Voyage et discours dans la Savoie et le Dauphiné - Avec les toasts, allocutions et discours qui lui ont été adressés
58 pages
Français

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Voyage et discours dans la Savoie et le Dauphiné - Avec les toasts, allocutions et discours qui lui ont été adressés , livre ebook

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Description

Avant de se rendre en Savoie, M. Gambetta s’arrêta quelques jours à Saint-Étienne, chez M. Dorian, l’ancien ministre du gouvernement de la Défense nationale.A l’occasion de cette visite, M. Dorian réunit dans un banquet un certain nombre de démocrates du département. C’était le jeudi 19 septembre.A la fin du dîner, M. Gambetta prononça les paroles suivantes :Je sais bien qu’on à dit que la République était avant tout nominale ; il paraît même, suivant certains docteurs, que ce serait là le sens du mot : République conservatrice, de cette République qu’il faut savoir distinguer soigneusement d’une autre République, d’une République oppressive et abusive, d’une République de meurtre et de pillage qui s’appellerait la République radicale, et de laquelle tous devraient se tenir éloignés comme de la peste.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346087136
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Léon Gambetta
Voyage et discours dans la Savoie et le Dauphiné
Avec les toasts, allocutions et discours qui lui ont été adressés
Le voyage triomphal de M. Gambetta en Savoie, et les discours qu’il a prononcés ont causé dans toute la France une émotion réelle.
Nous avons pensé qu’il serait utile à tous, amis et ennemis, de réunir en quelques pages tous les détails d’un événement sur lequel la discussion est à peine commencée, et dont les conséquences ne tarderont pas à se révéler.

Paris, le 7 octobre 1872.
SAINT - ÉTIENNE
19 septembre 1872
Avant de se rendre en Savoie, M. Gambetta s’arrêta quelques jours à Saint-Étienne, chez M. Dorian, l’ancien ministre du gouvernement de la Défense nationale.
A l’occasion de cette visite, M. Dorian réunit dans un banquet un certain nombre de démocrates du département. C’était le jeudi 19 septembre.
A la fin du dîner, M. Gambetta prononça les paroles suivantes :

Je sais bien qu’on à dit que la République était avant tout nominale ; il paraît même, suivant certains docteurs, que ce serait là le sens du mot : République conservatrice, de cette République qu’il faut savoir distinguer soigneusement d’une autre République, d’une République oppressive et abusive, d’une République de meurtre et de pillage qui s’appellerait la République radicale, et de laquelle tous devraient se tenir éloignés comme de la peste.
Non ! non ! messieurs, il n’y a pas deux Républiques, il n’y en a qu’une. Et quelle que soit l’habileté de nos adversaires, le pays distingue d’autant moins entre la prétendue République conservatrice et la prétendue République radicale, qu’il sait que ces mots sont passagers ; que l’on s’en sert, au milieu de la mêlée des luttes politiques, pour désigner commodément plutôt certains actes, certaines doctrines, que des différences essentielles de principes ; le pays sait-bien qu’il n’y a qu’une République, celle qui a pour loi le respect constant de la souveraineté nationale, et pour passion la justice appliquée aux affaires humaines.
Et voici, messieurs, le phénomène qui se passe aujourd’hui sous nos yeux, c’est que notre parti, qui a été la minorité dans le passé, et qui, à cause de cette infériorité numérique, a souvent été réduit à employer des moyens violents qui n’étaient pas en conformité avec l’ordre régulier, — c’est que notre parti, dis-je, s’agrandit peu à peu, et devient insensiblement la nation.
Et pour que ce phénomène continue à se développer, que faut-il ? Il suffit que le régime républicain dure. Messieurs, il y a un fait qui saute aux yeux, et qui, cependant, est encore trop inaperçu, c’est que, lorsqu’une monarchie s’installe, elle a toutes facilités pour vivre ; ces facilités, elle les trouve dans les conditions de prestige, d’éclat, d’influence, réunies à son berceau ; c’est à mesure qu’elle dure que les inconvénients, que les conflits, que les mécontentements, fruits de son impuissance, éclatent,, et c’est alors que la décadence approche.
La République, au contraire, arrive toujours, comme le syndic d’une grande faillite nationale, pour régler une liquidation politique.
Elle hérite de tous les désastres et elle doit tout réparer, non pas seulement les ruines intérieures, mais encore celles léguées par la guerre étrangère ; elle succombe sous le fardeau, mais comme elle a succombé pleine de désintéressement et de grandeur, tenant à la main le drapeau même de la France, elle remonte dans la faveur publique, elle rétablit les affaires, elle démontre qu’elle est, par son développement, l’émancipation, morale et matérielle pour tous, si bien qu’elle écarte toutes les difficultés et qu’elle dure.
Mais ; au commencement, la méfiance est générale ; il y a les ressentiments de ceux que le changement d’état de choses a dépossédés, il y a les désastres matériels à réparer, il y a tout à restaurer, à régénérer. Aussi, le moment difficile, le moment cruel où la République peut périr, c’est les premières heures de son existence, mais ensuite tout s’aplanit, tout s’éclaire, tout s’illumine, et plus elle vit, plus il lui devient facile de vivre.
Par conséquent, ayons, au début, de la patience, de la vigilance, l’esprit de concorde et de solidarité ; faisons disparaître toutes dissensions et cesser toutes rancunes Ah ! il ferait beau voir que de misérables rancunes personnelles vinssent à la traverse des efforts que nous faisons tous pour fonder le régime du droit, et le régime de l’égalité fraternelle surtout, car je ne sais pas ce que c’est que de s’asseoir dans les conseils du gouvernement d’une démocratie sans avoir arrêté dans sa conscience le ferme propos d’adopter pour devise de sa politique, et pour règle de ses actes cette belle formule qui, nulle part, n’a été mieux comprise qu’ici : l’émancipation politique et sociale du plus grand nombre.
Dans la soirée, plusieurs centaines de personnes se rassemblèrent aux abords de la maison de M. Dorian.
Une fanfare jouait la Marseillaise, tandis que la foule faisait entendre les cris de : Vive Gambetta ! Vive la République !
Pour satisfaire aux désirs de cette foule et répondre à ses acclamations sympathiques, Gambetta lui adressa ces paroles :

Citoyens, je vous remercie de l’accueil bienveillant que vous me faites à mon passage. J’y suis très-sensible, car c’est la République que vous acclamez en ma personne. Il y a parmi vous beaucoup de mères ; c’est à elles qu’échoit le soin de former des soutiens au gouvernement républicain et des vengeurs à la patrie.
La République vous donnera l’égalité, non point celle que nos détracteurs nous imputent, mais celle qui se fonde sur le droit et le travail de tous. Aidons-nous les uns les autres. Nous avons besoin de vous ; mais vous avez aussi besoin des hommes éclairés qui se sont donné la mission de vous guider et de vous instruire. Marchons donc unis, et vive la République !
CHAMBÉRY
22 septembre 1872
Le 22 septembre 1872 était un double anniversaire pour la ville de Chambéry. C’était d’abord, spécialement pour elle, le quatre-vingtième anniversaire de l’annexion de la Savoie à la France républicaine de 1792. En second lieu, c’était, comme pour toute la France, l’anniversaire de la fondation de la République dans notre pays.
Depuis longtemps, la démocratie savoisienne se préparait à fêter cette date. Pour lui donner plus d’éclat, elle avait obtenu de Gambetta la promesse formelle de s’y rendre.
Le 14 septembre, sept députés et conseillers généraux de la Savoie prévinrent le préfet, M. Jacques de Tracy, qu’ils se proposaient d’organiser un banquet pour célébrer l’anniversaire du 22 septembre.
Le lendemain, M. de Tracy écrivait au maire de Chambéry qu’il s’opposait au banquet public.
Alors, M. Mesnard, l’un des organisateurs du banquet, fit remarquer, dans une lettre adressée au préfet, que la réunion avait été projetée publique, afin de donner plus d’éclat aux sentiments français de ce pays, mais qu’en présence de l’attitude du gouvernement à l’égard des réunions publiques, on avait loué un local clos et couvert pour une réunion PRIVÉE.
Du 15 au 20 septembre, M. le préfet ne répondit à cette lettre que par le silence le plus complet. Le banquet semblait donc être autorisé.
Gambetta était attendu à Chambéry le 21 septembre à 11 heures du matin.
Mais pendant que la vil

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