Souvenirs de l invasion et du siège de Paris
77 pages
Français

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Souvenirs de l'invasion et du siège de Paris , livre ebook

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Description

Château-Thierry, 8 septembre 1870. Tout semblait perdu depuis la capitulation de Sedan. Dès le 8 septembre, on savait que les Prussiens étaient à Épernay. Par conséquent, on s’attendait, chaque jour, à leur arrivée. La panique était à son comble, la moitié de la population avait pris la fuite. Toutes les boutiques demeuraient closes.Le 8, cinq dragons prussiens, baptisés comme toujours du nom de uhlans, firent leur entrée dans notre ville, que le sous-préfet et la gendarmerie avaient déjà quittée, conformément aux ordres reçus.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
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EAN13 9782346071029
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Charles Maciet
Souvenirs de l'invasion et du siège de Paris
Les documents qui ont été insérés dans ce travail sont en la possession des familles Aman Jean, Bisson et Josseau. Que tous veuillent bien agréer l’expression de ma profonde gratitude.
M me MACHET en 1868

M. CHARLES MACHET en 1868

M. JULES MACHET en 1870-71
PRÉFACE
Dans le musée des Arts décoratifs, à l’entrée de la bibliothèque, un bas-relief, œuvre de M. Alfred Lenoir, vient d’être placé, par les amis de Jules Maciet. Sa modestie toujours excessive et quelque peu ombrageuse, protesterait, peut-être, contre cet honneur ! Mais il saurait gré à un talent ingénieux et finement psychologique, d’avoir su si bien comprendre et interpréter les joies exquises du collectionneur. Ému, en outre, du témoignage touchant donné à sa mémoire, il accepterait de demeurer toujours présent, dans un milieu tant aimé de lui !
Il appartient à d’autres d’apprécier le discernement artistique de Jules Maciet, son goût si averti, si critique, si ennemi de la routine et du convenu ! Qu’il me soit seulement permis, aujourd’hui, de rassembler et d’annoter quelques-unes des pages écrites, par lui et par son père, durant l’année terrible.
Au moment de nos désastres de Wissembourg et de Frœschwiller, à peine remis d’une maladie grave, Jules Maciet quitta Château-Thierry, où ses parents passaient, d’ordinaire, la belle saison et il vint, à Paris, s’engager dans la mobile. Un de ses amis, alors officier, au 16 e bataillon de la Seine, reçut confidence, lorsqu’il était à peine convalescent, d’un projet aussi généreux. On lira plus loin, avec émotion, les scrupules d’une modestie toujours en éveil, qui redoutait, dans ses actions, la moindre apparence de fanfaronnade. En agissant avec tant d’abnégation, alors que d’autres n’auraient songé qu’à éviter le danger, Jules Maciet ne crut rien faire d’extraordinaire. Il était de ceux qui accomplissent sans tapage leur devoir et qui haïssent les phrases.
Le 10 août, les formalités de son engagement terminées, il annonça cette nouvelle à ses parents, leur indiquant brièvement ses dernières volontés, en cas de malheur. Il ajoutait que son ami Georges Bihourd 1 lui avait confié un testament et il donnait quelques renseignements à ce sujet.
M. et Mme Maciet embrassèrent leur fils à la gare de Château-Thierry, quand, le 14 août, il y passa pour gagner le camp de Châlons. Ils ne le revirent pas, à son retour, vers Paris, qui s’effectua par Reims. Jules Maciet supporta, avec bonne humeur, tous les ennuis, toutes les fatigues inévitables à un troupier, qu’aggravaient, encore, l’affolement et l’incohérence d’une administration en déroute. Débuts assez rudes qu’une marche de neuf lieues, vers Reims, pour un homme encore faible, assez peu entraîné aux exercices du corps. Campé ensuite près de Joinville, il notait, sans aucune prétention d’écrivain, mais avec finesse, les principales scènes dont il était le témoin. On possède ainsi de petits croquis, bien enlevés, où sont saisies, sur le vif, les moeurs si étranges de la troupe au milieu de laquelle il vivait ; bataillons composés de « baïonnettes intelligentes », de petits bourgeois frondeurs, d’ouvriers parisiens noceurs, nerveux, prompts à acclamer la verbosité de Trochu, alors leur idole, ou à jouer du couteau contre les sentinelles, gardant le chemin de fer et empêchant les mobiles d’aller se distraire, à Paris.
Le 5 septembre, il s’échappa du camp de Joinville, probablement sans permission, car la discipline, d’après son témoignage, était fort relâchée. Sur la place de la Concorde, sur les boulevards des Italiens et de Montmartre, grouillait une foule hurlante et compacte, où se confondaient des ouvriers, des soldats, des gardes nationaux et des mobiles. Le reste des boulevards paraissait désert, traversé, de temps en temps, par un groupe bruyant, qui gagnait le centre de la ville. Au camp de Joinville, lorsqu’il y revint, tout le monde se félicitait de la République. Il semblait que l’on fût sauvé par ce mot magique ! On en oubliait les Prussiens ! Vers trois heures du matin, une alerte réveilla les hommes. Ils prirènt les armes. Des voyous rôdaient alentour et parlementaient avec les sentinelles, pour s’emparer des fusils. La contenance décidée des mobiles surprit les émeutiers, qui n’insistèrent pas et disparurent.
A Paris, cette fièvre républicaine effrayait les gens paisibles. Les anciens fournisseurs de la Cour enlevaient, de leurs devantures, les écussons impériaux. Des exaltés arrachaient aux soldats leurs boutons d’uniformes, parce que l’aigle y était estampillé. On ne songeait plus à Bazaine, ni au blocus probable de son armée ; qu’importaient aux Parisiens, les forces presque anéanties de Mac-Mahon ! Jules Maciet ne partageait pas cet aveuglement, mais il se laissait gagner par la contagion de cet optimisme et je ne serais pas étonné que, l’inexpérience de la jeunesse aidant, la légende des volontaires de 1792 n’eût hanté sa mémoire, encore toute fraîche des souvenirs universitaires. La garde mobile lui paraissait, alors, une troupe suffisamment solide. Il est vrai qu’il ne la jugeait que d’après son bataillon, le 6 e , un des meilleurs de Paris. Sa seule crainte était que le gouvernement ne se hâtât de conclure la paix. Il voulait se battre !
Nous ne suivrons pas Jules Maciet dans ses différentes étapes, autour de la capitale. Il courut rarement de grands dangers et se plaignit, surtout, de fatigues excessives et de corvées fastidieuses. Les bons gîtes furent rares, par cet hiver si rigoureux ; lui et sa compagnie ne se trouvèrent bien qu’à Bagatelle, chez lord Hertford, et dans les écuries du château de Saint-Cloud. Dans une lettre, il décrit, avec verve, les délices d’un pareil séjour ! On avait de l’eau à discrétion, dans des bornes-fontaines, on couchait sur de la paille, dans des boxes, aménagées, autrefois, pour les chevaux impériaux ; des fricoteurs découvraient une cave fort bien montée : le rouge, le blanc, le Champagne, même, coulaient à flots, pendant vingt-quatre heures ; des chasseurs improvisés s’éparpillaient, dans les bois, et tentaient d’abattre, au risque de s’entre-tuer, avec leurs fusils de munition, le gibier réservé, jadis, au divertissement du souverain déchu.
Les journées les plus terribles qu’il traversa furent celles des 28 et 29 décembre 1870, au plateau d’Avron 2 . Il y fut bombardé, pendant quarante-huit heures. Malgré une pluie de projectiles, on ne compta, autour de lui, que peu de morts. Une seule bombe, cependant, blessa un commandant, tua deux capitaines, un lieutenant, un sous-lieutenant, un aumônier et un sergent, qui s’étaient réunis, dans la même chambre, pour y déjeuner.
Quand il obtenait une permission, Jules Maciet se rendait chez son grand-père, M. Jean L’Heullier, que les contemporains de son petit-fils n’ont certes pas oublié. Ils s’assirent, plus d’une fois, le jeudi, à sa table hospitalière et quelques-uns virent cet aïeul incomparable porter, lui-même, à Jules Maciet, malgré ses soixante et onze ans, sur le champ de bataille, des provisions qu’il pourchassait, dans Paris, à prix d’or. Elles étaient si abondantes que toute l’escouade en profitait. Dans la journée du 28 décembre, malgré le feu des batteries prussiennes, M. Jean L’Heullier s’avança jusqu’au plateau d’Avron et dut se retirer parce que son cocher rebroussa chemin. Il revint le lendemain ; un obus tomba à quinze mètres de lui, comme son petit-fils le reconduisait à sa voiture et il ramassa, tout chaud encore, un éclat du projectile. Un jour de verglas, ce vieillard, glissant à chaque pas, avec ses provisions, finit par se traîner sur les mains, jusqu’à la tranch&

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