Où es-tu Mari
148 pages
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Description

Maja vit à Forsøl, petit village norvégien à quelques kilomètres de la ville de Hammerfest, au nord du cercle polaire.


Elle raconte dans son journal sa lutte quotidienne pour vivre malgré le chagrin qu'elle éprouve depuis la mystérieuse disparition de sa fille Mari. Elle essaie d’endormir sa douleur avec l'aquavit du placard de la cuisine et s'accroche à l'idée que Mari est encore vivante quelque part.


Maja est prête à tout pour la retrouver, même à boire les tisanes hallucinogènes d'un vieux shaman sami.


En s’isolant régulièrement dans sa cuisine avec des brioches et du thé pour écrire son journal et pour réfléchir, elle avance lentement dans la recherche de la vérité, mais plus elle progresse sur ce chemin, plus le danger, irrémédiablement, resserre son étau...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 février 2022
Nombre de lectures 10
EAN13 9782374539218
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Maja vit à Forsøl, petit village norvégien à quelques kilomètres de la ville de Hammerfest, au nord du cercle polaire.
Elle raconte dans son journal sa lutte quotidienne pour vivre malgré le chagrin qu'elle éprouve depuis la mystérieuse disparition de sa fille Mari. Elle essaie d’endormir sa douleur avec l'aquavit du placard de la cuisine et s'accroche à l'idée que Mari est encore vivante quelque part.
Maja est prête à tout pour la retrouver, même à boire les tisanes hallucinogènes d'un vieux shaman sami.
En s’isolant régulièrement dans sa cuisine avec des brioches et du thé pour écrire son journal et pour réfléchir, elle avance lentement dans la recherche de la vérité, mais plus elle progresse sur ce chemin, plus le danger, irrémédiablement, resserre son étau…
 
 
Kristel Petersen , franco-norvégienne née en 1969, a grandi entre le sud-ouest de la France et la Norvège. Enfant curieuse et précoce, elle recopie frénétiquement des hiéroglyphes et devient ensuite une lectrice avide et forcenée qui cherche dans les livres des réponses impossibles à trouver. Géographe, elle poursuit sa quête à travers de nombreux voyages sur plusieurs continents et en explorant des cultures très différentes.
Dans son premier roman policier, Où es-tu Mari ? , elle évoque la nature hostile du Finnmark, au nord de la Norvège, où elle a passé une partie de son enfance.
OÙ ES-TU MARI ?
Kristel Petersen
38 rue du polar
Prologue
Mari jouait avec le chien dans le jardin. Elle lançait la balle dans la neige et Thor partait à toute vitesse pour la rattraper. Le rire innocent et cristallin de la petite fille se mêlait aux jappements du chien qui secouait joyeusement ses longs poils noirs pour se débarrasser de la neige. Dans son petit manteau de laine rouge, Mari s’élançait à la rencontre de Thor qui lui rapportait fièrement la balle, à bout de souffle. Elle lui caressait le dos en le regardant tendrement, puis reprenait la balle pour la lancer à nouveau très loin. Ravi, l’animal redressait les oreilles et aboyait avant de partir comme une flèche pour aller la chercher. Mari le poursuivait en riant aux éclats, dévoilant ses petites dents blanches et fines qui tranchaient avec ses lèvres rouges et sa peau dorée. Des dents de petite fille coquine, aux joues rondes et douces, aux cheveux noirs dont les mèches rebelles dépassaient toujours du bonnet.
Débordant d’énergie, Thor fit volte-face pour revenir une nouvelle fois avec la balle alors que Mari courait vers lui. Ils se télescopèrent et tombèrent l’un sur l’autre, Mari roulant dans la neige avec le chien. Ses éclats de rire se mêlaient aux aboiements de l’animal qui s’était remis sur ses pattes et lui donnait de grands coups de langue affectueux.
Soudain, Mari leva la tête et aperçut le vieux renne qui venait d’arriver derrière la clôture en planches contre laquelle il avait l’habitude de frotter ses bois. Il les avait sans doute entendus jouer et espérait recevoir lui aussi sa part de caresses, et peut-être une friandise à grignoter. Mari abandonna Thor pour se précipiter vers le renne en poussant des cris de ravissement. Elle lui ouvrit la petite barrière blanche et attendit qu’il entre dans le jardin. Il se gratta une dernière fois contre la clôture, puis s’avança lentement dans l’allée. La petite fille s’approcha doucement, elle savait qu’il ne fallait plus s’agiter ni faire de bruit si elle voulait pouvoir le caresser. Le gros animal se pencha vers un jeune arbuste d’ornement qui avait encore quelques feuilles tendres. Mari en profita pour frotter son dos couvert de poils blancs. L’animal délaissa un instant la plante pour relever la tête et poser sur elle ses grands yeux noirs. Mari lui chatouilla le museau. Son haleine fumait dans l’air froid de l’après-midi et dégageait des relents de mousse moisie et de lichen.
Thor se dressa sur ses pattes et détala en direction du plateau. Mari eut peur qu’il soit jaloux du renne et franchit la limite du jardin pour partir à sa poursuite en l’appelant et en avançant difficilement dans la neige épaisse où s’enfonçaient ses petites jambes. Le renne la suivit en trottant dans le petit bois de bouleaux nains. Il s’arrêta un instant pour humer l’air de la toundra avant de reprendre sa course. Il était sans doute le seul à percevoir les signes annonçant la tempête de neige toute proche. Une tempête d’automne violente et soudaine, comme elles l’étaient souvent ici, dans ces solitudes gelées de bout du monde : des vents glacés qui se déchaînaient en apportant une grande quantité de neige humide et lourde.
 
*
 
L’homme soupira en voyant le ciel se couvrir alors qu’il commençait juste à s’engager dans la montée vers le plateau. Il était déjà près de 15 heures et la nuit aller vite tomber. Il lui tardait de retrouver sa femme et son fils. Il voulait rentrer chez lui avant la tempête.
En songeant à sa femme, son cœur se serra et il sentit une douleur aiguë et familière lui transpercer la poitrine. Il était effrayé de sentir à quel point il l’aimait, même après cinq ans de mariage. Cet attachement puissant s’était développé depuis le jour de son entrée au lycée : en arrivant dans sa nouvelle classe, il n’avait vu qu’elle, avec ses grands yeux bleus au regard doux et son beau visage auréolé de longs cheveux blond presque blanc. On aurait dit une fée. Il se souvenait de tout ce qu’il avait dû faire pour parvenir enfin à l’épouser. Il était fier d’avoir réussi, même s’il sentait bien qu’elle ne lui appartenait pas aussi absolument qu’il le voudrait. Il était effrayé par sa passion pour elle, toujours aussi violente après toutes ces années, et qui se traduisait par une envie de la posséder entièrement qui ne serait jamais complètement satisfaite. Il aurait toujours mal en pensant à elle.
 
Il fut tiré de sa rêverie mélancolique par la neige qui commençait à tomber. Même dans un 4x4 adapté au grand froid comme le sien, il fallait faire attention en conduisant, ne pas tourner le volant trop vite dans les courbes, et surveiller la formation des congères pour les éviter. Ici, sur la bordure nord du plateau du Finnmark battu par les vents glacés, la neige pouvait s’accumuler très vite et former par endroits des murs infranchissables. Il devait à la fois se presser pour rentrer et conduire avec prudence, ce qui semblait difficile à concilier.
La tempête lui parut un peu moins forte quand il arriva à l’entrée du bosquet où quelques arbres parvenaient à pousser, dans la pente abritée. Il connaissait la route par cœur, si près de chez lui. Il lui semblait même déjà entendre les aboiements de son chien malgré le sifflement du vent. Il s’autorisa à accélérer. Tout à coup, dans le virage, il aperçut une grosse masse grise en travers de la route. Il essaya de freiner sans déraper et parvint difficilement à garder la maîtrise de sa direction, au prix d’une collision avec la grosse bête qui lui barrait le chemin.
Un putain de renne. Un sale putain de renne qui lui avait coupé la route. Heureusement, le choc n’avait pas été très violent, et il voyait bien que le 4x4 n’avait pas souffert, protégé par son pare-chocs renforcé en acier.
Il ajusta son bonnet, referma soigneusement son anorak et sortit de la voiture en enfilant ses gants. Il était tellement en colère qu’il ne percevait même pas la morsure du froid, ni la douleur quand les fortes rafales de neige et de glace mêlées lui giflaient violemment le visage. Un putain de renne, oui. Mais pas n’importe lequel. Il aurait dû s’en douter. Les rennes des Samis ne divaguaient pas sur le plateau en cette saison, ils avaient quitté ces terres de transhumance et étaient repartis dans le Sud depuis un moment déjà. Ce renne-là, il le connaissait bien, il vivait ici toute l’année. Pourquoi est-ce que cette sale bête s’était mise en travers de sa route au beau milieu de la tempête, quand tout était devenu blanc et que l’on ne distinguait plus rien ? En tout cas, si sa première idée avait été de le pousser sur le côté et de le laisser geler au bord de la route, il avait dû changer d’avis : ce renne-là devait disparaître.
Cela lui avait pris environ 5 minutes pour régler le problème, et il était soulagé de pouvoir remonter dans la voiture. Malgré son équipement, les rafales de vent l’avaient transi jusqu’aux os. On ne devait pas savoir ce qui s’était passé ici. Avec le vent mêlé de neige, l’air était devenu complètement opaque et on ne distinguait qu’à peine les formes des petits arbres qui l’entouraient. Il était quasiment sûr que personne ne l’avait vu se servir du treuil pour charger la carcasse sur la plateforme à l’arrière.
Il avait laissé tourner le moteur et le 4x4 était reparti facilement. Mais il n’allait pas pouvoir rentrer directement chez lui : il fallait d’abord qu’il descende déposer le renne chez son père pour lui demander de l’aider à le dépecer et le cacher dans son congélateur. Il se concentrait sur la route pour ne pas déraper dans la pente, en écarquillant les yeux pour distinguer son chemin à travers les flocons de neige, alors qu’il aurait aimé les fermer pour ne plus voir l’image qui lui avait glacé le sang.
La vision de la petite forme rouge découverte à côté du renne, qu’il avait repoussée dans un creux entre les racines d’un petit sapin, et cachée sous la neige. Il savait qu’à cet endroit le vent édifierait rapidement une congère qui resterait là jusqu’à la fin de l’hiver.
Chapitre 1
Les contours géométriques de la petite église de Hammerfest se détachaient nettement sur le ciel bleu marine de la nuit polaire. La foule se pressait devant la grande porte, dans la clarté qui émanait des fenêtres triangulaires de la façade. Les gens voulaient entrer se mettre à l’abri du vent glacé venu de l’océan dont on sentait qu’il apporterait bientôt une neige épaisse et humide.
À l’intérieur, ils progressaient lentement dans la lumière douce et dansante des cierges. Pour cette messe de Noël, tout le monde avait fait un effort pour s’habiller avec élégance malgré le froid. Parmi ceux qui

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