Les Sables oubliés
66 pages
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Les Sables oubliés , livre ebook

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Description

Alors qu'Agnès, d’origine bédouine, va être décorée par la petite ville qu’elle a dirigée en tant que maire durant trente-cinq ans, elle reçoit un appel d’une journaliste qui voudrait l’interviewer, considérant cette affaire surtout comme une occasion d’être acceptée dans le journal qu’elle convoite. Pourtant, cette dernière ne réalise pas qu'elle plongera dans un passé tourmenté et troublant en croisant aussi la route de la mère d'Agnès, qui accepte de raconter leur histoire commune. Confrontée à des actes de barbarie et des meurtres tout au long de son existence, contrainte de fuir à plusieurs occasions pour protéger sa fille, cette interview deviendra alors le moyen pour elle de se libérer d'un poids qu'elle a longtemps gardé enfoui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 décembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381533698
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Sables oubliés

La SAS 2C4L — NOMBRE7,ainsi que tous les prestataires de production participant à laréalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pourresponsables de quelque manière que ce soit, du contenu engénéral, de la portée du contenu du texte, ni dela teneur de certains propos en particulier, contenus dans cetouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à lademande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeurtiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité
Maria BERT

Les Sables oubliés

Roman
L’ÉTONNANTE DEMANDE Vendredi20 juin 2011
Il fait beau.J’entends des voix en provenance du potager. Ce grand espaceplanté nous appartenait auparavant, mais nos enfants ontpréféré la grande ville et son ciné commele chantait si bien Jean Ferrat. Pendant près de 50 ans,dès notre arrivée, mon mari Karim-Michel et Abdelavaient fait fructifier ce terrain qui, avant notre venue et depuisdes décennies, n’avait jamais connu ni pioche nitracteur.
Le téléphonesonne.
Allo, bonjour.
Une voix jeune mesalue et demande :
Vous êtes bien Mme CorbelAgnès ?
C’est moi-même.
La jeune voixcontinue :
Voilà, Madame, jem’appelle Dorine Balard. J’ai appris que le ConseilMunicipal de votre petite ville voulait vous faire décorer età cette occasion j’aimerais vous interviewer.
Étonnéeet curieuse, je réponds :
Comment avez-vous eu cettenouvelle ? Pourquoi cette interview ? Je ne comprendspas très bien votre demande ! Je ne suis qu’unepersonne anonyme. Je n’intéresse personne !
Un petitgloussement :
Voyons Madame : vous avezété Maire de votre ville pendant de trèsnombreuses années, trente-cinq ans pour être exacte,vous êtes une femme. Déjà étonnant pourcette époque, et en plus, vous êtes d’originemaghrébine ! Je suis sûre que tout cela devraitintéresser pas mal de personnes !
Madame ou Mademoiselle,veuillez noter que je ne suis pas maghrébine, mais d’originebédouine, ce qui pour certains pourrait paraître pire !
Vous voyez, vous êtesbédouine ! Les Bédouins, c’est bien cesgens qui vivent sous une tente en plein désert. Tout çaest inattendu, bizarre, exotique ! Je suis sûre quevous allez éveiller la curiosité de bien des gens etles captiver !
Je ne savais commentéconduire cette charmante personne, j’alléguais :
Je dois vous informer que j’aigardé toute ma vie la plus grande discrétion…donc une interview maintenant me gênerait énormément…Même mon époux…
Madame, excusez-moi d’insister,mais vous pourriez réellement m’aider. Vous avez eucertainement des enfants. Voilà, je vais vous confier quelquechose : mes parents sont éditeurs, ils voulaient que monfrère ou moi, nous prenions leur suite. Pour eux, cela leurparaissait logique, mais pas pour leurs progénitures. Monfrère s’est dirigé vers la chimie. Quant àmoi, je voulais devenir journaliste. Ils ont accepté devantmon air buté et ma détermination. Ils ont sûrementpensé que je me planterai et que je redeviendrai plus senséeet prête à prendre leur suite ! Aussi, ils m’ontprésentée à un ami directeur d’un journalqui déniche et révèle des nouvelles peuconnues… genre scoops… mais je ne serai véritablementacceptée qu’à la seule et unique condition deramener une nouvelle exceptionnelle. Cet homme veut constatercombien je puis être opiniâtre et débrouillarde.Et moi, je ne vois que votre histoire qui sort de l’ordinaireet qui dans l’immédiat, pourrait passionner et me tirerd’affaire ! Madame s’il vous plaît !Voyez, en plus, vous feriez une très bonne action !Dites oui, s’il vous plaît ? S’il vousplaît ! Dites oui !
Mademoiselle vous êtesfranche, jeune et pleine de feu et de foi dans ce métier quin’est pas si facile, si vous pensez que mon interview peutvous mettre le pied à l’étrier, alorsj’accepte !
Waouh. Génial. MerciMadame, quand peut-on se rencontrer ?
Pourquoi tarder, venez me voirmardi ou mercredi, non plutôt mercredi après-midi. Lacérémonie de décoration aura lieu ledimanche 30 juin. Je vous donne mon adresse.
Inutile, Madame, je trouveraisans problème, vous devez être très connuedepuis tant d’années ! Alors, merci, merci et àbientôt ! Au revoir.
À peine letéléphone reposé, je me gourmandais pour monmanque de fermeté ! Mais cette jeune fille étaitjeune et pleine d’enthousiasme, donc impossible de la rembarreret lui refuser le coup de pouce réclamé. Je doutebeaucoup que mon (ou plutôt notre) histoire intéressegrand monde. J’espère toutefois que cet interviewl’aidera à décoller !
Mercredi 26 juin 2011 - 15 h
La sonnette del’entrée m’annonçait ma« visiteuse-intervieweuse ». Devant laporte, une belle jeune femme rousse, moderne et souriante.
Elle se présenta :
Dorine Balard.
Je l’invitaisà entrer et la menais au salon. Je lui proposais un théou autre boisson ?
Du thé sera parfait.
Tout étaitdéjà prêt en l’attendant, donc je ramenaisun plateau avec tasses, théière et petits gâteaux.Je décidais sans tarder, d’entrer dans le vif du sujet.
Bon, allez, je peux vousappeler par votre prénom, donc Dorine, pendant que le théinfuse… que voulez-vous savoir ?
Madame, ce n’est pas unecuriosité malsaine, mais comment avez-vous pu arriver ici etdevenir Maire, vous, primo une femme, deuzio musulmane ou bédouine,et tertio, rester en poste aussi longtemps ?
Avant de commencer, je vois quevous préparez un dictaphone. C’est bien. Je vais vousraconter tout depuis le début. Vous garderez ce qui voussemblera intéressant. Si vous désirez poser desquestions, n’hésitez pas ? Mais avant tout, monépoux voudrait vous narrer la naissance de sa petite villeColomb-Béchar en Algérie… C’est la petiteville de départ de tout ce qui suivra ! Je l’appelle.
***
— BonjourMademoiselle Dorine. Je désire juste vous apporter quelquesprécisions pour situer ce lieu et son évolution asseztourmentée.
« Avantla venue des Européens (espagnols, français, juifs), unbey avait promis d’offrir une forte récompense àcelui qui découvrirait des points d’eau dans cetterégion désertique. Beaucoup, forts de cette promesse,se perdirent et moururent de soif dans le désert. Pourtant, unjour, un voyageur apporta au Bey, une guerba (outre en peau dechèvre) remplie d’une eau limpide venue de la régionde Zousfana. Non seulement le Bey lui accorda la récompensepromise, mais encore il le surnomma « El Bechar »autrement dit, le porteur de bonne nouvelle. Et ce nom resta pourtoute le coin. Cette région plane donna lieu àl’implantation de palmeraies grâce à la découvertede l’eau. C’est la tribu des Ouled Nasir qui s’installaavec divers animaux (chevaux, mulets, moutons, chèvres) et fitédifier le premier fort. Cette région devint prospèreet réputée pour ses dattes, ses figues et sesnombreuses cultures. Aussi devint-elle la proie toute choisie pourêtre attaquée par les Ghenanma, une tribu bédouinebelliqueuse. Ils firent le siège du fort pendant un an sanssuccès. Les assiégés résistaienttoujours. Mais bientôt, il ne leur resta que quelques poignéesde blé. Ils se trouvaient acculés. Un « ancien »leur conseilla de nourrir une des dernières génissesavec ce reste de blé, et de la laisser partir. Les assiégeantsla capturèrent, l’égorgèrent ets’aperçurent que l’estomac de la bête étaitbien garni… Donc, ils en déduisirent que les assiégésdevaient avoir encore pas mal de vivres, leur chef pensa qu’iln’en viendrait pas à bout, et dès lors décidade lever le siège.
« Lors dela colonisation française, à la ville de Bechar devaits’ajouter le nom de Colomb à cause du généralLouis Joseph… Isidore de Colomb qui pacifia le Sudoranais (Lagouat, Mascara, Tlemcen). Elle devint donc Colomb-Bechar.L’année de notre départ d’Algérie,cette ville fit partie du nouveau département actuel de laSaoura. C’est là également, tout près deBechar, que le Général Leclerc le 28 novembre 1947devait, ainsi que treize occupants, trouver la mort lors d’unetempête de sable qui crasha leur appareil, un B25. Voilà,j

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