Souvenirs d Afrique et d ailleurs
128 pages
Français

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Souvenirs d'Afrique et d'ailleurs , livre ebook

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Description

QUARANTE kilomètres de mer séparent le cap de Garde du cap Rosa et constituent l’entrée du golfe de Bône, lequel regarde directement l’orient : ce qui explique la placidité habituelle de sa vague azurée, les vents dominants étant ceux qui viennent de l’occident. De ce côté même, le littoral se fait remarquer par la brusque élévation des contreforts de l’Edough, dont la crête atteint mille mètres d’altitude et abrite complètement la plaine de Bône contre l’influence du large.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782346102112
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Antoine Badour
Souvenirs d'Afrique et d'ailleurs
En tête de ces quelques feuilles j’inscris un nom qui, pour être le mien, fut avant tout et surtout celui de mon oncle, parrain et bienfaiteur,
 
ANTOINE BADOUR

PRÊTRE
Né à Tulle le 1 er novembre 1801, Mort à Tulle le 19 novembre 1868.
J’ai précieusement cultivé et je cultive toujours au plus profond de mon être le très-cher souvenir de cet homme excellent et qui je dois ce que je suis, de ce fils incomparable dont l’exemple n’a jamais cessé de me servir de guide sûr et vrai.
N’est-ce pas à lui que je dois aussi la verte et heureuse vieillesse de mon père et de ma mère, dont j’espère bien dans un avenir prochain avoir l’ineffable joie de fêter les Noces de Diamant, sicut olim aureas nuptias inter pocula, parentes et amicos ?
En quaouque lé que chiaz, che faï tsaoud, che y o de l’aïguo que bougno é oun ch’emboulégoun de las herbas crebadas o fiour deï chor ; ou enquéra che remudaz de lo terro negro paou ou prou trempado  ; mefiaz vous de las feoures.
Maï qu’oyour, oco es vraï per l’Africo, é coumprenez perque.

 (Patois de Tulle, mon pays natal, mes premières amours).
En quelque lieu que vous soyez, s’il fait chaud, s’il y a de l’eau stagnante où s’enchevêtrent des herbes mortes à fleur de terre ; ou encore si vous remuez de l’humus plus ou moins humide ; méfiez-vous des fièvres.
Plus qu’ailleurs, cela est vrai pour l’Afrique ; vous comprenez pourquoi.
Omnis scientia sœpè Nihil aliud est quàm reminiscentia.
J’ai réuni en un faisceau ces articles divers où il est question des choses de l’Afrique et quibusdam aliis, parce que j’ai eu du plaisir à les commettre et parce qu’à les voir ainsi brochés et faciles à prendre, j’en ai à les relire.
Voici d’ailleurs comment cela se fit.
En février 1884, le président de la Société nationale d’acclimatation de France, M. Bouley (de l’Institut), m’honora d’une lettre par laquelle il me demandait mon appréciation sur les effets des plantations d’eucalyptus au point de vue de l’assainissement des bords du lac Fedzarah.
Je m’empressai de déférer à cette demande par une courte réponse que je croyais destinée à quelque fond de tiroir et qui, à ma grande surprise, fut insérée dans le n° 3 du Bulletin mensuel de cette société.
J’y disais ce qui suit :

« Il est incontestable que les plantations d’eucalyptus sur les bords du lac Fedzarah ne peuvent qu’être très utiles au point de vue sanitaire.
Seulement ce qui existe actuellement n’est rien en comparaison de ce qui serait nécessaire, vu la grande surface des bords vaseux du lac et la nature marécageuse des terrains environnants.
Et la preuve en est dans l’insalubrité permanente et trop manifeste des localités voisines : Aïn-Mokra et le Mokta-el-Hadid, pour citer celles sur lesquelles j’ai des données précises.
Les gendarmes d’Aïn-Mokra sont tous malades et je suis, à chaque nouvelle inspection, obligé de provoquer un déplacement pour la plupart d’entr’eux.
Les détenus militaires employés au Mokta et les zouaves qui les surveillent fournissent seuls dans cette saison les fiévreux de l’hôpital militaire.
Pendant l’été, la proportion de ces malades est si grande, que l’an dernier le commandement a pris le parti de supprimer le travail.
Et il en est résulté ce fait remarquable, à savoir que les hospitalisations ont diminué des deux cinquièmes.
Il importe d’ailleurs d’ajouter que l’élévation presque constante de la température et de l’état hygrométrique de l’air, sur un sol aussi riche en humus que possible, sont des éléments pathogéniques avec lesquels il faudra toujours compter dans cette contrée.
Même sur des points relativement élevés, il n’est pas de détachement de soldats préposés l’été à la garde des forêts, qui ne fournisse un énorme contingent de malades telluriques. »
C’était catégorique et mon opinion allait carrément à l’encontre des idées ayant cours. Mais ces quelques lignes, quand je les vis imprimées, me sautèrent aux yeux par leur brièveté et je formai dès lors le projet d’y mettre une rallonge.
D’ailleurs, l’expédition de Tunisie avait ravivé la question de la malaria africaine et donné un regain de notoriété pathologique au port de Bône, Où s’opéra la masse des débarquements et où vinrent aboutir de nombreuses évacuations.
C’était donc l’heure juste, à preuve encore les dernières lances rompues par le vaillant athlète qui, aux premiers jours de l’occupation algérienne, lutta victorieusement pour la quinine et dont j’avais la bonne fortune d’être un des successeurs, très modeste bien entendu, comme médecin en chef de l’hôpital militaire de cette localité de pestilentielle mémoire.
J’y ai passé quatre années et demie.
Plus tard, directeur du service de santé de l’armée à Constantine, dont j’ai parcouru toute la province, j’y ai trouvé la fièvre jusque sur les lieux les plus élevés.
Entre temps, médecin en chef des grandes manœuvres ou des ambulances du corps expéditionnant en Basse-Tunisie, je l’y ai également observée, toujours et partout identique à elle-même, et je l’y ai subie comme ailleurs, ayant ainsi l’occasion d’analyser sur ma propre fibre ses classiques effets.
Et les mille rapports, venant de tous les points, insistaient à l’unisson sur cette note sensible qui domine la situation forcément et invariablement.
Sur quoi je préludai en formulant l’ordonnance suivante avec ma meilleure encre, pas si bonne pourtant que la drogue y inscrite n’ait bien d’autre valeur.
NOTE SUR LA MALARIA DE L’ALGÉRIE ORIENTALE
(OCTOBRE 1884)

*
* *
D EPUIS quelque temps, à propos de Bône surtout, on dit et l’on redit que la fièvre disparaît en Algérie, que l’extension de la culture et les plantations la refoulent et même l’annihilent, que la vieille Numidie devient un Eldorado au point de vue sanitaire. D’aucuns prétendent aussi que l’ombre de l’eucalyptus a une vertu spécialement prophylactique à l’endroit de la malaria.
Eh bien, quand on a vécu quelques années en Algérie et qu’on y a été placé de façon à voir de près ce qui est, on a une opinion tout à fait contraire et l’on répond que la fièvre n’y disparaît pas et qu’elle y est ce qu’elle y a toujours été : la maladie endémique dont le sol et le ciel, sous ce rapport inépuisables, recèlent la cause permanente et fatale.
En bas, c’est la matière organique tellement abondante que des plaines entières et même des coteaux mesurent en épaisseur plusieurs mètres d’humus. En haut, ce sont les ardeurs solaires qui ne s’apaisent momentanément que pour laisser la terre se détremper de nouveau. Et ces trois éléments : matière putrescible, chaleur intense, humidité sont liés à tel point que nulle part, en dehors des précautions hygiéniques, il n’est possible d’échapper à leur action combinée.
Sur le littoral, c’est vrai dans toute l’acception du mot. Là, jamais de froid, un état hygrométrique toujours très élevé et du soleil plein l’espace. Aussi l’impaludisme y règne-t-il en maître avec ou sans marais ! Il suffit d’y gratter le sol pour en soulever le miasme. La saison hivernale en atténue la force avec ses pluies abondantes, ses jours moins longs et sa température abaissée ; mais l’été y est impitoyable et, sur les cultures comme au bord des

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