L ombre de la nuit
151 pages
Français

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L'ombre de la nuit , livre ebook

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Description


Qui est cet homme muet comme une tombe, et pourquoi recherche-t-il la justice à tout prix ?





Il fait nuit. Paco Sabian marche sur une route d’Ardèche. Il pleut, le froid s’immisce et glace ses os, la lune n’est pas prête à céder sa place.


Une voiture s’arrête à cette heure incongrue. Une femme seule au volant. Une mère qui retrace le chemin sur lequel son fils a disparu il y a tout juste cinq ans. Depuis, plus rien. Paco est un ténébreux, un taiseux qui traîne la fatalité, comme d’autres leur ombre.


Qui est-il ? Pourquoi est-il là ?


Dans son costume de vagabond, il semble poursuivre un but connu de lui seul. Et quand sur son parcours, il croise le Mal, il ne se détourne pas, il ne ferme pas les yeux. Il fait face et l’affronte.


Finalement peu importe son nom et pourquoi il passait par là. Paco prend la forme du destin, le dernier recours de ceux qui, sans lui, n’avaient aucune chance d’obtenir justice.




Paco va chercher des réponses là où les mystères subsistent. Mais la vérité est-elle toujours supportable ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 juin 2023
Nombre de lectures 2
EAN13 9782384830701
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Il fait nuit. Un homme épuisé se traine sur une route d’Ardèche déserte. Il pleut, le froid s’immisce et glace ses os, la lune n’est pas prête à céder sa place et les rares voitures qu’il croise le dépassent sans ralentir. Qui prendrait un autostoppeur trempé de pluie, plus sombre que la nuit qui l’entoure ?
 
Pourtant quelqu’un s’arrête. Une femme, seule, qui retrace le chemin sur lequel son fils a disparu il y a tout juste cinq ans.
En ouvrant son foyer pour la nuit à cet inconnu que le hasard a mis sur sa route, elle ouvre aussi, sans le savoir, la porte sur son passé.
 
Dans son costume de vagabond, l’homme semble poursuivre un but connu de lui seul. Pourtant, quand sur son parcours il croise le Mal et l’injustice, il fait face et les affronte sans merci.
Il va chercher des réponses là où les mystères subsistent. Mais la vérité est-elle toujours supportable ?
L'OMBRE DE LA NUIT
L'Ennemi Inespéré - 1
Marco PIANELLI
 
 
À Fitou qui aurait tant aimé me lire…
Chapitre 1
La pluie s’acharnait, comme intentionnelle. Elle faisait payer quelqu’un. C’était en tout cas son impression. Il faisait du stop depuis l’aube. Il tombait de quoi noyer un navire. Et la nuit venait de s’emparer de l’horizon jusqu’à ses pieds.
Il se demandait donc si ce n’était pas contre lui. Son poncho ne le gardait au sec qu’au-dessus de la ligne de flottaison de ses fesses. À chaque pas, ses chaussures rendaient autant d’eau qu’elles en aspiraient. Son jean lui collait à la peau et le glaçait jusqu’aux os. Les jambes gangrenées d’humidité, il avançait.
La visière de sa casquette, sous sa capuche, se comportait en gouttière, une cascade s’écoulait devant ses yeux. Poussé dans le dos par le vent, il conservait heureusement son allure.
Il était vingt-trois heures la dernière fois qu’il s’était démoralisé en vérifiant l’heure. Le dernier hameau, environ cinq heures dans son dos. Devant lui, rien, et aussi vague qu’incertaine, la part nocturne du destin. « Funeste » lui vint à l’esprit. Un mot qu’il avait lu, probablement. Pas son langage. Quand on marche avec comme seul but de rester éveillé, plutôt que d’arriver, l’esprit se cramponne à n’importe quelle aspérité.
Le bitume était convexe et la route non éclairée. Aux abords, des bois, sombres et indistincts. Il marchait, toujours en cadence, dans une rivière en pente, cerné de pièges. Peut-être, dans le ventre de cette forêt, trouverait-il une cabane de chasseur, mais il n’était pas joueur, et encore moins chanceux.
Une lueur de phares apparut face à lui. Pas dans le bon sens.
Toutefois à cette heure-ci il avait renoncé à toute ambition. Les bandes réfléchissantes fluo sur son poncho, qui l’encerclaient pour être vu sous tous les angles, scintillèrent. On ne pouvait l’ignorer. Il leva les bras, les agita, et la voiture accéléra. Une gerbe d’eau le coupa en deux, il eut juste le temps de s’abriter le regard sous sa visière.
Pas d’insulte. L’envie resta coincée dans sa gorge. Conserver l’influx nerveux, ne pas disperser ses forces. Devant lui, une douce côte d’environ deux kilomètres, et après peut-être un village. Même lointain, même pour demain matin. Ça suffirait à le garder en vie.
Il avait connu largement pire, se rappela-t-il. Il ne s’agissait que d’eau et à une époque il en avait tant manqué. Sur ces heureux souvenirs de rescapé, il reprit d’un bon pas. Pas plus rapide, mais plus décidé. Heureusement, il ne faisait pas trop froid. Encore un reste d’automne aux portes de l’hiver.
Son sac à dos dessinait une bosse sous son poncho. À l’intérieur tout serait encore sec, et ces moments seraient à ranger au compartiment des souvenirs. Au rayon sans gravité. La perspective de se changer lui apportait du réconfort.
Alors la pluie s’entêta et redoubla d’efforts. Elle l’avait peut-être entendu se vanter. Il marchait dans un ruisseau déferlant le prenant presque aux chevilles. À l’horizon, seules brillaient les ténèbres. Pas la moindre maison, pas une seule lueur. Pas d’optimisme en réserve.
Une paire de phares le frappa alors dans le dos. Encore loin, mais il n’y avait qu’une seule route. Il se retourna et se plaça un peu plus au milieu. Toujours une marge pour se jeter hors de l’asphalte au cas où. Il leva les bras à nouveau à portée de vue du véhicule. La pluie s’engouffra par ses manches pour le tremper jusqu’à la taille.
La voiture hésita. Ou ralentit-elle à cause du virage à venir ?
Finalement passa à côté de lui. Il la suivit du regard. Il ne vit pas le conducteur et celui-ci n’aperçut pas son visage bouffé de claquements de dents. Dix mètres plus loin elle s’arrêta.
Il s’élança. Si elle redémarrait il aurait toujours gagné cette distance, se consola-t-il. Ça réchauffait. Il claqua le sol détrempé de ses semelles flasques, comme une bonne fessée.
Arriva à la portière passager, le verrou était ôté. Il ouvrit et d’un mouvement d’épaules, fit pivoter son sac, le sortit du poncho, pour le poser au pied du siège. Il entra, trempé et dégoulinant, enlevant sa capuche, sa casquette, et posa sur ses traits un air rassurant, puis sourit à son bienfaiteur. Une bienfaitrice.
Pas normal ça… Pas laide du tout en plus. Plutôt jolie même, et entre deux âges. Une quarantaine bien tassée. Peut-être une bonne sœur en vacances, une âme charitable, une tueuse en série ou une suicidaire.
Il ne put s’empêcher de songer à cette étrangeté ; qu’est-ce qui pousse une femme seule à s’arrêter en pleine nuit, sur une route désertée même par les étoiles, pour charger un inconnu ?
— Vous allez où ? demanda-t-elle sans sourire, le fixant de son regard bleu comme le gel, mais sans dureté.
— N’importe où, mais au sec. Il y a une ville sur votre chemin ? Un hôtel ? Un Abribus ? répondit-il le plus posément possible et d’un ton doux, avec une bonne dose de maîtrise dans la voix, pour ne pas l’effrayer.
Même si elle ne paraissait pas peureuse.
— Il y a un village à dix-sept kilomètres. Je peux vous déposer, dit-elle en enclenchant la première et sans attendre de réponse.
Durant les premiers kilomètres, seuls les essuie-glaces occupaient l’espace audible. La femme sortit son paquet de cigarettes de son sac dont l’anse entourait le levier de vitesse, et lui en tendit une. Il refusa d’un signe de tête. Ses doigts commençaient à peine à se réchauffer et son jean gouttait sur le plancher.
— C’est pour moi, dit-elle. Le machin est cassé, lui indiqua-t-elle en désignant l’allume-cigare, et mon briquet se balade toujours n’importe où dans mon sac. Ça me prend une heure et ça m’énerve…
Il obéit alors, se pencha et fouilla à tâtons dans le ventre en simili cuir. Portefeuille, vernis à ongles, trousseau de clés, téléphone portable, câble, et autres nécessités du genre. Le briquet enfin, par hasard, au détour d’un brassage. En plastique, blanc et petit. Il glissa alors le filtre en bouche, fit luire la flamme et tira deux bouffées, qu’il n’avala pas. Puis entre deux phalanges, approcha la cigarette de sa bouche ; elle la happa entre ses lèvres encore maquillées. Aucun des deux n’avait quitté la route du regard durant tout ce temps. Elle le remercia d’un signe du front et d’un semblant de sourire.
Un agréable profil. Un peu fatigué, certes, tendu aussi, sans doute à cause de l’heure, songea-t-il. Il réfléchissait à la situation, sans ouvrir pour le moment ses pensées. Il évaluait les apparences. Du maquillage, trop nécessairement, la panacée contre l’âge des femmes pressées. Des lèvres fines, une large bouche. Et donc des yeux bleus, issus de l’ère glaciaire.
Il ne déviait pas son attention, usant juste de sa vision périphérique et du jeu de sa mémoire. Il s’y était entraîné souvent. Même avant de traîner seul sur les bords des chemins.
Elle était blonde. Surtout grâce à son coiffeur. Des rides aux commissures des lèvres et des yeux. De son âge.
— Vous faites du stop depuis longtemps ? décida-t-elle de trancher le silence.
— Des heures, répondit-il en entendant son poncho vider ses plis remplis d’eau sur le sol.
— Je voulais dire dans la vie.
— J’ai voyagé pas mal et de toutes les manières possibles. Par tous les moyens de transport. Le stop est le plus récent. Le plus économique aussi. Le plus lent certainement.
— Et vous ne me demandez pas pourquoi une femme seule prend un vagabond dans sa voiture en pleine nuit au milieu de nulle part ?
— Je m’interroge, effectivement, répondit-il en tournant enfin ses yeux vers elle. Cependant je n’aime pas hasarder mes réflexions. Dans tous les cas vous allez me le dire, conclut-il sobrement, sans qu’un seul mot ne blesse l’ambiance neutre de l’habitacle.
Chapitre 2
Myriam, assise sur son canapé sans style et acheté il y a longtemps, fumait une nouvelle cigarette, un verre de blanc à la main.
Pieds nus, talons sous les fesses, cachant ses ongles vernis de rouge vif. Du travail récent et appliqué pourtant. Pantalon retroussé jusqu’aux mollets, épilation un peu datée. Chemise en jean, d’un bleu foncé. Une poitrine lourde, arrondie, disciplinée et emprisonnée dans un soutien-gorge. Cou dégagé, malgré des signes de l’âge n’apparaissant qu’à la faveur de certaines postures.
Une belle femme , constatait-il. Il la contemplait franchement et sans ostentation. Sur le fauteuil d’en face, séparés par la table basse, aussi épaisse que rustique. Il avait préféré le cognac au blanc. Mais il ignorait alors la qualité du nectar. Un verre à moutarde aurait été le contenant adéquat.
Or, il s’en sortait bien. Au chaud, auprès d’un poêle à granulés, son sac comme ses vêtements séchaient. Il s’était changé et son sang remontait à la température de base. Ses épaules étaient suffisamment larges pour cacher le téléviseur dans son dos.
Elle l’inspectait aussi en silence. Un mètre quatre-vingt-cinq, entre quatre-vingt-dix et quatre-vingt-quinze kilos. Elle savait soupeser et envisager de la sorte.
Question d’habitude. Ses manches retroussées dévoilaient des avant-bras tortueux de muscles et dessinés de veines. Du solide.
Un bûcheron ou un arbre, au choix. Des mâ

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