COQS
241 pages
Français

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Description

Un gendarme, père de famille, a failli tout perdre lors d’une seule et effroyable nuit.


Son ami journaliste, sans employeur et esseulé, cherche sa rédemption.



Au gré des tourments de leurs mondes se tracent réflexions, jugements et résignations...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782956492627
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dominique Convard de Prolles
 
 
COQS

D'un ou de plusieurs faits réels naît une idée, un concept, une histoire. Ils peuvent se composer d'un semblant d'une ou de plusieurs situations, ou de faits réels, voire directement composer de l'un d'eux.
D'où la différence entre la réalité et le réalisme d'une pensée, d'un écrit ou d'une vision. La réalité est ce que nos sens perçoivent distinctement. Le réalisme est une sensation de réalité créée par la pensée à partir de sensations réelles.
Toute pensée, tout écrit, toute vision peut être réaliste, mais non réel dans son état. Toute pensée, tout écrit, toute vision peut devenir une réalité par son application. Toute pensée, tout écrit, toute vision peut être rattrapé par la réalité.
Toutefois il est, de fait et de droit, intolérable qu’une pensée, un écrit ou une vision s’impose comme une réalité, comme un fait.
 
Certaines séquences d'actualités sont reprises depuis ou sont inspirées par des événements réels, relatés à travers les médias. Ces informations qui ont servi la trame de ce roman peuvent être décalées et d'autres erronées par rapport à la réalité des faits. C'est qu'alors, envers moi simple individu au pouvoir de citoyen, ces médias sont incompétents à relater, à expliquer et à rappeler ces mêmes informations de manière journalistique et donc objective.
Messieurs les journalistes, votre métier est le dernier rempart contre l'illusion, alors n'en faites plus un show.
Notes de l’auteur :
 
Ce roman a été imaginé et écrit entre 2001 et 2003, puis une dernière relecture et correction en 2019, pour être publié en autoédition en 2020.
 
 
BASSE COUR
 
 
Le décor du studio était bleuté et ouvert, presque plat. La couleur bleue était accueillante et apaisante. Le mur de verre, soutenu par des piliers incrustés de téléviseurs, rendait ce bleu très pastel, encore plus liquoreux avec ces multiples effets de transparences et de réflexions. Tout était fait pour inviter le téléspectateur à s'immiscer sur le plateau du journal télévisé.
À venir s'asseoir autour de cette étrange table ; à observer les journalistes qui travaillaient d'arrache-pied pour condenser toute une journée du Monde en trente minutes ; à voir au travers de leur travail, à la recherche de cette capacité étrange de choisir ce qui, finalement pour le téléspectateur, lui était si proche, et d'en rejeter ce qui serait trop abstrait à son esprit ; à fouiner sur les bureaux de ces gens qui avaient une sensibilité identique à celle du téléspectateur, pour en obtenir documents anciens, indices, paroles, qui leur ont soufflé ces sujets si croustillants en nouvelles et en argumentaires.
Mais à cela, il y avait un garde-fou. Cet être si étrangement hospitalier, si propre sur lui, si affiné du visage, ne pouvait pas s'abstenir de dévoiler les malheurs et les craintes du téléspectateur, les espérances et les joies des autres. De la même manière, il empêchait quiconque d'en connaître tout autant que lui, afin d'avoir encore des primeurs pour demain. Il ne permettait pas que quiconque pût s'attabler avec lui. Ainsi était le chef d'orchestre de ce court moment, où lui seul disait au téléspectateur quoi penser à l'aide de multiples visages d'acteur, qu'il était. Et la vitre du téléviseur n'y pourrait rien changer, car une fois pour toutes, il était et resterait seul maître des lieux.
 
« Mesdames et messieurs, bonsoir, lança le présentateur du journal télévisé. Merci de suivre cette édition. Et tout d'abord, un peu de baume au cœur pour tous ceux qui habitent à l'ouest du pays. »
Une carte schématisée de la France métropolitaine glissa à l'écran.
« Météo France affirme que la dépression se déplace vers le nord. Elle sera suivie par une hausse des températures, offrant surtout une accalmie de vingt-quatre heures sur le front des précipitations et des inondations. »
La carte disparut pour laisser place à un visage qui effaçait son sourire.
« Notre consœur reviendra plus en détail sur cette aubaine providentielle après notre édition.
« Cela ne doit toutefois pas faire oublier les sinistrés de l'Anjou qui ont déjà beaucoup perdu, et devant la stagnation des eaux, voient le peu qu'il leur reste être rongé par l'humidité. Aujourd'hui, M. Étienne Grolier de Benjac, notre Premier ministre, s'est rendu sur place, afin de réconforter les habitants de la région, et de se rendre compte, avec l'aide des élus locaux, de l'étendue des dégâts. Didier Lonce et Charles Guibert l'ont suivi toute la journée. »
Une vidéo fut lancée depuis la régie de la télévision. Des images prises avec une caméra à l'épaule tressautèrent sur les téléviseurs des téléspectateurs. Une voix claire et accentuée couvrait le reportage, monté comme une tragédie.
« Tôt ce matin, le maire écologiste de Saumur et les élus des communes sinistrées ont reçu le Premier ministre, ainsi que les délégations des ministères de l'Agriculture, de l'Équipement et des Transports. »
D'une rangée de berlines longues et noires, sortaient plusieurs hommes en costume et cravate. L'un d'eux sortait du lot avec son ensemble trois-pièces plus clair que les autres, et les maires, portant l'écharpe tricolore, s'empressaient de lui serrer la main. Entouré de gendarmes accoutrés de treillis et coiffés de képis, le groupe d'officiels s'élançait.
« De suite, le Premier ministre a demandé à voir directement la zone sinistrée et tous les officiels sont montés à bord des camions de l'armée. Rapidement, les premiers énoncés donnaient le ton de la rencontre. Les différents maires ont fait part de leurs premières estimations. »
La main d'un maire barbu dansait sur l'horizon au rythme de ses paroles.
« Tous ces champs sont habituellement couverts de plantations de maïs et de tournesol. Plus loin ce sont des pâturages. Nous avons pu déplacer les bêtes avant la nouvelle montée des eaux. Ici, les plus à plaindre sont les agriculteurs. Nous avons aussi perdu énormément sur plusieurs zones d'activités commerciales que nous avions développées ces dernières décennies, avec le soutien du Conseil général. »
Le commentaire audio du reporter reprit.
« Après une longue boucle au cœur des eaux stagnantes, les officiels sont revenus en zone résidentielle, où le Premier ministre a tenu personnellement à rencontrer les sinistrés afin de les écouter et de les réconforter au possible. Mais l'accueil a été plus tendu que prévu. »
Une foule dispersée vint au contact de la troupe d'officiels, protégés par des gendarmes inquiets. L'escorte laissa passer un homme à la mine pitoyable, dont le Premier ministre s'empressa de serrer la main.
« Merci de venir nous voir, Monsieur le Premier ministre.
— Mais c'est normal et cela fait partie de mon...
— C'est vrai qu'à Paris, là-haut, vous êtes pas les pieds dans l'eau depuis une semaine.
— Je compatis pleinement à votre peine, fit le Premier ministre, interloqué. Vous savez, Monsieur, le gouvernement et moi-même étudions diverses...
— Si vous compatissez à notre sort, M. Grolier, qu'attendez-vous pour ouvrir les vannes des Ponts-de-Cé ? Vous savez, ça nous aiderait beaucoup pour y voir plus clair dans tout ça.
— Mais nous ne pouvons pas faire cela, cher Monsieur. Ce serait dan...
— Ah ! Vous ne pouvez pas ? Alors que pouvez-vous pour nous ? C'est bien gentil de venir nous voir ici-bas, mais c'est de choses concrètes dont nous avons besoin.
— Mais je... »
L'homme prit la main du Premier ministre et ne la lâcha plus jusqu'à ce qu'il finît sa phrase par un rictus complice, sinon cynique.
« Nous vous remercions d'être au moins venu nous voir, mais ici c'est la mare aux canards. C'est pas fait pour les cygnes. Et une dernière chose, s'il vous plaît, si vous savez quoi faire pour nous, n'attendez pas l'année prochaine, après les élections présidentielles. Je ne suis pas sûr que v

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