Contes Bayonnais
196 pages
Français

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Contes Bayonnais , livre ebook

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Description

Ces contes bayonnais sortent de l’ordinaire des contes et légendes traditionnels.


L’auteur compte parmi les plus grands historiens de la ville et de sa région au XIXe et au XXe siècles.


Aussi son but est de faire connaître l’histoire – on dirait même : la vocation – maritime de la ville tout au long de son existence séculaire.


Et des origines préhistoriques jusqu’aux guerres de course du premier Empire, au fil de l’évolution de la marine et des navires, voilà ces contes bayonnais qui vous éclaireront, vous raviront ou vous donneront cette émotion qui est directement liée à l’enfance et à l’écoute ou à la lecture d’un conte...



Edouard Ducéré (1849-1910), né et mort à Bayonne, fut le secrétaire de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne jusqu’à son décès.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782824055824
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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ISBN

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Éric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ ÉDITION S des régionalismes ™ — 2005/2009/2011/2021
Éditions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.1066.3 (papier)
ISBN 978.2.8240.5582.4 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.


AUTEUR

ÉDOUARD DUCÉRÉ




TITRE

CONTES BAYONNAIS




I. UNE COLLECTION SINGULIÈRE
I l y a presque quarante ans vivait, dans notre ville, un vieux bonhomme que l’on rencontrait souvent sur les quais ou dans les environs du port, examinant, d’un air de connaisseur, les formes des vaisseaux, leurs mâtures et leur gréement.
C’était un vieillard de petite taille, fort âgé, mais qui, malgré les années, paraissait encore terriblement solide, son teint était rouge brique, et comme tanné par le grand air et le vent du large ; ses yeux clignotants étaient très vifs et ses cheveux, plantés drus, d’une blancheur de neige. Il portait aux oreilles de petits anneaux d’or ciselés, figurant une ancre de forme très ancienne. Le père Hondelatte était un de ces vieux corsaires que les années fauchaient sans pitié, eux qui avaient bravé cent fois le sabre et le canon. A voir cet homme de mœurs si douces et d’une apparence si paisible, on n’eut jamais cru trouver en lui un de ces rois de la mer dont l’audace et la bravoure portèrent autrefois des coups si rudes au commerce des Anglais.
Je connaissais Hondelatte : j’avais eu bien souvent l’occasion de causer avec lui, pendant nos fréquentes promenades sur le port, et je n’avais pas été long à découvrir que le brave homme avait un esprit des plus cultivés et une instruction fort rare chez ces terribles sabreurs.
Pendant quelque temps je fus fort intrigué en voyant mon vieil ami le marin chargé de livres et de papiers, et comme j’entrais chaque jour plus avant dans son intimité, il finit par me communiquer quelques-uns de ses ouvrages qui avaient tous trait à la marine et à son histoire.
D’ailleurs, à l’encontre de ses pareils, presque tous grands conteurs d’histoires invraisemblables, il était, lui, d’un mutisme complet sur sa vie, qui avait dû être, si je devais en juger par le bruit public, passablement agitée.
J’eus la bonne chance de trouver, dans un lot de vieux papiers, des documents qui me parurent intéressants pour l’histoire de la marine et, faisant un paquet de tout, je l’envoyai à mon vieil ami.
Je fus plusieurs jours sans l’apercevoir faisant sa promenade habituelle, et je commençais à me demander sérieusement s’il n’était pas malade, lorsqu’il revint enfin et, en me voyant, il s’avança vers moi, le visage souriant :
— Ah ! Monsieur Charles, me dit-il, vous ne pouvez savoir le plaisir que vous m’avez fait en m’envoyant ces documents si précieux : je viens de passer plusieurs jours à les examiner et à les lire avec la plus grande attention.
— Mon Dieu ! maître Hondelatte, lui répondis-je, je suis fort heureux que ces vieux papiers se soient trouvés de votre goût, car je n’y avais rien vu de très extraordinaire : des rôles d’équipage, des états de prises et quelques pièces assez intéressantes à la vérité, mais qui ne jettent pas un jour bien nouveau sur nos anciennes gloires maritimes.
— Pour vous, c’est fort possible : mais pour moi, c’est une bien autre affaire.
Et comme je le regardais avec incrédulité, il ajouta :
— Tenez, venez me voir demain et je vous prouverai la vérité de ce que j’avance.
Je fus étonné, car jamais personne n’avait été invité à pénétrer dans la maison du marin, et je me hâtai d’accepter sa proposition.
— Eh bien ! soit, lui dis-je. A demain, alors !
— Qui, à demain ! Et je vous promets de ne pas vous faire perdre votre temps.
Le Jour suivant, je me mis à même de me rendre à l’invitation qui m’avait été faite, et je pris le chemin de la rue Galuperie, dans laquelle vivait le père Hondelatte.
Sa demeure, d’ailleurs, appartenait à cette ancienne famille depuis un temps immémorial : les gens de la ville y avaient toujours connu des Hondelatte. Elle avait dû subir de très nombreuses restaurations, car elle portait un peu l’empreinte de tous les âges, mais le commencement du XVIII e siècle y dominait surtout. Elle avait un pignon pointu qui s’avançait sur la voie publique, et seulement deux étages au-dessus du rez-de-chaussée, étages qui surplombaient, l’un sur l’autre, leurs poutrelles sculptées, soutenues par des corbeaux en fer forgé. Les fenêtres étaient munies de petits carreaux verdâtres, de ceux que l’on nomme vulgairement « cul de bouteille ». Le rez-de-chaussée était composé d’un ouvroir , avec sa pierre qui servait à l’étalage des marchandises d’autrefois, mais il n’était plus occupé, et les volets massifs en étaient fermés.
Devant la porte, un montoir ou large banc de pierre qui, après avoir servi aux cavaliers dont les chevaux s’arrêtaient devant la maison, n’était plus occupé que par les gamins du quartier.
Je saisis le marteau en fer forgé représentant une ancre de navire et, le laissant retomber avec force, un grondement sonore réveilla les échos de la vieille maison.
Après un moment d’attente, une servante mal peignée vint m’ouvrir et, me tournant le dos sans mot dire, elle me précéda dans le long corridor qui conduisait dans la cour intérieure.
Cette dernière partageait la maison en deux corps de logis, reliés entr’eux par des galeries à balustres de bois grossièrement sculptés et qui démontraient l’antiquité de cette construction.
Mais avant de franchir les premières marches de l’escalier de pierre, marches rendues glissantes par suite d’un long usage, j’eus le temps de voir dans la cour un ornement en bois doré et sculpté, appliqué contre la muraille, et qui paraissait d’une grande ancienneté. De l’autre côté, et lui faisant face, se trouvait un trophée de harpons, de lances et de haches, qui avaient dû servir à la pêche de la baleine, mais dont les fers polis et bien entretenus témoignaient, par leurs formes spéciales, qu’ils dataient d’un autre âge.
Au premier étage, la vieille servante ouvrit une porte, et j’entendis la voix forte et sonore du vieux marin qui criait :
— Entrez ! entrez ! je vous ai bien reconnu aussitôt que je vous ai entendu frapper.
La pièce dans laquelle il se trouvait donnait dans la rue Galuperie, et ses deux fenêtres, largement ouvertes, laissaient entrer à flots l’air et la lumière. Un grand nombre de livres aux reliures anciennes étaient rangés sur des rayons contre les murailles, et partout où il n’y avait pas de livres, on voyait suspendus des dessins ou des estampes représentant des vaisseaux de toutes les époques et sous toutes les allures.
A côté de l’une des fenêtres était placée une grande table avec des cartons, toute encombrée de plans de navires, de livres et de papiers. Il n’y avait là aucun effet cherché ni voulu, et je voyais bien que le vieil Hondelatte était au milieu de ses occupations quotidiennes, qui avaient fini par devenir pour lui une véritable passion.
En ce moment, mes regards se portèrent sur des armes qui étaient placées à la muraille, entre les deux fenêtres, et qui avaient échappé à mon premier examen.
— Oui, Monsieur Charles, oui, me dit-il, vous admirez ces pièces si anciennes, mais elles ont pour moi une valeur plus grande encore que leur beauté : ce sont des souvenirs de famille, et elles ont été portées par mes ancêtres, tous marins de père en fils.
— Cependant, lui dis-je, il y a là des épées de la plus haute antiquité, et que ne possèdent, à coup sûr, aucun de nos musées nationaux ?
— Vous avez raison, ajouta-t-il avec un gros soupir, et pourtant la collection est incomplète... Toutefois, dit-il en se levant et en m’invitant à regarder de plus près, voici

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