La Tour de Lille
219 pages
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La Tour de Lille , livre ebook

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Description

La Tour de Lille. Un chef de service s’est suicidé dans l’ascenseur privé d’une grande administration régionale, ne laissant derrière lui aucune arme. Cette administration est accusée de détournements de fonds européens par la Cour des comptes alors que son patron veut devenir ministre. Ce suicide intrigue la police, notamment Bernard qui refuse de classer l’affaire malgré des pressions politiques.

Qui était cet homme retrouvé mort ? S’est-il vraiment suicidé ou s’est-on débarrassé de lui ? Et pourquoi cherche-t-on à étouffer cette affaire ?

Entremêlant crimes, secrets d’entreprise et secrets personnels, ce roman nous plonge dans un univers inspiré par l'actualité où les affaires politico-financières sont trop souvent étouffées.


"Léo Lapointe confirme avec ce livre, sa grande maîtrise du suspense et son intelligence du récit." Olivia Gartner, L'Esprit des Lettres


"Une plume aiguisée", La Voix du Nord



Léo Lapointe est auteur d'une dizaine de thrillers à succès dont Le vagabond de la baie de Somme adapté par la télévision.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 avril 2023
Nombre de lectures 5
EAN13 9782385330040
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLLECTION noire & suspense
 
 
Crédits photographiques : Midjourney
Composition du livre : Valentine Flork/Agence A&L
 
Distribution : Immatériel
 
ISBN papier : 9782385330057
ISBN numérique : 9782385330040
 
2ème édition
 
Dépôt légal : février 2023
 
Éditeur : Les éditions d’Avallon
342 rue du Boulidou
34980 Saint-Clément-de-Rivière
 
© 2022 Les éditions d’Avallon
La Tour de Lille
Du même auteur
Le Vagabond de la Baie de Somme , éditions Ravet-Anceau, 2005
Droit de véto , éditions Ravet-Anceau, 2012
Sauvage Marquenterre , éditions Ravet-Anceau, 2018
Les petits chemins ne sentent plus la noisette , éditions Ravet-Anceau, 2020
Mort sur la Lys, éditions Ravet-Anceau, 2009
L’Africaine du Havre , éditions Ravet-Anceau, 2011
Veuve Coquelicot , Nouvelles éditions Krakoen, 2013
Le Planqué des huttes , Pôle Nord éditions, 2014
Quai des luttes , Pôle Nord éditions, 2016
Fenêtre sur vide , Aubade éditions, 2022
Léo Lapointe
 
 
La Tour de Lille
ROMAN
 
Chapitre 1
Il s’en était fallu de peu, mais c’était quand même trop tard. Les sirènes des pompiers avaient hurlé comme s’il était encore vivant. Le sang imbibait lentement la moquette lorsqu’ils étaient arrivés.
Pourquoi j’avais pensé aux insectes, aux cafards, aux puces, à ce moment-là ? À cause de la moquette.
Elle était là aussi. Toujours là.
Pâle quand même. Le couloir mal éclairé était rempli de monde. Le petit peuple terne des bureaux sortait des placards. Personne ne pouvait voir ce qui s’était passé, pas même le premier rang écarté par des pompiers nerveux qui demandaient de l’air. Ils étaient encore essoufflés, ils n’avaient pas attendu le maudit ascenseur toujours coincé par des chariots dégueulant de cartons d’archives en route vers leur dernière demeure. Personne au rez-de-chaussée n’avait pensé à les envoyer vers l’autre ascenseur, le Komintern comme le surnommait la toute petite élite qui s’autorisait à en faire usage, au risque de rencontrer le Patron.
Alors les yeux étaient braqués sur Elle. Personne ne songeait que l’autre, le Patron, pouvait être là. Les portes capitonnées étaient fermées, comme d’habitude. Seules les femmes de ménage pouvaient en baissant la voix raconter parfois le canapé, la table basse et les deux fauteuils profonds dans le coin opposé au bureau de ministre. Tu parles, de ministre !
Tous les couloirs du bâtiment étaient sans fenêtre, distribuant de petits bureaux encombrés d’armoires, de poussières et de cadavres divers. Chacun et chacune semblaient s’évertuer à s’enfermer, scotchant des papiers aux fenêtres sans rideaux pour éviter le soleil, épinglant des photos de montagne blanche ou de lagon bleu et des dessins d’enfant pour se rappeler qu’un jour ils avaient existé, entassant des cartons, toujours des cartons, toujours plus haut sur des armoires métalliques, jusqu’à empêcher l’air de circuler et la lumière de pénétrer vers le couloir.
Ils entendirent le claquement de la décharge électrique et se turent. Une deuxième fois, avec ce petit écho mou d’un corps qui s’arc-boute et retombe. L’entendaient-ils ou l’imaginaient-ils ? Cet évènement obscène au sein de leur monde éteint les avait soudainement hissés au rang de héros d’une série télévisée. Ils entendirent la troisième tentative de réanimation, puis le commentaire désabusé :
— Allez, on remballe, c’est fini. 
Le Roquet s’était précipité parmi les premiers, il redressa sa petite taille et, d’un geste qu’il voulait autoritaire, essaya par un moulinet de bras de repousser la foule :
— Allons, allons, retournez au travail, c’est fini. 
Il calculait déjà. Mais il se plantait, comme toujours. Rien n’était fini.
Personne ne les avait vus venir, mais une haie silencieuse s’ouvrit sur leur passage. La cavalerie, les tuniques bleues rentraient dans le jeu. Tous les spectateurs penchaient avidement la tête dans le sillage des uniformes. Ils la virent blêmir, Elle.
La mâchoire énergique alourdie par le pouvoir était contractée, les yeux noirs trop fardés scintillaient déjà de colère sous le rimmel. Elle aussi calculait bien sûr, mais plus vite que les autres : elle les savait prêts à la curée si elle vacillait.
La porte capitonnée restait obstinément fermée. Était-il là ? Cela se murmurait obstinément, et de plus en plus hostilement. Il est là, mais il n’affronte pas les problèmes, comme d’habitude.
Moi je n’en savais pas plus qu’eux, mais je pensais que non. Ils étaient trop solidaires au neuvième étage pour la laisser seule affronter la tempête qui s’annonçait.
Comique, quand même, cinq ans de pouvoir absolu et de manipulations pour en arriver là ! Oserais-je le dire ? La situation m’amusait. Aurait pu m’amuser si A. n’était pas mort.
Parce que ça, ça ne faisait pas de doute. Comme dit l’autre, tout le monde naît dans le sang de l’accouchement, mais qui naît une deuxième fois dans le sang périra dans le sang. Et j’ai repensé à l’autre histoire, vieille maintenant de quelques mois.
Chapitre 2
Du sang, c’est ce que la police avait d’abord trouvé dans l’appartement. Les gens du quartier avaient appelé. Tradition ici, de savoir ce qui se passe chez les voisins. Ça date des mines.
Même si les corons en briques disparaissent, les traditions ne s’effacent pas. On savait tout, des coups de reins aux coups de gueule au sortir du baquet d’eau, alors que le bleu trempait déjà dans la lessiveuse pour se débarrasser du crassier. Des mariages aux cocufiages, des naissances aux enterrements, des coups de grisou aux coups de grève ; Bouyéyé, vive la grève ! Alors tu parles, des coups de feu ! La dernière fois, c’était l’occupation de la fosse par les gardes mobiles en quarante-sept.
C’étaient pourtant des gens tranquilles, des gens bien, des fonctionnaires, tu t’en rends compte ! Et elle, elle était montée, de Bruay à Lille, ce n’est pas rien ! Et voilà, morts, tous les deux !
On avait vu dans le quartier arriver d’abord les flics, puis les pompiers qui étaient repartis assez vite. Mauvais signe, quand ils repartent trop vite, les pompiers. Chez nous, on les aime bien. C’est de l’Histoire, ça aussi. Mais les flics étaient restés, et non pas seulement les nôtres, ceux de notre ville, mais aussi des types en costume. C’était sérieux.
Moi je parle encore de ça maintenant. Je ne me souviens plus si la télé régionale en a parlé. Moi, c’est par le journal que j’ai appris. Tout ça c’était dans les journaux, tout le monde y allait de son témoignage : et que je les connaissais, et que j’ai entendu les coups de feu, et que j’ai eu peur, et que j’ai appelé et que c’est-y pas malheureux !
Dans le journal, dès le lendemain, il n’était question que de suicide. L’un avait tué l’autre, puis s’était donné la mort.
Moi je n’avais pas acheté le journal. Je ne l’achète jamais. Pourquoi dépenser, je le trouve au bureau. Parfois mon chef a découpé une connerie qui l’intéresse, mais c’est tellement rare. Il n’y a que lui qui l’intéresse, alors tu parles si c’est rare qu’il trouve quelque chose à se mettre sous la dent, le Roquet. C’est pas comme si c’étaient ses ennemis qui l’intéressaient au point de découper des articles sur eux. Là, je ne le lirais pas souvent, le journal.
Encore que… Qui le connaît, à part la Cour et ses souffre-douleur ?
Ce que je supporte le moins dans le bureau, même par rapport au chef, c’est la moquette, avec les puces qui reviennent chaque été. Et ce jour-là, j’arrive, je vois du monde dans mon bureau, la timbale de café à la main, et je vois une grosse tache marron par terre. Je m’apprête à gueuler, mais c’est tellement bizarre, les gens me regardent comme si j’étais Lazare ressuscité.
— T’es pas au courant, apparemment ?
— Au courant de quoi ?
— Fabienne est morte !
— Hein ! Mais de quoi ?
— Tu le fais exprès ou quoi, t’as pas lu les journaux ?
— Ben non, hein, sinon je saurais !
— Regarde ! 
J’ai vu leur photo. Enfin, lui je ne le connaissais pas, j’ai vu la photo de Fabienne, une photo plutôt vieille, elle avait les cheveux longs. Mais pourquoi elle a fait ça ? Y a rien dans l’article.
— Alors, t’as vu !
— Ouais, c’est moche. Mais pourquoi ils ont fait ça ?
— Mais enfin, t’es au premier rang pour le savoir ! T’es quand même dans les comptes !
— Et alors, quel rapport ?
— Mais elle a tapé dans la caisse, tout le monde le sait ! Si tu voyais l’état du chef !
— Je pouvais pas savoir, c’est pas mon secteur, on m’a retiré le dossier justement quand lui est arrivé.
— Une chance pour toi !
— Et le Patron, vous l’avez vu ?
— Tu parles — baissant la voix — comme d’habitude, l’air de ne pas y toucher, l’indifférence, moi je suis au-dessus de tout ça, je règne ! Par contre, son Bouledogue est surexcité. Elle menace la terre entière, et ça, ça trompe pas, ça va chauffer.
— Bon, vous me laissez la place que je regarde un peu l’étendue des dégâts. Et pourquoi vous savez ça si c’est pas dans les journaux ?
— Tout le monde le sait !
— Ouais, depuis ce matin… 
Ça ressemble quand même bien à une tuile. Mais comment ont-ils fait leur compte ? C’est le cas de le dire… Elle, elle était sympa, motivée, elle croyait à ce qu’elle faisait. Je n’arrive pas à imaginer ce qui est arrivé.
J’ai passé la journée dans le vague, à tripoter des papiers que je déplaçais d’un endroit à un autre sans comprendre ce qu’il y avait dedans. J’ai couru pour aller à la cantine et ne croiser que le minimum de monde et j’ai bouffé plus vite que j’ai jamais fait de ma vie. Sept minutes, tout compris, avec café. Parce qu’il est pas cher et pas trop dégueulasse. Pas envie d’aller en ville, retour au bureau. Heureusement, de toute la journée je n’ai pas vu le chef.
Sacrée panique à bord. Il paraît que le Patron a refusé une interview à la télé. C’est pas son genre, lui qui passe sa vie en campagne pour être ministre…
Décidément, cette histoire est intéressante. Alors le lendemain, faut savoir faire des sacrifices, j’ai acheté le journal.
Effectivement,

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