La gare de Merlimont
21 pages
Français

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La gare de Merlimont , livre ebook

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Description

Ils étaient destinés à voyager ensemble mais la vie est un voyage singulier.
Il est attaché parlementaire. Elle travaille pour une ONG. Au fil du rail, d'une gare à l'autre, chacun trimballe bon an mal an ses bagages. Les paysages, réels et mentaux, et les scènes se succèdent, oscillant entre mémoire et présent, jusqu'à ce que les chemins des jumeaux bifurquent. Pour le meilleur, mais aussi pour le pire.
Après La Gare de Merlimont, véritable « roman de gare », vous ne prendrez plus le train de la même façon.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782363159786
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La gare de Merlimont


Catherine Lang

Ecrivayon 2015
ISBN:979-10-93820-05-3
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
 
I
 
Tu mets dans ta valise le dernier rapport à d é pouiller, la revue de presse que tu as concoct é e et que tu pourrais lire, pas seulement en diagonale.
 
Tu n’ é cris jamais dans le train, tu ne claviotes pas sur ton ordinateur portable. Tu ne supportes pas le cliquetis des doigts inhabiles sur un clavier. C ’ est pour toi un supplice pire que celui du voisin qui é coute de la musique techno avec un truc dans chaque oreille. Tu ne supportes pas non plus les voyageurs qui utilisent leur t é l é phone portable alors que le chef de train vient de dire qu ’ il faut les utiliser sur les plateformes «  pour le confort de tous    » .
 
Tu as toujours un polar sous la main pour lire ou pour dormir. Important : ne pas avoir froid. La fen ê tre du train renvoie toujours un courant d’air frais. Tu prends quand m ê me une place contre la fen ê tre. C’est mieux pour dormir m ê me si ç a peut provoquer parfois des torticolis é pouvantables.
 
Tu es riche aujourd’hui d’une exp é rience : tu sais que quand on n’a pas de cheveux, on a froid. Ta maman t’a tricot é un bonnet, rouge.
 
Le scanner surveille depuis des mois le petit crabe qui traine dans tes poumons. Il se tient tranquille. Le m é decin dit tout doucement au jeune interne : «  C’est une r é mission  » . Il ne veut pas que tu l’ entendes .
 
Alerte Google sur ton t é l éphone portable, dé p ê che AFP, tu comprends tout à coup que le journaliste que tu as eu au t é l é phone il y a deux jours a utilis é ce que tu lui as dit. Ç a n’ é tait pourtant qu’une conversation entre deux vieilles connaissances. Quoique. Tu savais que tout é tait possible. Sorte de jeu qui fait partie de son boulot et du tien. Tu ne lis pas la d é p ê che enti è rement. Peur d’avoir prononc é un mot, une phrase qui pourrait ê tre mal interpr é t é e. Tu n’es pourtant pas sortie de la ligne officielle. Tu esp è res surtout que ton nom ne sera pas cit é .
 
Tu as peur. Comme en tribune. Tu cherches d é sesp é r é ment une ou deux ramettes de papier pour é lever ta petite taille. Tes feuilles sont pleines de notes que tu ne regardes jamais. Tu finis par oublier les trois cents cinquante paires d’yeux qui t’ é coutent. La rh é torique reprend sa place. Ton discours n’est jamais celui que tu as pr é vu.
 
Tu continueras peut-être la lecture DU Houellebecq que tu as t é l échargé gratuitement et que tu as interrompu à la page trente-deux. Un Paris/Vierzon devrait suffire.
 
Incident voyageur sur la voie, deux heures d’arr ê t à Laval. Tu descends, tu achè tes le dernier Goncourt : Trois Femmes Puissantes , un sandwich. La batterie de ton t é l é phone est d échargé e. Toilettes, une prise de courant à partager pour avertir de ton retard. L’enjeu est important : é lection du d é l é gu é local.
 
Le train de retour à Rennes est supprim é pour cause de «  mouvement social  » . Soleil, terrasse, bi è re : tu termines le Goncourt.
Soleil, lever du jour à Cagnes-sur-mer, là tu es partie en avion.
Mais ce sont les gares que tu aimes.
 
Morcenx, Toulouse, Poitiers, Strasbourg, La Rochelle, Challes-les-Eaux, Saint-Brieuc et les pas de Cripure, Loud é ac et sa gare sans train, les 42 ronds-points jusqu’ à Vannes, Reims, Lyon, Saint-Rambert-d ’Albon, Bussang et son théâ tre, Limoges, La Bourboule.
 
Saint Rapha ë l, Angoul è me, Pontch â teau, Boll è ne-la-Croisi è re, Bordeaux, Clermont-Ferrand et sa fondue cambodgienne, et la gare de Merlimont.
 
Tu pourrais aimer la mer   : Ambleteuse, la dune du Pyla … mais il y a chaque fois trop de brume et tu n ’ entends que les drisses dans les haubans.
 
Elles t ’ obligent à participer à leur conversation. Litanie de voix qui t’emp ê chent de lire, de dormir, qui t’attirent irr é sistiblement vers elles. Ton monocorde, comme leurs v ê tements sans couleur, bourdonnement de conversation qui se veut à voix basse mais emplit tout l’espace.
Tu voyages en premi è re. Microcosme parisien qui a sa maison sur le remblai. Lui, svelte et Ipod, costume de ville, chemise blanche à la BHL. Elle, bottes sous 28  ° C, jupe courte, bronz é e, peau tombante, silicone. Tu as du mal à d é tacher tes yeux de ce d é sir de ne pas vieillir et de para î tre. Un couple en face, la soixantaine, a une galerie d’art sur le remblai, encore.
Tu te dis que tu as raison de demander une place solo quand tu ach è tes ton billet de train.
 
Il é pluche une orange et te tend un quartier. Tu n ’ oses pas lui dire que tu as horreur de la pulpe du fruit. Tu acceptes parce que tu ne sais pas comment dire non. Tu sors dans le couloir pour ê tre seule. La nuit, tu aimes voir é chapper à ton regard les maisons endormies. Tu ne veux pas qu’il te parle. Il é crit ton nom sur la bu é e de la fen ê tre.
 
Ta valise bleue traverse le couloir sur ses roulettes, un voyageur te la renvoie dans un sourire.
 
Elles ne se connaissent pas mais ont sensiblement le m ê me â ge. Avanc é . Sont assises l’une en face de l’autre. Tu es en route pour Ch â teaudun. L ’ une fait des mots crois é s, l’autre un sudoku.
 
Tu veux ê tre un gar ç on parce qu’il n’y a pas de femmes m é caniciens sur les machines à vapeur. Tu aimes cette odeur de charbon br û l é qui noircit ta pea

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