Le crime est pour demain
62 pages
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Le crime est pour demain , livre ebook

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Description

Les meilleurs enquêteurs du monde assistent, à Liverpool, au Congrès International de la Police, quand un richissime et excentrique lord décide d’engager un match entre deux invités les plus réputés : Gordon PERIWINKLE alias OLD JEEP, l’Américain... et le commissaire MARCASSIN, le Français.


Les deux hommes se confronteront sur le prochain forfait qui aura lieu dans un délai de trois jours.


L’enjeu ? Une énorme prime versée au Fonds d’aide aux orphelins de Guerre.


Alors que le terme du concours approche, sans qu’aucun méfait d’envergure se soit déroulé, OLD JEEP prévient MARCASSIN qu’un crime sera commis, par lui, demain. La victime, une pauvre vieille femme et l’arme, le couteau qu’il tient en main.


Le policier français ne prend pas son confrère et ami au sérieux.


Pourtant, le lendemain matin, une dame âgée est retrouvée sauvagement poignardée dans les conditions confessées par le détective.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 mai 2018
Nombre de lectures 3
EAN13 9782373474169
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

OLDJEEP et MARCASSIN - 1 -
L E CRIM E ES TP OURDEM AIN
De Marcel PRIOLLET
I
— Voici les journaux, monsieur le commissaire ! ann onça la secrétaire en entrant dans la pièce.
— Intéressants ?
— Excitants !... Il n'est question que de vous. Un peu aussi de Mr. Gordon Periwinkle, bien sûr... Quel bruit autour de la fam euse idée de Lord Pelman !... Deux colonnes en première page dans leYorkshire Post. Un article important du Daily Sketch. Et des entrefilets un peu partout. Je traduis ?
— Inutile, miss Dorothy.
— Là encore, sur la couverture duHarper's Magazine, votre portrait. Très ressemblant,indeed. Voyez plutôt...
Le commissaire Marcassin dédaigna cette invite, hau ssa les épaules et, tournant le dos, alla regarder par la fenêtre.
C'était un jour triste, sale et gris. Bien qu'il fû t neuf heures du matin et qu'on touchât au cœur du printemps, le ciel restait bouch é. Brumes et fumées. La plupart des magasins avaient leurs vitrines allumée s. Les voitures circulaient avec leurs feux de position. Le sol ruisselait et l 'humidité collait aux vitres.
— Et vous appelez ça un pays ? grogna le policier e n se retournant.
— Oh ! ici, à Liverpool, ce n'est rien. Le fog, le vrai fog,the pea-soup, c'est à Londres qu'il faut le voir. Ne visiterez-vous pas L ondres, avant de rentrer en France ?
— Grand merci !
Miss Dorothy observa :
— Monsieur le commissaire ne semble pas de bonne hu meur, aujourd'hui !
Il se hérissa :
— Et pourquoi serais-je de bonne humeur, mademoisel le ?... Ridicule, vous entendez, cette histoire est absolument ridicule !. .. J'aurai une drôle de mine, moi, devant mon chef et mes collègues du Quai, quan d ils sauront...
— Quel quai ?
— Quai des Orfèvres, police judiciaire... Ah ! on n e se gênera pas pour me mettre en boîte...
— Mettre en boîte ?...
— Pouvez pas comprendre. Intraduisible en anglais. Mais ce qui ne saurait vous échapper, encore une fois, c'est le grotesque de l'aventure. Et moi, comme un idiot, j'ai marché, marché à fond. Je me disais :« Liverpool. Près d'un million d'habitants. Des chantiers, des docks, des bassins. Population très mélangée, avec des gaillards venus de tous les pays. Bas-fond s et quais sinistres sur les rives de la Mersey. Bref, un terrain favorable à l' éclosion des beaux crimes. Dans ce grouillement, il doit y avoir un ou deux as sassinats par vingt-quatre heures. »Or, depuis trois jours et trois nuits, rien... abs olument rien ! Pas la plus petite tentative de meurtre. Et vous verrez qu'il e n sera de même jusqu'à demain midi, heure à laquelle expirent les délais qui nous ont été accordés. On dira que nous l'avons fait exprès, c'est sûr ! Et vous voudr iez que je sois de bonne humeur ?
— Ce que vous attendez peut venir encore. Ne vous f âchez pas, monsieur Marcassin !
Il répéta, imitant la jeune Anglaise et son accent :
— Monsieur Mâcassine ! Elle a bien dit ça !...
Le policier, après avoir laissé crever son courroux , s'humanisait un peu. Il souriait à cette grande fille lymphatique et blonde , aux yeux mauves et au teint de porcelaine, qu'on avait mise à sa disposition dè s son arrivée à Liverpool, afin qu'elle lui servît à la fois de secrétaire et d'int erprète. Car il ne parlait pas un traître mot d'anglais...
C'est même pourquoi il avait tiqué quand, trois sem aines auparavant, son directeur, à la P. J., lui avait dit :
— Un congrès international de police va s'ouvrir à Liverpool. Nous sommes conviés à nous y faire représenter. Je compte sur v ous, Marcassin.
Évidemment, le chef n'avait pas manqué d'envelopper cette annonce de considérations flatteuses. À la brigade criminelle, Marcassin avait conquis un légitime renom. Il s'était illustré en maintes affa ires qui resteraient célèbres dans les annales policières. Il lui revenait donc de pre ndre part aux travaux de ce « Police World Congress »s, tousqui réunirait les meilleurs détectives et policier les « as » des deux continents.
Impossible de refuser, quoi ! Et voilà comment le c ommissaire, depuis près d'une semaine, était l'hôte duNorth Western Palace, à Liverpool.
Les organisateurs du congrès — nos amis anglais son t maîtres dans l'art de recevoir l'étranger — avaient bien fait les choses. Dans ce palace, le représentant de la police française disposait non s eulement de miss Dorothy, sténodactylo experte et excellente traductrice, mai s aussi d'un véritable appartement où le luxe le disputait au confort. Le côté pratique n'avait pas été négligé. Le salon était transformé en bureau : une machine à écrire, des
classeurs, deux téléphones et même un dictaphone, p our le cas où M. le commissaire voudrait enregistrer sur disque des pro pos qui ne regardaient nullement la secrétaire. Au mur, des cartes, des gr aphiques, un immense plan de la ville et de sa banlieue. Devant la porte duNorth Western, enfin, deux policemen et une voiture étaient, jour et nuit, aux ordres de Marcassin.
— C'est trop... c'est beaucoup trop ! avait-il dit, lui qui, à Paris, se satisfaisait d'un très modeste bureau et de son petit logement d e la rue Saint-Louis-en-l'Îsle qu'il partageait, célibataire endurci, avec sa viei lle servante, Noémie.
Toutefois, il s'était déclaré enchanté. Il l'était beaucoup moins aujourd'hui...
Certes, les travaux du« Police World Congress », auxquels il avait assisté avec miss Dorothy à ses côtés, l'avaient intéressée . Gros succès pour la lecture de la traduction du rapport qu'il avait adressé au président. Et lors de la clôture, au dîner de gala offert par lemayor, le commissaire Marcassin avait eu droit à une place d'honneur.
Mais c'est ce dîner, précisément, qui avait tout gâ té. Là, à l'heure des toasts, un certain Lord Pelman, richissime et féru d'aventu res policières, avait eu l'inspiration la plus saugrenue qui se puisse imagi ner.
Notre Marcassin, tout d'abord, n'en avait pas jugé ainsi. Il s'était même laissé séduire, comme tous les autres convives, par l'originalité de la proposition. Il avait accepté. C'est par la suite q u'il n'avait pas trouvé d'épithètes assez méprisantes pour blâmer la chose.
Ce Lord Pelman ! Un détraqué, un maniaque de l'enqu ête, un intoxiqué du crime !... Marcassin le revoyait, debout et face au maire, avec son visage couleur de brique et son frac constellé d'innombrab les décorations.
Ladies and gentlemen...
D'un bout à l'autre de son speech, Pelman s'était e xprimé dans sa langue natale. Tout ce que le commissaire avait pu compren dre, c'est qu'il était beaucoup question de lui, dans ce discours dont la péroraison avait soulevé une tempête d'applaudissements.
— Qu'est-ce qu'il a dit ?
Le commissaire, ce soir-là, n'avait pas auprès de l ui la précieuse Dorothy. Son voisin de table, par bonheur, avait pu le rense igner.
— Très drôle !... Et pourquoi pas ?...
Ah ! la malheureuse parole qui s'était échappée là des lèvres de Marcassin ! Ç'avait été le petit doigt dans l'engrenage. Tout l e reste y était passé. Et, au lendemain du banquet, miss Dorothy recevait les con fidences de son patron occasionnel :
— J'aurais dû refuser. À la réflexion, cette histoi re ne fait pas très sérieux.
Mais tout le monde semblait y tenir. Il n'y a plus qu'à attendre...
— Attendre... quoi ? avait réclamé la pâle enfant.
Elle avait été vite édifiée et n'avait pas manqué d e trouver cela très « excitant ». Elle avait su ce que les journaux all aient colporter le jour même, sous des titres ronflants :« Un match sensationnel. »« Une compétition sans précédent. »« Du sport policier. » —« France contre Amérique. » —« Alliés et rivaux. »« Messieurs les assassins, vous avez la parole ! », etc., etc...
De quoi s'agissait-il, au juste ?... Il s'agissait — Lord Pelman l'avait nettement précisé — d'une prime de cinq cents livre s sterling, pas moins, offerte à qui découvrirait et ferait arrêter l'auteur — ou les auteurs — du premier crime commis à Liverpool ou dans sa périphérie, à dater d e la présente minute.
Les conditions du match, puisque match il y avait, étaient définies en un règlement comportant cinq articles principaux et s'exprimant ainsi :
« 1° Deux policiers seulement, les deux plus célèbr es qu'aient révélés les travaux mêmes du congrès, sont autorisés à pren dre part à l'épreuve. À savoir : le commissaire français Marcassin et le dé tective américain Gordon Periwinkle, plus communément appeléOld Jeep. Les autres s'interdisent toute action directe ou indirecte. Ils composeront le jury et désigneront le vainqueur.
« 2° Old Jeep, possédant sur son concurrent l'indis cutable avantage de la langue du pays, consent à un handicap de douze h eures. Autrement dit, il laissera s'écouler une demi-journée entre la découv erte du meurtre et le moment où il se mettra lui-même en campagne.
« 3° Le vainqueur, à la demande conjointe et formel le des deux rivaux qui témoignent ainsi du plus grand désintéressement, reversera la prime de cinq cents livres aux caisses de secours du « War O rphans' fund » (Œuvre des orphelins de guerre).
« 4° Le commissaire Marcassin et Old Jeep sont, dès à présent, investis des mêmes droits, pouvoirs et prérogatives que les policiers officiels de Scotland Yard. Toutes les autorités ci viles et militaires leur doivent assistance,
« 5° L'épreuve est limitée dans le temps. Quel qu'e n soit le résultat, elle sera close le samedi 5 mai, à midi, étant entendu q ue les recherches, enquêtes, filatures pourront être poursuivies au-de là de ces délais. »
Séance tenante, un procès-verbal avait été rédigé e t signé. Et, comme l'avait dit le commissaire, il ne restait plus qu'à attendre.
Attendre !... C'est bien là ce qui l'enrageait. Il avait horreur de l'oisiveté. Elle était contraire à son tempérament. Pour se distrair e, Marcassin eût pu visiter la ville, répondre à quelques-unes des nombreuses invi tations qu'il avait reçues ou
bien commencer d'écrire ses mémoires, qu'un éditeur londonien lui avait commandées. Mais il n'avait de goût à rien. Et il g uettait, avec une impatience qu'il n'osait s'avouer à lui-même, l'annonce qui lu i ferait prendre le départ, comme le coup de pistolet du starter fait s'ébrouer les chevaux.
Une seule occupation : fumer. Le commissaire Marcas sin, ici comme ailleurs, fumait terriblement. Non pas la pipe, à l 'exemple d'un de ses illustres confrères à qui il tirait bien bas son chapeau, mai s la cigarette. Combien de cigarettes par jour ? Il en avouait une dizaine à N oémie, qui lui faisait la guerre pour ça. Mais il en grillait quatre ou cinq fois pl us, selon les circonstances, car elles l'aidaient à réfléchir. La première du matin, disait-il, tirait une sorte de rideau et le rendait lucide.
Il les roulait lui-même...
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