Filleul
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Description

Est-il possible qu'une simple lettre change toute une vie? Confinée avec sa famille dans un bidonville du Sud, Gabriella Vellera se tourne vers son amie Normande Viau, marraine humanitaire de son fils Jo'no, pour le sauver de la délinquance. La Canadienne accepte spontanément d'accueillir l'adolescent dominico-haïtien à Kapuskasing, dans le Nord de l'Ontario.
D'abord ébloui par les grands espaces, l'abondance e nourriture, le confort et les richesses infinies du Canada, Jo'no en découvre bientôt le versant plus sombre. Lié d'amitié avec Billy, un jeune autochtone, il comprendra la misère des réserves, qui lui rappelle avec désarroi les injustices et les préjugés qui règnent dans les bateyes dominicains où il a grandi et souffert. Le séjour du filleul à Kapuskasing ne se vivra pas en toute tranquillité. L'adolescent sera témoin du mensonge et de la violence qui s'immiscent peu à peu entre Normande et son mari, des deuils vécus par son ami Billy, des difficultés que vivent sa famille et leur protecteur, le père Mark.
Les personnages d'Hélène Koscielniak se métamorphose u gré des rencontres et des bouleversements : Ils se retrouvent au carrefour des grandes décisions et entament une existence nouvelle… Mais cette existence sera-t-elle plus heureuse?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782896993581
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Filleul
De la même auteure

Chez le même éditeur
Marraine , Ottawa, collection « Vertiges », 2007.
Carnet de bord , Ottawa, collection « Vertiges », 2009.
Contrepoids, Ottawa, collection « Vertiges », 2011.

Chez un autre éditeur
Témoignage de la Marraine , texte publié aux Éditions Vermillon dans un recueil intitulé Haïti, je t’aime ! Ayiti, mwen renmen ou ! , 2010.
Hélène Koscielniak

Filleul

suite du roman Marraine
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Koscielniak, Hélène
Filleul [ressource électronique] : roman / Hélène Koscielniak.

(Collection « Vertiges »)
Monographie électronique.
Publ. aussi en format imprimé.
ISBN 978-2-89699-357-4 (PDF).--ISBN 978-2-89699-358-1 (EPUB)

I. Titre. II. Collection: Collection Vertiges (En ligne)

PS8621.O83F55 2012 C843’.6 C2012-904201-3

Les Éditions L’Interligne
261, chemin de Montréal, bureau 310
Ottawa (Ontario) K1L 8C7
Tél. : 613 748-0850 / Téléc. : 613 748-0852
Adresse courriel : communication@interligne.ca
www.interligne.ca

Distribution : Diffusion Prologue inc.

© Hélène Koscielniak et Les Éditions L’Interligne
Dépôt légal : troisième trimestre 2012
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits réservés pour tous pays

Version ePub réalisée par: www.Amomis.com
Pour ma mère qui aime lire autant que moi.
Byen pa janm pèdi.
Un bienfait n’est jamais perdu.

Proverbe créole
1
Atterrée, Normande laissa tomber la lettre sur le secrétaire où, quelques minutes plus tôt, elle l’avait décachetée en vitesse. Voilà donc pourquoi ses nombreuses missives étaient restées sans réponse. Elle qui se rongeait les sangs depuis son retour de la République dominicaine, eh bien, elle était fixée. Les larmes aux yeux, elle se réfugia sur le divan.
« Tout détruit [...] Jo’no [...] sauvagement battu, conditions de vie pires qu’à Panfosa [...] Henri [...] décédé [...] enterré dans une boîte de carton à la lisière du cimetière de la ville. Jo’no [...] inconsolable [...] devient dur, cynique... »
Et ce cri du cœur.
« Jamais je ne me serais abaissée à te faire la demande suivante [...] Cela me brisera le cœur de voir partir mon Jo’no. Mais je suis désespérée. C’est pourquoi je t’en supplie, Normande, au nom de notre amitié, fais-le venir chez toi, au Canada. Sinon, il sera perdu. »
Avec les meilleures intentions du monde, elle avait détruit la vie de son amie Gabriella, cette courageuse Haïtienne. Et celle de son filleul, Jo’no, cet enfant extraordinaire aux prunelles insondables qui, sous l’effet de l’émerveillement devant l’évocation de flocons voltigeant dans les airs, avait demandé : « C’est vrai que la neige chatouille le nez ? Comment ? Comme une plume de perroquet ? »
« Fais-le venir chez toi. »
Que dirait Gilles ? Elle avait secrètement souhaité amener Jo’no au Canada. Faire de lui ce fils qu’elle n’avait jamais eu. Malgré son chagrin, l’idée l’emballait toujours. Les paroles du garçon résonnaient encore dans ses oreilles : « Comme j’aimerais aller au Canada ! Mon plus grand rêve est de voir de la neige... » Jamais, néanmoins, avait-elle imaginé satisfaire son désir dans de si affreuses circonstances. Normande se leva pour aller chercher des mouchoirs. Elle s’essuya les yeux, se moucha et se rassit. Comment faisait-on venir un enfant au Canada ? Jo’no n’avait pas de passeport. En avait-il besoin ? Si oui, où et comment lui en procurer un ? Et qu’en était-il d’un visa ? À quoi s’attendait Gabriella ? À une visite de quelques mois ? D’un an ? Jusqu’à la majorité de son fils ? Dans ce cas, y avait-il des mesures spéciales à prendre ? Lesquelles ? Les autorités de l’île permettaient-elles à un jeune garçon de quitter Haïti ou la République dominicaine ? Jo’no pourrait-il voyager seul en avion ? À partir de quel aéroport ? Celui de Port-au-Prince ? Sinon, Gabriella et ses enfants pourraient-ils retraverser la frontière pour se rendre à Saint-Domingue ? D’après son amie, ils avaient tout perdu ; ils n’avaient donc plus aucun papier. Dans son désarroi, Normande ne se souvenait plus où Gabriella avait échoué à la suite de la brutale déportation. Elle se leva de nouveau et alla récupérer la lettre. L’en-tête se lisait : « Marmelade, Haïti » . Plus loin, elle lut : « [...] dans une minuscule cabane de tôle, dans un bidonville [...] dans les montagnes au sud-ouest de Cap-Haïtien. »
« Fais-le venir chez toi. »
Gilles serait-il d’accord ?
« Sinon, il sera perdu. »
Il le fallait ! Normande se tordait inconsciemment les mains. N’y avait-il aucun répit pour le peuple haïtien ? Trois ouragans successifs venaient de s’abattre sur l’île, tuant des centaines de personnes et laissant des milliers d’autres sans abri. On rapportait que les gens avaient tellement faim qu’ils mangeaient des galettes de boue ! Et voilà que, tout récemment, deux écoles s’étaient effondrées, écrasant les écoliers sous les décombres.
« Fais-le venir chez toi. »
Gilles serait pour le moins... vivement contrarié. Normande fut parcourue d’un frisson. Sa vieille ennemie, la couardise, toujours tapie au fond d’elle malgré ses efforts pour l’en extirper, menaçait d’étouffer encore une fois sa bonne volonté. Elle s’empressa d’évoquer le souvenir poignant qui avait soutenu son courage depuis son retour du batey 1 : un humble amoncellement de petits bâtons de bois empilés dans un coin près des gribouillis des enfants qui marquait le sol où Gabriella faisait l’école.
« Fais-le venir chez toi. »
2
Dépité, Gilles lança la lettre sur la table de salon.
— Jésuite ! Tous mes plans sont à l’eau ! Ça donne rien d’aller bâtir une école pour ton amie en République si elle pis ses enfants sont pus là ! Pis le gros Montgomery qui avait débloqué les fonds nécessaires ! Sa compagnie acceptait de commanditer tout le projet.
— Ce n’est pas la faute de Gabriella.
Gilles jeta un regard noir à sa femme.
— Je l’sais, bonyeu ! Mais c’est qui qui est allé s’fourrer l’nez dans la vie de cette femme-là ? C’est ça qui arrive quand on s’mêle des affaires des autres ! Normande blêmit sous l’accusation. Son mari qui sous le coup de l’émotion après sa rencontre avec les gens du batey avait fait plusieurs promesses, revenait graduellement à ses comportements coutumiers. La situation économique n’aidait pas. Depuis que le mot récession avait fait le tour du globe, il vivait sous un stress intense. Sur un ton conciliant, Normande tenta de se justifier.
— Mes intentions étaient bonnes. Et n’oublie pas : c’est toi qui avais offert un voyage au Canada à Gabriella et ses enfants. Lors du retour, tu disais ne pouvoir croire qu’elle ait suggéré la construction d’une école au lieu d’accepter ton offre. Tu n’arrêtais pas de répéter que Jo’no t’avait impressionné...
Elle esquissa une moue désabusée.
— As-tu également oublié ta promesse de ne plus me parler sur ce ton ? Gilles se passa impatiemment une main dans les cheveux et fit un effort pour se radoucir.
— Ouais, t’as raison. Mais faire venir Jolo ici... Normande ne le corrigea pas.
— Ça va coûter cher. Faudra le nourrir, l’habiller... Comment de temps qu’y veut rester ?
— Je ne sais pas. Il me faudra demander à Gabriella.
— Où est-ce qu’on va le mettre ? On n’a pas de place.
Normande hésita avant de suggérer :
— Dans la pièce qui te sert de bureau ? Nous pourrions la convertir en chambre à coucher... Gilles reprit la lettre et la brandit.
— As-tu bien lu ? Ton amie dit que son gars devient dur et cynique. Si on s’met à avoir des problèmes avec le jeune, qu’est-ce qu’on va faire ? Le remettre sur l’avion pis le retourner à sa mère ?
Normande ne pouvait s’imaginer un tel Jo’no. Un enfant si sensible. Un enfant qui avait mémorisé un poème sur la neige dans l’espoir d’en comprendre les images et les sentiments. Dur et cynique ? À onze ans ? Par contre, Gabriella écrivait qu’il travaillait déjà comme un homme « [...] à couper du bambou dans une man

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