Un chapitre de l histoire des colonies au XVIIIe siècle
32 pages
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Un chapitre de l'histoire des colonies au XVIIIe siècle , livre ebook

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Description

Avant son départ de France, M. de Bellecombe avait souvent entretenu le ministre de l’utilité, — au point de vue de la prospérité et de la défense de nos colonies, — de concentrer le commandement des îles de France et de Bourbon et celui des possessions françaises de l’Inde dans les mains d’un gouverneur général résidant à l’île de France, et, quoique l’exécution de son projet l’eût placé personnellement en sous-ordre, alors que son commandement actuel ne dépendait que du ministre, il persévéra dans son opinion, dont le désintéressement ne saurait être contesté.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346103003
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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François Moulenq
Un chapitre de l'histoire des colonies au XVIIIe siècle
UN CHAPITRE DE L’HISTOIRE DES COLONIES
AU XVIII e SIÈCLE 1

*
* *
Avant son départ de France, M. de Bellecombe 2 avait souvent entretenu le ministre de l’utilité, — au point de vue de la prospérité et de la défense de nos colonies, — de concentrer le commandement des îles de France et de Bourbon et celui des possessions françaises de l’Inde dans les mains d’un gouverneur général résidant à l’île de France, et, quoique l’exécution de son projet l’eût placé personnellement en sous-ordre, alors que son commandement actuel ne dépendait que du ministre, il persévéra dans son opinion, dont le désintéressement ne saurait être contesté. En effet, il écrivait de l’Ile-Bourbon, le 16 novembre, au ministre des colonies, pour lui exposer les motifs qui le déterminaient à revenir sur cette grave question : « Le gouverneur général, lui disait-il, saisirait les occasions favorables pour fournir, au meilleur compte possible, aux divers établissements de l’Inde, les secours que les îles de France, de Bourbon et de Madagascar pourraient lui procurer, et il en tirerait de l’Inde pour les besoins de ces îles. Donnant directement des ordres sur tous les points, il lui serait facile de lever des obstacles que la division de l’autorité rend aujourd’hui insurmontables..... Au point de vue politique, et principalement en temps de guerre, les avantages seraient bien plus considérables encore. Le gouverneur général ayant à ses ordres, comme en ce moment, quatre mille bons soldats, plus deux mille à Pondichéry, un corps et un train d’artillerie bien montés, un ou deux vaisseaux et deux frégates, serait en position de relever le crédit de notre nation dans l’Inde. Les Anglais, ignorant ses projets, le sachant en force et avec des pouvoirs presque absolus de sa cour, seraient dans de continuelles alarmes. Ils craindraient toujours quelque attaque imprévue sur l’un ou plusieurs de leurs établissements, car il leur serait impossible d’être partout en force, et, à cause de l’étendue de leurs possessions, ils ne résisteraient dans aucune partie à une opération bien combinée.
Cette lettre, écrite au moment où, son inspection des services de l’lIe-Bourbon étant terminée, M. de Belleoombe allait prendre définitivement possession de son commandement, est un indice des préoccupations qui agitaient son esprit. Il songeait à la grave responsabilité dont il serait chargé ; il craignait d’être abandonné, presqu’oublié dans ce pays dont il voulait faire une riche possession pour sa patrie et de n’y pas recevoir plus de secours et d’appui que ses prédécesseurs. Il se souvenait de Dupleix, mort de misère, après avoir vu la France renoncer au magnifique empire qu’il avait conquis et se refuser à lui restituer les sommes immenses qu’il avait avancées pour elle 3  ; de Labourdonnais, vainqueur à Madras dont il s’empara, à Pondichéry qu’il délivra des Anglais, et qui mourut dans l’indigence à la suite d’un emprisonnement de près de quatre années à la Bastille 4  ; de Lally-Tollendal, mort sur l’échafaud, victime de ses erreurs et aussi de son inébranlable loyauté. Et cependant, si déplorables qu’eussent été les fautes du gouvernement, il était possible de les réparer ; quelque grande que fût la puissance anglaise dans les Indes, il était encore temps d’en arrêter l’essor.
Mettre un terme aux conquêtes de l’Angleterre dans cette partie de l’Asie ; nous y faire une position équivalente, sinon supérieure à la leur, était, en France, le but vers lequel aspiraient tous les esprits. On y était convaincu qu’à cette seule condition il serait possible de rétablir nos finances compromises et d’opposer à nos éternels rivaux une marine assez forte pour les combattre dans leur amour insatiable de domination.
Telle était aussi la pensée de M. Bellecombe. Nous exposerons plus tard comment il aurait voulu la réaliser ; mais, avant de le voir en présence des difficultés qui surgiront chaque jour sous ses pas, il est indispensable, pour bien en apprécier les causes, de de se faire une idée générale de la situation politique du pays au moment où il allait y arriver.
Le traité de Paris (1763) avait restitué à la France ses colonies de l’Inde, consistant dans la ville de Pondichéry, presque entièrement détruite pendant le siége de 1761 ; dans les places de Mahé, sur la côte de Malabar, de Karikal dans le royaume de Tanjaour et de Chandernagor sur le Gange, avec des territoires de peu d’étendue les environnant ; et dans les comptoirs de Masulipatam, Cassembarard, Patna, Joudgia, Balacor, Choupour, Kerpaye, Yanaon et Camcota, où nous avions le droit de faire le commerce, mais dont les vexations et les tracasseries de toute sorte de la Compagnie anglaise des Indes rendaient souvent à nos commerçants et aux agents de la Compagnie française le séjour impossible. Ceux-ci réclamaient sans cesse, le gouverneur général protestait énergiquement en invoquant la foi des traités, mais les Anglais répondaient insolemment : « Nous avons enjoint à nos agents d’éviter toutes disputes qui ne seraient pas nécessaires et de prendre bien garde de quelle manière ils empiéteront sur les droits et priviléges des établissements français 5 . »
Les princes indiens, témoins de ces outrages et de l’impuissance de la France à en exiger la réparation, n’avaient plus pour elle le respect que ses représentants avaient su leur inspirer dans d’autres temps, ni l’espérance longtemps gardée de la voir se mettre un jour à leur tête pour chasser l’ennemi commun. Rien n’avait été fait jusqu’à ce moment pour modifier leur opinion. Les fortifications de Pondichéry, commencées depuis dix ans et d’ailleurs mal conçues, étaient encore à fleur de terre ; celles de Mahé, de Karikal et de Chandernagor, quoique plus avancées, étaient « si bien construites contre toutes les règles du bon sens et de la raison, qu’elles mettaient à peine ces places à l’abri d’un coup de main 6 . » Les troupes chargées de leur défense ne consistaient qu’en un régiment, composé de 929 soldats, et en deux compagnies d’artillerie. Nous n’avions plus de représentants auprès des souverains du pays. Les relations commerciales avec l’intérieur se trouvaient presque entièrement rompues. Jamais, dans ces contrées, la France n’était tombée dans un tel état d’abaissement et de misère.
Les Anglais étaient, depuis longtemps déjà, maîtres des principales villes de l’Inde : Calcutta, Bombay, Madras, leur appartenaient. Dans chacune de ces villes, un président, à la tête d’un conseil dit souverain, régnait en maître, et un certain nombre de princes, n’ayant conservé de leurs droits que le titre, étaient devenus leurs vassaux. La politique de ces conseils, immuable jusqu’à ce jour, consistait à semer la discorde parmi les princes restés indépendants et à les engager dans des guerres interminables auxquelles ceux-ci étaient très-naturellement portés ; à conserver la neutralité quand les circonstances l’exigeaient ; à prendre parti pour l’un des belligérants quand les chances paraissaient favorables, et, à la fin de la guerre, à s’attribuer la grosse part du butin. Dans ce jeu meurtrier, où elle n’exposait qu’un petit nombre de soldats européens, l’Angleterre était toujours certaine du gain de la partie. Si ses alliés étaient battus, ils devenaient, comme fiche de consolation, une proie facile dont elle se saisissait à la première occasion.

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