Sur la statue antique de Vénus Victrix - Découverte dans l île de Milo en 1820
43 pages
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Description

LA déesse de la beauté, en naissant jadis au sein de l’onde, ne causa pas plus de rumeur parmi les dieux et les mortels qu’elle n’en excite aujourd’hui parmi les artistes et les connoisseurs, qui se pressent à l’envi de payer leur tribut d’admiration et d’hommage à ce chef-d’œuvre de l’antiquité ; c’est un astre nouveau dont l’apparition répand sur l’art des anciens de nouvelles lumières. Vénus, privée d’une partie de ses charmes, l’emporte encore sur les divinités qui l’entourent, et semblent former sa cour ; Diane seule lui dispute le prix de la beauté ; et si la belle déesse de la chasse, que la France doit à Henri IV, ainsi que plusieurs autres chefs-d’œuvre antiques, atteste tout ce que le bon roi fit pour les arts, la Vénus de Milo, rappelant à la postérité et le goût de Louis XVIII pour les beaux-arts, et l’éclat dont il les fit briller, prouvera que le feu sacré allumé par François Ier a été conservé par ses descendants.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346122202
Langue Français

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À propos de Collection XIX
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Frédéric de Clarac
Sur la statue antique de Vénus Victrix
Découverte dans l'île de Milo en 1820
NOTICE SUR LA STATUE ANTIQUE DE VÉNUS
DÉCOUVERTE DANS L’ILE DE MILO
LA déesse de la beauté, en naissant jadis au sein de l’onde, ne causa pas plus de rumeur parmi les dieux et les mortels qu’elle n’en excite aujourd’hui parmi les artistes et les connoisseurs, qui se pressent à l’envi de payer leur tribut d’admiration et d’hommage à ce chef-d’œuvre de l’antiquité ; c’est un astre nouveau dont l’apparition répand sur l’art des anciens de nouvelles lumières. Vénus, privée d’une partie de ses charmes, l’emporte encore sur les divinités qui l’entourent, et semblent former sa cour ; Diane seule lui dispute le prix de la beauté ; et si la belle déesse de la chasse, que la France doit à Henri IV, ainsi que plusieurs autres chefs-d’œuvre antiques, atteste tout ce que le bon roi fit pour les arts, la Vénus de Milo, rappelant à la postérité et le goût de Louis XVIII pour les beaux-arts, et l’éclat dont il les fit briller, prouvera que le feu sacré allumé par François I er a été conservé par ses descendants. Que seroit-ce si la déesse nous eût apparu avec tous ses charmes, et telle que la forma l’habile artiste au génie duquel nous la devons ? Que de regrets les beautés qui existent encore ne font-elles pas éprouver pour celles que le temps nous a ravies ? Si les marbres du Parthénon, transportés en Angleterre, ont fait époque dans l’histoire des arts, la découverte de notre statue, qui réunit dans un haut degré toutes leurs beautés diverses, n’en offrira pas une moins importante, et l’admiration raisonnée des hommes les plus habiles l’a déja placée au premier rang des ouvrages d’un mérite supérieur. A quoi serviroit de la décrire ? le peut-on ? Un seul coup d’œil la fait mieux connoître que toutes nos paroles. Il faut la voir, la revoir encore, la contempler, et l’on sentira que tout ce que l’on pourroit en dire ne rendroit que foiblement l’impression que fait éprouver la vue de ces contours si nobles, si souples, si coulants, si animés : c’est Vénus toute entière brillante de jeunesse et d’attraits, telle que sur le mont Ida ou dans les bosquets de Chypre, elle parut aux yeux émerveillés de Pâris et d’Adonis ; voilant une partie de ses charmes, la déesse dédaigne d’en faire briller tout l’éclat pour assurer son triomphe. En la voyant paroître, les dieux de l’Olympe étoient à ses pieds, et la terre lui élevoit des autels. Ce n’est pas Vénus, déesse des plaisirs des sens, et portant avec joie le trouble dans l’ame des dieux et des mortels, c’est plutôt la déesse qui inspiroit de douces voluptés et des plaisirs sans regrets ; c’est Vénus réunissant toutes les beautés célestes de l’ame à toutes les perfections du corps ; c’est la beauté telle que se la créoit l’imagination d’Homère, ou telle que la concevoient les grands maîtres de l’art dont le génie puisoit dans ses sublimes ouvrages les plus hautes conceptions ; une douce fierté anime ses traits divins, et l’on reconnoît la fille de Jupiter. Aucune création de la sculpture n’a plus de vie, et n’offre avec autant de vérité une imitation plus parfaite de la nature féminine la plus élevée dans toute la beauté et la pureté de ses formes.
Le Musée royal ayant été enrichi de cette belle statue depuis la nouvelle édition de la description des antiques, elle n’a pas encore de numéro ; la place qu’elle occupe n’est même que provisoire, et elle attend qu’on lui en ait trouvé une plus favorable au développement de toute sa beauté. Un grand nombre d’artistes et d’amateurs se sont indignés de la voir adossée à un mur, et ont exprimé le desir qu’elle fût placée isolément, afin qu’on pût l’admirer et l’étudier sous tous les aspects ; et l’on a cité à ce sujet la Vénus de Praxitèle, le plus bel ornement du temple de Cnide, et qu’on pouvoit contempler de tous les côtés. Mais peut-être n’a-t-on pas fait assez d’attention à la manière dont sont exécutées, par derrière, les draperies de notre statue : elles ne sont que dégrossies, et semblent autoriser à penser que cette figure, ainsi que beaucoup d’autres, avoit, dès l’origine, été destinée à être placée ou dans une niche ou près d’une muraille ; le dos, il est vrai, est terminé, et digne du reste du corps ; mais, par son attitude, la déesse, vue du coté droit, laisse apercevoir une partie de son dos ; et il eût été impossible de se contenter de l’ébaucher, ainsi que l’on a fait pour les draperies, qui ne devoient pas être vues : elle pouvoit d’ailleurs être placée de manière à ce qu’elle fût vue de tous côtés jusqu’au milieu du corps, tandis que la partie inférieure n’auroit pas été, par derrière, exposée aux regards.
Avant de parler de ce chef-d’œuvre, il est peut-être à propos de donner un précis de sa découverte, et de faire connoître avec exactitude l’état dans lequel il se trouvoit en arrivant à Paris. Ces détails peuvent offrir de l’intérêt, lorsqu’ils ont rapport à un bel ouvrage ; et il seroit même à desirer qu’on pût toujours indiquer avec précision le degré de conservation et la provenance des monuments antiques. Ces indications sont utiles sous plus d’un point de vue, et peuvent mettre sur la route de nouvelles découvertes. Je dois les renseignements que je vais consigner ici à l’obligeance de M. le vicomte de Marcellus, secrétaire de l’ambassade de Sa Majesté à Constantinople ; de M. d’Urville, enseigne de vaisseau à bord de la gabarre la Chevrette, et attaché à l’expédition hydrographique de M. le capitaine Gauthier, dans la Méditerranée et dans la mer Noire, et de M. Duval d’Ailly, commandant l’Émulation, gabarre de Sa Majesté.
M. le baron de Haller, avantageusement connu par l’aménité de son caractère, par son goût pour les voyages, par le zèle éclairé qu’il mettoit dans ses recherches d’antiquités, et dont les arts ont à déplorer la perte, découvrit en 1814, sur un coteau rocailleux, près de Castro ou les Six-Fours, dans l’île de Milo, l’ancienne MHΛOΣ, Mêlos, un amphithéâtre en martre assez bien conservé, de 120 pieds de diamètre, et dont le terrain et les environs, jonchés de fragments de statues et de colonnes, ont servi à fixer d’une manière certaine la position de l’ancienne ville de Mélos, située sur une colline qui regarde l’entrée de la rade, et qui est au sud de Castro 1 . D’après le rapport que ce savant voyageur en adressa à S.A.R. le prince de Bavière, ce prince, amateur passionné des beaux arts de l’antiquité, fit l’acquisition de cet amphithéâtre, dans l’espoir d’y trouver des monuments antiques dignes d’être ajoutés à sa riche et curieuse collection. On sait que c’est à ce prince qu’appartiennent les dix-sept belles statues d’ancien style grec découvertes il y a peu d’années dans l’île d’Egine.
Vers la fin de février 1820, un paysan grec nommé Georges travailloit à son jardin, à cinq cents pas de cet amphithéâtre, et au-dessus des grottes sépulcrales creusées sur la droite de la vallée qui conduit à la mer ; voulant aplanir le terrain du coté des rochers, il trouva quelques fragments de marbre, et en avançant, il arriva jusqu’aux murs de la ville, construits en partie sur ces rochers, et en pierres irrégulières ; il y découvrit le cintre d’une niche carrée d

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