pour eux, l’objet de leur jalouse sollicitude. Ils voulaient se faire un mérite auprès de la Porte, de lui livrer sans défense une armée de vainqueurs, et ils ont livré au fer de ces vainqueurs l’armée innombrable de. leur allié.
Un tel contraste entre les vues et les résultats serait à lui seul un sujet amer de confusion et de douleur. Quelle doit en être l’impression, quand à la mortification d’avoir manqué de prévoyance et de discernement, se joint le regret humiliant de s’être rendu coupable d’une bassesse sans succès ?
Les ministres anglais ne cessent de faire retentir les tribunes du parlement de vaines dénégations et de frivoles apologies. Les journaux qui leur sont dévoués, les notes officielles de leurs ministres, les proclamations royales enfin, sont remplies d’explications, de justifications, de récriminations contre la France. Ce n’est pas la Fiance qui accuse le gouvernement anglais, c’est l’Europe entière ; ce n’est pas à la France à rendre compte de la violation de la convention d’El-Arisch ; cette violation avait pour objet de faire périr une de ses armées ; cette violation a surpris l’armée française au moment où elle achevait d’évacuer l’Egypte, et quand elle n’avait plus ni places fortes ni choix de positions militaires, quand elle était enfin réduite à l’espace qui renfermait son camp pour se défendre.
Tel est le véritable aspect de la question. La convention d’El-Arisch n’était-elle pas violée, quand les Français ont repris les armes ? A cette époque, cette convention n’était-elle pas devenue, par la conduite de l’amiral Keith, un piége tendu à la loyauté des Français. A la faveur de ce piège, l’armée française n’avait-elle pas livré à ses ennemis tous les puits du désert, toutes les places fortes qui en défendent les débouchés, Katieh, Salahieh, Belbeys, Damiette ? Ne devait-elle pas remettre aux Turcs, dans deux jours, la citadelle du Kaire qu’elle avait déjà désarmée, dont les canons avaient déjà descendu le Nil pour être embarqués avec elle ? Pouvait-elle donner des preuves plus franches, plus généreuses de sa confiance et de sa bonne foi ? Devait-elle s’attendre que, près du moment où toutes les obligations qu’elle avait contractées seraient accomplies, l’ennemi débuterait par refuser de remplir les siennes ? Ce refus n’était-il pas, aux yeux de l’armée française, la démonstration manifeste de la perfidie du gouvernement anglais ? Ne signalait-il pas la rupture d’une convention qui avait été sacrée pour elle ? et, quel que fût le motif de ce refus, n’imposait-il pas tout à la fois aux Anglais et aux Turcs de rétablir les choses dans l’état où elles étaient avant la convention ? L’armée française n’a-t-elle pas été forcée de reprendre, par des prodiges de valeur et de bonne conduite militaire, les avantages que sa bonne foi lui avait fait perdre ? Enfin, si la bataille livrée sous les murs du Kaire avait été donnée à Katieh, un seul ennemi se serait-il échappé du combat ? ou s’il avait cherché son salut dans la fuite, aurait-il, dans cette position, trouvé près du champ de bataille un asyle tel que celui que lui a ouvert le Kaire dont il s’est emparé, dont il a soulevé l’immense population, et où l’armée française a été forcée de faire le siége de chaque quartier, de chaque maison, de chaque rue ?
La question présentée sous ces divers points de vue ne laisse certainement lieu à aucun doute. Mais sous quelque point de vue qu’on la discute, on arrive nécessairement aux mêmes résultats. Aussi les ministres anglais ont-ils soin de mettre cette question hors de discussion. Leur demande-t-on des explications ? ils déclament. Leur adresse-t-on de vifs reproches sur les conséquences du refus absolu de l’amiral anglais, de laisser embarquer l’armée française ? ils injurient l’armée française. Sont-ils pressés sur les pouvoirs donnés au commodore Sidney Smith, sur ses instructions, sur les ordres expédiés au commandant des forces navales de la Méditerranée ? ils se renferment dans le privilége de leur office.
Assurément si l’opinion générale était aussi passive, et l’histoire aussi crédule que les membres du parlement d’Angleterre, il serait extrêmement facile aux ministres de cette nation de manquer impunément de prudence, de bienséance et de loyauté. Mais il en est autrement : l’opinion générale et l’histoire n’établissent leurs jugemens que sur des raisonnemens et sur des faits. Nous allons leur en fournir.
Nous croyons, avant tout, devoir faire précéder ce développement de la transcription d’une lettre de sir Sidney Smith à bord du vaisseau le Tigre, devant Damiette, au général Kleber. Elle est datée du 26 octobre 1799.
N°. I er

A bord du vaisseau de S.M. britannique , le Tigre.  — Devant Damiette, le 26 octobre 1799 ; reçue le 5 brumaire.
 
MONSIEUR LE GÉNÉRAL,
La lettre que le général Bonaparte a écrire à son excellence le suprême visir, en date du 17 août (30 thermidor), ainsi que celle que vous lui avez adressée en date du 17 septembre (premier jour complémentaire), demandent une réponse ; et comme la Grande-Bretagne n’est pas auxiliaire mais bien puissance principale dans la question à laquelle ces lettres ont rapport depuis que les cours alliées ont stipulé entre elles de faire cause commune dans cette guerre, je puis y répondre sans hésitation, dans les termes du traité d’alliance signé le 5 janvier dernier.
« Par l’art. I er ., sa majesté britannique, déjà liée à sa majesté l’empereur de Russie par les liens de la plus stricte alliance, accède, par le présent traité, à l’alliance défensive qui vient d’être conclue entre sa majesté l’empereur ottoman et celui de Russie. Les deux hautes parties contractantes promettent et s’engagent de s’entendre franchement dans toutes les affaires qui intéresser

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents