Bons baisers d Anastasia
125 pages
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Bons baisers d'Anastasia , livre ebook

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Description

Gloriana, héritière du bandit Anastasia, charge Schlomo d’enquêter sur le meurtre de son père. Mais dans le milieu mafieux newyorkais, cette nouvelle investigation passe mal. Schlomo va devoir éviter les règlements de compte, les coups de filet de la Police, et interroger son vieil ami Schultz pour comprendre ce qui se joue suite à cet assassinat.


La troisième enquête de Schlomo Silberstein ressemble terriblement aux précédentes : entre bastons, soucis, interrogatoires et humour noir, notre détective nous plonge une nouvelle fois avec délice dans le New York et l’Amérique des années 50. À consommer sans modération.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9782371690745
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Illustration de couverture :
Couverture : Axelle GESTIN
Directrice de collection : Cécile DECAUZE
Correction : Laura USAN
ISBN : 978-2-37169-072-1
Dépôt légal internet : avril 2022

IL ÉTAIT UN EBOOK SAS 14 avenue de la Libération 24700 MONTPON-MÉNESTÉROL Représentant légal : Cécile Decauze (présidente)

« Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur, ou de ses ayants droit, ou ayants cause, est illicite » (article L. 122-4 du code de la propriété intellectuelle). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par l’article L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle. Le Code de la propriété intellectuelle n’autorise, aux termes de l’article L. 122-5, que les copies ou les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, d’une part, et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration.
Princesse et bandit
— T'as vu ça, Schlomo ? Ils disent dans le journal qu'un Brésilien a été enlevé par les Martiens !
Je réponds en soupirant :
— Faut-il qu'ils s'emmerdent chez eux pour venir jusqu'ici y embarquer des Brésiliens !
Son truc, à Richie, c'est l'actualité internationale. Plus c'est loin, plus ça l'intéresse. Si un train déraille à New York, il s'en fout, mais si un chien se fait écraser à Tokyo, ça le passionne. Alors, vous pensez, les Martiens !
— Ils lui ont fait des examens, et puis ils l'ont obligé à coucher avec une Martienne ! Elle était pas mal, d'après ce qu'il a dit.
— Ils l'ont forcé à coucher avec une jolie fille ? Ah, les salauds ! J'espère qu'il a porté plainte.
— Tu comprends rien ! C'était pour une expérience scientifique.
— Coucher avec une fille, c'est une expérience scientifique ? Tout s'explique ! J'ai toujours été nul en sciences.

La boutique de Richie, c'est le dernier salon où l'on cause. Il vend des journaux, des bonbons, et un café qui n'est pas trop dégueulasse quand on y met beaucoup de lait et de sucre. J'y passe des heures entières, assis dans un coin, à lire des magazines à l'œil en l'écoutant causer avec ses clients.

Je sais, on dit souvent que je passe mes journées à glander. Eh bien, je vais peut-être vous étonner, mais il se trouve qu'une grande partie du travail de détective consiste à glander, justement. Seulement, il faut savoir faire ça dans les règles.
Regardez Humpfrey Bogart, par exemple, quand il joue un détective. On le voit toujours en train de coincer la bulle dans un bar, avec un verre dans une main et une cigarette dans l'autre. À part s'en griller une et draguer de temps en temps, on ne peut pas dire qu'il déborde d'activité.
Et Sherlock Holmes ? Encore pire ! Il passe le plus clair de ses enquêtes à glandouiller chez lui en robe de chambre en fumant comme un pompier, ou même en se faisant un petit shoot de morphine. Il dit qu'il réfléchit, mais qui y croit vraiment, hein ?
Ne vous méprenez pas, je ne veux pas dire que n'importe quel cossard fini devrait faire détective. Toute cette non-activité repose sur de solides bases scientifiques. Je m'explique : prenons l'exemple d'un petit truand ordinaire. Il vient de réussir à, disons, braquer une bijouterie. Ça s'est bien passé, il s'en est mis plein les fouilles et personne n'a rien vu. Une réussite, en somme. Tout va bien. Tout ? Non. Car notre voleur est, mine de rien, déchiré par un terrible dilemme.
Je vous rassure, cela n'a rien à voir avec la moralité. Est-ce que c'est bien, est-ce que c'est mal, il s'en fiche comme du premier trou dans sa première paire de chaussettes. Non, le problème est ailleurs : d'un côté, il est très content que tout se soit bien passé et que la Police soit complètement dans la brume, d'accord. Mais d'un autre, il faut bien le reconnaitre, son anonymat lui pèse.
Avoir réussi un coup pareil et ne pas pouvoir s'en vanter devant les copains ou les nanas, c'est difficile à vivre. Car il faut savoir que dans tout criminel se cache un petit cabotin en manque de reconnaissance. Sinon, il irait travailler au bureau, comme tout le monde.
D'où le problème : s'il en parle autour de lui, l'information risque de finir sur le bureau du commissaire. Mais s'il n'en parle pas, il restera toujours, aux yeux de tous ses collègues truands, Duschmoll qui n'est même pas fichu de voler sa sucette à un bébé.
Et ne croyez pas que le problème ne se pose qu'aux petits délinquants. Prenez un tueur professionnel, par exemple, un vrai, un cador, une ombre furtive qui frappe par surprise et disparait dans la nuit. Si on a fait appel à lui, au départ, c'est aussi parce qu'il sait fermer sa gueule. Mais s'il ferme trop sa gueule, qui fera appel à lui ? C'est tout le rôle délicat de la publicité dans ce métier ; trop de réclame, et vous risquez de finir en prison. Pas assez, et vous risquez de finir au chômage.
Or, les cabinets de marketing, qui pourraient utilement les conseiller, ne s'occupent pas de clients de ce genre. Pas encore. Alors, qu'ils soient petit voleur, tueur patenté ou escroc international, ils sont bien obligés de se débrouiller comme ils peuvent. Ils organisent des fuites, en parlent vaguement à un copain, ou se vantent un peu devant une fille, ils laissent entendre, ils allusionnent, ils équivoquent, et l'info finit par se répandre dans la rue, et atteindre les oreilles qui ont eu la patience d'attendre un peu.
C'est pour ça que je proteste vigoureusement contre toutes ces accusations de paresse. En fait, quand j'ai l'air de ne rien faire, c'est que j'attends activement que le coupable se dénonce tout seul.
Bon, il y a des jours comme aujourd'hui où je n'ai pas vraiment de coupable en vue. N'empêche ! La boutique de Ritchie est le meilleur endroit pour se tenir au courant de ce qui se passe dans la rue. Et en plus du café, il me fait la conversation.
Aujourd'hui, il est parti dans l'Espace.
Il a sorti quelques revues du coin Science de son gourbi et me les commente abondamment. Soit dit en passant, il a une manière bien à lui de classer ses canards. Au rayon Science par exemple, on trouve, entre Scientific American et le National Geographic , des titres comme « Atterrissage d'une soucoupe volante dans le Mid-West ! » ou « Au secours ! Les Martiens ont niqué ma belle-mère ! ».
Pour lui, si ça parle de l'Espace, c'est forcément de la Science.
Suivant la même logique, il a fourré dans le rayon « Santé » des magazines comme Playboy ou Bondage et Soumission .
J'aime bien regarder la tête que font les clients qui découvrent son système de classement.
— Et puis, t'as vu, ils ont envoyé un chien dans l'Espace !
— Qui ça ? Les Brésiliens ?
— Mais non ! Les Russes !
— Pourquoi un chien ?
— Chais pas. Ils l'ont fourré dans une capsule et, hop, dans l'Espace.
— Oui, mais pourquoi un chien ?
— Chais pas. Ils étaient peut-être à court de singes.
Je réfléchis un moment :
— Non, moi je crois que les singes, ils sont trop malins. Ils ont compris le coup, alors ils se sont fait porter pâles. Tandis qu'un chien, c'est con. Tu envoies un bâton dans l'espace et tu lui dis « Va chercher ! », et c'est parti.
Je tourne bruyamment une page de mon journal.
— C'était pas suffisant de marcher dans leurs crottes, voilà qu'on va se les prendre sur la tête, en plus !
Mais Ritchie n'est pas du genre à lâcher le morceau :
— Les Russes, ils sont vachement en avance sur nous dans ce domaine ! Ils avaient déjà envoyé un truc dans l'espace le mois dernier.
— Un truc ?
— Oui, un machin rond qui faisait bip-bip-bip.
— Et puis ?
— Et puis rien. Il faisait bip-bip-bip. C'est tout.
— Si j'ai bien compris, ils ont dépensé des millions pour envoyer un réveille-matin dans l'Espace !? Quelle opinion ils vont avoir de nous, les Extraterrestres ? Tout ce qu'on envoie là-haut, c'est des clébards et de la quincaillerie !
— C'était pour marquer le coup. Du genre : « Ouais, nous, on a envoyé un truc dans l'espace, et vous, les Américains, vous en êtes pas capables. » Tu vas voir qu'un de ces jours, ils vont y envoyer un bonhomme !
— Mais non ! Ils trouveront jamais un gars assez couillon pour marcher dans cette combine ! Un singe, à la rigueur. S'il est pas trop malin.
— Et puis t'as vu ? Il parait qu'ils ont retrouvé la princesse Anastasia !
Je fronce les sourcils pendant que mes neurones organisent vite fait une réunion de travail d'urgence. La princesse Anastasia ? Où dois-je la classer celle-là ? Dans les clébards ou dans les Martiens ? Dans le doute, mieux vaut poser la question :
— Qui ça ?!
— Mais si, tu sais bien : la fille du Tsar, celui que les Bolchéviques ont buté avec sa famille.
Ah oui, j'oubliais le don de Ritchie pour sauter du coq à l'âne. Il se trouve maintenant devant le rayon People. Les Martiens attendront.
— C'est quoi, un beau Chevik ?
Il réfléchit un instant :
— Je crois que c'est une espèce de communiste sauvage, ou quelque chose comme ça, dit-il.
— Et alors ?
— Alors, elle a réussi à s'échapper et, incognito, elle est passée en Europe. Et, quarante ans plus tard, elle revient réclamer son héritage. C’est pas beau, ça ?
— Comment elle a réussi à s'échapper ?
— Je ne sais pas, mais, moi, dit-il d'un ton mystérieux, je pense qu'elle devait être protégée par quelqu'un.
Et d'un air entendu, il pointe le doigt vers le haut. Je lève les yeux au plafond. À l'étage au-dessus, il y a Ming Foo, le vieux Chinois qui fait retoucheur de pantalons. Qu'est-ce qu'il vient faire dans cette histoire, Ming Foo ? Puis dans un éclair je me souviens que Ritchie est irlandais, et qu'il a de la religion. Il faisait surement allusion au locataire d'un étage supérieur.
Je me retiens, une fois de plus, de lui demander pourquoi Dieu a sauvé celle-là et laissé buter les autres. Elle devait avoir une tête qui lui revenait. Il va encore me répondre que les voies du Seigneur sont irréparables, ou un truc comme ça que j'ai jamais compris. Et puis je veux pas lui

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